— Fiston, je peux entrer ?
— Bien sûr, p’pa.
Il écoutait sa respiration derrière le battant depuis deux bonnes minutes. Il lui était difficile de savoir si ses parents oubliaient ses capacités sensoriels ou agissaient comme si elles n’existaient pas ; encore plus difficile de déterminer s’il appréciait ou haïssait ça.
Ces derniers mois, les choses devenaient compliquées avec eux, avec pour apogée la précédente pleine lune. Ces lycans qui lui tournaient autour n’auraient pas pu choisir pire moment pour apparaître : Lysander était perpétuellement à fleur de peau.
Son père entra en abandonnant ses hésitations sur le seuil. Il glissa les mains dans les poches et prit le temps d’observer Lysander, qui se redressa sur son lit et mit son livre de côté. Son père avait cette force tranquille qu’il admirait, et une bonté infinie derrière ses prunelles. Durant ce face à face bref et silencieux, Lysander se sentit déjà plus calme.
— Quelque chose te tracasse, Lyz, on le voit bien ta mère et moi. On t’a laissé tranquille hier, mais j’espérais que tu en parlerais, aujourd’hui.
L’autre s’emporta mais Lysander lui rabattit le caquet d’un claquement de langue agacé. Il devenait insupportable depuis l’apparition de la fille.
Non, depuis ce choc brutal et étrange à la bibliothèque.
— Ne te renferme pas dans ta tête, fiston.
Il sourit et leva les yeux vers son père, qui le prit comme une invitation à s’asseoir sur le matelas. C’était dimanche et l’après midi touchait à sa fin. Un soleil magnifique avait enveloppé Lymington toute la journée et, de son lit, Lysander avait écouté le vent tout en se réchauffant l’épiderme.
Et il s’était levé, régulièrement, pour regarder par la fenêtre.
— Il est agité depuis deux jours, avoua-t-il sans rentrer dans les détails. C’est fatigant.
— Tu sais pourquoi ?
— Non, il n’est pas très loquace.
Ils échangèrent un regard amusé, complice.
— C’est sûrement l’approche de la pleine lune, tenta son père.
— C’est possible, oui, le soutint Lysander plus par gentillesse que par conviction. Surtout que la précédente était…
Il se tut, stupéfié par sa bêtise. S’il commençait à jeter de lui-même le sujet sur le tapis, c’était fini. Les traits de son père se durcirent mais il se contrôla. Comme chez Lysander, les tempêtes étaient généralement cadenassées dans le cœur. Quand elles sortaient, elle n’en étaient que plus violentes.
— Penses-tu qu’il pourrait se sentir en droit de… d’agir inconsidérément la prochaine fois ? demanda Charles avec prudence.
Son visage s’était fait grave. Toutes les peurs de la famille Lancaster concentrée en une question, lourde de funestes possibilités. Néanmoins, sur ce point, Lysander se sentit assuré pour répondre :
— Non. Il n’est pas idiot, il connaît la situation. Il me connaît aussi, ajouta-t-il après une hésitation, il ne prendrait pas le risque de trahir notre secret. Il sait que j’ai raison, de temps à autre.
Son père acquiesça, soulagé, et Lysander décida qu’il était temps de se rattraper pour son silence des deux derniers jours.
— Je t’ai entendu sortir des trucs du frigo. Je peux t’aider à cuisiner ?
— Bien sûr, fiston. Allons y.
Il n’attendait que ça, manifestement. Cuisiner à deux, sans trop parler, était leur rituel le plus précieux. Même l’autre se taisait alors, vaincu par la sérénité de cette routine. Avant de quitter sa chambre, pourtant, Lysander se tourna vers la fenêtre, les yeux posés sur le muret de la maison d’en face.
Elle s’y était assise, ses cheveux noirs agités par le vent mais le regard fixe. Elle lui sourit.
Et tu ajoutes encore à merveille toutes ces petites graines de mystère... Que s'est-il passé lors de la dernière pleine lune ? Il n'aurait quand même pas essayé de s'attaquer à l'un des membres de sa famille ??
Et qui est cette espionne du dimanche ?? Dans tous les sens du terme d'ailleurs... Parce que s'asseoir sur le muret des voisins, c'est pas de l'espionnage de haut niveau. Elle veut clairement capter son attention, mais dans quel but ??
Oh là là, que de questions et tant de réponses à attendre... Pas le choix, j'enchaîne avec la suite !!
Juste après l'épisode coquilles :
- « Il lui était difficile de savoir si ses parents oubliaient ses capacités sensoriels ou agissaient comme si elles n’existaient pas… » -> sensorielles
- « Quelque chose te tracasse, Lyz, on le voit bien ta mère et moi. » -> virgule avant « ta mère »
- « Toutes les peurs de la famille Lancaster concentrée en une question,… » -> concentrées
(merci pour la mention de l'humanité du papa. Je l'aime bien ce monsieur)
Non, effectivement, c'est plus de l'appel d'attention que de l'espionnage de haut-vol (ce dont elle serait capable)
Et en même temps, on l'observe encore et encore, ce pauvre Lyz. Elle est tenace, dis donc !
A bientôt pour la suite ! :D
Coquillette :
Il lui était difficile de savoir si ses parents oubliaient ses capacités sensoriels --> sensorielles
Sacrément tenace, oui 8D
J'aime beaucoup comme Lyz et son père s'enferment dans leur tête et dans les coeurs. C'est plus fort que moi, les personnages mutiques et problématique, ça me rend toute chose xD
Leur relation est à la fois belle et compliquée !
Merci mille fois pour toutes ces remarques hyper précises <3
Mow et je suis heureuse que sa relation avec son père te plaise. Elle est effectivement compliquée, parce que son papa a endossé le rôle du protecteur de famille, qui va parfois trop loin. Mais ils s'aiment, et je suis contente que ça se voit
Bref, à part le fait que la relation entre les deux amis est beaucoup trop choupi, et celle avec son père aussi d'ailleurs (ça fait du bien mine de rien, ces gens qui agissent de manière censée, bienveillante, posée et tout ^^) j'ai bien aimé entendre Lys parler un peu plus de cette entité mystérieuse et menaçante qu'il abrite en lui...j'espère qu'il n'arrivera pas malheur à ses parents, ils doivent pas être très sereins quand même...
Je me demande aussi ce qui est arrivé à la pleine lune précédente... Et le sourire de la fille à la fin, hum, ils sont peut-être plus amis qu'ennemis finalement ceux-là... Mais bon, stalker comme ça tout de même, ça se fait pas trop, bande de malpolis flippants !
J'ai trop envie de lire la suite, ça se lit si vite et si bien que je reste à mort sur ma faim (de loup...lol. hum hum...bref.)
Bravo Elka pour ce début d'histoire fort prometteur ;)
Et j'aime les questions que tu te poses. T'inquiéter pour les parents de Lyz, apprécier la relation avec son père... Ca a l'air de rien, mais comme ce texte est pleins de trucs comme ça, je suis contente quand on s'y penche !
Merci encore, Hinata <3 A bientôt, alors !
Deux chapitres bien encore une fois. J'ai bien aimé le flash-back précédent qui montre que dès le départ Ismael a classé Lyz à part.
Dans celui-ci il y a juste cette elypse temporelle qui m'a perdue
"À la place, il s’efforça de ne pas plonger dans le mutisme, parlant maladroitement des cours ou de la météo, et il lui sembla qu’Ismael comprenait.
****
— Fiston, je peux entrer ?
— Bien sûr, p’pa."
Alors à quand la prochaine pleine lune ? Et qu' est ce qui est arrivé la dernière fois ?
À bientôt
Aha ! Bientôt bientôt, ta patience sera récompensée
Merci !
le flashback de la rentrée m'a beaucoup plu ! et la fille mystérieuse... je me demande ce qu'elle veut a Lysander.
Merci de ta lecture Sorryf !
Merci !
Il lui cache la présence d'une lycan, c'est déjà pas mal ahaha (mais oui, ne tuons pas tous les mystères d'un coup)