« Tout est fini. Tout est fini ! »
J’entends cette voix affreuse. La voix du brocoli. Elle résonne dans ma tête comme une horrible chanson entêtante.
Je vois les tablées de mon restaurant pleines à craquer. Tous ces clients qui ont la nausée parce que mes brocolis sont trop cuits. Il y a de la fumée qui provient de la cuisine. Pris de panique, je cours aussi vite que possible. Des brocolis carbonisés s’agitent de partout. Ils font tomber de la vaisselle, en laissant s’échapper un petit rire strident. La fumée s’empare de la pièce, au point où je ne parviens à discerner uniquement ce vacarme affreusement aigu.
J’ignore comment ils ont pu tous apparaître en cuisine. Mais, j’entends les voix mêlées de mon entourage. La fumée se dissipe légèrement et je les aperçois, debout et immobiles, à l’autre bout de la pièce, près des casseroles enflammées.
« Tout est fini. Tout est fini ! »
C’est ce qu’ils disent tous. Ma femme, mon propre fils, mes employés, mon futur gendre, même Reine. D’abord, j’essaie de faire taire ma fournisseuse de brocolis. Je l’entends m’accuser d’avoir peur d’un pauvre brocoli. Je nie de toutes mes forces. Brock affirme que je suis fini dans le milieu. Ma femme affiche clairement sa déception. Elle est déçue de constater que, sans formation, elle a un niveau culinaire nettement supérieur au mien. Mon fils, lui, regrette de ne pas avoir ouvert le restaurant tout seul. Pour lui, je suis un boulet qu’il s’oblige à traîner à ses pieds.
Simultanément, ils rient de moi. Ils me pointent du doigt. En me regardant de plus près, je constate que je n’ai plus de toque. Je porte soudain une tenue digne d’un fast-food bon marché. Les rires s’intensifient, s’intensifient. Jusqu’à ce que je me réveille.
Je rejoins les autres commentaires, on sent vraiment l'angoisse monter...
La VOIX du brocoli... au secours !!! :D
J'espère que tu n'as pas fait de cauchemars autour des brocolis, cette nuit.
Et toute la famille qui le lâche ! Il perd vraiment confiance la pauvre !
Poursuivre Cesbon avec des couteaux ? Mais quelle violence... Je ne suis pas comme ça, voyons... ! ;)
Les brocolis maléfiques partout en cuisine, j'ai adoré imaginer la scène aussi. C'était fun !
Ca yest m'y voilà, l'aventure était déjà belle, heureux qu'elle continue demain.
Une belle aventure aussi que de te suivre au travers de tes retours. Heureux de te revoir bientôt dans le coin ! Merci pour tous ces compliments, ces retours, ces partages d'impression.
Histoire de faire quand même un retour constructif, je relève des tournures peut-être un peu alourdies. Par exemple : "Il y a de la fumée qui provient de la cuisine". L'image est nette, mais est-ce qu'une formulation un peu plus directe ne permettrait pas d'intensifier le rythme de cette scène de cauchemar ?
Dans ce même paragraphe, la personnification de la fumée fonctionne très bien - elle "s'empare" de la pièce - par contre, il me semble trouver une maladresse syntaxique dans la suite : "je ne parviens à discerner uniquement ce vacarme affreusement aigu". Est-ce que le personnage parvient seulement à quelque chose, ou ne parvient pas... mais à quoi ?
C'est très amusant que les lieux repoussoirs dans l'imaginaire de ce chef apparaissent dans ses rêves. J'ai noté la référence à la cantine scolaire, ici, le fast-food.
A plaisir de revenir lire la suite, à bientôt :-)
Désolé de t'avoir filé de l'angoisse sur ce coup-là...
Au plaisir de te revoir bientôt par ici. Merci, merci pour tous tes commentaires, tes suggestions, tes observations. C'est plaisant à suivre.
A bientôt !