7 | La tornado'rats

Notes de l’auteur : Chapitre mis à jour le 23.07.23.

JULES.

Comme tout un monde, j’y ai couru après les deux idéelles qui ont fondu dans les ‘tites bestiolettes. Jasmin, j’crois pas qu’il m’ait suivie, ou alors oui mais on s’est perdus dans la foulo’gens, celle qui a couru si vite on a couru derrière les rats derrière les deux fantômettes et les gens-foufoule se sont arrêtés finalement. On est là et on regarde la scène avec des yeux exorbités. C’qui s’passe c’est total’ délirant. Jamais j’y ai vu ça avant quoi : devant nous, y’a les rongeurs qui tournent en rond à une vitesse hallucinante, ça stridule-crie une tornado’rats avec au centre un espace vide où un homme est couché sur le dos. C’est un homme comme un homme crevé. Aucune bougeotte, sa poitrine s’soulève à peine. Fichtre ! Le quasi-cadavre l’a les yeux ouverts et noirs, mais alors extrêmio noirs : ça part d’la pupille ça recouvre tout l’oeil jusqu’au bord de la paupière. Sa bouche est entrouverte, au-d’ssus y’a une boule comme une idéelle qui volète, taille d’mon poing, et reliée à cette pelote brille-blancheur, on y voit une colonne de lettres. C’est ça, total’ ça ! Un filament de lettres qui montait au ciel, ou l’inverse, un filament de lettres qui tombait du ciel, j’sais pas trop, c’est la même chose, non, c’pas la même chose, j’plisse les yeux, c’était terrible comme c’est flash-étincelle c’est tout comme ça c’était terrible :

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Les lettres s’floutent, j’y vois moins bien, mais j’ai quand même eu l’temps d’remarquer que c’était à l’envers, lire alors et fichtre j’capische pas pourquoi qu’on écrirait ça dans l’ciel. À côté, une grande rousse rafale une série d’photos et j’ai envie d’le lui arracher son appareil tellement ses cliclicliclic l’y m’fichent la migraine. Pis soudain j’remarque que les deux silhouettes-idéelles d’tout-àl, elles sont àl. Debout à côté de ‘sieur yeux-noirs. Alors j’frisson pask’ quoi mais pourquoi elles m’fixent comme ça ? Autant la fluette qui arbore du vert-sapine que l’autre plus élancée dont le poncho bleu est comme une mer virant sur le violet-à-l’aubergine ? Et… et… Spectrette ! Quoi que quoi ? Spectrette, elle y est aussi là-bas, à côté d’elles, si bien qu’elles sont trois maintenant à me r’garder comme si elles attendaient un truc d’moi, j’sais pas trop quoi. Fichtre mais qu’est-ce qu’on me veut à la fin ! Surtout que forcé’, la foulo’gens s’met à m’examiner elle aussi. Si Spectrette j’reste la seule à la voir, enfin j’pense, les deux autres fantôches c’pas pareil. Lèvre mordue. J’y sais pas quoi faire. Sang. J’me recule. D’dos j’fonce contre quelqu’un. Les yeux, partout, une fouloeil en foutoir. Les rats ça cyclone toujours. Vite encore plus vite, ils grincent crissent leurs pattes sur l’béton fumant criss criss ma migraine monte tocotocotoc au front. Envie de fuir, j’me recule encore, ne déguerpis pas, pas encore à cause que j’veux voir la suite. Les deux idéelles coupent leur fixette, s’regardent entre elles, pis s’tournent en direction des mots-volants. Celle avec la mer sur son dos s’approche du filamots, l’examine, pis s’accroupit près du m’sieur, avant d’plonger hop ¡ carrém’ dans l’corps. Hein ¿ Kiquoi ¡¿ C’est ça, c’est ça… S’est faufilée dans l’m’sieur comme si elle voulait l’posséder, et la deuxième idéelle la suit aussitôt, comme ça, v’la : sautée dans l’quasi mourant. Disparues. Reste plus que Spectrette qui encore m’observe. L’eau sur sa binette coule terriblo. Ses pupilles, la seule chose qui paraît vraiment s’secouer chez elle, s’étire-sourit. Eh ? Mais pourquoi qu’elle sourirait ? Ugh ¡

À côté d’elle, les lettres brouillées subito s’éclaircissent. L’regard-plisse, j’examine la voli’brille colonne et quoi v’là c’sont d’autres lettres ? Là en tout cas c’était :

 

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Toujours plus décontenancée, j’peux pas m’empêcher d’observer les gens autour d’moi, comme s’ils allaient trouver une ‘xplication à tout ça, eux. Seulement que dalle, le zarbozarbe autour d’nous l’est aussi zarbozarbe pour eux que pour moi. La tête qui toctoc-l’explose, j’détourne mon r’gard, me r’mets à fixer le tourbillon-rats, je r’pense à la phrase, mais comment dire une chose pareille, misère de l’âme est beauté de vie mais y’a rien de beau là-dedans quand le coeur est pauvre à l’intérieur ! Vraiment j’comprends pas qu’on puisse écrire ça, même de manière floufolle dans le ciel comme ça.

Et tout à k’, tous les mots se compriment, blam ils entrent dans la boule nacrée. Celle-ci vire au noir, devient boule cendrée, rentre dans la bouche de ‘sieur couché. ‘Sieur couché hoquette, avale avidement l’air autour de lui, r’trouve tout son souffle de vie. Péniblement, l’y se redresse. ‘Sieur yeux-noirs n’avaient plus les yeux noirs. Il nous regardait maintenant avec ses yeux de l’habitude, l’air malgré tout hagard, total’ désarçonné, déphasé, mal au point, vraiment, flapi et flagada. L’observait le monde pivotant tout foutu et n’avait pas l’air d’capisch ce qu’il lui arrivait, ce qu’il était, où il était, comme si sorti d’un mauvais rêve, un archi trop moche quoi. Les rats ont disparu. J’sais même pas où. Rien vu passer. M’en fiche. M’en fiche pask’ t’façon… franch’ ? Trop marre d’tout ça. Alors j’me recule-précipite. V’là. Comme ça : Jules dedans la foulo’gens, et BIM, Jules dehors la foulo’gens.

Elle libre sur les trottoirs, elle y a vu Spectrette qui au loin l’appelait avec des larges gestes du bras. L’était terrorisée, elle tenait son fusil prêt en main, et Jules y comprend que trop pas mais s’dirige vers elle sans s’poser trop d’questions. En deux-deux, Jules gazelle jusqu’à elle. Là, t’inquiète Spectrette ! Jules l’est là. Et Spectrette n’attend rien d’plus, pas même coucou-ça-va. Brusque, elle s’élance sur la chaussée, avec Jules qui grogneugneu derrière elle. Et ainsi, comme des fusées, elles couraient.

Très vite, Jules a senti du mouvement derrière elle. Un coup de fouet clac! pas loin. Fichtre ! Les Grisœils sont à leurs trousses, encore ! C’est pour ça que Spectrette fait autant l’angoisse ! Ventre-bouilli. Crispe-mâchoire. Triboulade d’jambes plus rapides. Spectrette tourne au coin d’une rue, une autre, une autre, et clair qu’elles s’y attendaient pas elles à c’que manteau-violet soudainement soit là. L’oeil argent, l’big athlète les attendait, fixant Jules la face sacrément glaciale et retorse. Son vaste chapeau tout penché, où un papillon était posé dessus, était noir-contraste avec ses longs ch’veux blancs-pendouille-platement. Jules s’retourne, derrière y’a miss-tranchoir, son fouet à la main. La grossécarré mâchoire lui sourit. Mais c’est possible ça, d’créer des têtes aussi moches ? Encore Jules s’retourne, garçon-papillon l’est toujours là. Cette fois c’est l’bidon qui se retourne, 10x au moins. Diable est-ce que y’a seulement une échappatoire quelque part ?! Hé mais quoi, pourquoi l’y fait tout noir, c’est quoi c’truc sur ma tête OH LÀ ¿¡¿¡

J’suis pas d’acc en fait ¿¡ ?!!! ¡¡¡ ??

On m’prend les bras, j’me débats mais l’emprise est forte, trop fort, hugh ! Fufurie j’bataille avec mon corps, j’remue j’gesticule fichtre ¡ diantre ¡¡ argh ¡¡¡ Mais rien n’y fait, on m’a fait prison, j’suis prison, pis y’a c’machin humide qu’on presse contre ma bouche, c’est dégueu-amer, berk ! Odeur d’désinfectant. Tête qui tourne et, et, et, mes forces me quittent, mes jambes flageolent, j’défaille ça y est, j’y vois encore plus noir que l’noir, j’fléchis j’rencontre le sol, et la dernière chose que j’vois que j’entends c’est l’obscurité qui disait : ça y est ! On l’a cette canaille !

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Edouard PArle
Posté le 24/05/2024
Coucou Louison !
Ca faisait un bout de temps que ce chapitre non lu me perturbait, je m'y suis enfin mis ahah. Je veux bien si tu as deux trois explications sur cet ajout et le moment de l'histoire où il intervient comme ça commence à dater xD
Ce chapitre en lui même est chouette à lire, l'ambiance générale est bien rendue, la fin de chapitre est immersive. J'ai particulièrement apprécié la mise en page originale avec les lettres à l'envers. Ca marchait très bien dans le contexte et ça m'a pas mal intrigué dans un premier temps, il m'a fallu quelques secondes pour comprendre et c'était assez satisfaisant xD
Un plaisir,
A bientôt !
Louison-
Posté le 29/06/2024
Ah bah visiblement j'avais oublié un commentaire haha, merci d'être revenu dans l'histoire pour lire ce bout-là ! Ce chapitre vient juste avant la capture de Jules par Uranie et Caligo à l'Observatoire (après y'a la scène où Jules se retrouve avec Siloé pour la première fois dans la salle des viroirs), il me semble pas que ce soit un ajout particulier mais que cette scène se situait à la base dans le chapitre 9 (donc avec les viroirs) mais comme la conversation avec Siloé s'était allongée dans mes modifications, j'ai fait un nouveau chapitre avec un autre entre deux de Nova pour rendre la lecture peut-être un peu plus digeste, éviter que l'alternance des points de vue se fasse entre chapitres de 10k, sinon on perd quand même plus facilement le fil j'ai l'impression. Je sais pas si je suis très claire ? Mais en gros comme ça on a une scène où je prends un peu plus le temps de montrer une personne inerte à terre avec son vivème en colonne au-dessus de sa bouche ! D'ailleurs t'as lu ya pas si longtemps une scène plus ou moins similaire, quand Jules fait du funambulisme et qu'elle voit une dame dans un état similaire à travers la fenêtre d'un immeuble :)

Voiloou, merci encore pour ta lecture ! <3
Edouard PArle
Posté le 30/06/2024
D'acc, je comprends !
JeannieC.
Posté le 16/08/2023
Oh coucou !
Que vois-je ? Une Jules furtive vient d'apparaître ; un nouveau chapitre qui a popé entre deux que j'ai déjà lus ! Je m'en va le rattraper de ce pas. (Ah et j'espère que votre séjour s'est bien terminé avec Mathilde et Contesse ! <3 )

>> les bestiolettes et les Gens'Foufoule j'adore xDD Je dirai ça la prochaine fois que le tram est bondé, "y a Gens-Foufoule" ahah !
>> La description du corps mort avec les yeux noirs et l'idéelle qui semble voleter, wow, c'était hyper visuel et prenant. (Et au passage, fort aussi la mention des rongeurs qui grouillent - et le titre du chapitre héhé, j'aime fort ce genre de jeux de mots <3 )
>> Ooooh le texte à la verticale, je l'ai lu deux fois avant de comprendre qu'il fallait le lire de bas en haut xD On y sent Jules toute tourneboulée !
>> "On m'a fait prison, j'suis prison" Mow <3 Belle trouvaille là aussi, comme si Jule devenait elle-même son emprisonnement, tellement ça fouette en elle. Brrrrr, la voilà dans de sales draps u_u

Vraiment beaucoup aimé toute la tension dans la deuxième moitié : la panique de Jules, les choses terrifiantes qu'elle voit avec ces corps comme possédés, puis les Grisoeuils qui viennent corser tout ça et augmenter encore la périllosité du moment. Heureusement on a la présence de Spectrette (toujours un plaisir de la croiser :3 ) même si la pauvre, elle aussi est dépassée. Pauvre Jules qui essaie d'aider... avant que le piège ne se referme.

Chapitre intense qui se lit d'une traite et que je me vocalise toujours avec beaucoup de rythme et de musicalité, c'est un plaisir !
Sur ce, je referai prochainement un petit saut en avant pour reprendre où j'en était restée =)
Bisous !
Louison-
Posté le 31/08/2023
Coucou Jeannie !
Et wow, je suis tellement désolée pour le délai de réponse, je sais même pas ce qu'il s'est passé pour que je tarde comme ça :O Mais enfin me voilou ^^ Merciii comme toujours pour ta lecture, toujours très bienveillante, ça me fait chaud au coeur <3

Ahaha oui une "Jules furtive" comme tu dis qui vient d'apparaitre, c'est cool que t'aies lu ce chapitre, j'espère que mes changements te rendent pas trop confuse, je sais plus exactement où tu t'étais arrêtée mais si jamais t'as des soucis de compréhension dis-moi et je t'explique <3

Je suis contente si t'as aimé la tension dans la seconde moitié et la musicalité/rythme chez Jules, et toutes ces petites phrases que tu relèves, merci beaucoup <3 !

Koeur koeur, merci encore et à viiiite, je vais venir de ce pas faire un tour par chez toi hihi <3
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