6. L’instant d’un rêve

Je me noie. Je me noie. Je me noie. Les yeux clos. Les doigts entrelacés. Le visage paisible. Je coule, et je ne remonterai jamais.

Je me suis toujours demandé ce qu’il pouvait y avoir, au fond des idées. Au plus profond des songes et des raisonnements obscurs. J’ai envie de savoir. Je veux savoir.

Autour de moi, ce sont comme autant de filaments de lumière qui me tournent autour, avides de me connaître. Avides de m’enlacer. Fibre d’émotion. Fibre de joie. Savent-ils qu’ils me tuent, ces petits êtres de lumière ? Savent-ils qu’ils me noient ?

Cette pensée me fait sourire. Étonnés, les petits rayons de soleil liquides s’écartent. Alors j’ouvre grand les yeux, et je vois. Je vois. Je vois.

 

Rouge. Non, noir. À moins que ce ne soit du vert.

Tout tourne, tout est immobile. C’est beau, c’est si beau.

Mélange d’essences en suspension dans un ciel bleu nuit. Mélange d’odeurs, mélange de sons.

 

Je suis enfermé dans l’étincelle d’un feu d’artifice. Explosive. Consumée. Vouée à disparaître en plein émerveillement.

 

Les filaments sont revenus, ils s’enroulent autour de mes bras.

Ils me tirent vers le bas, vers ce spectacle sans fin.

Je les laisse me happer dans ma chute éternelle.

Tout brille, tout fond, tout est immense.

Par moment je ferme les yeux.

Mais tout est si beau…

Je respire mal.

Qu’importe.

Me noyer.

Tomber.

Couler.

 

Enfin…

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