Les urgences grésillaient comme un nid de frelons. Fourmi dans un terrier de lapin, Merle regardait les portes s’ouvrir et se fermer, les silhouettes surgir et disparaître. Il gardait les yeux plissés à cause du soleil qui s’infiltrait entre les lattes et poutres des hauts plafonds de la salle d’attente. Ses mains trituraient sa figurine de renard-lynx.
À leur dernière venue, Merle avait perdu pied. Il s’était levé une vingtaine de fois pour demander à l’accueil si quelqu’un comptait s’occuper de sa sœur. Les infirmiers l’avaient menacé de le mettre en chambre froide — où on calmait d’ordinaire les neurodégénérés en crise hallucinatoire. Aymée avait eu l’air si mortifiée qu’il lui avait promis de ne plus jamais s’emporter comme ça.
Elle avait été prise en charge plus vite, cette fois-ci, et il avait apprécié le sourire chaleureux des aides-soignants. Il veillait à prendre de profondes respirations et recourut même aux pensées positives de Serge : ce n’est rien, ça va passer, elle va en rire dès demain, il lui faut juste un peu de repos. La litanie lui permettait de ne pas sombrer dans une culpabilité qui n’aiderait personne.
— Merle Abillion ?
La voix aiguë provenait d’un homme tiré à quatre épingles, qui faisait la même taille debout que lui assis. Il portait une fleur épinglée à sa veste et tenait une liasse de documents.
— Veuillez me suivre.
— Je préfère rester ici.
— Très bien, fit l’inconnu sans hésiter. (Il se hissa sur le siège en face de lui et tourna une page.) Vous n’êtes pas sans savoir que toute hospitalisation comprend des frais. Votre sœur n’en est pas à sa première.
Merle ferma les yeux pour repousser la panique qui le submergeait. Il n’y a rien de plus terrifiant que de se faire rattraper par son passé.
Tout remontait à la première fois qu’ils étaient venus tous les deux à l’hôpital, lorsque Aymée avait huit ans. Ils étaient les seuls à être rentrés de l’école et buvaient leur chocolat chaud à la maison. Elle était tombée par terre, les yeux convulsés. Il avait fait comme ses parents faisaient d’habitude : il l’avait soutenue jusqu’aux urgences. Bouleversé, il avait accepté de remplir le formulaire de soins mais s’était trompé de numéro de cabane. À cause de son erreur, ils n’avaient jamais reçu la facture.
Il eût pu admettre sa bourde mais il constata que chaque jour de silence postal, ses parents se détendaient un peu plus. Ce fut la première fois qu’il comprit à quel point avoir une famille nombreuse était difficile pour eux financièrement, d’autant plus avec les problèmes de santé d’Aymée.
Il inscrivit donc la même adresse lors de la visite suivante à l’hôpital, et la suivante, et la suivante. Ses parents ne posèrent pas de questions et il ne donna pas d’explications. Tout le monde fit semblant que les soins étaient gratuits à Madeira et on n’en reparla plus.
Le monsieur à veston parlait sans discontinuer, d’une voix monocorde lorsqu’il récitait les règles de l’établissement, et d’un ton enjoué lorsqu’il expliquait à quoi correspondait chaque somme.
— Évidemment, nous avons toute confiance en votre bonne foi et nous ne voudrions pas qu’une erreur de jeunesse mène à une arrestation… Pour autant, il y a bien sûr des frais de retard dont il va falloir s’acquitter.
Il devait avoir l’habitude des regards meurtriers, parce que celui de Merle ne lui fit aucun effet. Il lui remit une copie du récapitulatif.
La somme fit hoqueter Merle. Neuf ans de factures en retard, ça faisait un pactole.
Le percepteur, qui n’avait la faute de rien mais que Merle eût aimé voir en sanglots face à une meute de loups, farfouilla dans sa poche et lui tendit des mouchoirs. Cette fois, les yeux de l’artisan l’incitèrent à les ranger et à se lever. Il ne fit même pas mine de lui serrer la main, optant plutôt pour un signe de tête discret avant de s’éloigner.
Pour repousser le brouillard et en avoir le cœur net, Merle lut la paperasse. Il parcourut des yeux la liste d’examens qu’Aymée avait passés, parfois en double, triple. Les médecins se consultaient-ils entre eux ? Pourquoi administrer quatre fois une étude d’équilibre ?
Il lut en diagonale les propositions de paiement et constata sans surprise que ceux qui s’étalaient sur plusieurs lunaisons étaient significativement plus chers. Mieux valait tout payer et en finir. Il s’en occuperait le lendemain. Il avait économisé depuis l’ouverture du magasin, et ce malgré la somme qu’il remboursait chaque lunaison à la banque. Il aurait besoin d’un an au moins pour rebâtir un matelas de sécurité.
Il eut une pensée pour ses jouets au magasin, qui vivaient des histoires extraordinaires sans avoir à se préoccuper de questions d’argent. Il eut envie d’être une figurine, lui aussi. Il pourrait être roi errant ou orphelin fortuné et redoubler de force et de ruse pour combattre les forces du mal.
Ses poings étaient si crispés qu’il se força à lentement les dénouer et les étirer.
On vint le chercher lorsque ce fut l’heure de la traditionnelle consultation avec le médecin généraliste d’Aymée, qui la suivait depuis l’enfance. Très poli, il se tassait quand il passait les portes pour ne pas se cogner la tête, mesurait et articulait ses mots avec précision et ne s’offusquait de rien. Aymée l’adorait.
Elle était fascinée par sa collection de fossiles de dragons, qu’il récoltait pendant sa semaine annuelle de vacances. Il soupçonnait leur mue calcifiée de renfermer des propriétés extraordinaires et disait toujours qu’il écrirait un livre sur le sujet. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il vivrait longtemps après sa retraite pour rédiger les innombrables conclusions auxquelles il arrivait pendant ses pauses.
— Vous allez bien ? demanda-t-il à Merle en lui serrant la main.
Comme d’habitude, Merle haussa les épaules. Sa sœur était déjà installée sur l’un des deux sièges et feuilletait un livre qu’elle avait pris sur une étagère surpeuplée au mur. Elle le tenait bizarrement, un peu de biais, et le déplaçait de gauche à droite, en gardant les yeux immobiles.
— Ça va ? lui demanda-t-il, n’obtenant en réponse qu’un hochement de tête.
— Aymée, commença le médecin en s’asseyant, les examens que nous avons faits aujourd’hui ont apporté des informations complémentaires. Je vais maintenant vous expliquer les résultats. Acceptez-vous que votre frère soit dans la pièce ?
Chaque fois il posait la question et chaque fois Aymée souriait, touchée qu’on prît son avis en considération.
Elle acquiesça, puis se ratatina sur son fauteuil, comme pour se tenir loin de ce qui allait suivre.
— Les mesures cardiaques sont équivalentes à celles de la dernière volte. Les mesures cérébrales sont un peu plus faibles, mais rien d’alarmant. En revanche, l’étude d’équilibre a indiqué une diminution des capacités à sortir du labyrinthe sensoriel dans lequel nous vous avons plongée. Votre temps s’est allongé à chaque visite mais aujourd’hui il était particulièrement élevé et accompagné d’un état de confusion et d’angoisse.
Merle serra les accoudoirs, hanté par l’image d’Aymée perdue et apeurée dans un parcours d’obstacle, avec des médecins qui la regardaient sans l’aider. Il détestait l’hôpital.
— Pour déterminer les causes de ce retard, nous avons procédé à de nouveaux examens.
Le soleil s’émancipa des nuages derrière le docteur et vint éblouir Merle, qui essayait de ne pas penser au coût de chaque examen.
— Il semblerait que votre vue soit le principal facteur de ce changement. (Aymée se fit plus petite encore.) Vos cornées présentent des taches noires.
— Pardon ?
Merle avait l’impression de lui-même devenir aveugle. Il détestait l’hôpital, il détestait l’hôpital.
— Elle est en train de perdre la vue ?
— Pas tout à fait. Aymée, est-ce que vous voulez expliquer ?
Elle secoua la tête.
— Mais pourquoi tu m’en as pas parlé ? Ça fait combien de temps ?
— D’après moi vous voyez à travers les tâches, devina le médecin (Aymée acquiesça), donc vous n’êtes pas non-voyante, mais malvoyante.
Merle se força à quitter Aymée des yeux pour regarder le visage serein du médecin. Pourquoi ne semblait-il pas bouleversé ? N’y avait-il que Merle pour s’indigner du déclin d’une femme de dix-sept ans qui n’avait jamais fait de mal à personne et n’avait exploré que sa chambre et trois sentiers de la forêt d’à côté ? Merle s’était convaincu qu’un jour elle se réveillerait en pleine forme et qu’elle pourrait réaliser ses rêves de voyages, qu’un jour ce cauchemar prendrait fin. Cécité partielle ? Taches sur les yeux ? Il eut la sensation de tomber de la cime d’un séquoia.
— Pourquoi ? demanda-t-il comme à chaque fois.
— Les symptômes ne pointent pas vers un diagnostic concluant, répondit le médecin. Le mieux serait de s’assurer qu’elle se repose, et…
— Non.
— Plaît-il ?
— Non. Je ne repars plus d’ici sans diagnostic.
— C’est plus compliqué que ça.
— Il y a rien de compliqué. Vous prenez votre manuel, là, dit-il en pointant un pavé à côté du bloc-notes, et vous en choisissez un. Celui que vous voulez, je suis pas exigeant, mais j’en veux un. Aujourd’hui. Je veux un mot qui m’explique pourquoi le monde de ma sœur se limite à notre chambre.
— Ça ne se fait pas comme ça, il faudrait que je recoupe les résultats volte après volte.
— Vous êtes un excellent médecin et ce cas vous rend aussi fou que moi, donc ma main au feu que vous les connaissez par cœur, mais si vous voulez jouer à l’imbécile…
— Merle, gronda Aymée.
— … je vous les redonne. Volte 4246 : 74/215 cardiaque, 78 % ondes cérébrales, EE 5/3/4/3. Volte 4247…
— D’accord, d’accord, fit le médecin.
— D’accord, quoi ? Vous avez retrouvé la mémoire, ça y est ?
Merle sentit qu’il allait se briser, que l’adrénaline chutait et était menacée par le fantôme du découragement. Il devait obtenir des réponses avant que sa colère s’épuise. Comme le docteur ne répondait pas, il bondit sur ses pieds et saisit le dossier sur la table.
— Voilà ce qui va se passer : si vous ne me donnez pas une réponse, j’irai en chercher une ailleurs. Je toquerai à la porte de chacun de vos collègues, je leur dirai que malheureusement notre généraliste n’est pas venu au bout de l’énigme…
— Asseyez-vous.
— … et il y en a bien un qui va me le trouver, ce diagnostic.
— Le problème n’est pas de le trouver, soupira le docteur.
Il y eut un long silence.
— Vous savez ce que j’ai ? demanda enfin Aymée.
Elle ne semblait pas fâchée, et Merle était trop stupéfait pour ressentir quoi que ce fût : il se rassit et resta silencieux. Le docteur les regarda tous les deux, le visage défait, puis feuilleta son manuel avant de le poser, ouvert, devant eux. Tandis qu’ils se penchaient pour lire, il commença à expliquer.
— Aymée, vous êtes atteinte de cendrure.
C’était tout à la fois un tremblement de terre et un incendie dans les poumons de Merle, qui voulut répondre quelque chose mais ne trouva pas sa voix. Aymée était devenue pâle à côté de lui.
— Lisez, dit le médecin. Tout le monde croit savoir ce qu’est la cendrure mais on dit tout et n’importe quoi à son sujet.
Merle se mit à lire frénétiquement la description dans le manuel.
— Ça a un rapport avec les dragons, on m’a dit, balbutia Aymée.
— Neurodégénératif, lut Merle avec les yeux qui piquaient.
Il se redressa et tendit sa main à Aymée, qui la saisit sans hésiter — deux frêles silhouettes sur un rafiot en plein ouragan.
— Je vais appeler notre spécialiste. Elle ne passe qu’en tout début de matinée, d’habitude, mais son laboratoire de recherche n’est pas loin, et je sais qu’elle voudra vous rencontrer. Vous pouvez patienter quelques heures ?
Merle se tourna vers Aymée, qui sourit et acquiesça.
— Au stade où on en est, lui souffla-t-elle.
Le docteur les invita à le suivre.
Ils quittèrent l’aile centrale majestueuse de l’hôpital et traversèrent une myriade de ponts jusqu’à rejoindre le dernier couloir de l’établissement. Il était fermé à clé. Le docteur le déverrouilla et leur montra une petite salle commune, qui faisait manifestement office de cabinet, placard médical, salle de jeux, bibliothèque, salon et cuisine. Sur les vitres, des autocollants défraîchis donnaient l’impression qu’ils avaient mis les pieds dans une maison abandonnée et hantée. Avec un regard désolé, le médecin leur serra la main, puis les laissa s’installer. Ils l’entendirent fermer le couloir à clef et Aymée eut un frisson.
— C’est glauque, non ?
— Digne des histoires d’Eugénie.
— Oh, c’est rare que tu parles d’elle !
Elle trouvait encore à se réjouir, même alors qu’ils entraient dans la grande obscurité. Merle, lui, luttait pour ne pas se rouler en boule dans un coin de la pièce, préférablement sous le bureau.
Il détailla les étagères de la bibliothèque, où tout était disposé n’importe comment. Une toile d’araignée brillait à la fenêtre, au-dessus d’un monticule de poussière que quelqu’un avait oublié de balayer. Qu’est-ce que c’était que cet endroit ? L’aile maudite de l’hôpital ?
— C’est moi qui le dirai à papa et maman, dit soudain Aymée d’une voix sérieuse.
— Et moi aux triplés ? plaisanta-t-il.
— Quand je serai prête. Tu ne peux rien dire avant. Promets-le.
Il la regarda pendant quelques secondes. Dès qu’elle avait eu trois ans, il lui avait enseigné ce qu’était une promesse. Depuis, volte après volte, ils les avaient enchaînées et toujours, systématiquement, respectées : promesse de toujours garder une moitié de biscuit pour l’autre ; promesse de rassurer l’autre s’il faisait un cauchemar ; promesse d’encaisser ensemble la responsabilité s’ils faisaient une farce aux triplés ; promesse d’être plus patients avec les parents quand ceux-ci leur disaient d’aller jouer dehors pour la vingtième fois.
C’était une des traditions qui avait fait d’eux une équipe soudée.
Celle-ci, cependant, était particulièrement douloureuse. Si Merle ne pouvait pas dire la vérité à la famille, il allait étouffer. Comment allait-il contenir toute sa tristesse ? Comment dissimulerait-il la douleur qui s’infiltrait dans chaque veine, chaque muscle ? Qu’allait-il faire lorsqu’ils feraient leurs plaisanteries habituelles ? Lorsque les triplés imiteraient Aymée s’évanouissant dès l’école primaire ?
Mais le regard de sa sœur était tranchant. Elle, qui était si prompte à l’humour et à la légèreté, si forte pour détendre l’atmosphère, ne flancha pas.
— Promis, dit-il enfin.
Elle se détendit sur le siège, posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux.
— Tu me racontes une histoire d’Eugénie ? chuchota-t-elle.
Il commença par celle de la lutine dans les bois, qui commençait très sympathiquement dans un marché de Solstice, alors que l’héroïne cherchait des œufs pour préparer des biscuits en forme de soleil. Tandis qu’il imitait le dialogue comique entre elle et une fermière, il se rappela soudain qu’après moult péripéties, la lutine mourait à la fin et léguait ses biscuits aux habitants qui l’avaient méprisée toute sa vie. Ils découvraient alors ses talents culinaires et lui pardonnaient ses excentricités. Horrifié par la tournure tragique et indélicate qu’allait prendre le récit, Merle bifurqua aussi subtilement que possible vers l’histoire du pirate qui trouvait une épave au fond de la mer, en espérant qu’Aymée ne remarquerait rien.
— N’importe quoi, commenta-t-elle tout bas, en s’endormant avec un sourire.
Merle s’efforça de rester immobile pour ne pas la réveiller, même lorsqu’il entendit un trousseau de clés et des pas. Une femme étonnante entra dans son champ de vision. Elle portait des vêtements élégants mais dépareillés, donnant l’impression d’une petite fille qui jouait à se déguiser comme sa mère. Elle transportait quatre sacs, qu’elle déposa tous autour du bureau au fond de la pièce. Elle tira sur son tailleur pour avoir l’air présentable, comme si Merle ne pouvait pas la voir, puis vint se planter devant eux. Aymée ouvrit doucement les yeux.
— Oh, fit-elle étonnée. Vous ressemblez à un soleil.
— Toi, tu es Aymée, dit la nouvelle venue comme si elles se connaissaient depuis toujours, et toi tu es Merle. Je vous souhaite la bienvenue chez les cendrés, je m’appelle Éléonore. Nous allons nous voir souvent : je passe ici tous les matins avant de commencer mes recherches au labo. Merle, est-ce que tu voudrais un masque ?
Il secoua la tête lentement, convaincu qu’elle était une figurante dans un rêve loufoque dont il allait se réveiller, ou une folle qu’il ne fallait surtout pas provoquer.
Elle se posa sur le canapé en face d’eux et s’y enfonça comme dans des sables mouvants.
— Comment vous sentez-vous ?
Les deux balbutièrent des syllabes incohérentes.
— Je comprends. Est-ce que vous avez des questions ?
Merle leva la main. Si elle trouva ça étrange, Éléonore n’en laissa rien paraître.
— Le manuel disait qu’il n’y avait pas de traitement.
— C’est juste. Il n’existe aucun traitement officiel.
— Mais il y en a ?
— Des médecins essayent des choses.
Merle voulut insister mais Aymée le devança :
— Combien de temps ?
— Combien de temps quoi ? fit Éléonore tout doucement.
Aymée réfléchit à ce qu’elle voulait vraiment savoir, puis :
— Combien de temps est-ce que je serai encore mobile et lucide ?
— Votre docteur m’a dit pour les tâches qui obscurcissaient votre vue. On ne peut pas faire de prédiction exacte, parce que la maladie agit différemment chez chaque patient, mais en général, à partir de la cécité partielle, on compte quelques lunaisons jusqu’aux difficultés motrices et cognitives.
Merle secouait la tête au ralenti, comme un automate coincé. Il en avait conscience, mais il ne pouvait pas arrêter.
— Et le reste ? demanda Aymée.
— Le mana s’épuisera en même temps que la mémoire et la proprioception. Lorsqu’il n’en restera plus, le corps s’éteindra lentement de lui-même. Ça peut être très doux.
Aymée accrocha son regard à celui, tendre, lumineux, d’Éléonore.
Merle avait l’impression qu’ils étaient dans une rivière et que le torrent l’empêchait d’entendre. Son grondement envahissait tout et le noyait. Sa violence était comme un baume car elle annulait le reste : elle le berçait à la frontière entre la réalité et la folie. Ce serait si facile de basculer, de ne plus être là.
Il sentit de très loin Aymée serrer sa main, et les traits flous de son visage se précisèrent peu à peu, le ramenant malgré lui à la réalité. Il ne pouvait pas l’abandonner maintenant. Il atterrit dans son corps et prit sa sœur dans ses bras.
Me revoici me revoilà pour la suite de ma BL, excuse-moi pour mon délai de lecture !
Alors niveau impression globale : chapitre très intéressant et intense, avec la révélation de la maladie de Aymée, on devine que ça va rejoindre l'arc de Diane. Le rythme est bon, on ne s'ennuie pas, on est directement dans l'action.
Le personnage de Merle est mon préféré jusqu'à maintenant :) Sa réaction à la fin du chapitre est bouleversante. j'adore son côté distrait, rêveur et en même temps protecteur envers sa soeur, leur relation est très belle. Aymée paraît bien encaisser la nouvelle de sa maladie, je me demande si c'est normal/voulu; elle a voulu protéger son frère non ? Vu qu'elle ne lui a pas dit pour les tâches dans sa vision. Ah oui et par rapport au diagnostic, pourquoi le médecin ne veut-il pas le dire au début, et est-ce que le diagnostic ne repose que sur le symptôme de la baisse de la vision ?
Par rapport à l'hôpital, j'avais en tête pour le monde de Merle un univers assez "rustique", sans beaucoup de technologie, qui peut être apparemment remplacée par la magie, du coup le terme hôpital ne me semble pas coller avec le reste de l'univers, tu vois ce que je veux dire ?
J'ai bien aimé le passage avec le type qui vient réclamer l'argent des factures à Merle, c'est très authentique, ça rajoute du concret à l'univers, après est-ce que c'est utile pour la suite d'en faire un passage assez long ?
Je lirai la suite vite ;)
À très vite <3
C'est drôle parce que je savais que c'était ton commentaire qui m'attendait sur ce chapitre et j'ai sauté les deux pieds dedans sans la moindre crainte. Merci de dire les choses comme tu les dis.
Je vais clarifier qu'en effet, Aymée a voulu protéger son frère, et que le médecin ne peut pas poser de diagnostic parce que ça a des conséquences (j'ai beaucoup travaillé là-dessus en préparant la V2).
Je suis d'accord pour le terme d'hôpital, ça me chagrine aussi. Je n'ai pas encore trouvé de mot qui me plaise. "Centre de soin" faisait trop Pokémon, "centre de guérison" avait une couleur chamanique qui en fait n'est pas tout à fait raccord avec leurs pratiques non plus (quoique) (faut que j'y réfléchisse). Je me note de chercher, je vais me faire une page avec plein de termes.
Tu as raison pour Merle et l'argent et la longueur du passage. Je crois que j'étais si nerveuse de parler d'argent en fantasy ("ce n'est pas pour ça la fantasy, on ne parle jamais du compte en banque de Pippin et Aragorn") que je me suis étalée un tantinet à l'envers. L'aspect financier est important dans la vie de Merle mais n'est pas pour autant central à son arc de personnage, donc je vais tenter de le ramener à la bonne échelle, qui est du contexte pour mieux le comprendre et un facteur dans ses prises de décisions.
Merci encore ♥
Ahlala, le passage aux urgences… l’annonce de la maladie, une scène difficile. Chapitre plus ramassé, quibfile comme une flèche ! (Droit dans le coeur, pauvre Aymée!) La fin est terrible, mais tu nous laisse voir un petit espoir. J’espère, j’espère…
Histoire: je ne comprends pas trop les médecins, pourquoi ils n’ont pas prévenus avant que c’était la cendrure? Je pense que cette incompréhension vient de mon souci avec les voltes.
Je ne suis pas sûr de l’utilité du passage sur les factures, parce que c’est très expositionnel (on a un flashback très littéral), puis, le problème est désamorcé sans grand impact (il a déjà l’argent, c’est pénible mais sans plus, c’était un matelas de sécurité donc il n’avait pas de projet avec).
On dirait que Éléonore va les voir souvent, donc ils vont rester à l’hôpital ou être obligés d’y retourner. C’est assez incompatible avec le fait de ne rien dire aux parents, à mon sens.
Monde: mmh les voltes, ça fait plusieurs chapitres où je me dis, ah, c’est vrai, j’ai oublié de préciser la fois d’avant que je n’arrive pas à comprendre combien ça fait. Il y a des fois, j'ai l'impression que une volte, ça fait un an ou plus. Et d’autres fois, quelques jours seulement. C’était pas hyper grave mais ici, avec les diagnostics et les précisions, je ne comprends pas. Finalement, quand sont-ils passés aux urgences la dernière fois?
La cendrure, mais c’est un beau nom pour une maladie qui parait horrible. J’aime beaucoup l’originalité autour de tout ça, c’est à la fois incompréhensible et tellement compréhensible.
“Les urgences” est une expression qui me paraît connoté du monde réel et moderne. Ça me sort un peu de ton monde (j’avais ressenti ça sur le chapitre d’avant mais je m’étais dit que je verrai, car le mot n'apparaît pas souvent.
Perso: Merle est bouleversé, mais parfois son émotion oscille entre colère et dépression, qui sont 2 attitudes possibles dans cette situation, cependant, les deux ensemble ça marche pas bien je trouve?
Style: la partie que j’ai évoqué dans histoire me parait être trop plate par rapport au reste, sinon c’est agréable. Ici la plume agitée va avec les sensations de Merle, puis, la fin posée fait place à des moments plus lent, et ça marche bien.
Rythme: à part le point déjà mentionné, nickel, ni trop vite, ni trop lentement. On a un personnage nouveau, mais il arrive à la fin et est bien posé.
Thème: la partie sacrifice est explorée de 2 manières : le matériel, avec l’argent à donner, et le spirituel, avec la promesse. Cependant, pour le 1er, le non enjeu n’en fait pas vraiment un sacrifice. Le second est rude, mais on va voir combien de temps il dure…
J’ai super envie de lire la suite, pour lui sauver la vie! (Enfin, j’espère!!!)
Merci!
- Les médecins ne préviennent pas pour la cendrure parce que ça change le statut officiel d'une personne à Canopée, ses droits et devoirs, et que c'est mal vu. Je pense que c'est un médecin en particulier, quelqu'un qui l'aurait suivie toute sa vie et aurait voulu la protéger des conséquences de ce diagnostic, quelqu'un qui ne croirait pas à l'histoire officielle sur la contagion du coup. Mon dieu, il faut que je mette toute cette théorie cérébrale en place, par conséquent.
- Une volte, c'est une année de quatorze lunaisons. Peut-être que je pourrais utiliser la demi-volte pour six lunaisons du coup. J'ai hésité à utiliser année parce que ça ne couvre par la même période. Et je trouve hyyyyper dur à expliquer un mot lié à la temporalité d'un monde de façon naturelle, "mais qu'est-ce que c'est une volte déjà" ahahaha. Faut que je réussisse à placer la définition quelque part, peut-être dans une dispute au cours de l'entretien ("en une volte vous auriez quand même pu-" "quatorze lunaisons, ça n'est pas si long" boarf).
- Survivre financièrement est une intrigue que je donne à Merle d'un bout à l'autre du roman. En V1, on sent que c'est à ses balbutiements et que j'ai tendance à désamorcer très vite à chaque fois (la fille qui ne veut pas du tout faire souffrir ses personnages ahahaha). En V2 la scène des factures est beaucoup plus éprouvante (et je pense que je vais donc plutôt garder celle-là) : il a mis une fausse adresse tout ce temps, et la famille riche de l'adresse envoie l'un de leurs enfants pour lui parler, ils acceptent de ne pas le dénoncer aux autorités mais ils veulent récupérer son magasin en échange (pauvre Merle).
- Tu as raison : il faut bien dire quelque chose aux parents. Merle pourrait rétorquer ça à Aymée, qui lui demandera un peu de temps pour y réfléchir, une chose à la fois.
- Merle et Aymée vont aux urgences toutes les quelques voltes ou lunaisons, ça dépend de comment elle se sent et quand est-ce qu'elle a des occurrences graves. Je pense qu'il y a gradation : petite, elle y allait peu, et puis ça se multiplie au fil du temps. Mais parallèlement, ils sont devenus meilleurs à gérer ses crises à la maison aussi.
Merci pour la cendrure ♥
- Je vais remplacer le terme "les urgences", t'as raison.
- Mon dieu, les émotions de Merle sont un des drames de la V1, j'ai hâte de savoir ce que t'en penses sur la durée. Mon intention est de le faire passer par colère tristesse déni négociation autant de fois que nécessaire, parce que je trouve ça primordial de raconter que le deuil, c'est pas juste de traverser une émotion après l'autre puis pouf l'acceptation - mais narrativement, c'est uuuultra dur d'avoir un perso qui est ballotté en permanence d'une émotion à une autre. Mon idée de retravail est de lui donner des quêtes précises dans le roman pour que certes il soit redondant émotionnellement, mais au moins il fasse des choses de façon active à côté. Qu'en penses-tu ?
Merciiiii ♥
Pour volte, lunaison, solède, le problème c'est qu'il y a aussi des "années", des "mois" et des "jours" donc pourquoi ajouter ces nouveaux mots? Pour la definition, il faudrait vraiment que ça spot hyper clair ce à quoi ça correspond. J'ai vraiment eu des hésitations entre des durées courtes et longues, et ça, c'est compliqué.
Pour Merle, je pense que la difficulté de ses émotions c'est surtout si il n'y a pas d'évolution..tu peux faire du cyclique, mais il faut que la tendance monte, ou descende, tout au long. Sinon on a l'impression que ça stagne. Pour moi qui suit plus avancé désormais, je trouve qie ça va, il y a bien une pente, ou un cyclage plus fort, mais ça marche. :) Il a déjà des quêtes assez précises, mais le rendre actif peut lui faire perdre le côté "je subis". À toi de voir ! <3
Je n'ai pas bien compris pourquoi le docteur ne voulait pas leur donner le diagnostic. Ou plutôt si, je comprends, c'est évidemment très difficile de donner un tel diagnostic, mais... que Merle ait été obligé de le pousser à bout comme ça, ça me paraît quand même étrange, parce que je ne comprends pas comment le docteur aurait fait pour continuer de ne pas leur dire la vérité au fur et à mesure. Du coup, ça me laisse penser qu'il y a une raison pour laquelle ça lui semblait préférable de les laisser dans l'ignorance. Genre, est-ce que les cendrés sont sujets à des discriminations ? s'il y a un lien avec les dragons, ça pourrait, non ? Enfin, quand même, ça m'a paru une décision vraiment radicale de laisser mourir une jeune fille à petit feu sans qu'elle sache de quoi, plutôt qu'au moins lui révéler le pourquoi du comment et la laisser aller dans ce service où visiblement ils tentent des trucs. Donc à voir sur la suite ce qui justifierait éventuellement cette décision, il n'y a pas forcément de trucs à changer ici, ça dépend de ce qui viendra !
Je me suis aussi fait une réflexion pour la première fois : je suppose que les chemins de Diane et de Merle seront amenés à se croiser, alors je me suis demandé si le lieu où vivent le frère et la sœur se situe dans le pays que Diane voulait rejoindre en bateau. À voir, ça aussi ^^
Des remarques en vrac :
"Tout le monde fit semblant que les soins étaient gratuits à Madeira" -> fit semblant de croire que ? c'est peut-être juste moi, mais j'ai buggé sur la formulation, on dit plutôt "faire semblant de" non ?
"Le percepteur, qui n’avait la faute de rien* (là aussi j'ai tiqué sur la formulation ! même si j'ai aimé la phrase ^^) mais que Merle eût aimé voir en sanglots face à une meute de loups, farfouilla dans sa poche et lui tendit des mouchoirs. Cette fois, les yeux de l’artisan l’incitèrent à les ranger et à se lever." -> en relisant je comprends que celui qui range et se lève, c'est le percepteur, mais le premier coup j'étais toute perdue.
"on compte quelques lunaisons" -> à l'instinct, je dirais que les lunaisons sont plus longues que les voltes, mais quant à savoir si ça se rapproche plus de la durée d'un mois ou d'une année... Ma perception, c'est que Merle est sonné, mais pas encore effondré par l'annonce d'un déclin hyper-méga-proche. Donc ce seraient plutôt comme des années ? Je ne peux pas vérifier donc encore une fois, je te livre l'impression pour que tu voies si ça colle !
À bientôt sur cette histoire <3
Non, par contre, j'ai en effet un peu de mal à croire que l'hôpital a pu laisser courir pendant neuf ans. Ce percepteur détestable me donne l'impression qu'il y a une société bien organisée administrativement, et pas du tout branchée social, donc comment a-t-on pu laisser Aymée revenir à l'hôpital encore et encore sans payer ? Sauf si sa condition et l'évolution de sa maladie rare présentent genre... un intérêt particulier pour les médecins. Je sais pas, j'imagine ^^ Bref voilà j'avais envie de donner mon avis sur ce point aussi !
Merciiiiiiii ! (Si tu voyais mon sourire ravi ahahaha)
→ Tu as tout juste sur le délai de diagnostic, donc je te laisse continuer sereinement ta lecture là-dessus parce que ce sera justifié.
Néanmoins, je me suis noté là pour la réécriture que ça pourrait être chouette de mieux introduire la cendrure dans les conversations entre Diane et Basile (sournois de ma part, je sais) pour ici augmenter la compréhension et l'impact émotionnel.
→ J'ai vérifié sur Internet et tu as raison : à ma grande stupéfaction, on ne dit pas "faire semblant que", enfin on le dit mais c'est pas correct. Ma vie a changé.
→ Damn it pour les durées. Lunaison, je me suis dit facile à traduire parce que c'est un cycle lunaire, donc 28 jours, donc l'équivalent d'un mois pour nous. Et en fait pas tant du coup. À voir ce que je fais de toutes ces durées, c'est encore en réflexion dans mon ciboulot.
→ Cool que le vol ne te dérange pas. Quoi qu'il arrive, le vol ne changera pas, parce que c'est si révélateur de Merle. Il a ce côté autruche optimiste qui est à la fois attachant et désespérant et frustrant et tout cela est vrai à la fois. Et sa priorité est de sauver sa sœur, c'est important de le marquer ici ; c'est quelqu'un de plutôt moral, mais il y a un classement de ce qui compte pour lui quand même.
En revanche, que l'hôpital ait rien capté pendant aussi longtemps peut sembler étrange, tu as tout à fait raison. J'ai de fait une solution parfaite qui est plus large que ce chapitre et que je veux absolument mettre en place. Mon idée est qu'il y a eu un durcissement politique à Madeira récemment, et je veux justement que ça se ressente à toutes les échelles, dans chaque secteur, chaque aspect de la vie quotidienne. Je pense que c'était un lieu plus laxiste, plus prêt à fermer les yeux sur certaines choses, et que c'est en train de changer.
Merciiiiiiii, ça me fait tant de bien de regarder ce roman à travers tes yeux attentifs !
Les lunaisons : non, mais oui (hihi), c'est complètement logique que ce soit des mois. Ce qui m'a peut-être confusée c'est que Merle et Aymée tiennent pas mal le coup face à la nouvelle d'un temps si bref, c'est pour ça que je me suis figuré des années. Mais c'était un peu au pif et les gens réagissent de plein de manières différentes à ce genre d'annonce, donc ne change rien !
Dans ce chapitre, Aymée découvre qu’elle est atteinte d’une maladie fatale, la cendrure, et son frère Merle est bouleversé.
Le chapitre se lit bien, à part les quelques coquilles soulignées ci-dessous. Je le trouve plus fluide que le précédent.
Le chapitre pourrait être plus touchant si tu ne mentionnais pas cette longue histoire de paperasse et d’argent. Le fait que Merle ait l’argent, mais qu’il refuse de payer les soins de sa petite sœur pendant 9 ans, le rend très antipathique à mes yeux. Je me dis « mais quel c** ! » 😊 En effet, pourquoi voler l’argent de l’hôpital ? S’il n’est pas satisfait par les soins, pourquoi y retourner ? Pourquoi ne pas aller consulter un autre médecin au lieu de ne pas payer ? C’est du vol, d’autant que la famille n’est même pas pauvres. Merle a l’argent. J’imagine que s’il a refusé de payer les soins, c’est aussi le cas des triplés, des parents et des amis de la famille. Pourquoi cette décision insensée ?
Quand Merle commence à être violent face au médecin, je me suis aussi dit que Merle m’était décidément fort antipathique. Si tu ne veux pas qu’on le perçoive comme tel, je te conseille de revoir ces passages (vol de l’argent à l’hôpital + violence). Rien ne justifie son comportement. On dirait un enfant qui crise.
Sinon, j’ai bien aimé bien comment Aymée prend la nouvelle, avec gravité mais calme. Avec une certaine dignité en quelque sorte. On comprend aussi bien combien Merle est bouleversé à la fin (même si ce sentiment peut être contrecarré par cette histoire d’argent. On se dit que si ça se trouve, c’est à cause de lui, du fait qu’il soit radin ou violent envers le médecin, qu’elle n’a pas eu de soins adaptés).
Autres questions : pourquoi le médecin leur cache-t-il l’info, son diagnostic ? Pourquoi ne leur expliquent-ils pas ? Ils sont obligés de lire un livre sur son bureau pour comprendre. Est-ce parce qu’il craint le comportement de Merle ? Aussi, pourquoi la porte de la deuxième docteure est-elle fermée à clef ? Pourquoi le médecin enferme-t-il Aymée et Merle là-dedans ? D’autant que cette enfermement n’a pas d’implication par la suite. Le médecin arrive et c’est tout. Le médecin généraliste pourrait donc tout simplement leur dire de se rendre au service machin et de voir Machine, ce serait plus logique à mon sens. Là, on se demande ce qui se passe, mais tu ne donnes pas de réponses et au final, cette loop n’apporte rien.
Mes notes de lecture :
« qui s’infiltrait entre les lattes et poutres”
> entre les lattes et les poutres
« les neurodégénérés en crise hallucinatoire. »
> « les déments » plutôt ?
> les dégénérés a une consonnance péjorative
« et tourna une page »
> « une page de son dossier » ? Parce que je me demande de quelle page tu parles.
> Et peut-être sans point : dans la parenthèse, ce n’est pas nécessaire
« Merle ferma les yeux pour repousser la panique qui le submergeait. Il n’y a rien de
> Attention à la concordance des temps. Dans tout le récit, tu es au passé, donc « il n’y avait rien de »
« il l’avait soutenue jusqu’aux urgences. »
> Soutenue est-il le meilleur verbe ? Il l’avait emmenée/conduite aux urgences ?
« mais s’était trompé de numéro de cabane. À cause de son erreur, ils n’avaient jamais reçu la facture. »
> Attention, plus tôt, tu dis qu’ils vivent dans un manoir donc on se demande de quelle cabane tu parles. Du magasin de Merle ?
« Il eût pu admettre sa bourde »
> Il aurait pu
« mais il constata que chaque jour de silence postal, ses parents se détendaient un peu plus »
> Pourquoi ses parents se détendent ? Ne devraient-ils pas au contraire stresser davantage ? S’ils ne payent pas à temps, la facture peut s’allonger ou on pourrait même refuser de la recevoir à l’hôpital la prochaine fois, ce qui serait pas top.
« Neuf ans de factures en retard, ça faisait un pactole. »
> Attends voir, c’est impossible. Et pourquoi les parents ne s’en sont-ils pas inquiétés ? Que Merle qui semble être une sorte d’enfant ne le soit pas, je veux bien le concevoir, mais les parents ? Mais en un sens, Merle travaille lui aussi et ses frères aussi. Personne n’était prêt à payer ?? Si tous s’en moquent, pourquoi l’emmener à l’hôpital dans ce cas ? Ça rend toute cette famille fort antipathique à mes yeux, Merle y compris.
« Le percepteur, qui n’avait la faute de rien mais que Merle eût aimé voir en sanglots face à une meute de loups »
> Phrase maladroite
> Exemple : « Merle aurait aimé voir le percepteur, dont ce n’était pourtant pas la faute, dévoré par une meute de loups. »
> C’est un peu hypocrite cette réflexion, car c’est la faute de Merle en fait. C’est pas lui qui devrait regarder la meute de loups en face ?
« farfouilla dans sa poche et lui tendit des mouchoirs. Cette fois, les yeux de l’artisan l’incitèrent à les ranger et à se lever. »
> « les » se rapportent aux mouchoirs de la phrases précédentes. Je ne comprends pas pourquoi ni comment les yeux de l’artisan incitent Merle à ranger ses mouchoirs et à se lever, d’autant qu’il l’incite à prendre un mouchoir à la phrase précédente (du moins, c’est ce qu’il me semble).
Pourquoi Merle est-il si perturbé ? Pendant 9 ans, lui et sa famille ont fait l’autruche, sans qu’il n’y ait de conséquences. Pourquoi ne pas continuer de la sorte, tout simplement ? Par exemple, ils partent de l’hôpital tranquillement, sans payer les médecins et les infirmières ? Après tout, ils sont en mode filous depuis toujours.
« Il avait économisé depuis l’ouverture du magasin, et ce malgré la somme qu’il remboursait chaque lunaison à la banque. »
> Ah ! Donc, il a l’argent en plus (et je parie que ses frères et ses parents aussi ?). Mais c’est horrible !
« avec le médecin généraliste d’Aymée, qui la suivait depuis l’enfance »
> Gratuitement, donc (alors qu’ils ont les moyens de payer) ? Il est chic.
« Comme le docteur ne répondait pas, il bondit sur ses pieds et saisit le dossier sur la table. »
> Il est vraiment violent ce Merle. C’est quelqu’un d’assez détestable à mes yeux. On dirait un enfant gâté qui refuse de grandir, mais qui se permet de piquer des crises et de donner des leçons.
« Je toquerai à la porte de chacun de vos collègues »
> Seulement s’il accepte de débourser un centime pour sa sœur. Pas sûr qu’un autre médecin accepte de travailler gratuitement pendant des années. Celui-ci me semble être une exception. Par ailleurs, s’il a un doute sur la qualité des soins (et encore ils sont gratuits donc bon, on peut se dire que c’est pas les meilleurs, c’est sûr), il aurait d’ailleurs pu consulter quelqu’un d’autre depuis longtemps, pour être sûr.
« — Aymée, vous êtes atteinte de cendrure. »
> S’il est au courant, pourquoi ne pas le leur dire avant ? C’est pourquoi les gens vont voir un médecin en général. À quoi joue-t-il ? Pourquoi jouer avec ses patients ? C’est affreux, voire même contre l’éthique médicale. Si j’étais eux, j’irais clairement voir ailleurs.
« et je sais qu’elle voudra vous rencontrer. »
> Ah en plus ! Et il comptait le leur cacher encore combien de temps ? C’est la première chose qu’il devrait leur dire à mon avis.
« Merle se tourna vers Aymée, qui sourit et acquiesça. »
> Mais attends, je croyais qu’ils n’avaient pas d’argent ?
« C’était une des traditions qui avait fait d’eux une équipe soudée. »
> Sauf quand il lui a menti par rapport à l’argent et l’accès au soin, information pourtant capitale à mon sens.
« Si Merle ne pouvait pas dire la vérité à la famille, il allait étouffer. »
> Pourquoi ? Elle lui a demandé la permission de le dire elle-même. Il ne lui fait donc aucune confiance ?
« donnant l’impression d’une petite fille qui jouait à se déguiser comme sa mère. »
> Elle aussi ? Ce village est donc comme le village de Peter Pan. Tous sont restés coincés dans l’enfance ?
Un chapitre qui n’est pas encore tout à fait abouti à mon sens, car mon ressenti vis-à-vis des persos fluctue. Si tu veux faire de Merle quelqu’un de détestable, je te conseille d’accentuer ce point par petites touches. Si tu veux en faire un frère aimant, il ne peut refuser de payer pour ses soins ni lui mentir pendant neuf ans. Tu es assise entre deux chaises et je te conseille de retravailler ces points pour que tout s’enchaîne bien pour le lecteur. Ainsi, tu pourras jouer sur le suspense. Le mieux serait qu’on se demande pendant tout le chapitre ce qu’elle a comme maladie et que la nouvelle qui bouleverse Merle nous touche aussi. Là, tu te perds un peu (et du coup nous aussi) dans ces histoires d’argent ; on se pose des questions sur l’incompétence du médecin qui leur cache des infos capitales, mais on se questionne aussi sur la violence de Merle qui ne me semble pas être l’accompagnateur idéal d’Aymée dans cette épreuve.
On retrouve dans ce chapitre Merle l'artisan du bois et sa petite sœur Aymée, à l'hôpital. J'ai l'impression que je ne les ai pas vu depuis mille ans, mais curieusement je n'ai pas été perdue. Il y a suffisamment de rappels (les jouets, les triplés) pour que je resitue qui ils sont sans me sentir perdue ni revenir en arrière, et sans que ce soit non plus gros comme une maison. Ce type de subtilité efficace n'est pas rien, alors je le note. ^^
Je vais commencer par le seul bémol que je trouve à ce chapitre très bien posé par ailleurs : cette histoire de facture de l'hôpital. Je n'ai pas trop compris ce que ça venait faire là, en fait. La situation d'Aymée me paraît assez tragique sans y ajouter de la paperasse. Est-ce que c'est une critique qui te tient à cœur ? D'autant que Merle y trouve une solution assez rapide ; même si ça va le laisser dans une situation financière précaire pendant une moment, il n'est pas non plus ruiné. Peut-être que ça aura un impact plus tard ? Difficile à dire à ce stade. On insiste quand même fortement dessus, donc ça amène des questions. Aussi, Merle a déjà bien assez de raisons de ne pas aimer les hôpitaux, comme le fait qu'ils ne lui ont jamais apporté de réponse ni de réel soulagement à sa sœur, et parce qu'ils accueillent si souvent la mort et la souffrance, des choses disons basiques, sans y ajouter un aspect sociétal un peu inattendu, en tous cas à mon sens. Et j'admets aussi avoir du mal à imaginer comment, dans un univers de fantaisie et de magie, on tombe dans les mêmes travers que les États-Unis modernes. Ça me paraît étrange. Tu me diras, il y a des tas d'autres trucs qu'on retrouve et qui n'ont peut-être pas plus de sens d'être les mêmes. Sans doute que ça me choque moins quand ce ne sont pas des systèmes cassés. ^^ Quant au passage où on dirait que tu essayes de faire passer les médecins pour des charlatans avec des examens répétés, c'est justifié ensuite par le généraliste comme une étude de l'évolution de l'état de la patiente. Ce qui me paraît raisonnable. Donc tu fais et défais des éléments de suite, j'ai été un peu perdue quant au message que tu essayais de faire passer, tout simplement. C'est peut-être voulu ? De dépeindre quelque chose de trop complexe pour être jugé à l'emporte-pièce ? (Si je vais trop loin tu peux aussi m'arrêter. xD)
Autre détail lié : le coup de la mauvaise adresse. Ça a commencé par une erreur disons innocente, mais par la suite, bah, c'est un peu du vol, en fait. En dehors des prix potentiellement exagérés, les médecins effectuent tout de même un travail et méritent donc salaire. Non ? Et puis, je ne peux naïvement pas m'empêcher de penser que cette facture est arrivée à quelqu'un d'autre à tort, même si ça n'est pas dit. Peut-être que ça a juste été mis en retour à l'envoyé, inconnu à cette adresse, mais bon. Au moins, Merle compte régler la note maintenant, ce qui m'épargne de devoir me méfier de lui. ^^ (J'ai un côté Loyale Neutre, désolée. xD)
À part cette très légère incompréhension de ma part, les émotions et le comportement de Merle sont très bien décrits, et les personnages qu'il rencontre sont bien dessinés. Il y a tout un tas de petits détails qui font la différence. Un homme très petit et un autre si grand qu'il ne passe pas dans les portes, j'ai trouvé que c'était une opposition futée, puisque l'un est une force plutôt "malveillante" dans l'épisode, tandis que l'autre est bienveillant. De même, Éléonore est aussi dégingandée que le premier interlocuteur est propre sur lui, une nouvelle opposition qui fait parallèle à leurs intentions, d'une part presque intéressées et de l'autre plus pures. Le médecin généraliste et le médecin-chercheur forment vraiment une force salvatrice dans ce chapitre où l'hôpital est dépeint comme une sorte de bouche de l'enfer infâme. Cette partie m'a plu. =)
Et côté développement, Aymée serait donc atteinte de Cendrure. Je n'ai pas bien saisi si le généraliste était au courant depuis un certain temps ou l'a découvert lors des examens de ce jour-là. Quoi qu'il en soit, c'est rare (à en juger par l'aile dédiée pratiquement abandonnée), méconnu (puisque Merle doit lire dans le livre), et difficilement curable. Mais au moins, il y a une chercheuse sur le coup, quand bien même elle n'a pas l'air d'avoir beaucoup de ressources. Ça ne doit pas aider d'avoir peu de patients, aussi.
Et enfin, ça vaut aussi le coup d'être souligné : la relation frère-sœur est toujours aussi solidement décrite. Les ascenseurs émotionnels traversés par Merle sont raides, mais il tient bon. Il garde son calme pendant l'attente, il prend sur lui au moment de la facture, il s'agace un peu face au généraliste, mais au final, lorsque le verdict tombe, il arrive à rester ancré à la réalité, pour le bien de sa frangine. Une grande force de caractère, ce garçon. Il ne sort pas trop du désespoir dans l'ensemble, mais je me dis qu'avoir un diagnostic est déjà un progrès.
Question : l'idée de "Il n’y a pas de traitement officiel en tout cas, et à Madeira il n’y en a pas du tout.", c'est parce que les traitements officieux ailleurs ne sont pas légaux à Madeira ? Ou bien parce que les moyens de les administrer n'y sont pas accessibles ? C'est une grosse lueur d'espoir que ça puisse exister ailleurs, donc je serai intéressée par plus de détails sur cette phrase. Mais puisque c'est sûrement pas là que Merle va chercher, je suppose qu'on en apprendra plus en même temps que lui. C'est juste peut-être un rien surprenant qu'il ne demande pas de précisions de suite, ou que le docteur n'en fournisse pas spontanément. Même si elle ne préconise pas les traitements existant ailleurs, elle en fait mention, après tout...!
Voilà pour moi pour ce chapitre ! Ça tient solidement la route, ton histoire, je trouve. Bien joué !
À très vite, que ce soit sur terre ou sur un bateau ! =D
P.S.: coquillages :
- "soeur" -> "sœur"
- "Tout remontait à la première fois qu’ils étaient venus" -> "la première fois où" (Non ? Ça me met le doute.)
- "les yeux convulsés" -> "révulsés" (pour les yeux qui partent dans tous les sens, je ne pense pas que le terme soit convulsion. Chorée, peut-être ? J'ai aussi trouvé nystagmus, mais ça va devenir compliqué à placer de manière fluide. ^^)
- "tâches noires" / " Tâches sur les yeux ?" et autres "tâches" -> "taches"
Et merci une fois de plus pour ta lecture attentive.
Les finances de Merle jouent un rôle dans cette histoire. J'ai hésité parce qu'on n'a pas l'habitude de parler d'argent dans la fantasy, j'ai l'impression, on laisse ça à la science-fiction, et en fait j'ai beaucoup de colère face à nos systèmes cassés, donc j'ai envie d'en parler. Je crois que c'est un peu maladroit pour le moment tel que ça apparaît dans ce chapitre, parce que moi aussi ça me hérisse un peu, donc à voir... Soit ça s'assouplira avec le temps, soit je trouverai une autre façon de l'aborder. En tout cas, je note que toi aussi t'as senti la bizarrerie.
Tu as raison : c'est du vol. Je n'ai pas de réponse pour le moment, je vais y réfléchir.
Chouette que le reste ait marché pour toi.
Merci encore <3