La sonnerie vibra à travers les murs d'Everspring High, emportant avec elle l'inertie de l'après-midi. Arwen referma son cahier d'histoire, son stylo roulant paresseusement sur la table. Autour d'elle, les élèves ramassaient leurs affaires dans un froissement désordonné de papiers et de sacs à dos.
Nelly apparut dans son champ de vision, son sourire éclatant contrastant avec la grisaille des murs.
- Tu fais quoi après ? demanda-t-elle en accrochant son sac sur une épaule.
Arwen haussa les épaules.
- Je crois que je vais juste rentrer... répondit-elle, la voix presque inaudible.
Depuis quelques jours, Nelly semblait comprendre ses silences, et elle n'insistait plus autant. Elle se contenta d'un signe de tête complice avant de disparaître dans le couloir bondé.
Arwen glissa son cahier sous son bras, remerciant silencieusement la discrétion de Nelly. Elle sortait de la salle lorsqu'une voix grave arrêta sa marche.
- N'oubliez pas ! Travail en binôme à rendre pour lundi prochain. Je veux du solide.
Elle se figea, le cœur serré. Leur professeur d'histoire moderne, Mr. Dawkins, venait de leur rappeler le devoir annoncé plus tôt. Travail en binôme. Génial.
Elle consulta la liste affichée sur la porte. Son regard chercha son prénom, et son estomac se comprima davantage lorsqu'elle lut : Arwen Backer — Layla Morgan.
Super.
À cet instant, elle aperçut Layla un peu plus loin, en train de ranger nonchalamment ses affaires.
Ses longs cheveux roux ondulaient sous la lumière pâle du néon, créant un contraste saisissant avec la blancheur de sa peau tachetée de discrètes taches de rousseur.
Arwen hésita. Elle n'avait pas envie de s'approcher. Mais fuir aurait été plus étrange encore. Alors, prenant sur elle, elle avança.
- Salut... lâcha-t-elle, la gorge sèche.
Layla releva la tête et lui adressa un sourire large, presque trop large.
- Hey ! On est ensemble pour le devoir, c'est ça ?
Arwen hocha la tête.
- Tu... tu veux qu'on travaille ensemble ce week-end ? proposa-t-elle sans vraiment savoir pourquoi ces mots étaient sortis.
Layla s'éclaira davantage, comme si elle n'attendait que ça.
- Parfait ! Samedi, ça t'irait ?
Arwen acquiesça sans répondre. Tout en elle criait méfiance, mais elle n'avait aucune envie de créer des histoires pour un simple devoir. Et puis, elle ne peut s'empêcher de songer au paisible moment qu'elles avaient passé sous l'arbre, loin de toute cette défiance. Pourtant, Arwen a la sensation que quelque chose a changé depuis lors.
Le samedi arriva plus vite qu'elle ne l'aurait cru.
Amy avait passé la matinée à faire le ménage de printemps, envahissant la maison d'une odeur de citron et de savon. Quand Arwen descendit, habillée simplement d'un sweat gris et d'un jean usé, Amy l'intercepta dans la cuisine.
- Tu as faim ? demanda-t-elle en lui tendant une assiette de pancakes encore fumants.
Arwen resta un instant interdite, puis esquissa un mince sourire.
- Merci...
Elles s'assirent à table. Pendant un moment, seuls les bruits du matin emplirent la pièce : le tic-tac de l'horloge, le grésillement du grille-pain, le léger cliquetis de la vaisselle. Puis Amy brisa le silence.
- Ton père adorait les pancakes. Il disait qu'ils étaient meilleurs quand ils étaient un peu brûlés.
Elle rit doucement, un son doux qui fit vibrer quelque chose dans la poitrine d'Arwen.
Arwen baissa les yeux sur son assiette. Papa...
- Tu lui ressembles, tu sais, murmura Amy après un instant.
Les mots flottèrent dans l'air, fragiles. Arwen sentit sa gorge se serrer, mais au lieu de se refermer comme elle l'aurait fait quelques semaines plus tôt, elle osa relever les yeux et rencontrer ceux de sa tante.
Un lien ténu, tremblant mais réel, semblait s'étirer entre elles.
Avant qu'elle n'ait le temps de répondre, la sonnette retentit.
Layla était là.
Dans la chambre d'Arwen, l'atmosphère était tendue malgré leurs efforts pour faire bonne figure.
Elles avaient étalé des livres et des feuilles sur le sol. Layla parlait beaucoup, comblant les silences avec des anecdotes ou des blagues légères, mais Arwen n'arrivait pas totalement à se détendre.
Elle griffonna distraitement sur un coin de page pendant que Layla relisait un passage. Son crayon traçait des arabesques, puis, presque malgré elle, esquissa un profil... Celui d'un garçon, avec des mèches sombres et un regard profond.
Elle fronça les sourcils et retourna rapidement la feuille.
Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?
Layla, qui n'avait rien vu, poursuivait :
- Tu sais, c'est fou de penser que les mouvements de protestation puissent changer le monde. Moi, j'admire ce courage.
Arwen acquiesça, distraite. Une partie d'elle voulait croire que Layla était sincère. Une autre... ne pouvait pas s'empêcher de sentir une ombre derrière son sourire.
La soirée tomba.
Amy leur proposa un dîner léger, comme elle avait proposé plus tôt à Layla de rester dormir ici : macaronis au fromage maison. Elles mangèrent dans la cuisine, éclairée par la lumière chaude du plafonnier, tandis que dehors la nuit enveloppait les rues d'Everspring.
Layla sembla détendue, presque trop.
Après avoir souhaité une bonne nuit à Amy, les deux filles remontèrent à l'étage. Arwen proposa maladroitement un matelas au sol, mais Layla la rassura.
- Pas grave, j'ai connu pire, plaisanta-t-elle.
Quand la maison sombra dans le silence, Arwen resta un moment allongée, les yeux ouverts vers le plafond. Elle entendit les draps de Layla bruire doucement... puis un léger clic.
Elle tourna discrètement la tête.
Dans la pénombre, Layla était assise sur son lit, son téléphone illuminant son visage.
Arwen plissa les yeux, curieuse sans savoir pourquoi. Layla tapait un message rapidement, nerveusement :
"Je reste jusqu'à demain. Rien de nouveau pour l'instant."
Le message s'envola, et Layla éteignit aussitôt l'écran, s'allongeant à nouveau comme si de rien n'était.
Arwen, les yeux fixés sur le plafond, sentit un frisson lui glisser le long de l'échine.
Elle ne comprenait pas encore pourquoi, mais quelque chose sonnait faux.
Le lendemain, elles croisèrent Liam sur le parking du centre commercial.
Il était adossé contre une voiture sombre, les bras croisés, le regard perdu quelque part entre les nuages et la terre.
Il portait une veste en cuir noir, ses cheveux bruns légèrement en bataille, son visage à moitié caché par la lumière trop blanche du soleil.
Arwen sentit son cœur rater un battement sans comprendre pourquoi.
Elle détourna vite les yeux.
Layla ne dit rien. Nelly, qui les avait rejointes entre temps, lança une blague, et Arwen rit, un vrai rire mais encore un peu hésitant.
Pourtant tandis qu'elles s'éloignaient, Arwen sentit encore ce regard posé sur elle, silencieux et lourd de choses qu'elle n'était pas prête à affronter.
Pourquoi ai-je la sensation que tout ne fait que commencer ?
Ehh comment elle me mets mal à l'aise Layla cette méchante, j'ai peur de ce quelle doit savoir sur la vie de Arwen ou sur ce qu'elle s'apprête à faire, mais en tout cas j'ai hâte, il y aura de l'action dans l'histoire !
Haha, ça me fait plaisir que Layla t'intrigue et tu n'es pas la seule à l'être <3 Promis il y aura de l'action, même si ce n'est pas encore pour tout de suite ^^