Maeve
J’ai passé les derniers temps à penser que sortir de la Cité Royale serait synonyme de liberté, mais celle-ci a aujourd’hui un goût amer. Tandis que je m’engouffre dans les ruelles renflouant empestant le poisson des étals dont la toile peine à protéger les victuailles du soleil, je ne parviens pas à m’enlever l’image d’Odrien main dans la main avec une autre de ma tête. Elle m’épuise autant qu’elle m’énerve, et j’ai abandonné toute idée de rationaliser ce sentiment. Rien, depuis cet épisode, n’avait été raisonné, à commencer par ma fuite de la Cité Royale. Je m’en veux d’avoir été si impulsive, et pourtant, j’ai l’impression de ne pas avoir eu le choix. Je ne pouvais pas faire face au monde, prétendre, garder un masque impassible, alors que je venais de découvrir que mon fiancé m’est infidèle.
J’aurais dû m’en douter. Et puis, cela m’éclaire à présent sur les raisons de son éloignement.
Odrien ne m’aime pas. Il ne m’aimera jamais.
Après tout, je ne l’aime pas non plus…
Pourtant, je nourrissais encore jusqu’à aujourd’hui l’espoir que notre relation pourrait s’améliorer. Qu’à force de temps, nous apprendrions à nous connaître, même si les sentiments sont un luxe auquel j’aurais été bien bête de m’attendre.
On ne tombe pas aisément amoureux d’un homme que l’on ne choisit pas.
Et puis, à voir ce que le Norlande m’a offert comme exemple de couples, certains ne tombent pas amoureux tout court. Ils vivent alors une existence solitaire, loin de l’institution du mariage.
En cela, la décision de mon grand-père de me donner en mariage à un inconnu a renié cette part norlandaise qui pulsait dans mes veines. Le mariage, jusqu’à ce que l’on vienne me chercher en plein entraînement pour m’escorter jusqu’à la Citadelle, n’avait jamais été quelque chose que j’envisageais pour moi. Je n’excluais pas de tomber un jour amoureuse, mais cela n’était en aucun cas une certitude et surtout, n’ayant jamais connu ce sentiment, j’aurais été bien sotte de compter sur sa réalisation.
Le bourdonnement de la foule qui marchande le prix de la pêche du matin me tire de mes pensées. Derrière son étal, une marchande à l’œil avide se montre intraitable.
— Ce sera un galion et trente sesterces pour celui-ci, et si vous n’êtes pas d’accord, vous pouvez bien aller trouver moins cher ailleurs. Mais pour une telle prise, je doute que vous trouviez meilleure affaire !
La main dans un écrin, le client hésite encore, tandis que la poissonnière m’interpelle :
— Des crustacés pour la cour ? Je vous fais un prix de gros !
— À elle, vous faites un prix ! grogne le client.
— Je n’ai besoin de rien… marmonné-je avant de m’éclipser dans la foule.
J’erre encore dans quelques rues, en découvrant une dédiée au poisson séché avant d’atterrir dans un petit passage étroit spécialisé dans la vente de filets quand je me ressaisis enfin.
Je dois rentrer.
Je n’avais pas prévu de sortir si loin aujourd’hui, et si je veux pouvoir réitérer l’expérience, je ne dois pas me faire prendre. Naouri ne pourra pas couvrir longtemps mes arrières si je ne me présente pas à temps à la Salle des Mets pour le dîner de ce soir. Et avant cela, je vais devoir prendre un nouveau bain, sinon toute la Cité Interdite saura que je suis sortie à l’odeur de marée qui me colle aux pores.
Je rebrousse chemin jusqu’au portail des domestiques quand, à ma grande surprise, je découvre celui-ci fermé. Devant, une horde de gens de la Cité Royale s’agglutinent.
J’essaie de me frayer un chemin mais je ne suis pas la seule. Tous poussent, essaient d’atteindre la grille qui, de toute évidence, ne s’ouvre toujours pas.
— Que se passe-t-il ? glissé-je à l’attention d’un domestique à côté de moi.
— Aucune idée. Ils ont refermé le portail et personne n’a le droit d’entrer.
— Personne ? Mais c’est insensé…
— Ils finiront bien par rouvrir. La question, c’est dans combien de temps.
Et le temps, justement, je n’ai pas le luxe d’en disposer. Je dois retourner dedans au plus vite afin de regagner mes quartiers.
Je tends mes deux bras en avant pour mieux avancer en me créant de la place pour me faufiler. Cela me vaut nombre de remarques, grognements et regards noirs en coin.
— Nous sommes tous dans la même situation… s’offusque une domestique sur mon passage que je décide d’ignorer.
Quand j’arrive enfin devant les grilles, une ligne de gardes royaux barrent l’accès au portail et, de l’autre côté, une seconde rangée prévient également toute sortie.
— Je dois rentrer, adressé-je à un garde en face de moi.
Ses yeux sombres ne se posent même pas sur moi. Seule sa bouche s’agite, faisant osciller sa grosse moustache :
— Reculez.
— Vous ne comprenez pas, je dois…
— J’ai dit RECULEZ !
Je ne bouge pas d’un pas. D’un coup d’œil, je guette les autres gardes qui n’ont pas bougé d’un pouce.
Quels que soient les ordres qu’ils ont reçus, il est évident qu’ils ne laisseront pas une domestique les remettre en cause. Finalement, ma tenue aura fini par me desservir.
— Dans combien de temps ouvrirez-vous les portes ?
Le garde à la moustache esquisse un pas dans ma direction et me repousse d’un geste brusque avant de reprendre sa position. Mon dos heurte d’autres domestiques agglutinés devant l’entrée, et je murmure des excuses à leur intention.
Discuter ne me mènera à rien. Je ne tiens pas à me dévoiler, mais je n’ai pas le choix si je veux avoir la moindre chance de rentrer dans le palais. Quelque chose ne tourne pas rond, et je ferais mieux de regagner mes quartiers au plus vite…
J’éclaircis ma gorge et me place devant le garde royal à côté de celui à la moustache.
— Je crois que j’aurais dû me présenter, commencé-je.
Celui-ci me toise du regard avant de désigner la foule d’un signe de tête pour mieux me dire de reculer.
— Je suis Maeve Bressild. Future princesse de ce pays et fiancée du Prince Odrien. Et j’exige de rentrer dans la Cité.
Les yeux de mon interlocuteur s’arquent de surprise.
— Par les Cieux est-ce qu’elle va la fermer ? tonne l’homme à la moustache.
— Insultez-moi encore une fois et je m’assurerai personnellement que vous serez puni pour votre irrespect envers ma personne.
Cette fois, l’homme à la moustache se tourne dans ma direction mais il n’a pas le temps de parler qu’un autre garde royal nous rejoint :
— Il y a un problème ? demande ce dernier.
— Cette importune prétend être future princesse et refuse de rester à sa place.
Je m’apprête à répliquer quand le garde royal qui nous a rejoint continue :
— La future princesse a disparu, et tu ne penses pas judicieux de me prévenir que quelqu’un se présente comme elle ?
Disparu ? Cela voudrait donc dire que… Ma fuite aurait déjà été remarquée ?
Je me mords la lèvre inférieure, rageant contre moi-même d’avoir cru que je pouvais m’éclipser quelques temps de mes appartements sans que personne ne s’aperçoive de mon absence. Visiblement, le plan du costume n’était pas aussi porteur que je l’aurais cru. Ainsi est-il donc : ma liberté est encore plus morte que je ne le croyais. Et encore, je ne l’estimais pas grande.
J’imagine Darion découvrir mon absence et enrager. Je vais sûrement en entendre parler, de ce coup-là. Mais de là à fermer les accès à la Cité Royale ? Encore une fois, sa réaction est on ne peut plus excessive. Il ne lui aura pas fallu longtemps avant de prendre une décision aussi draconienne.
— Geriau, reprend le garde royal qui me semble être le supérieur de ceux qui se tiennent en rang. Va chercher quelqu’un pour l’identifier. Quant à toi, continue-t-il en se tournant vers le soldat à moustache, que je n’ai plus à te redire quoi que ce soit pour aujourd’hui, sinon je t’assure que tu passeras le reste de ta vie à garder ce foutu portail.
D’un signe de main, il commande à un garde d’entrouvrir la porte et s’adresse à présent à moi :
— Nous allons patienter de l’autre côté le temps que mes collègues reviennent.
Sans un mot, je le suis dans une petite salle nichée à l’entrée du rempart. Pour tout meuble, elle contient une table et quelques chaises sur lesquelles sont affalés des gardes qui se dressent au garde-à-vous quand nous rentrons dans la pièce.
— Vous pouvez vous asseoir, m’adresse-t-il tandis que les autres gardes se disposent le long des murs.
Quand la porte s’ouvre de nouveau, Arian entre dans la pièce et exécute un garde-à-vous. Celui qui est en poste devant l’entrée de mon pavillon et avec qui je me suis entraînée avant-hier s’arrête à mon niveau.
— Votre Excellence… me salue-t-il.
J’adresse un fier sourire à celui qui me gardait jusqu’alors.
— Votre Excellence, reprend ce dernier, nous allons vous escorter jusqu’à vos quartiers.
Si je me suis mainte fois plainte d’avoir deux gardes collés au flanc à chacune de mes balades hors de la Cité Interdite, j’ai cette fois droit à toute une troupe. Les soldats m’encerclent tandis que nous progressons à travers les allées de la Cité Royale. Même si la luminosité décroissante m’indique que la fin de journée approche, je m’étonne de ne voir personne dans les jardins. De toutes parts, des gardes royaux effectuent des rondes, se croisent, arpentent le moindre coin.
J’ai pourtant été retrouvée…
Je cherche Arian du regard mais celui-ci a les yeux rivés droit devant.
— Que se passe-t-il ?
Ma question se meurt dans le silence.
— Arian, pourquoi la Cité Royale est-elle déserte ?
C’est le garde chef qui m’a gardée dans la petite salle des remparts qui répond à sa place :
— Par ordre du Grand Ministre, notre mission se limite à vous escorter en sécurité jusqu’à vos appartements, Votre Excellence.
Par ordre du Grand Ministre… Il commence à me taper sur les nerfs celui-là.
Devant le porche de la Cité Interdite, le nombre de gardes a été doublé. Pour la première fois, la porte en bois de l’entrée est fermée. Je fronce les sourcils, impatiente d’en savoir davantage sur ce qu’il se trame ici.
Je n’aime pas ça.
Le garde chef toque trois fois contre le bois de la porte et celle-ci s’ouvre pour nous accueillir. Pourtant, mon escorte ne me laisse pas à ce point : les soldats continuent de m’entourer tandis que je foule le sol de la Cité Interdite.
Etrange… D’habitude, les gardes qui m’accompagnent se contentent de me déposer à l’entrée.
Ici aussi, la présence militaire a été renforcée, et les rondes sont si nombreuses qu’il est impossible d’occulter leur présence. Les autres fois, ceux-ci sont plus discrets, afin que, même s’ils veillent sur la sécurité du quartier princier, ils se fondent dans le décor aussi bien que les pierres rouges des pavillons.
Quand j’arrive enfin à mon pavillon, l’escorte ne me poursuit pas. Arian reprend son poste près de ma porte que j’ouvre sans attendre.
Dans le vestibule, comme dans le couloir, d’autres gardes sont postés.
— Vous n’avez rien à faire ici, sifflé-je.
— Par ordre du Grand Ministre… commence celui posté dans le vestibule.
— Oui, oui, par ordre du Grand Ministre. Eh bien, qu’il vienne m’expliquer lui-même, au lieu de s’immiscer dans mes appartements comme ça.
— Votre Excellence… commence l’un.
Mais je n’écoute pas ce qu’il a à me dire. Je me retire dans le salon où je m’effondre sur une banquette.
Quelle journée…
Pour le retour incognito, c’est râté.
Même si je me suis faite prendre la main dans le sac, je tiens malgré tout à me montrer sous un meilleur jour pour le dîner de ce soir. Et cela commence par un bon bain.
— Naouri ! appelé-je.
Pourtant, dans l’encadrement de la porte, c’est une autre domestique qui apparaît. Celle-ci a de longs cheveux tressés et le visage plus rond que celui auquel je suis habituée. Et la tenue… Toujours cette même tunique crème qui bouse sur la fine cordelette nouée au-dessus des hanches.
— Où est Naouri ?
— Je suis Moera, Madame, pour vous servir.
— Cela ne répond pas à ma question.
— Je m’excuse de ne pouvoir répondre à votre question, Madame. Je remplace Naouri.
Remplacer Naouri ? Mon escapade de cet après-midi lui aura-t-elle coûté sa place ?
Je refuse que d’autres paient pour mes écarts de conduite. Après tout, je ne lui ai pas laissé le choix, pour aujourd’hui. Je l’ai forcée à me couvrir, et ce, même si je lisais de l’appréhension dans ses yeux.
Elle savait sûrement ce qu’elle risquait. Et elle l’a fait quand même.
Rien que d’y penser, retrouver Naouri me semble plus important encore. Elle ne mérite pas de perdre sa place pour un ordre que je lui ai donné, et je devine aussitôt la justification que l’on me donnera pour son départ… « Par ordre du Grand Ministre. »
— Préparez-moi un bain, je vous prie.
Il faudra que je trouve Darion pour plaider la cause de Naouri. Je lui en parlerai dès ce soir, au dîner. Et s’il faut, j’irai le harceler autant que possible dans son cabinet jusqu’à ce qu’il se plie à ma volonté.
Moera m’apporte une infusion froide à base de miel et d’hibiscus que je bois d’une traite. Le temps que le bain soit prêt, je m’allonge sur la banquette et pose ma main sur le front avant de soupirer.
Dans quelle affaire me suis-je empêtrée, à fuir comme ça ?
Cet après-midi encore, mon plan de quitter mes quartiers en catimini me semblait solide, mais rien ne s’est passé comme prévu. La découverte d’Odrien, l’accès impossible à la Cité Royale, et maintenant le départ de Naouri… Cette escapade m’a échappée bien plus que je ne l’avais anticipée.
Soudain, le bruit de la porte d’entrée qui claque me tire de mes pensées tandis que des pas grondent dans le couloir. J’entends la voix agitée de Moera :
— Votre Excellence, en quoi puis-je vous être utile ?
— Où est-elle ?
Cette voix…
Elle est sèche, sombre, impériale. Je la reconnaîtrais entre mille, même si je préfèrerais le plus souvent ne pas l’entendre.
Darion est ici.
Je me redresse aussitôt, le souffle haletant.
— Dans le salon, Votre Excellence, je vais la prévenir de…
Moera n’a pas le temps de finir sa phrase que la porte du salon valse à son tour.
Darion reste quelques instants dans l’entrebâillement. Le menton relevé, ses noisettes sévères me toisent avec une insistance que je ne lui connais pas.
Je me relève pour mieux lui faire face, sans bouger de devant ma banquette, quand il claque la porte derrière lui et parcourt la distance qui nous sépare à coup de grandes enjambées.
— Vous et moi avons beaucoup à nous dire, tonne-t-il.
— À commencer par Naouri. De quel droit l’avez-vous renvoyée ?
— Vous croyiez sincèrement que j’allais la garder auprès de vous après ce qu’il s’est passé ? Je vous croyais plus maligne que ça.
Je broie mes doigts en serrant mes poings.
— Elle n’a rien à voir avec tout ça ! Elle a fait ce que je lui ai demandé de faire.
— Parlons-en, justement. Que lui avez-vous demandé de faire, exactement ? À part vous procurer des haillons bien entendu.
Ses yeux se détournent des miens pour me parcourir de la tête aux pieds. Chaque parcelle de peau qu’ils étudient me brûle sous le poids de la honte et quand ils s’arrêtent sur ma tunique et sur mes hanches, ils se rétrécissent tant que j’ai l’impression qu’il arrive à voir à travers.
Je me sens nue, et croise mes bras autour de ma taille pour mieux me cacher de son regard intrusif.
— C’est moi qui lui ai demandé cette tenue.
— Je savais que votre rôle de princesse ne vous réjouissait pas, mais je pensais que vous aviez d’autres aspirations.
D’un regard noir, je l’assassine. Darion n’en fait pas grand cas et se laisse choir sur la banquette la plus proche. D’un coup d’œil, il m’invite à prendre place à mon tour, mais je reste debout.
— Je ne vois pas pourquoi vous vous mettez sur vos grands chevaux pour une simple escapade.
Cette fois, Darion accuse un mouvement de recul. Ses sourcils se froncent et il me dévisage d’un air ahuri avant de me demander :
— Expliquez-moi ce que vous avez fait. Je veux tout savoir, depuis l’instant où vous avez posé le pied hors de ce pavillon.
Je hausse les yeux au ciel avant de m’asseoir à mon tour. De toute façon, je vais devoir en passer par là pour qu’il me laisse tranquille. Peut-être que s’il réalise que Naouri n’avait rien à voir avec ma fuite il la laissera tranquille.
À contre-cœur, je raconte à Darion comment j’ai demandé à Naouri de me procurer une tenue de domestiques et l’ai forcée à m’amener dans les souterrains avant de mentionner ma fuite et le portail fermé à mon retour.
— Et vous avez pensé que la meilleure idée était de sortir de la Cité Royale ? m’interrompt-il.
— Je n’avais pas prévu de…
— Et pourtant, vous êtes sortie. Malgré les risques pour votre sécurité.
La voilà qui revient, sa fichue sécurité.
Je préfère taire à Darion l’épisode de la serre, où j’ai découvert Odrien avec une autre. Cela ne change rien aux faits. Je suis sortie. Et Naouri a été renvoyée.
— Y a-t-il des témoins pour corroborer ce que vous me dites-là ?
Je laisse échapper un rire pincé.
— Des témoins ? Déjà que c’est difficile de disparaître d’ici, vous pensez vraiment que je me suis amusée à parler à tout va ?
— Réfléchissez-y sérieusement, c’est important.
— J’ai parlé à une poissonnière, oui, je réponds en haussant les épaules. Mais je ne vois pas en quoi cela changera quoi que ce soit.
— Cela changera que vous avez tout intérêt à prouver que vous n’étiez pas au Palais Royal cet après-midi. Car pour l’heure, vous êtes notre suspecte la plus importante.
Je me fige et interroge Darion du regard.
Suspecte, de ? J’ai dû louper un épisode.
— De quoi m’accusez-vous exactement ?
— Vous me posez vraiment la question ? souffle-t-il d’un air impatient.
— Je me disais bien que la sécurité de la Cité Royale était un peu excessive pour une petite fuite, mais je n’ai aucune idée de ce dont vous voulez parler.
Darion se mord les dents et plante ses griffes dans les coussins de la banquette avant de prendre appui dessus pour se relever. Il me surplombe et son regard déferle sur le mien. Ravageur. Féroce. Haineux. Puis il détourne la tête et fixe la porte avant d’articuler :
— Le Régent a été assassiné cet après-midi.
Mes yeux s’écarquillent tandis que je porte ma main à la bouche pour mieux camoufler mon effroi.
Le Régent ? Orman ?
Hier encore, je le retrouvais dans son Petit Salon. Hier encore, je me disais qu’enfin, en lui, je trouvais enfin une once d’empathie au sein de cette famille infernale. Hier encore, je me réjouissais d’apprendre à connaître cet homme qui semblait aussi bon et sensible que j’espérais que puisse l’être l’un de ses enfants.
Assassiné.
Et soudain, je comprends alors les doutes. Darion. Sa fureur. Les gardes. Et je devine sa douleur.
Je sais ce que c’est que de perdre un parent.
— Darion, je suis tellement désolée… Je vous présente toutes mes con…
— Puisque vous avez demandé à votre domestique de vous couvrir avant de prendre la fuite au moment même où le Régent a été assassiné, vous êtes notre principale suspecte. Vous ne quitterez pas les murs de ce pavillon jusqu’à nouvel ordre.
Mon visage se décompose. Mon dos s’effondre dans le coussin de la banquette. J’enfouis mon visage dans mes mains pour ne pas avoir à faire face à ce regard inquisiteur et insupportable.
Cieux… Dans quels draps me suis-je fichue ?
— Et estimez-vous heureuse d’être ici. Si ça tenait à votre fiancé, vous croupiriez dans les cachots avec votre amie Naouri.
Je fais de mon mieux pour poster un chapitre par semaine, et si j avance bien parfois je peux en poster deux par semaines ?
C est à la fois mon premier et mon cinquième roman. Le premier car j ai écrit Souffleurs d Histoire il y a deux/trois ans, qui concernait cet univers et ces personnages mais l intrigue était centrée sur la fantasy et le personnage de Maeve. J ai écrit trois romans après ça, et pour mon cinquième projet, j ai décidé de reprendre l univers et les personnages de Souffleurs d Histoire pour en faire une romantasy. J avais écrit quatre jets de Souffleurs à l époque, donc même s il s agit du premier jet de la version romantasy, j ai déjà eu tout ce travail préalable pour m approprier l univers et les personnages ! En tout cas à l écriture c est beaucoup plus fluide pour moi que lorsque j écris un premier jet où j ai tout à découvrir