8- Le bavardage des brocolis

— Je m’inquiète pour mon père, Brock… Je m’inquiète tellement que j’en oublie la préparation de notre mariage…

— Je le trouve en forme, Pierre-Noël. Depuis qu’il a validé l’idée de la Broccoli Party, il a retrouvé un sens à sa vie.

— Ce matin, je l’ai surpris à parler à un brocoli. Quand je suis en forme, dans un état normal, je ne fais pas la conversation à un tas de légumes…

— C’est peut-être sa manière de s’encourager. Je sais qu’il a peur de brûler un second brocoli.

— Je l’ai entendu dire que les brocolis lui avaient déclaré la guerre et qu’ils n’allaient pas gagner. Que lui, il était plus fort qu’eux.

— De l’auto-encouragement, à mon avis, Jean-Baptiste.

— Il agissait comme si les brocolis lui répondaient…

— Euh… quoi ?

— Il hurlait aux brocolis de se taire, d’arrêter de le rabaisser et de ne pas monter tout son entourage contre lui.

— Tu es sûr de toi ?

— Tu crois vraiment que j’inventerai une telle histoire ?

— Tu as pu mal interpréter…

— C’était très clair, au contraire. Mon père perd la tête, à cause d’un brocoli brûlé. Je ne sais plus quoi faire, à part m’inquiéter dans mon coin.

— Il faudrait que ton père aille consulter. S’il se sent rabaissé, s’il manque de confiance en lui, un professionnel peut l’aider.

— Tu te rends compte ? Mon père ? La personne la plus confiante et sûre de lui que je connaisse ? C’est surréaliste… Il brûle un légume dans une casserole et tout part en vrille... Je ne peux même pas lui en parler. Il va m’accuser de mentir, me dire que c’est moi qui perds la tête… Que faire ?