7. Souvenirs

Par Voltage

J'hésitais à me frapper la tête avec la tasse de Mr Berytrand. Sois-je virais barjo, soit mon horrible vie ennuyeuse était passée en l'espace de quelques heures de "nulle à chier" à "À chaque minute des monstres vont venir te massacrer Helena...". D'ailleurs pourquoi on m'en voudrait ? Est-ce dans me courte vie, j'ai fait ne serait-ce qu'une mauvaise chose ? je vous jure que je n'ai jamais travaillé pour les services secrets !

Vu que je n'avais pas de meilleure idée en tête, ma solution fut de me cacher en position fœtale sous le bureau de Mr Berytrand et prier pour que l'ombre carbonisant ne me voit pas (avait-elle seulement des yeux ?). Le sifflement se transforma en raclement, signe que l'ombre était vraiment très proche. Elle rentra dans la salle. Je ralentis ma respiration.

Pour une raison que je ne connaissais pas, je ne supportais pas ce bruit, ce sifflement. Le raclement qui se rajoute encore moins. Je me sentais mal dès que je l'entendais. Je tremblais. J'avais peur. Le bruit se rapprochait de moi de seconde en seconde. Les ampoules avaient toutes claquées sous l'effet de la chaleur. La seule lumière qui baignait la pièce était celle des flammes qui se rapprochaient. La créature entra dans la salle. Malgré les flammes, la température était glacée (Non ce n'est pas une référence aux détraqueurs d'Harry Potter !). La brume noire qui enveloppait la créature dansait dans l'air. Soudain, le troisième cadran avec un grand nombres d'aiguilles et multitudes de signes (donc incompréhensible) s'illumina. Une lumière jaune éclairait les aiguilles qui se mirent à tourner dans tous les sens. J'étais donc cramée. Visiblement, je déteste cette montre ! La créature balaya mon bureau d'un coup de...heu...brume le bureau me laissant face à elle sans aucune protection. Un rideau de flammes cachait la porte. Ma seule sortie était inaccessible. J'étais prise au piège. Je m'attendais à recevoir le même châtiment que le bureau de Mr Berytrand. Mais il n'en fut rien de cela. Je vis d'abord deux pupilles jaunes dans la brume de la créature fixer ma montre d'un air fasciné. Puis toute la brume se dissipa, révélant un corps de fauve, croisement entre un guépard et un loup, à la fourrure bleu nuit et aux yeux perçants pourvus d'une pupille jaune. La créature fixait ma montre en agitant la queue. Je précise que je ne comprenais rien à ce qui se passait. Ma montre brillait toujours, mais les aiguilles se stabilisèrent en pointant la direction de la créature. Tout de suite, les yeux de prédateur de la créature se changèrent en yeux d'un animal de compagnie inoffensif. Je ne comprenais toujours rien à ce qui se passait. Mais ce que je comprenais, c'est que si je ne détalais pas vite je danserais vite dans les flammes. Mais la seule sortie était bouchée...

Comme si elle avait lu dans mes pensées, la créature se propulsa vers le mur (à une de ces vitesses !) et construit un trou béant dans ce mur, juste assez grand pour qu'elle et moi y passent. Arrivés dehors, je courus le plus loin possible. La créature me suivait. Je courus pendant plusieurs minutes jusqu'au pont de Saint James's Park. Essoufflée, je m'arrêtai et regardai le ciel. Une lune gibbeuse gauche...Ma créature, en pleine forme, me regardait d'un air perplexe. J'avais moi-même du mal à croire que cette chose tentait de me tuer quelques minutes plus tôt. J'examina encore une fois ma montre. Je voyais toujours les mêmes cadrans. Le grand indiquant l'heure, le deuxième la créature, le troisième le chiffre 2 et le dernier, qui était arrêté avant que tout devienne n'importe quoi était en face du bouton que j'avais manipulée sans le vouloir, n'avançait pas mais reculait. Il était à une minute de la fin de son compte à rebours. Je regardai de nouveau la créature, qui me lança un regard m'indiquant : Alors toi, t'es pas prête pour ce qui va se passer dans une minute !

Je voulus faire le point de tout ce qui m'était arrivé aujourd'hui. Mais je n'en eus pas le temps. La montre sonna. Le quatrième quadrant, celui du compte à rebours, était revenu à zéro. Une onde de choc immense en sortit, la même qu'une heure plus tôt. J'en déduisit que le temps allait reprendre son cours. Et ce fut le cas. Sauf qu'une chose nettement moins agréable se produisit en même temps.

J'eus un mal de crâne horrible, insoutenable pendant plusieurs minutes. J'avais envie de me jeter dans le Saint James's Lake. Puis mon bien-être revint.

Ainsi que les souvenirs de ma journée d'hier...

 

Mais si j'avais envie de retourner voir Tobias pour lui arracher la tête, j'avais surtout besoin d'un instant calme pour bien réfléchir. Je m'assis sur le bord du pont (comme quoi maintenant à chaque fois que je m'approchais d'un pont, j'avais peur qu'un homme en costume noir me pousse dans l'eau !). La créature était toujours en train de me fixer, comme si elle attendait quelque chose de moi. Son regard passait de ma montre à mes yeux. Je me demandais encore comment une créature sanguinaire, entourée de brume et calcinant tout sur son passage pouvait se transformer, en l'espace d'une seconde, à une panthère noire/loup aux yeux jaunes qui n'a aucune crédibilité niveau méchanceté. Je soufflais. La créature détourna son regard vers la lune. Je fis de même. Un gibbeuse, gauche. Je voulais me reposer mais une multitude de questions se pressaient dans ma tête. D'où venait cette créature ? (Elle n'a pas un nom ? Parce que répéter "créature" ça commence à me saouler) D'où venait l'homme au costume noir ? Qui étaient réellement Tobias et sa sœur Brenna ? Et moi, qu'est-ce que j'avais à faire là-dedans ? Je me levai et marchai dans les allées du parc, la créature sur mes talons. Il fallait vraiment que je me calme. Le pire est que, cette créature, j'avais l'impression de ne pas la voir pour la première fois. Maintenant je savais où je pourrai trouver mes réponses. Il fallait que je retourne voir Tobias.

Mais plusieurs problèmes se dressaient devant moi. Un : Je n'étais pas armée, et chez eux il y avait un gros système de sécurité. Deux : J'avais un truc tout sauf discret qui se promenait à mes côtés. Trois : C'est genre à une heure de route d'ici. Bon...Il va falloir que je trouve un moyen de convaincre mon frère de m'emmener là-bas.

*

J'étais censée être en courra à cette heure-là. Je ne vous ai pas dit, mais lorsqu'une jeune fille se promène seule dans un parc alors qu'elle est censée être en cours, elle se fait chopper direct par la police en personne. Je devais donc être très discrète. Je marchais le plus silencieusement possible, puis je piquais un sprint vers l'arbre le plus proche. Etant donné que Noël était proche (nous étions déjà le 22 décembre), les décorations lumineuses rendaient la rue beaucoup plus visible que d'habitude. Mais bientôt, je sortis du parc et je n'avais plus d'arbres pour me cacher. Alors, j'avais deux solutions : La prudence ou la rapidité. Moi j'ai toujours été #teamrapidité. Donc, j'ai foncé vers ma maison.

Mais lorsque je fus arrivée devant mon palier, j'ai tout de suite vu que quelque chose n'allait pas. Je tournai la poignée qui était ouverte (nota bene : Mon frère la ferme TOUJOURS à clé. Je ne sais pas quel est son délire, mais les portes ouvertes, avec lui ça n'existe pas). La disposition des meubles était normale (encore heureux) mas quelque chose clochait, ça me sautait aux yeux, mais je n'arrivais pas à savoir quoi.

- Zack ?! appelai-je

Pas de réponse. Je montai mon escalier. La tension montait à chacun de mes pas. Les lumières étaient éteintes à l'étage, excepté celle dans la chambre de mon frère. J'ouvris la porte à la volée : Pas de trace de mon frère. L'absence de son sac à dos m'indiquait qu'il était parti. J'ouvris mon téléphone portable et composa son numéro. Cela sonna comme si son téléphone était éteint. Je commençai à paniquer. Mes mains tremblaient. Je redescendis en vitesse et fis le point de vue que j'avais vu faire mon frère ces derniers jours. Normalement, quand ton frère n'est pas là tu te dis qu'il est parti faire des courses quelque part, mais là c'était autre chose, je le savais, je le savais, je le savais !!! Je m'assis sur sa chaise favorite et remémora tous mes souvenirs. Celui qui me revint en premier, et qui me frappa le plus était un souvenir d'il y a une semaine :

 

15/12/2497

Je rentrais d'une journée de cours ennuyeuse, comme toujours. Sur mon chemin, je vis plusieurs affiches dont je ne prêtai pas attention. "le Juste Traitement fera bientôt revenir le soleil", "Attaques d'hybrides dans les écoles suivantes..." En traversant le saint James's Park, je vis mon frère discuter devant une ancienne station de métro. Il était avec trois garçons et une fille. Je me rappelle m'être approchée pour entendre un peu ce qu'ils disaient :

- Je vous assure que c'est pour bientôt ! cria l'un des garçons. Il faut trouver un refuge !

Pendant que les trois garçons débâtaient sur un sujet qui me paraissait morbide, Zack et la fille paraissaient absents.

Mais quelque chose d'anormal se produisit. Normalement, j'étais censée me retourner et rentrer chez moi en brandissant fièrement mon 19,75/20 en histoire. Mais je restais là. Je voulais rester là...comme si je pouvais commander mon souvenir...ou plutôt comme si je pouvais retourner dans le passé et revivre des instants de ma vie...

Je restai donc là, sans trop savoir quoi faire. Le garçon qui parlait de refuge et d'attaque était petit et avait des cheveux violets. Il avait une drôle d'allure...Un moment donné, Zack pris la parole :

- Je ne pense pas qu'ils bluffent, Harry. Ils vont vraiment envoyer une armée d'hybrides. Mais nous on connaît le moyen de tuer les créatures et les hybrides ! On peut facilement s'en sortir.

La jeune fille fixait les garçons tour à tour. Elle avait l'air confuse, et sérieuse en même temps. Ses yeux bleu électrique semblaient scintiller et ses cheveux noirs lisses volaient dans le vent. Il se mit à faire de plus en plus froid et il y eut de plus en plus de pluie.

- Mais que comptes-tu faire ? demanda le fameux Harry

- Je compte buter le Juste Traitement. Ce sont eux l'origine de tous nos problèmes.

Mon regard restait fixé sur la jeune fille. Seize ans, taille fine. Visage fin...

Un éclair n’éclata pas très loin du parc.

- Vous voyez ? s'écria Zack, il nous entend ! Hein connard ! Tu vas jouer avec la Terre encore longtemps ?!

...Et ce regard dans ses yeux...Un regard...que. Je connaissais déjà. J'avais vu le même dans les yeux de la sœur de Tobias un jour plus tôt...Non...Brenna. Ici ? Et elle connaissait mon frère ? Elle prit justement la parole :

- Non, dit-elle. Ce n'est pas eux qu'il faut buter. Ce ne sont que des pions. Il faut buter le roi.

Son regard se posa vers une branche de l'arbre à sa gauche. Elle fixait un point précis. Un tronc d'arbre avec une affiche collée dessus. "Qui se cache réellement derrière la nuit éternelle ?"

 

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