Il s’est calmé.
Assis dans l’herbe encore toute perlée de rosée, autant de minuscules lacs scintillants. Il fixe toujours l’écharpe, s’en détourne, y revient. D’un air impuissant. Et, tout d’un coup, détourne les yeux. Il m’a regardé, l’espace d’un instant. Et j’ai cru y voir une graine d’espoir.
Il attrape un pissenlit, souffle. De multiples aigrettes se répandent dans l’air, portées au hasard. En chaos. J’en attrape une dans mon poing. En tâte précautionneusement le fin duvet. La relâche. Elle décolle à nouveau, mais vole maladroitement. Je l’ai déformée, rien qu’en la caressant. Elle n’ira pas bien loin.
D’autres ne sont pas allées bien loin non plus. Elles tournent autour de lui, agrippant chacune un rayon de soleil. Lui les regarde d’un air tout con. Émerveillé. Elles tombent lentement, comme suspendues, légères. Atterrissent tendrement. Une par une.
Une salve de douleur. Aride. Je ne ressens plus rien, un instant. Puis ça résonne, en écho sec. Qui se réduit, peu à peu.
— Je m'appelle Noé. Noé Solian.
Il l’a senti. M’a vu me déformer, sûrement. Il me jette un regard de compassion. Ça me fait mal. C’était sincère, pourtant…
— Íker. Et ne t’attendris pas sur moi. S’il te plaît.
Il se tait, longtemps. Je l’ai mis mal à l’aise. Pardon. Il a l’air d’un jeune faon comme ça, mi-effarouché, mi-fasciné. Un petit coup de vent. Il se rappelle. Guigne l’écharpe. Presque discrètement. Il l’a fait exprès, d’ajouter ce presque.
J’avance, un pas, deux. La branche se noue plusieurs fois, on l’entendrait presque craquer, en y étant attentif. Au milieu, l’étoffe immaculée est attachée, simplement. Un nœud tout bête. Mais avec amour.
Je le prends en main. Tout doux, confortable. J’observe. Je tire un brin, un autre. Le vent susurre une fine mélodie à nos oreilles. Charmeur.
Le nœud se défait, sans effort. Je délie l’écharpe. Le souffle se fait faible, un fin fil fatigué. Je la lui tends.
Il hésite.
Je trouve qu'en quelques lignes on sent toute la tendresse entre les personnages, et j'ai déjà envie de les voir plus encore.
En fait ton histoire sonne comme une narration poétique, ou une légende qu'on lirait dans le genre "L'Odyssée" d'Homère, ta plume est très professionnelle ^^
A bientôt pour le prochain chapitre !
J’essaye vraiment de choisir les mots pour un mélange de sonorité et de sens, content que ça marche!
Merci beaucoup !(je m’arrête à Ossenoir dans l’après-midi…)
Donc merci d’autant plus!