6. Les noces rose châtaigne

Avant de s’installer dans ce village obscur

Agathe avait connu des années tumultueuses

Remplies d’hommes l’aimant toujours bien tristement

Chairs éternellement fades et désirantes

 

Certains l’avaient chérie, d’autres l’avaient voulue

Tous étaient pour Agathe un être sans visage

Qui, en posant ses mains, par dizaines sur elle,

Éveillait un désir fait de sueur et de sang

 

Et dans cette maison sans fenêtres - son crâne -

Elle entendait le bruit sublime d’une source

Qu’elle avait vue, petite, au fond d’une forêt

Rafraîchir les pieds nus d’un couple d’amoureux

 

Puis vint un jour de paix où, marchant en montagne,

Elle avait découvert un chalet à l’orée

D’un bois de châtaigniers près desquels, en lisière

Poussaient des églantiers pour une étrange noce

 

Alors, rose sauvage et méprisant le siècle

Elle ouvrit sa corolle au-dessus des châtaignes

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