Avant de s’installer dans ce village obscur
Agathe avait connu des années tumultueuses
Remplies d’hommes l’aimant toujours bien tristement
Chairs éternellement fades et désirantes
Certains l’avaient chérie, d’autres l’avaient voulue
Tous étaient pour Agathe un être sans visage
Qui, en posant ses mains, par dizaines sur elle,
Éveillait un désir fait de sueur et de sang
Et dans cette maison sans fenêtres - son crâne -
Elle entendait le bruit sublime d’une source
Qu’elle avait vue, petite, au fond d’une forêt
Rafraîchir les pieds nus d’un couple d’amoureux
Puis vint un jour de paix où, marchant en montagne,
Elle avait découvert un chalet à l’orée
D’un bois de châtaigniers près desquels, en lisière
Poussaient des églantiers pour une étrange noce
Alors, rose sauvage et méprisant le siècle
Elle ouvrit sa corolle au-dessus des châtaignes