8. Hypnose (1)

Kalan partagea un repas copieux en compagnie d’Ahia, Omèle et Holl. Les côtoyer était calme et agréable. Plus loin, Epoline et Nekoline étaient attablées avec Ehiro et Orielle qui leur adressa un petit signe de la main. Les deux Coloris échangeaient entre elles. Du côté des deux Sombres, le philosophe faisait la conversation presque à lui seul car la Gardienne était peu bavarde. Wakami avait mangé trop rapidement pour parler avec qui que ce soit et était sorti faire un tour.

— Alors, tu vas faire soigner ta migraine par Wakami ? demanda Ahia, un sourire un coin.

— Exact ! J’espère l’encourager à soigner Ness. Comme c’est le seul Coloris qu’il connaisse, je pense que ça l’aiderait. Tu n’es pas d’accord ?

— Oui, je n’aurais pas pensé entreprendre tout ceci pour y parvenir, mais c’est sûrement une bonne chose. Holl, toi aussi tu trouves que Wakami pourrait être utile à Nessan ?

— Oui, je pense que ce serait bénéfique pour lui comme pour notre jeune Coloris. S’il était le premier à entrer en contact avec Nessan, il pourrait profiter d’être reconnu pour lui expliquer la situation et l’encourager à coopérer avec notre équipe de soin.

— Ce serait génial, souffla Ahia. Une chance que Kalan soit aussi déterminé à faire confiance à ce Wakami.

— Je suis surtout déterminé à sauver mon frère, nuança-t-il.

— Oui, aussi. Mais ta confiance en l’autre est un atout précieux, ajouta-t-elle en souriant.

Leur conversation fut interrompue par un Coloris qui entra dans la salle et tonitrua :

— Je crois que ce chiot cherche son Elfe ! 

— Popi ! s’écria Kalan en découvrant le petit chien.

Celui-ci trottina jusqu’à leur table, content de les retrouver. Kalan versa un peu d’eau dans son assiette vide afin de le laisser boire et le chiot s’y rua.

— Tu as soif dis donc ! Peut-être que tu as faim aussi ?

— Tu n’as pas à t’inquiéter de ça, il a chassé des souris dans l’écurie avec les trois chiens du village, lui sourit le Coloris qui était arrivé avec le chiot. Je me présente, je suis Chirru, je m’occupe régulièrement des chevaux.

— Merci de t’être occupé de mon cheval Chardon et de mon chien Popi aujourd’hui, Chirru. Je m’appelle Kalan et mon amie s’appelle Ahia.

— Enchanté ! répondit-il sans tiquer sur l’apparence de l’hybride, laissant penser que les Allistes avaient été avertis de la nouvelle venue et de ses particularités. Je ne me suis pas vraiment occupé de ton chien, ses congénères l’ont pris en charge.

— Tu disais qu’il avait trouvé de quoi manger ? Les souris qu’il attrape lui suffiront ?

— Les chiens d’ici sont autonomes et bien portants. Enfin, je crois que c’est rarement la chasse qui les nourrit, mais plutôt le chalet des Roches, je me trompe, Omèle ? demanda-t-il avec clin d’œil.

Le vieille Cornide sourit d’un air faussement innocent.

— Le chalet des Roches ? demanda Kalan.

— C’est là que se réunissent les Elfes d’un grand âge et les plus jeunes, expliqua Chirru. C’est aussi un repère pour les chiens et les chats qui font les yeux doux pour de la nourriture. 

Popi se roula en boule et bailla de toutes ses dents.

— Il a l’air épuisé, nota le jeune Sombre. Ahia, tu as des plans pour aujourd’hui ?

— Je vais retrouver Touma au sanctuaire, elle aimerait visiter Nessan avec moi, mais elle a peu de temps. Tu m’y rejoindras ?

— Bien sûr. Tu peux prendre Popi pendant que je règle ce problème de migraine ?

— Avec plaisir, il pourra dormir auprès de Ness, je suis sûre que ça leur fera plaisir à tous les deux. 

Kalan caressa le chiot à moitié endormi. Il était content que son petit compagnon fasse ce qui lui plaise de ses journées.

— Bien ! Je suis prêt ! s’écria soudain Wakami qui entrait dans la salle d’un pas énergique. Toi, la Princesse, continua-t-il à l’intention d’Epoline. Quand j’en aurais fini avec celui-là, je t’apprendrais à pénétrer l’esprit des gens sans tout casser sur ton passage !

— Oh… Oui, je veux bien que tu m’apprennes, merci. Désolée Kalan d’avoir été brusque, s’excusa-t-elle, rouge de honte.

— Ne t’inquiète pas, Epo ! la rassura Kalan. J’ai compris que votre pouvoir était difficile à manipuler. Et grâce à toi, je peux déranger Wakami, je devrais presque te remercier, ajouta-t-il avec un grand sourire.

Le Coloris soupira et le tira par le col, l’obligeant à se lever de table.

— Je m’occuperai de ton assiette et de Popi, lui assura Ahia avec un signe de main. Je me charge aussi de ta vaisselle Holl, je crois que Wakami ne veut pas attendre.

Le Visionniste soupira en se levant et remercia la jeune Elfe.

— Pas la peine d’être si pressé, Wakami ! Tu sais bien qu’il me faut du temps pour monter les escaliers, je ne Perçois pas ce qui n’est pas vivant. 

Il prit en effet son temps pour circuler entre les tables en s’aidant de sa canne pour analyser le chemin et monter les marches. Kalan nota que des plantes avait été entreposées à des endroits stratégiques pour le Visionniste : à chaque angle, escalier ou porte. En y repensant, sa grand-mère avait agencé sa maison de la même manière, ce qui lui fit étrange. Malgré la lenteur de Holl, Wakami ne ralentit pas et emmena Kalan dans une petite salle de repos, garnie de fauteuils et de livres. Le Coloris tourna un petit panneau sur le devant de la porte où il était inscrit  “libre” d’un côté et “occupé” de l’autre.

— C’est ici que Holl m’a appris à utiliser mon don d’une manière différente de ce qui est enseigné à Esli, nous ne devrions pas être interrompu, expliqua-t-il.

Son aîné arriva peu après eux et s’installa sur un des fauteuils.

— Installe-toi Kalan, vous n’allez pas faire ça debout, lui dit-il.

Le jeune Sombre prit donc place, pas mécontent de s’assoir : son corps était fatigué, son moral dans les chaussettes malgré qu’il ne veuille pas le montrer et il sentait la migraine prête à revenir à la charge. Il était content que son plan ait fonctionné, mais une certaine appréhension se logea au creux de son ventre, maintenant qu’il était sur le point de partager ses blessures avec un autre. Wakami approcha son siège du sien et posa une main sur son front. La fraicheur de sa paume le soulagea, bien que ce ne fut pas le but de l’opération.

— Allons-y, commença Wakami. Holl m’arrêtera si je me trompe et je pourrais lui demander conseil, je ne connais que la théorie en soin. Je vais te guider en restant à l’extérieur de ton intimité, mais si tu te sens bloqué ou que tu as besoin de moi, tu seras libre de me faire venir. Tu es prêt ? 

Kalan opina et ferma les yeux, plus tendu qu’il ne voulait l’admettre. La voix de Wakami résonna dans sa tête.

— Ton corps et ton esprit vont pouvoir se détendre tranquillement. Quand tu te sentiras prêt, tu pourras m’inviter dans un lieu intérieur où tu te sens en sécurité. Je t’expliquerai à ce moment-là ce que nous allons faire. Prends ton temps. 

Les paroles de Wakami étaient imprégnées d’une douce suggestion qui poussait l’esprit de Kalan à l’écouter et à lâcher prise. En peu de temps, il se retrouva dans la clairière secrète de Montet, le RIK : repère invisible de Kalan. Il expira et invita Wakami, ne sachant comment s’y prendre. Il n’eut pas besoin de réfléchir longtemps, le Coloris était déjà là. Comme lors de leur première rencontre mentale, il était particulièrement élégant et brillant dans son imaginaire. Le Wakami illusoire regarda ses bras de satin et sourit sans rien dire.

— C’est un lieu magnifique, calme et reposant. Comment te sens-tu ?

— Mieux, admit Kalan.

— Parfait. Je te propose de t’attendre ici pendant que tu trouves les lieux qui ont besoin de tes soins, ceux qui ont souffert de la rencontre avec Epoline. Est-ce qu’ils pourraient t’ouvrir un passage jusqu’à eux pour que tu les apaises ?

Kalan s’apprêtait à répondre qu’il en doutait quand un chemin s’ouvrit entre la végétation alentours. Un chemin obscur d’où les arbres ne laissaient passer aucune lumière.

— Il n’est pas très engageant, commenta Kalan.

— Tu pourrais demander au chemin de t’éclairer pour que le soin soit plus confortable ? 

À peine Kalan y pensa, qu’une douce lumière éclaira le sentier. Il s’en approcha avant de s’arrêter. En se retournant, le Wakami imaginaire l’encouragea.

— Tu peux y aller, nous resterons en contact. 

Kalan s’engagea. La voix de Wakami continua en effet de résonner dans sa tête.

— Laisse tes pas te guider vers le lieu qui a besoin de guérir, ne réfléchis pas trop. 

Le jeune Sombre laissa son instinct l’emmener là où il en avait besoin. Quand ses pieds s’arrêtèrent, il remarqua qu’il était dans un vieux souvenir. Ce n’était pas du tout là où il avait voulu se retrouver, puisque cette vision remontait bien avant ses migraines : il n’avait que quatre ans et se tenait près de sa mère. Un souvenir où il comprenait que celle-ci faisait de son mieux pour l’aimer, mais que ça ne lui était pas naturel. Un point probablement important à traiter, mais qui n’était pas l’objectif de cette séance.

— Wakami ? Je crois que je me suis perdu.

— C’est-à-dire ?

— Je suis dans un souvenir d’enfance douloureux, mais je ne vois pas le lien avec mes migraines.

— Il n’y en a peut-être pas. De quoi a besoin le toi enfant de cette époque ?

— Je… C’est gênant.

— Tu n’es pas obligé de me le dire, tu dois juste y réfléchir. 

« J’ai besoin d’amour et d’acceptation », pensa Kalan pour lui-même.

— Et ensuite ? demanda-t-il au Coloris.

— Trouve un souvenir, un lieu, une personne, une activité qui t’ont apporté tout cela.

Une image d’Ahia, leurs petits doigts entrelacés se présenta à lui. Aussitôt amour et acceptation envahirent son corps. 

— Laisse gonfler les sentiments liés à ce que tu vis. Quand tu t’en sentiras empli, retourne vers le toi enfant. 

Kalan se gonfla d’amour et d’acceptation. Quand il s’en sentit plein à craquer, il retourna dans son souvenir. Sa mère était crispée et lui disait un “je t’aime” peu convaincant. Il s’approcha du petit garçon aux cheveux argentés et son lui du passé le regarda avec de grands yeux tristes.

— Offre à cet enfant tout ce que tu as gagné dans ton autre expérience, lui intima Wakami.

Kalan posa sa paume contre le cœur du petit garçon et déversa tous ces sentiments à l’intérieur de lui, comme si un fleuve s’écoulait de sa main et le reliait à son lui du passé. Quand il lui eut tout donné, le petit Kalan le regarda d’un air rassuré et partit jouer dehors avec Nessan, le cœur serein. Kalan se retrouva propulsé en arrière, de retour sur le chemin faiblement éclairé. Il sentait qu’il n’avait pas guéri les blessures de l’enfance, mais une petite partie de lui avait été apaisée. Il soupira et laissa à nouveau ses pieds le guider. Cette fois-ci, quand il s’arrêta, le paysage était morcelé. Des images de la prison, d’Ahia, de Nessan, la douleur, la peur, le désespoir. Tout ce qui était lié aux souvenirs violés par Epoline se superposait et envahissait une clairière qui ressemblait à celle de Montet, sauf qu’elle était infestée de souvenirs et de sentiments obscurs.

— Wakami ? Cette fois je… Je veux bien que tu viennes. Je suis mort de peur, admit-il.

Il n’eut pas à attendre la moindre seconde, le Coloris se retrouva directement à ses côtés. Son éclat détonnait sur le fond de ses souvenirs grisailles.

— Je vois…, commenta Wakami. C’est plus dévasté que nous l’avions imaginé, mais tu vas très bien t’en sortir. Tiens prends ceci, dit-il en faisant apparaitre une plume douce. Elle est imprégnée d’apaisement et de tout ce dont tes souvenirs ont besoin. Elle te protège de ce qui est mauvais, tu peux t’approcher de tes souvenirs sans crainte de revivre ce qu’il s’y est déroulé. Il te suffit de les toucher avec cette plume pleine de bonnes énergies et leur demander de retrouver leur place.

La force de suggestion de Wakami était telle que cette plume sembla magique et invincible pour Kalan. Il put s’approcher de chaque fragment de souvenir, en prendre soin et les laisser retrouver leur place. Parfois, il ne comprenait pas pourquoi ses souvenirs étaient réfractaires et Wakami venait l’aider à “négocier” avec eux. Il lui offrait d’autres objets imaginaires qu’il garantissait imprégnés de ressources. Tout se déroula étonnamment bien. Quand la zone fut nettoyée, Kalan retrouva une clairière apaisante et riche en souvenirs heureux. Wakami lui proposa d’en profiter pour s’imprégner de la paix, l’amour, la joie et la sérénité des lieux. Kalan eut l’impression que ces sensations l’emplissaient. Le Coloris lui sourit et l’invita à rester un instant seul dans ce lieu et de revenir uniquement quand il se sentirait prêt à regagner le vrai monde. L’image du Wakami imaginaire disparut et Kalan profita de sa clairière fétiche.

Quand il rouvrit les yeux, Kalan trouva un Holl souriant et un Wakami scrutateur. Ceux-ci étaient bien réels. Le jeune Sombre s’étira et bougea ses membres pour revenir à lui.

— Quel voyage ! J’avais oublié que mon corps était resté là, déclara Kalan.

Il ferma les yeux, se connectant à ses sensations corporelles. Il se sentait presque mieux qu’avant sa rencontre avec Epoline.

— Je n’ai plus de migraine et je me sens incroyablement bien dans mon corps. Merci beaucoup, Wakami. 

Ce dernier marmonna une phrase inintelligible et rougit légèrement. Holl lui tapota le dos.

— Magnifique ! s’exclama le Visionniste. Je ne pense pas que j’aurais fait mieux. Kalan, tu permets que j’aille vérifier le travail ?

— Oui, vas-y. 

Holl resta à distance. Kalan sentit une présence aérienne parcourir la surface de son esprit. Cela lui procura un frisson qui ne dura qu’un instant.

— C’est propre et bien exécuté, confirma Holl. Bravo à tous les deux ! Kalan, je peux faire entrer Epoline ? Je sens sa présence derrière la porte, je parie qu’elle attend que nous ayons fini.

— Elle est là ? Oui, je vais aller lui ouvrir. 

Wakami le devança et la jeune Coloris apparut, les yeux rougis d’avoir probablement pleuré.

— Tu n’es pas avec ta Gardienne ? s’étonna Wakami. Je ne savais pas qu’elle avait le droit de te quitter.

— Elle a à présent tous les droits, mais ça n’a pas été facile de la convaincre de me laisser seule et de passer l’après-midi avec Ehiro. Je pense que ça ne lui fera pas de mal. Je… je voulais voir si Kalan allait bien, dit-elle tout bas.

Kalan trouva la force de se lever et s’approcha de cette enfant au don puissant. Il l’enlaça et appuya sa tête sur la sienne, la Coloris étant, pour l’instant encore, plus petite que lui.

— Je vais bien, Epoline. Tu as fait ce que tu pensais être le mieux pour ta sécurité, mais aussi pour celle du royaume. Ne sois pas trop dure avec toi-même.

— Mais je t’ai fait souffrir alors que j’aurais pu l’éviter, gémit-elle.

— Si tu avais pu l’éviter, je suis sûr que tu l’aurais fait. Ce n’est pas ta faute si personne ne t’a appris à utiliser proprement tes pouvoirs ! Quand tu sauras contrôler ton don, tu vas faire beaucoup de bien autour de toi. 

— Merci, Kalan, souffla-t-elle.

Il relâcha son étreinte et la regarda avec un grand sourire. Elle était bien trop jeune pour le fardeau qui pesait sur les épaules. En même temps, les jeunes gardes qui les avaient poursuivis n’étaient pas mieux lotis. La gouvernance de Linone avait vraiment un défaut d’instinct parental. Epoline était rassurée à l’idée qu’elle n’ait causé aucun dommage et qu’elle puisse apprendre à maîtriser son don.

— Avant que tu commences ton apprentissage j’aimerais aller voir mon frère, poursuivit Kalan. Holl et Wakami, vous m’accompagnez ? demanda-t-il.

— Bien sûr ! répondit Holl pour eux deux et il n’attendit pas que Wakami partage son avis pour lui demander : aide-moi donc à descendre les escaliers sans encombre, nous serons plus vite sur place. 

Le jeune Coloris secoua la tête, désabusé. Kalan pouffa et se retourna vers Epoline :

— Et toi, tu veux faire quoi ?

— Je vais aller voir Tourmaline. Quand je me serai assurée qu’elle va bien, j’irai peut-être rejoindre Nekoline qui doit bouillonner de m’avoir laissée seule si longtemps. Ou qui sera devenue une experte en histoire de Mérin, dit-elle avec un sourire goguenard.

Kalan s’esclaffa et la laissa prendre la direction des écuries tandis qu’il rejoignit le sanctuaire en compagnie de Wakami et Holl. Le jeune Sombre nota qu’il n’avait pas la moindre idée d’où menaient les autres couloirs. Il s’informa auprès de Holl qui lui répondit :

— Au contraire des sanctuaires habituels, les salles de fêtes ou de réunion ont été placées dans la bâtisse d’à côté. Ici, il y a des malades et des blessés au rez-de-chaussée et au premier étage. Heureusement, pas énormément. Les étages du dessus sont réservés aux cours de soins. Sombres, Coloris et Cornides y sont mélangés, afin que chacun apprenne de l’autre. Il y a peu de Sombres dans les rangs, mais il y en a quand même. Nous avons décidé à Mérin que chacun développerait les compétences qui lui plaisaient, indépendamment des capacités liées à sa race. Cependant, la plupart s’orientent vers des choix qui collent à leur don.

— Je vois. Moi aussi j’aimerais apprendre quelque chose. Je sais bien m’occuper des cultures, mais j’ai passé les deux dernières années à travailler comme un forcené pour le faubourg d’Armekin et à me ruiner la santé en avalant des litres d’Indigo.

— Quel poison cet Indigo à l’état pur ! s’exclama Holl. Je suis dégouté qu’on force des Sombres à en avaler pour remplir la panse des puissants. Nous pourrons discuter de ce que tu aimerais faire quand tu auras récupéré toutes tes forces. Touma m’a communiqué que tu devrais principalement manger et dormir ces prochains temps.

— Son programme me plait. Je pense que j’irai de nouveau me coucher avant le diner en commun.

— Dans ce cas, passe aux cuisines avant d’aller dormir. Tu dois également manger je te rappelle !

— C’est vrai que tu n’es pas bien épais, renchérit Wakami. Ton corps risquerait de lâcher si tu emploies de l’Énergie pour forcer sur tes muscles. Le don des Sombres peut sembler indélicat à employer, mais il faut quand même respecter certaines limites naturelles.

— Je l’ignorais, admit Kalan. Je crois que j’ai forcé mon corps à avancer en usant de mon Énergie et de ma volonté, mais je ne sais pas avec quelles conséquences.

— Ne t’inquiète pas, quand tu es arrivé, tu n’avais plus une goutte de l’Énergie qui peut se dédier à nos dons respectifs, tu n’avais que celle qui alimente le corps de n’importe quel être vivant. Et encore, d’après ma Vision, tu aurais dû mourir de fatigue, l’informa Holl.

— Et c’est sensé me rassurer ? maugréa Kalan.

— Je ne sais pas. Bon, silence, nous arrivons vers ton frère. 

Ils entrèrent tous les trois discrètement dans la pièce. Popi se tenait sur le thorax de Nessan qui s'agitait. Ahia lui tenait la main et tentait de l’apaiser. Elle échangea un regard paniqué avec Kalan.

— Poussez-vous, s’il vous plait, demanda une voix derrière le jeune Sombre.

Les trois nouveaux venus se mirent sur le côté tandis qu’un Coloris aux cheveux et barbe émeraude et un Cornide aux grandes cornes entraient dans la pièce. Ils touchèrent Nessan qui finit par se tranquilliser.

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Phémie
Posté le 14/05/2025
Le retour tant attendu de Popi !! Tout le monde à l'air au petits soins avec lui <3

Bon, mis à part ça, le deuxième élément central du chapitre c'est l'acte thérapeutique de Wakami. Je l'attendais impatiemment, car l'évolution de la relation entre Kalan et Wakami est un des éléments qui m'accrochent le plus à l'histoire sur ce second tome, et je ne suis pas déçue ! C'est imagé, riche ; t'arrives à la fois à le décrire et à le faire ressentir ; on a quelques détails, ni trop ni trop peu, pour que cela garde une dimension onirique.
Il y a eu quelques mots et quelques tournures qui ont, selon moi, rendu le parallèle avec une psychothérapie un peu trop transparent (j'ai apprécié que sur tout le reste de l'extrait la double lecture soit moins perceptible), alors je te les liste ici au cas où :

- "Un point probablement important à traiter, mais qui n’était pas l’objectif de cette séance." -> traiter + objectif + séance = ça fait beaucoup

- « J’ai besoin d’amour et d’acceptation » : même si le concept "d'acceptation" est très juste il m'a paru complexe pour Kalan, j'aurais pas eu le même ressenti avec "j'ai besoin d'être aimé et accepté" (après le narrateur précise "Aussitôt amour et acceptation envahirent son corps.", et là ça fait pas le même effet car ça ne vient pas directement de lui).

- "Il sentait qu’il n’avait pas guéri les blessures de l’enfance, mais une petite partie de lui avait été apaisée." -> "guéri les blessures de l'enfance" ça m'a un peu arrêté aussi.

"Il te suffit de les toucher avec cette plume pleine de bonnes énergies et leur demander de retrouver leur place." -> j'adore l'idée de la plume ! La tournure "pleine de bonnes énergies" m'a semblé un peu "enfantine" au milieu du discours de Wakami.

Sinon je réitère : passage très fort. Le discours sur le soin, la place un peu en retrait du soignant, pudique, et le "pouvoir d'agir" du soigné, est présente mais subtile, imprégnée de magie. J'espère que les soins de Nessan donneront lieu à des aventures de soin aussi fantastiques et puissantes.

Pour le coup je trouve que le chapitre aurait mérité de s'arrêter là-dessus. Je n'étais pas tout à fait prête, après cette expérience, à accueillir Epoline et ses regrets : je m'imagine plus fermer le livre quelques instants pour savourer ce passage avant de passer à la suite :)

A tout bientôt
Phémie
Posté le 14/05/2025
présent*
ANABarbouille
Posté le 15/05/2025
Merci pour ton retour très précis :D Je n'avais pas pensé à la fin de chapitre et ce que ça pouvait donner =) Je note tout héhé
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