6. Quand un mardi banal se transforme en flirt avec des fantômes

Par Voltage

Mon réveil assourdissant sonna à 7 H 00 pile. J'ai toujours bien supporté le bruit de mon réveil, malgré le fait le bruit en question soit un Bip aigu comme si un oiseau poussait un cri de douleur atroce prolongé pendant une minute, mais là, j'étais exténuée et j'ai dû supporter le bruit pendant cinq minutes le temps de persuader mon corps meurtri que si je ne vais pas en cours, j'aurai des problèmes. Je me redressai donc sur mon lit, encore dans les vapes. Je m'habillais rapidement lorsque je vis que mon sac pour aller au collège n'étais pas encore prêt. Ce qui est étrange, vu que je faisais mon sac tous les soirs après avoir pris ma douche. (Oui j'avais une vie très précise. Je faisais tout à la même heure tous les jours. Peut-être parce que je ne faisais rien de mes journées et que je m'ennuyais souvent.) je le fis vite-fait et me dépêchai de prendre mon petit déjeuner.

Mon grand frère Zack était déjà à table. Malgré ses dix-huit ans, il était très grand pour son âge, avait d'épais cheveux noirs bouclés et des yeux verts comme moi. Notre seule différence physique était que lui n'était pas obligé de porter des lunettes. Tiens d'ailleurs... wow, je devais vraiment être fatiguée, car j'avais totalement oublié quel jour important on était !

Je courus vers la porte, m'attendant à recevoir un colis, que j'attendais depuis longtemps, mais je ne vis rien de tout ça.

- Ça arrivera ce soir ! me cria Zack. Viens manger plutôt.

Je m'assis sur une des chaises en bois que comptait notre table ronde, et examina mes céréales. Ce fut Zack qui cassa le silence :

- T'as fait nocturne hier ?

- Non, pourquoi ? demandai-je

- Vu la taille de tes cernes, ça ne m’aurait pas étonné que tu répondes "oui".

*

 

Je sortis dans ma rue plusieurs dizaines de minutes d'avance avant les cours, comme à mon habitude. Les maisons de ma rue étaient collées entre elles et de couleur sombre, ce qui donnait un aspect inquiétant à ma rue. Habitant ici depuis mon enfance, je m'y étais habituée. Plus ou moins... Je marchai jusqu'à mon collège. Il n'était pas très loin.

On peut même dire que j'avais plutôt de la chance : J'habitais près du Westminster high school (le collège Westminster), qui était un des collèges les plus réputés de Londres.

J'arrivai donc en cours trente minutes avant leur début. Le collège de Westminster, qui était à l'origine une école primaire, était un bâtiment très vieux qui pourrait faire penser au château Poudlard. C'était un des seuls collèges qui n'avait pas été réaménagé pour en faire un de ces beaux bâtiment luxueux et modernes. Etant un ancien bâtiment, nombreuses sont les rumeurs morbides qui en sortent.

J'ouvris la grille avec mon badge, puis la referma derrière moi. Vu le temps qui me restait, j'allais aller dans la cour du collège. Ce grand espace d'herbe, d'arbres et de bancs. J'en profitai pour finir le devoir de français que je n'avais apparemment pas terminé. J'avais dû me rendre compte de l'heure tardive et me précipiter dehors pour ne pas manquer le solstice. Et j'avais dû rentrer chez moi après. Mais je n'aurais pas oublié mon devoir de français ! bizarre...

La sonnerie retentit et je courus pour ne pas arriver en retard. J'avais encore passé trop de temps à lire, zut ! Je croisai mon amie Ilyanna dans les couloirs. Vu que la classe était déjà rentrée, elle ne me prit pas la peine de me dire bonjour (merci politesse !). Mais dès que nous fûmes assises dans le rang du milieu de la salle d'histoire, elle me lança :

- Stylée ta nouvelle montre !

- Ma nouvelle montre ?

Je regardai à mon poignet. Il y avait bien une montre à mon poignet. Une montre étrange, avec plusieurs cadrans. Je l'enlevai et regardait l'inscription au niveau de la pile : Montre delta

 

D'où ça sortait, ce machin ?

D'abord je me rends compte que je n'ai pas fait mon sac, ni mes devoirs oraux (d'ailleurs ça risque de chauffer pour moi dans quelques minutes !). Ensuite, je découvre une montre bizarre avec plusieurs cadrans à mon poignet ! Je poussai un soupir silencieux. Je devais vraiment être exténuée ce matin pour m'habiller sans me rendre compte que j'avais une montre à mon poignet...Je l’examinai de plus près. C'était une montre bleu nuit pourvue d'un grand cadran aux aiguilles argentées, indiquant des chiffres romains. À l'intérieur de ce cadran étaient disposés trois autres cadrans aux aiguilles noires. L'un était arrêté, le deuxième indiquait 2, et le troisième était incompréhensible. Le grand cadran indiquait l'heure. Je prêtai mon attention aux deux petits boutons à droite du cadran principal. Mais mon professeur de français me tira de ma rêverie :

La porte s'ouvrit en grand et en l'espace de trois secondes seulement, Mr Berytrand était devant son bureau en train d'allumer via sa télécommande préférée le tableau. D'un coup d'œil vif et rapide, il épia chacun de nous du regard. Il s'arrêta sur Alex, un redoublant, qui avait "oublié" de retirer sa capuche. Les yeux noirs du jeune professeur réfléchirent à un coup de vache à faire à son élève ; les autres élèves de la classe n'en menaient pas large eux non-plus, évitant à tout prix le contact visuel avec Mr. Berytrand. Ce professeur était tout juste génial ! il ne montait jamais le ton, mais savait clasher comme un dieu !! Ayant d'ailleurs trouvé le bon punchline à coller à Alex, il s'avança calmement vers lui avant de lui dire :

- Votre capuche, Alex, vous avez oublié de la retirer. À moins que vous n'en puissiez pas vous en séparer ? Si vous retiriez votre capuche, et ajoutiez votre cerveau à sa place, ça m'arrangerait !

Alex était extrêmement calme. Cela ne lui ressemblait pas. Pour ma part, j'étais sûre qu'il préparait un coup.

Mr Berytrand, fier de lui, repartit vers son bureau en gardant sa démarche lente. Il prit sa boîte à thé sur son bureau et piocha dedans. Il sortit un nom. (Oui, bravo, vous avez deviné ! Ce n'est pas du thé dans sa boîte !) Je priai pour que ce ne soit pas le mien. Priai. Priai. Et lui faisait durer le suspense, un grand sourire aux lèvres. Puis il dit enfin :

- Helena ? on t'écoute !

La narration orale de français. Mon point faible. J'étais en état de stress. Et alors le pire se produisit : en me levant, j'accrochai ma manche à mon manteau et tourna sans le vouloir un des deux boutons présents sur la montre. Le cadran arrêté bougea de deux crans. De deux minutes. Que se passerait-il dans deux minutes ? Non, je psychotais. Ce n'était qu'une montre normale...pourtant, j'étais sûre de l'avoir déjà vue quelque part. Je m’avançai vers le bureau de mon professeur, et c'est là que l'alarme retentit.

Non...non...pas celle que vous pensez ! Croyez-moi ce n'est ni une attaque terroriste (ça n'existe plus depuis un bail) ni une alarme incendie. Vous réagissez comment si je vous dis : Invasion de fantômes en forme d'ombres noires qui calcinent tout sur leur passage ? Eh bien j'imagine que vous réagissez tous comme Ilyanna : Vous sortez de la classe en hurlant (très bon point pour attirer les créatures ici ! Merci beaucoup !). Elle fut bientôt suivie de toute la classe. Je crois qu'il est bon de préciser que pour ce genre d'attaques nous n'avons absolument AUCUN protocole. La règle c'est "essayer de survivre et chacun pour soi !" Alors, n'ayant qu'une seule option, je courrais vers mon seul espoir. Pas la sortie. Non. Il y a mieux. Il y a l'extincteur. Ai-je omis de préciser que ces sortes de fantômes laissaient involontairement une trainée de flammes après leur passage ? je courrai vers l'extincteur le plus proche (et l'unique), mais quelqu'un l'avait arraché.

Je descendis donc dans les sous-sols. Le vieux couloir de pierre était intimidant et mal-éclairé. Je pressai le pas. Et me rendis compte que ma montre sonna. Le cadran s'était de nouveau arrêté, et une lumière s'échappa de ce cadran, qui devint une onde de choc. Elle eut l'air de se propager dans toute la ville.

J'entendis un bruit derrière moi. Une sorte de sifflement. Mais du vent dans un sous-sol, impossible. Restait alors la deuxième option. Celle que je redoutais. Une masse d'obscurité se formait au fond du couloir. Terrorisée, je courus vers l'escalier de sortie pour rejoindre le rez-de-chaussée. Et ce que je vis me cloua au sol. Tout le monde était figé. Les élèves courant dans les couloirs, arrêtés. Les flammes qui devaient normalement bouger, statiques. Tremblante, je regagnai ma classe de français. Alex, indifférent, était assis au fond, lui aussi pétrifié. Je fis alors un test : Je pris la tasse de café pleine de Mr. Berytrand et la lâcha par terre. Elle se figea, elle aussi. Ma montre...avait-elle...fait quelque chose ? En tout cas, ce n'était pas une montre ordinaire. Je me retournai brusquement et vis un détail : sur le tableau était inscrite une phrase. C'était l'écriture de mon professeur de français :

"Et ce n'est que le début Helena"

Soudain, j'entendis le même sifflement que tout à l'heure. Le bruit qui hantait mes pires cauchemars. Ils se rapprochaient. Ils étaient plusieurs. Je voyais déjà leurs trainées de flammes avancer jusqu'au couloir...

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Taranee
Posté le 26/02/2021
J'ai beaucoup aimé ce chapitre, l'alarme "fantômes noirs qui brûlent tout sur leur passage", je pense que tu aurais dû terminer le chapitre sur la phrase "Et ce n'est que le début Helena". Même si on retrouve souvent ce genre de fin dans les chapitres, c'est un cliffhanger qui marche super bien et qui incite encore plus à lire le prochain chapitre... D'ailleurs, je me demande ce que le professeur a à voir dans tout ça.
Quoi qu'il en soit, ça reste un très bon chapitre pleins de rebondissements !
Voltage
Posté le 26/02/2021
Salut !
Contente que tu aies apprécié le chapitre ^^
Oui tu as sûrement raison pour la fin...mais je voulais accentuer le fait que la phrase marquée au tableau n'est pas le plus important, que le fait qu'Helena soit en danger le soit plus...
Honnêtement ce prof de français on ne va pas le revoir avant un bon bout de temps ^^' mais il va quand même avoir son rôle dans l'histoire.
Et merci aussi de donner ton avis, ça m'aide beaucoup pour peaufiner la structure et le déroulement de l'histoire !
Taranee
Posté le 26/02/2021
Merci, je suis flattée ^^
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