7. Histoires (2)

Ahia finit par rompre le silence.

— Je crois comprendre que vous avez fait du repérage autour de la Zone et que vous savez donc ce qu’il s’y passe.

— À peu près, oui, confirma Omèle. Nous savons que l’Indigo vient à manquer dans la terre de la Zone et que cultures et végétations sont affectées.

— C’est même pire que cela, tout est mort, poursuivit Ahia. La Zone n’est que mort et désolation. Il n’y a que l’Indigo qui apporte de la couleur à ce cimetière, mais il est mis à vif et extrait, il ne nourrit donc plus les êtres vivants qui l’entourent. Il n’y a plus d’Elfes, plus d’animaux, plus de plantes, plus rien. Et quand il n’y aura plus une goutte d’Indigo dans toute la Zone, la Ceinture mourra petit à petit. En revanche rien ne garantit que le mal s’arrête à cette frontière, non ? Le Roi et son Conseil ne craignent rien ? 

— Pour ceux qui voient l’Énergie, il semblerait que le Méridien de le Zone n’irrigue que la Ceinture et une partie des Cerlanfes. Esli par exemple, devrait être épargnée, expliqua Holl.

— Je vois… Et pourquoi sacrifier toute une partie du royaume pour cet Indigo ? Il a de puissants effets, mais je ne vois pas en quoi cela leur sera rentable sur le long terme, puisque les Méridiens finissent par s’épuiser.

— C’est une excellente question à laquelle toutes nos investigations dans le royaume ont fait chou blanc, soupira Wakami. Cela semble une évidence pour le Conseil, au point qu’il n’en parle pas dans leurs lettres et que je n’ai pu surprendre aucune pensée qui donne le moindre indice à ce sujet. 

— J’ai quelques pistes, mais je ne suis sûre de rien, intervint timidement Epoline. Je suis un jour restée cachée pendant la tenue d’un Conseil. C’est là que j’ai compris à quel point mon père était manipulé. Il est sûr d’œuvrer pour le bien du royaume, même des Sombres réduits pratiquement à l’esclavage dans nos faubourgs. Ça m’enrage !

— La blague, siffla Kalan.

— Je sais, admit Epoline, gênée. Après la tenue de cette réunion accablante, Toron, le chef d’Esli, est resté discuter avec mon père. Pour être honnête, je n’y comprenais rien, mais ça avait l’air clair pour eux. Il était question d’Indigo, mais aussi d’œil et de tête. À un moment, alors que Toron parlait de “la Tête” et de ses devoirs, mon père a réagi en disant “ma fille”. J’ai alors compris qu’ils me désignaient par ce nom : la Tête. Ils se sont engueulés pour une raison que je n’ai pas réussi à comprendre. Mais à la fin, Toron a rappelé à mon père qui tenait les fleuves d’Indigo, qui avait l’Œil et à quel point ils devaient coopérer pour rendre la population entière servile et dévouée. Servile et dévouée ! insista-t-elle.

— Plus encore qu’aujourd’hui ? questionna Omèle.

— Je crois que c’est dans leur plan, oui. Le projet consiste à… je ne sais pas trop… ils parlaient de retirer toute mauvaise volonté dans l’esprit des Elfes de Linone. Et l’Indigo y jouerait un rôle ainsi que… moi. Je suis consciente que sous ma marque frontale se cache un pouvoir démentiel. J’ai pris peur qu’ils veuillent s’en servir contre notre peuple. J’étais tellement en colère… J’ai décidé de quitter le royaume afin de contrecarrer les plans du Conseil ou en tout cas, pour ne pas en faire partie malgré moi. 

La rage qui se dégageait de cette enfant fit frissonner Kalan. À douze ans, elle s’était mêlée aux histoires politiques de son royaume. Des valeurs de liberté et de respect l’avaient poussée à remettre en question les agissements de son propre père et du milieu dans lequel elle avait grandi. Évitant de prendre le risque d’être mêlée à des abominations, elle avait fui son Palais et rejoint Mérin. Kalan ne put s’empêcher de sourire. Nekoline avait raison, sa Princesse avait la tête plus dure que n’importe qui autour de cette table.

— En plus de s’enrichir avec l’Indigo, nos adversaires ont donc un plan bien précis sur son utilisation si je comprends bien, intervint Omèle. Peut-être pour grossir leur armée, ou pour augmenter encore ton pouvoir, Epoline. J’ai comme l’impression que la population de Linone court encore un danger supplémentaire. Et quel est cet élément nommé l’Œil ?

— Si c’est une personne comme la Tête, peut-être qu’il s’agit de leur Visionniste, avança Wakami.

— C’est possible car les Visionnistes sont des éléments importants pour Esli, mais jamais on ne nous a nommé Œil ou quoique ce soit, nuança Holl. À moins que ce petit ait quelque chose de particulier ? C’est bien le seul dont je n’ai pas entendu le prénom, vous-mêmes avez mis un moment à connaitre son existence alors que vous avez régulièrement été en repérage, poursuivit-il à l’attention de Wakami.

— C’est vrai, je n’ai entendu le prénom de ce gamin nulle part et je n’ai jamais surpris les gardes en parler. Même s’il était là depuis peu de temps, nous aurions dû en avoir des échos. À ton époque, on parlait souvent de toi Holl, non ?

— Oui, mon nom était dans toutes les bouches, les Visionnistes ont un rôle particulier qui fait jaser. 

— C’était pareil pour Gavelle, celle qui t’a succédé après ta fuite. Enfin, j’avais même entendu parler de toi des années après, ta trahison a été mal digérée. 

Holl rit aux éclats, apparemment fier de lui. Kalan était étonné de savoir que cet Elfe ait pu servir Esli et puisse rire aujourd’hui de l’expérience douloureuse qu’avait dû être sa fuite. Kalan n’était pas sûr de parler un jour en riant de son évasion de prison.

— Ne m’en parle pas ! poursuivit Holl. Les dirigeants d’Esli étaient tellement vexés que je sois le deuxième à leur fausser compagnie ! Ils n’ont pas pu avaler cette défaite alors qu’ils étaient sur leur garde après l’évasion de cette brave Choya.

— Pardon ? s’exclama vivement Kalan en se levant de sa chaise.

Tout le monde le regarda, surpris. Holl avait cessé de rire, ne comprenant pas le problème du jeune Sombre.

— Qu’y a-t-il, Kalan ? Ai-je dit quelque chose d’offensant ?

— Vous avez dit Choya ? La Visionniste ? Vous l’avez connue ?

— Pas directement, disons que les gardes et chefs d’Esli n’arrêtaient pas de m’en parler comme l’exemple à ne pas suivre, car elle les avait trahis. En réalité, cela a ouvert une porte dans mon esprit sur des perspectives variées. J’apprécie donc cette vieille Choya sans même la connaitre, ni savoir si elle a survécu ! Mais pourquoi donc ? Tu as aussi entendu parler d’elle ? 

Kalan se tourna vers Ahia, bouche bée. Celle-ci le regarda d’un air stupéfait. Les deux camarades restèrent ainsi quelques instants avant qu’Ahia n’éclate de rire. Kalan finit par la suivre et déclara :

— Au point où nous en sommes, autant vous le dire. Je crois bien que cette intrépide Visionniste n’est autre que ma grand-mère et coule une vie paisible dans la Ceinture, avec sa fille et sa petite-fille. Je l’ai côtoyée durant seize ans et je ne suis pas encore au bout de mes surprises avec cette vieille cachotière ! Elle aurait vécu à Esli ? Je ne m’en serais jamais douté. Pour moi, c’est une grand-mère bienveillante qui cuisine des petits plats pour me remonter le moral ou m’emmène voir des œufs de grenouilles, pas une rebelle intrépide.

— Tu es le petit-fils de Choya ? demanda Holl, bouche bée.

— Tu lui amènes l’Essentielle et maintenant tu prétends être le descendant de son idole, énonça Wakami. Je pense qu’à la prochaine nouvelle, il t’épouse. 

— Tu pourras lui poser des questions sur le plat préféré de sa grand-mère et sur sa saison favorite plus tard, poursuivit Ahia. Je sais que nous avons encore beaucoup de questions en suspens sur cet Œil, ce petit Cornide et l’Indigo, mais j’aimerais vraiment savoir : pourquoi m’appelles-tu l’Essentielle ? 

Tout le monde se tourna vers Holl. Kalan se demanda si un seul des Allistes n’avaient jamais compris de quoi il voulait parler.

— Je vais tenter de vous expliquer, mais sachez que de parler d’un sens qu’on ne partage pas est difficile. Peut-être comme si toi, Ahia, tu devais décrire précisément une odeur que tu es capable de sentir sous ta forme de louve. 

— Ce serait en effet difficile à mettre en mots.

— Je vais donc être le plus clair possible, essayez d’en comprendre l’idée générale. Comme vous le savez, une Énergie particulière traverse les Elfes et nous offrent des pouvoirs. Mais tout le Vivant est caractérisé par la circulation de l’Énergie dont la source pure est l’Indigo. Elle se propage dans chaque végétal, chaque animal. Pour les Visionnistes, elle a une sorte… d’émanation qui laisse entrevoir un champ des possibles vaste. J’observais beaucoup de ma Vision la Zone où se préparait la guerre il y a un peu moins de vingt ans et je me suis aperçu qu’une nouvelle forme d’Énergie était apparue, pleine de possibilités. Pour une raison étrange, je suis resté persuadé durant des années que j’avais trouvé la source de notre salut. Cette Énergie était si belle et différente, comme si elle était plus… pure.

Il s’interrompit pour offrir un pâle sourire à Ahia, l’air un peu gêné d’admettre la fascination qu’il lui vouait.

— J’ignorais qu’il s’agissait de toi, encore une simple enfant. Tu étais si loin de moi que je n’ai pas réussi à te suivre et il aurait été imprudent de partir à ta recherche avec tous ces gardes…  Malgré une dizaine d’années sans te Percevoir, je n’ai jamais perdu espoir. Puis un jour, alors que je veillais de mon mieux compte tenu de la distance sur Wakami, Ligoth et Touma qui inspectaient la Zone, je t’ai Perçue.

— Tu as raison, je suis tombée sur eux par hasard, mais j’ai pris peur.

— Tu es partie aussi vite que tu étais venue et j’ai perdu ta trace, affirma Holl. Puis, il y a quelques jours je t’ai repérée près de Ruke. Et cette fois-ci, tu te déplaçais à une vitesse raisonnable ! J’ai supplié Touma de partir te récupérer, qu’elle verrait peut-être une ressemblance avec cette courte rencontre d’il y a des années. Elle m’en a voulu, car elle projetait de monter une équipe pour aller inspecter les faubourgs de Réonde, mais elle a accepté. Finalement tout le monde se retrouve ici, à la croisée des destins, conclut-il avec un sourire partagé.

— Je n’arrive pas à croire que depuis tout ce temps, tu étais sur mes traces, souffla Ahia. Mes parents sont morts en protégeant le secret de mon existence, tu penses qu’un Visionniste leur serait tombé dessus en me cherchant ?

— Je suis désolé pour tes parents. Je ne peux pas te répondre, c’était Gavelle la Visionniste d’Esli à cette époque et je n’ai pas entendu d’autre projet la concernant que le repérage du Méridien de la Zone, ainsi qu’un projet nommé Conception azure dont nous ignorons encore tout aujourd’hui. Qui es-tu vraiment, Ahia ?

— Bonne question ! s’esclaffa-t-elle. Je vous ai dit être une Omnifaune, mais c’est un terme inventé avec Kalan. Je suis allée sur d’autres terres, observant d’autres faunes et d’autres civilisations sans jamais rencontrer mon semblable. Peut-être qu’il y en a d’autres qui se cachent ? Ou peut-être que je suis une anomalie due au mélange d’un Sombre et d’une Coloris ? Je n’en sais rien. Je vous ai dit ce que je savais faire, mais qui je reste un mystère. Mes parents seraient sûrement les mieux placés pour me répondre, mais ne sont plus de ce monde.

— Peut-être y a-t-il des écrits quelque part, marmonna Ehiro.

— Si tu en trouves ou sais où en trouver, je suis preneuse, admit Ahia. Holl, tu m’appelais l’Essentielle. Hélas, je ne sais absolument pas en quoi je pourrais être nécessaire. Je peux me battre efficacement, mais mon don d’Empathie m’en dégoute. Je… Je ne sais pas comment être au centre du changement dans Linone, comment être utile…

— Je ne t’aurais pas imaginé nécessairement te battre, confirma Holl. Je ne sais pas pourquoi ton Énergie rayonne ainsi, peut-être est-ce ton don d’Empathie ? Maintenant que je te vois de près, c’est comme si des filaments très fins te reliaient à chaque être avec lequel tu es entrée en contact, sauf celui envers Kalan qui est bien plus marqué. C’est subtil, mais je n’ai jamais vu cela auparavant.

— Est-ce utile ? demanda Ahia, l’air dépité.

Kalan, lui, était très fier de savoir son lien avec sa meilleure amie visible pour un être comme Holl.

— Je t’en prie, demanda le Visionniste, ne cherche pas à être utile ou à réaliser une prophétie que j’aurais prononcée à demi-mot. C’est une erreur de faire croire que nous en savons plus sur l’avenir que les autres. Tu ne dois rien à personne. Mon engouement pour te trouver m’a fait perdre certaines priorités. Maintenant que je t’ai en chair et en os, je me rappelle que le plus important, c’est que chacun reste libre et soutenu par son prochain. Tu es ici pour vivre, pas pour servir un destin quelconque. 

Tout le monde fut stupéfait par son discours, hormis Omèle qui hochait la tête à chacun de ses mots. Kalan devina que ces deux sages avaient discuté de cette situation.

— Il a raison, si tu te plies à un plan sans te l’approprier, alors cela ne vaudrait pas mieux que ce que mon père projette pour moi, confirma Epoline en regardant Ahia.

L’Omnifaune les remercia du respect qui lui était offert. Kalan sourit : la jeune Princesse avait surpassé sa gêne de découvrir Ahia sous une forme elfique et semblait pouvoir projeter l’amitié qu’elle avait eu pour la louve dans ce nouveau corps instable. De plus, toutes les deux étaient au centre d’une problématique au niveau du royaume qui les dépassait.

— Je crois que beaucoup d’éléments sont ressortis, conclut Omèle. L’Alliance possède de nombreux savoirs sur les mouvements internes de Linone qui ne vous parleront peut-être pas pour l’heure, où vous avez encore beaucoup de choses à découvrir. De toute manière, il est temps d’aller manger. Un repas nous attend à la salle commune du rez-de-chaussée. Divers Allistes cuisinent à tour de rôle et s’assurent que chacun mange à sa faim. Quand vous vous sentirez chez vous, vous pourrez aussi vous y mettre si vous en avez le temps et l’envie. Mais en attendant, descendez profiter des talents de vos nouveaux semblables.

Chacun se leva et se remercia pour le temps et les informations échangées. Ehiro proposa directement à Nekoline et Epoline de l’accompagner en bas puis de leur faire visiter le village et surtout la bibliothèque cet après-midi.

Kalan les regarda s’éloigner, le drôle de philosophe leur apprenant déjà de nombreuses anecdotes sur Mérin. Comment sa sœur avait-elle pu être choisie par Esli tandis que de son côté, il ne semblait vivre que pour la lecture et le savoir théorique ? Encore un drôle de parcours de vie. Il admirait la manière dont ce Sombre était venu s’exposer devant tout le monde et se confronter à l’annonce probable du décès de sa sœur. Il n’avait pas caché son choc et avait pu revenir au sujet de sa venue en un rien de temps. Cet Ehiro ne semblait pas fait du même bois que tout le monde.

— Tu descends avec moi ? demanda Ahia dans un grand sourire.

— Je dois d’abord demander quelque chose à Holl. Tu veux partir devant ?

— Tu peux venir avec moi, Ahia, l’invita Omèle. Je serai ravie de partager ta compagnie.

Ahia accepta de bon cœur de suivre cette étonnante et sage Cornide. Il ne restait plus que Holl et Wakami qui parlaient entre eux à voix basse. Kalan se sentit gêné, mais il se permit de les interrompre.

— Désolé de vous ennuyer tous les deux mais… Holl, Touma m’a dit que tu pouvais faire quelque chose pour mes migraines.

— Tes migraines ?

— Oui, Touma ne peut que diminuer la douleur, mais elle finit par revenir. Elles sont apparues quand Epoline a fouillé mes souvenirs sans mon consentement.

— Alors Touma a raison, seul les Coloris peuvent te guider pour réparer les dégâts internes.

— Génial ! N’importe quel Coloris sait faire ça ?

— Pour un cas comme le tien où il n’y a pas eu de lourds dommages oui, je pense que la majorité en est capable. Pourquoi ?

— Dans ce cas je veux que Wakami me soigne.

— Pardon ? s’exclama l’intéressé. Et si je refuse ?

— Alors je souffrirais de migraines encore longtemps et ce sera ta faute.

— Et puis quoi encore ?! Tu n’as qu’à laisser Holl te soigner !

— Peut-être qu’une fois que tu auras soigné une petite migraine de rien du tout, tu voudras bien tenter d’approcher l’esprit brisé de Nessan ? Si j’élimine ma migraine autrement, alors je ne pourrais plus te servir de test et là, j’aurais encore plus de peine à te convaincre d’aider mon frère. Je me trompe ? 

Wakami crispa la mâchoire tandis que Holl à côté de lui souriait sans rien dire.

— Tu sembles persuadé que c’est une bonne idée que je participe aux soins de Nessan, mais qu’en sais-tu ?

— Simplement le fait qu’il te connaisse. Je ne comprends pas grand-chose à l’Hypnose, c’est vrai, raison de plus pour essayer sur moi en premier !

— Ce n’est pas possible d’être aussi retors, se plaignit le jeune Coloris.

— Quand tu as été rechercher un souvenir dans ma mémoire, le jour où j’ai quitté la Ceinture, tu ne m’as laissé aucune douleur, aucun mal. Epoline est plus puissante, mais comme tu le disais, ça ne fait pas tout. Je n’ai aucun mauvais souvenir de tes interventions sur mon esprit et j’ai toujours ta protection sur ma mémoire. Tu as beau être parfois insupportable et incompréhensible, en tant que Coloris, je te fais confiance. 

Un silence s’ensuivit. Holl attendit patiemment la réponse de Wakami, bien que Kalan se douta qu’il partage son désir de pousser l’Hypnotique — ­non, le Coloris — à employer ses dons pour servir dans les soins.

Kalan ne savait pas pourquoi cela lui apparaissait comme une évidence, si ce n’est cette première expérience faite à leur rencontre. Peut-être avait-il aussi perçu la culpabilité de Wakami et désirait-il l’en soulager de cette manière ? Toujours est-il qu’il ne changerait pas d’avis. Epoline pourrait être fière de son entêtement, il ne lâcherait pas. Le Coloris dût s’en rendre compte car il finit par consentir :

— Bon c’est d’accord, je vais t’aider avec ta migraine. Mais sous la supervision de Holl ! Et après avoir mangé ! Et ça ne veut pas dire que j’oserai toucher à l’esprit de ton frère après ça !

Il se leva et sortit de son pas rageur rejoindre la salle de repas. Kalan sourit en le voyant s’emporter. Holl soupira.

— Je ne sais pas si on pourra le changer un jour, celui-là. J’ignore comment tu t’y prends, mais cela fait des années que j’essaie de lui faire faire quelques actes de soin au sanctuaire et rien n’y fait ! Il n’a jamais été aussi proche de céder.

— Je crois que je ne le ménage pas et que j’ai quand même le culot de lui demander service. Il est peut-être trop déstabilisé pour refuser.

— J’admets que c’est rare qu’une personne qui le connaisse à peine lui offre sa confiance comme tu le fais. Les gens sont d’habitude un peu plus… réticents à son égard. C’est différent quand on le connait. Je lui confierai ma vie à ce garçon.

— Tu as l’air de l’aimer énormément.

— Oui. J’aime tous les habitants de Mérin, mais j’ai pour Wakami l’affection particulière qu’on ressent pour un fils.

— Je vois. Tu n’as pas d’enfants ?

— Si… si… Bien ! Allons manger, je ne voudrais pas faire attendre notre futur soigneur. Je l’aime énormément, mais je sais à quel point il est pénible quand il est contrarié ! s’esclaffa Holl en entrainant Kalan vers la salle des repas.

 

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Phémie
Posté le 24/04/2025
Coucou !

J'ai lu les deux parties du chapitres d'une traite, impatiente d'aller au bout des révélations et des pistes pour l'action à venir. En ce qui concerne les révélations, elles sont claires, bien emmenées à travers le personnage d'érudit attachant et déroutant d'Ehiro.

A ce propos, on a fait pas mal de rencontres dans ces derniers chapitres, et je trouve que tu l'emmène très bien, je ne me sens pas submergée par pleins de nouveaux prénoms, on voit bien que l'Alliance est une communauté qui vit de manière horizontale, l'entraide règne en maître, malgré ça chacun garde son individualité, le libre arbitre est très mis en avant, ce qui évite complètement l'effet secte.

Au milieu de toutes ces nouvelles rencontres, j'ai un poil plus de mal à me représenter ou à cerner le personnage d'Omèle, pour le moment je la vois un peu comme une Touma plus âgée ; je suis peut être passée à côté de quelques infos mais un signe distinctif ou un élément sur son vécu me la rendrait un peu plus identifiable et attachante.

J'ai aimé qu'on reparle de pleins de trucs sans trop s'y appesantir non plus, il y a pas mal de points un peu en suspens qui se relient entre eux : la Zone, la grand-mère, l'Indigo... Pas de remarque particulière là-dessus, c'est juste cool.

Finalement, ce qu'ils vont faire ensuite est pas franchement clair, mais on a quelques enjeux en tête tout de même, et à ce stade c'est suffisant pour que j'accroche encore à l'intrigue. Mon attente de lectrice : que Kalan et Ahia ne soient pas dans "l'immobilisme" en attendant que Nessan aillent mieux, qu'ils trouvent petit à petit leur propre voie à suivre aux côtés de l'Alliance.

Quelques petites réactions au fil de la lecture :

"Ils se sont engueulés pour une raison que je n’ai pas réussi à comprendre."
-> surprise de trouver un vocabulaire si familier dans la bouche de la jeune princesse, elle s'exprime déjà comme ça par le passé où le fait d'être arrivé chez les rebelles l'encanaille ? ;)

"Kalan les regarda s’éloigner, le drôle de philosophe leur apprenant déjà de nombreuses anecdotes sur Mérin."
-> La phrase a une tournure un peu étrange.

"— Oui, Touma ne peut que diminuer la douleur, mais elle finit par revenir. Elles sont apparues quand Epoline a fouillé mes souvenirs sans mon consentement."
-> uniformiser singulier puis pluriel la douleur/les douleurs ?
-> "sans mon consentement" tournure un peu moderne ? (je sais que t'y fais gaffe ;) )

"— Génial ! N’importe quel Coloris sait faire ça ?"
-> "Est-ce que tous les Coloris savent faire ça" évite peut être un effet "négatif" (Wakami n'est pas n'importe quel Coloris quand même !! XD)

"— Quand tu as été rechercher un souvenir dans ma mémoire, le jour où j’ai quitté la Ceinture, tu ne m’as laissé aucune douleur, aucun mal. Epoline est plus puissante, mais comme tu le disais, ça ne fait pas tout. Je n’ai aucun mauvais souvenir de tes interventions sur mon esprit et j’ai toujours ta protection sur ma mémoire. Tu as beau être parfois insupportable et incompréhensible, en tant que Coloris, je te fais confiance."
-> j'aime beaucoup beaucoup ce passage <3. Une suggestion serait de réfléchir à carrément enlever "en tant que Coloris" dans la dernière phrase et de renforcer par un adverbe le "je te fais confiance" (mais j'ai un côté obscur romantique un peu too mutch par moment ;) )

Dernière remarque d'importance : OÙ EST POPI ?? XD

Chouette double chapitre en tout cas, c'était beaucoup de dialogues assez denses en effet mais on avait eu beaucoup d'action depuis un moment donc se poser un peu, faire le point, ça fait du bien aussi. Et je suppose que ça va bien s'alléger dans les chapitres qui suivent maintenant qu'on a un peu fait le tour.
Prête pour la suite, à très vite :)
ANABarbouille
Posté le 26/04/2025
Merci pour ce retour super complet ! Je me dit qu’Omele n’est peut-être pas très développée c’est une bonne question s’il faudrait que je fusionne le perso dans une prochaine version 🤔 j’aime peut être trop dire : regarder toutes ces personnes importantes même si elles ne sont qu’en arrière plan d’une histoire xD
Et faut que je revoie la tournure de certaines phrases alors :) j’aime bien l’idée du simple « je te fais confiance »

J’espère que tu ne les trouveras pas trop passifs à l’avenir ! Ca va être un moment découverte de l’alliance et d’eux mêmes mais le rythme restera assez calme; donc ton avis sera super bienvenu !
ANABarbouille
Posté le 26/04/2025
Ah et le plus important: popi va revenir pas d’inquiétude
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