7- L'évasion

Notes de l’auteur : Bonne lecture

 

Nour suivit Oren. Elle avait terriblement envie d'aggriper sa chemise, de peur de le perdre parmi la foule des élèves. Elle se retint et marcha juste derrière jusqu'à son casier.

— Tout le monde te regarde Nour, chuchota Oren. Mais fait pas attention à eux.

Nour déglutit, avant de baisser la tête. Comment faire abstraction de tous ces yeux sur elle, elle qui n'aimait pas être le centre d'intérêt. Ici il y avait beaucoup d'adolescents, et elle n'aimait pas les adolescents. La rumeur enfla, et bientôt un tas d'élèves se pressèrent autour d'elle.

– C'est bien vrai que t'es une terrayenne, une vraie terrayenne ? demanda quelqu'un.

Nour ne sut quoi répondre à cette évidence, et elle n'en eut pas le temps. La même question revint encore et encore, posé par presque tous les élèves présents.

– Tu nous ressemble vraiment beaucoup, remarqua un autre.

– C'est pas à toi qu'elle ressemble en tout cas, t'es trop laid, répliqua une autre.

Un éclat de rire collectif détendit Nour. Que devait-elle leur raconter ?

— C'est normale qu'elle nous ressemble, les terrayens sont nos ancêtres, bande de crétins incultes, lança un dernier.

– Si elle nous ressemble autant c'est qu'elle n'est PAS terrayenne, affirma bien fort un garçon. C'est juste une menteuse qui veut attirer l'attention. Vous ne connaissez donc pas l'histoire d'An Domhan ? demanda-t-il à l'assemblée.

Malgré le ton agressif et les insultes du jeune homme l'excitation étreignit Nour tout entière. Le garçon était un peu plus grand qu'Oren, ses cheveux châtains coupés courts et son visage anguleux lui donnaient l'air guindé, voire pincé. Sa peau était plus mat que la sienne, et surtout ses oreilles ne laissaient aucun place au doute, ce garçon était un elfe.

– C'est bien ce que je pensais, reprit-il avec condescendance. Quand Myrddin a fui Terra, il a emmené son savoir avec lui, et là-bas personne n'a connaissance d'un portail. Et vous devriez savoir qu'ici il a été condamné. Il est donc impossible pour un terrayen de parvenir jusqu'à nous, fit-elle en désignant Nour d'un menton dédaigneux.

– Qu'est-ce que t'en sais ? demanda un garçon.

L'elfe avait la langue bien pendue, et le venin comme arme.

– Les elfes sont au courant de tout ce qui se passe dans son monde.

– Peut-être, mais la terrayenne, vous l'aviez pas vu venir, pas vrai, s'exclama

Elijah se contenta d'hausser les épaules, l'air satisfait. Il n'avait rien à prouver à personne.

– Nour est bel et bien terrayenne, répliqua Azénor. Ca fait des siècles que Myrddin a quitté son monde, ceux de Terra ont peut-être évolués, contrairement à ce que tu dis tu ne peux pas le savoir Elijah, personne ne le peux. Et ce n'est pas correct de traiter quelqu'un de menteur alors qu'on ne le connaît même pas. Pas sûr que Sa majesté apprécie.

Sa majesté ?!

Beaucoup manifestèrent leur accord avec la petite-fille du conseiller, et Nour leur en fut silencieusement reconnaissante. La cloche retentit alors dans le hall, interrompant le chahut et dispersant une partie de la foule.

– Nour je te présente le prince Elijah, fils de Kamala, reine des elfes de lune, reprit Azénor.

Nour resta sans voix.

– Il est dans ma classe, murmura Oren en levant les yeux au ciel.

Elijah se sentait supérieur en tout. La seule que cela n'irritait c'était sa mère. Il était dernier d'une fratrie de onze enfants, sa mère n'avait guère de temps a lieu consacré. Ce qu'il voulait c'était simplement laissé une marque, que plus tard on se souvienne de lui. Alors il était obligé d'être le meilleur. Malgré son jeune âge, il avait laisser derrière lui les sentiments encombrants, les rires inutiles, et s'autorisait seulement les amusements ludiques, instructifs.

– Après tout elle est peut-être terrayenne, reprit Elijah en haussant les sourcils. Sait-elle au moins lire et écrire ?

– Evidemment, s'offusqua Nour.

– Connais-tu l'algèbre ? L'astronomie ? La phytothérapie ?

Mince alors.

– On fait moins la maligne, fit-il d'un air triomphant avant de s'éclipser.
 

Au deuxième coup de cloche, quelques élèves quittèrent le hall en traînant des pieds tandis qu'Elias, dont on voyait seulement le haut du bonnet, fendait la foule pour les rejoindre. Il donnait de petits coups dans les jambes qui le gênaient de la pointe de son balai.

—Vous l'aurez remarqué, le Sanctuaire accueille une nouvelle élève, fit-il d'une voix forte. Comme nous elle possède deux bras et deux jambes, j'ose espèrer que vous lui avez fait bon accueil. Maintenant, en classe, et dans le calme, ordonna-t-il l'air bougon.

L'autorité naturelle du gardien des lieux imposait le respect et ses leçons de morale déguisées en blagues marquaient les élèves malgré eux, ce qui le faisait sourire.

– Ton père est très différent ici, fit remarquer Nour en murmurant.

– T'en fais pas pour Elijah Nour, il est odieux avec tout le monde, lui chuchota Elias.
 

Des bruits de pas retentirent dans le hall qui se vidait lentement. Quelqu'un courait. Une femme se rapprocha d'Elias, l'air affolé. Elle se pencha un instant en avant, la main sur sa proitrine. Elle reprenait son souffle.

– C'est affreux Elias, il faut tout de suite cadenasser les accès à l'école. La Tamlin s'est évadée.

– Qui c'est cette La Tamlin ? demanda Nour.

La nouvelle venue la fixa comme si elle venait de poser la plus stupide des questions.

– La Tamlin est la plus grande criminelle du pays, commença Oren tout bas. Elle était enfermée dans les geôles depuis vingt ans.

– Tu dois faire erreur Malvina, répondit Elias très calmement. Si c'était le cas toutes les cloches du pays sonneraient déjà.

Comme pour répondre au père d'Oren les cloches de l'école se mirent à tintibuler avec fureur. Elles furent bientôt suivit par d'autres, plus loin, et plus loin encore.

– Les enfants, vous avez interdiction de quitter le Sanctuaire jusqu'à nouvel ordre, ordonna Elias. Restez dans le hall jusqu'à mon retour. Je pense que tous les élèves vont bientôt vous rejoindre. Les cours vont être annulés.

Puis il les laissa, avant d'aller fermer la grande porte, accompagner de Malvina.

– Oren, parle moi de cette femme, demanda Nour.

– A l'époque les relations entre le Conseil et la population étaient plus que tendues, cela faisait quelques temps que l'interdiction des pouvoirs avaient étés votés mais la mojorité des citoyens étaient contre. Un jour, une femme et sa fille sont arrivées par bateau, elle disaient revenir de chez les elfes. La mère voulait combattre le Conseil avec la population et une sorte de résistance s'est formée. Mais on dit que La Tamlin s'est montrée cruelle, qu'elle tuait tous les soldats sur son passage et même les villageois qui était réticent à leur lutte. Il paraît qu'elle réclamait de l'argent pour protéger les familles de ceux de ses compagnons qui étaient faits prisonniers par le Conseil. La résistance à perdu la bataille, les pourvoirs psychiques furent définitivement interdits, et La Tamlin arrêtée. Elle est emprisonnée depuis ce temps-là dans les cachots du Conseil.

– Qu'est devenu sa fille ?

– On raconte que sa mère a préféré l'a tuer pour ne pas qu'elle soit capturée.

– C'est affreux.

 

Oren n'avait jamais vu une telle effervescence à Epoké. La nouvelle de l'évasion de La Tamlin se propagea à la vitesse de l'éclair. Après un confinement de quelques heures dans le grand hall du Sanctuaire, les élèves furent pressés de rentrer directement chez eux. En sortant de l'école, Oren et Nour furent pris dans un tourbillon de conseillers et de gens d'armes qui couraient dans tous les sens. Ils donnaient vraiment une impression de panique et ne pas savoir du tout ce qu'ils faisaient. Les commercants discutaient entre eux, et les questions fusaient. Comment La Tamlin, une dame de près de soixante ans, avait-elle pu s'échapper de la prison la plus sécurisé du pays ? Et surtout pourquoi avait-elle attendu vingt ans avant de s'évader ?

 

A l'entrée de la ville, une gens d'armes placardait une affiche sur le mur des annonces. Entre les dates de la prochaine fête de la cerise et celle de la veillée des contes on pouvait maintenant lire « Avis à la population. La Tamlin s'est évader de la prison. Quiconque détient des informations doit en parler au Conseil. Quiconque aide la fugitive comment un crime passible de l'emprisonnement à vie. La délation est une vertue qui permet de vivre en paix. Concitoyens, soyez prudent, la criminelle est extrèmement dangereuse ». 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez