7. Sauvez tout le monde

Par Neila

La voix de la gardienne retentit dans le couloir, ses pas claquèrent. Mìr lâcha son balai et recula, mains levées.

— Je croyais avoir été claire !

— Je lui demandais juste ce qu’il y avait pour le dîner, tenta le voisin d’Hayalee.

— Toi, te fous pas de moi ! Ça va être ta fête dans un instant !

Elle saisit Mìr par le bras et l’entraîna sans ménagement le long du couloir.

— Puisque t’as l’air d’aimer traîner ici, je vais t’ouvrir une cellule.

— NON !

Il pila net, luttant pour empêcher la gardienne de l’emmener plus loin.

— Tu connais la règle ! Parle à un rouge et t’en deviens un !

— Non ! S’il vous plaît ! Je recommencerai plus !

— Avance !

Elle voulut le forcer à se remettre en marche, mais il s’accrocha aux barreaux d’une cellule.

— S’il vous plaît ! Je suis avec ma fille… elle a besoin de moi ! Nous séparez pas !

— Pas de privilèges pour ceux qui suivent pas les règles !

— Pitié !

— BOUGE !

Elle leva sa matraque et frappa à grands coups sur son bras pour lui faire lâcher prise. Le sang d’Hayalee se mit à bouillir, la chaleur lui monta à la tête.

— Arrêtez ! hurla-t-elle en secouant la grille de sa cellule.

— Eh ! tonna également Saru depuis l’autre bout du couloir.

Frappé au visage, Mìr était tombé au sol où il se recroquevilla, la tête dans les bras.

— Je vous en supplie, me séparez pas de ma fille ! geignit-il. Je sais rien ! Ils m’ont rien dit, je le jure !

Mais plus il la suppliait, plus la gardienne perdait patience et retenue.

— Tu vas te lever oui ? Lève-toi !

Elle abattit sa matraque à plusieurs reprises, tenta de le faire bouger à coups de pied. Hayalee n’y tenait plus. Dans son ventre, le Feu grondait si fort qu’elle avait du mal à le retenir. Si elle pouvait viser la matraque de la gardienne, la désarmer comme avait tenté de lui apprendre Frowin… Mais la femme lui tournait le dos, Hayalee apercevait à peine l’arme avant qu’elle ne s’abatte sur Mìr. Et la peur, la colère, le Feu, étaient trop forts. Si elle le lâchait sur la gardienne, elle allait la tuer.

Tant mieux.

Non. Elle ne voulait pas ça. Les mains serrées autour des barreaux à s’en blanchir les jointures, Hayalee ferma les yeux, essaya de se calmer. Mìr poussa un hurlement qui la transperça comme une lame. Elle rouvrit les paupières et, de dépit, lâcha toute sa frustration sur la grille.

Les muscles contractés, les entrailles tordues, elle s’acharna mentalement sur les barreaux, y déversant toute la chaleur qu’elle pouvait. L’acier devint de moins en moins froid, mais toujours aussi solide. La tête commença à lui tourner. Mìr gémissait sous les coups de la gardienne qui n’en finissait plus de le punir de sa désobéissance. Quelque part, dans les couloirs, une petite cloche carillonna. Puisant au plus profond d’elle pour maintenir le flot de chaleur, Hayalee poussa sur la porte, la secoua, la frappa. Un éclair de souffrance lui traversa le cerveau.

Dans sa poitrine, le Feu se tarit. Un puissant vertige la submergea et des taches noires fleurirent devant ses yeux. Elle glissa à genoux.

Pourquoi est-ce qu’elle n’arrivait pas à abattre cette grille ? Elle y avait pourtant mis toutes ses forces… et Mìr…

Mìr s’était tu, ainsi que la gardienne.

Hayalee battit des cils. Le brouillard qui était tombé sur son regard se leva peu à peu. La femme avait cessé de frapper le détenu. Sa matraque tombée à terre, elle reculait. Elle se prit la tête dans les mains et commença à haleter. Puis elle tomba à genoux et se mit à geindre. Un frisson remonta l’échine d’Hayalee. Saru.

La démonstration de ses pouvoirs était toujours aussi étrange et déplaisante. La femme se balança d’avant en arrière en sanglotant, hoquetant de plus en plus fort. Un ultime spasme la parcourut et elle s’effondra, inerte.

Pendant quelques secondes, ce fut le calme plat.

— Eh, Mìro ! lança le voisin d’Hayalee. Va chercher les clefs !

Toujours prostré au sol, Mìr ne réagit pas.

— Est… est-ce qu’elle est morte ? bégaya-t-il.

— On s’en fout ! Va chercher les clefs, dépêche-toi !

Trop tard.

— Ursul ?

Il y eut le lointain grincement d’une grille qu’on ouvre, suivi de bruits de pas.

— T’as pas entendu qu’on te sonnait ? lança une voix forte. Ils ont entendu des cris au quatrième… encore 513 qui… Qu’est-ce qui se passe, ici ?

Hayalee serra les dents. Elle n’arrivait pas à discerner le bout du couloir, mais elle imagina sans peine l’expression stupéfaite du gardien et devina son attitude menaçante à la panique ravivée de Mìr. Le gardien lâcha une exclamation suivie d’un grand bong !, comme si quelque chose venait de heurter une grille, puis le bruit d’un corps qui s’effondre et, plus rien.

— Saru ? appela Hayalee.

— Comment vous avez fait pour sortir ? lâcha la voix de Saru.

Une serrure cliqueta et une nouvelle porte grinça. Deux secondes plus tard, Yasuo apparaissait devant Hayalee. Celle-ci se redressa, un peu trop vite. La tête lui tourna et elle dut s’appuyer au mur pour ne pas perdre l’équilibre.

— Tout va bien ? demanda Yasuo.

Il allait poser la main sur les barreaux de sa cellule et se ravisa à la dernière seconde.

— Attention, prévint Hayalee, c’est chaud !

Évitant tout contact avec le métal, il déverrouilla la serrure d’un tour de poignet et libéra Hayalee.

Le gardien nouvellement débarqué gisait au bout du couloir, le front couvert de sang. Couchée sur le flanc, bouche et paupières mi-closes, sa collègue était pâle comme la mort. Lisandra observait le tableau avec l’air pincé de quelqu’un qui constatait les mauvaises finissions d’un chantier tandis que Saru reprenait son souffle, appuyé contre une cellule, le teint blême.

— Comment vous… ?

Hayalee s’interrompit en remarquant la clef que tenait Yasuo ; une drôle de clef faite de métal noir.

— Comment t’as eu ça ?

— Je l’ai créée, répondit Yasuo.

Paume vers le plafond, il leur présenta l’objet. Il s’effrita au creux de sa main et se fondit dans sa peau comme un morceau de sucre dans un verre d’eau. Une seconde plus tard, il n’y avait plus rien. Puis un liquide noir se mit à suinter en travers de sa paume et la clef se reforma à l’identique.

— Eh ben ça… souffla Saru, impressionné.

— Je suis un façonneur, expliqua Yasuo. Je peux créer du métal en lui donnant n’importe quelle forme. Le désagréger, aussi.

Lisandra lui arracha l’objet des mains pour l’observer sous toutes les coutures.

— C’est une clef passe-partout ?

Elle la retourna entre ses doigts, la soupesa, la renifla.

— Quel genre de métal est-ce ? Un alliage ?

— Mon clan l’appelle shinkô. Les Psamiens le nomment acier noir.

— Fer et carbone, alors ? Quoi d’autre ? Ça me paraît plus léger que tous les aciers que j’ai pu voir jusqu’à présent… et cette couleur… Comment est-ce que tu peux avoir autant de fer dans le corps ?

L’émerveillement fiévreux qui animait Lisandra s’effaça soudain, remplacé par une froide colère.

— Pourquoi ne pas nous avoir dit que tu pouvais faire ça ? C’est une donnée qui change absolument tout !

Yasuo cilla et répondit le plus naturellement du monde :

— Vous ne m’avez rien demandé.

Lisandra eut l’air de ne pas en croire ses oreilles. Le gardien assommé poussa un gémissement qui les ramena tous à l’instant présent.

— On devrait peut-être les enfermer, suggéra Saru.

Sans plus tarder, Yasuo se pencha sur la gardienne dont il récupéra les clefs, la souleva comme si elle n’avait rien pesé et l’emmena dans l’ancienne cellule d’Hayalee. Saru attrapa les pieds de l’autre gardien et Hayalee s’empressa d’aller l’aider à le traîner dans sa propre cellule en évitant soigneusement de poser les yeux sur la figure ensanglantée de l’homme.

— Pourquoi est-ce qu’il faut toujours que vous agissiez sans réfléchir ? s’agaça Lisandra tandis que Yasuo verrouillait les cellules sur leurs nouveaux occupants. Qu’est-ce qui t’a pris d’attaquer la gardienne ?

Un éclair de colère passa dans le regard de Saru.

— J’aurais dû faire quoi, d’après toi ? J’allais pas la laisser le tabasser à mort !

— Que crois-tu qu’il se passera au juste quand les autres apprendront ce qui est arrivé ici ?

— Tu me gonfles, Lisandra. On n’allait pas rester dans ces cellules à regarder les murs… Je nous ai débarrassés de la gardienne, Yasuo nous a fait sortir : reconnais que c’est mieux.

Préférant ne pas se mêler au débat, Hayalee avança vers Mìr qui paraissait toujours en état de choc.

— Vous allez bien ?

Elle voulut lui tendre une main pour l’aider à se relever, mais réprima son geste quand il se tassa un peu plus contre la grille.

— O… oui, souffla-t-il.

Sa lèvre était fendue et il serrait son bras droit au poignet marbré de bleus.

— Pardon, dit Hayalee. C’est ma faute…

— Je ne te le fais pas dire, lâcha Lisandra.

Ravalant une pointe d’agacement, Hayalee se retourna vers ses coéquipiers. Autant crever l’abcès maintenant.

— Je suis désolée, d’accord ? Je suis désolée d’avoir agi contre votre avis et de vous avoir entraînés là-dedans, mais si vous m’aviez écoutée…

La mine incrédule de Saru la dissuada d’aller au bout de sa phrase.

— Comme excuse, on aura vu mieux.

Son évidente amertume porta un coup à Hayalee. Si elle s’était habituée aux critiques constantes de Lisandra, les reproches étaient plus durs à encaisser venant de Saru. Mains dans les poches, Yasuo, lui, semblait très peu concerné par la question.

— J’arrive pas à y croire… vous êtes des Descendants ?

Les regards convergèrent sur l’unique locataire de l’étage.

Il était jeune, âgé d’une vingtaine d’années, vingt-cinq tout au plus, et paraissait très maigre sous son uniforme rouge délavé. Le teint cireux, les joues creuses et les pommettes saillantes, il aurait pu passer pour mort si ses yeux n’avaient pas brûlé d’une telle vivacité au fond de leurs orbites. La cellule qu’il occupait était plus fournie que les autres. Une des couchettes avait été transformée en bureau, l’autre était garnie d’oreillers et de couvertures. Des livres et des liasses de parchemins traînaient un peu partout. Un drap avait été tendu dans le fond pour ménager un brin d’intimité. Les murs, quant à eux, étaient couverts de graffitis parmi lesquels des caricatures évoquant des gardiens.

Le nez collé aux barreaux, le détenu les dévisageait avec l’extase d’un petit garçon face à une pile de cadeaux.

— Kylian, pour vous servir !

— Tu sais ce que sont les Descendants ? demanda Lisandra. Est-ce pour ça que le gouvernement vous a fait enfermer ?

— Non, ils sont parents avec des Descendants, expliqua Hayalee, avide de partager ses découvertes. Ils en ont dans leur famille… c’est bien ça ?

— Tout juste, répondit Kylian. Moi, c’était mon paternel, paraît-il.

Lisandra ouvrit des yeux ronds de compréhension.

— Évidemment ! Pourquoi est-ce que je n’y ai pas pensé ? Mais c’est tellement stupide et insensé comme mesure…

— Pourquoi enfermer les familles des Descendants ? interrogea Hayalee. Pour les punir ?

— Non, Hayalee, pas pour les punir.

Kylian se fit un plaisir d’éclairer sa lanterne :

— Ils veulent éviter qu’on fasse des bébés monstres.

Saru eut un reniflement dédaigneux. Hayalee entrouvrit la bouche. L’idée qu’on puisse enfermer des gens dans ce but lui parut d’abord absurde, puis complètement folle. Lisandra, de son côté, rationalisait déjà la mesure tout en faisant les cent pas.

— Bien sûr. Les hauts dirigeants de Psamias veulent éradiquer les Descendants, mais se contenter de s’en prendre uniquement aux Descendants avec un grand « D », ceux qui portent une marque et ont manifesté une singularité, ne suffirait pas. Pas temps qu’il leur restera des parents, des gens liés à eux par le sang et qui, même s’ils n’ont développé aucune faculté, pourraient donner naissance à d’autres Descendants.

Hayalee s’apprêtait à demander pourquoi le gouvernement n’allait pas jusqu’à tuer ces gens quand une pensée lui glaça les entrailles. Son cœur rata plusieurs battements et elle eut l’impression de dégringoler.

Si le gouvernement faisait enfermer les parents des Descendants, qu’en était-il de ses grands-parents… ? De sa sœur ?

— Pourquoi pas simplement les tuer ? lança Saru. Après tout, c’est ce qu’ils font avec les Descendants. Pourquoi est-ce qu’ils s’embêtent à garder les familles enfermées ?

— Je suis d’accord, dit Lisandra. Ce serait plus facile de les exécuter.

— Facile, oui, souffla Kylian, mais… vous savez, y a ce vieux bouquin que les Psamiens adorent et qui dit que « tuer, c’est mal ».

— Tuer des Descendants, par contre, ça va ? railla Saru.

— Ah, pardon, je me suis mal exprimé : tuer des êtres humains, c’est mal. Vous vexez pas, hein, mais paraît que vous êtes des démons.

— Oh, je vois vraiment pas pourquoi on se vexerait.

Le prisonnier pouffa.

— Personnellement, j’ai des doutes, mais si vous êtes bel et bien capables de tous ces trucs terrifiants qu’on raconte, je veux bien croire que les Grands Conseillers arrivent à convaincre leurs troupes de pieux soldats de vous exécuter. En revanche, les convaincre d’exécuter des masses de gens ordinaires et sans défense, ça doit être une autre paire de manches. Surtout que pour un Descendant, ça fait parfois un sacré paquet de parents.

— Les croyances peuvent autant être un atout qu’une entrave, appuya Yasuo avec le ton de celui qui commentait un choix de décoration.

— D’accord, dit Lisandra, mais s’il s’agit d’empêcher la naissance de nouveaux Descendants, pourquoi ne pas stériliser la population concernée ? Ce n’est pas une opération très difficile, même les médecins psamiens doivent pouvoir faire ça.

— Et risquer que les gens aillent ensuite raconter partout ce qu’on leur a fait ? renvoya Kylian.

Ils continuèrent à discuter, mais Hayalee ne les écoutait plus depuis un moment. La tête bourdonnante, la gorge sèche, elle se laissa aller contre la cellule dans son dos pour ne pas flancher.

Si les Grands Conseillers faisaient enfermer les personnes susceptibles de donner naissance à des Descendants, était-ce envisageable que ses grands-parents aient été épargnés ? À leur âge, ils ne risquaient pas de faire d’autres enfants. Sans compter que les pouvoirs d’Hayalee ne venaient peut-être même pas de leur côté. Mais à quel point le gouvernement était-il sensible à ce genre d’arguments ? En matière de jugement, Psamias ne faisait pas dans le détail. Et Mylina… ? Hayalee ne voyait aucun scénario où sa sœur aurait échappé à la prison. Relevant les yeux, elle s’aperçut que Saru l’observait. Elle le sentit sur le point de faire un commentaire et s’empressa de demander, d’une voix rauque :

— Qu’est-ce qu’on fait, alors ?

— Ce qu’on fait ? répéta Lisandra avec dédain. Le plus sûr aurait été d’attendre que ces ffyliaid de gardiens nous mettent d’eux-mêmes dehors, mais maintenant que vous avez cru bon d’attaquer deux d’entre eux, ce n’est plus vraiment une option.

— Passons à l’option suivante, alors, soupira Saru.

— Nous ferions mieux de quitter cette prison, dit Yasuo, mains dans les poches. Rollo devrait être de retour d’ici une trentaine de minutes. Il est très ponctuel.

— Il faut se tirer de là avant qu’il revienne.

— Ça nous laisse très peu de temps pour agir, souligna Lisandra.

Hayalee écoutait les battements lourds et douloureux de son cœur, inspirait par la bouche avec la tenace impression de manquer d’air. La question qui l’étranglait finit par franchir ses lèvres :

— Et pour les prisonniers ?

Tout le monde se tut. Mìr s’était redressé, les yeux brillants d’espoir, et Kylian s’agita derrière les barreaux de sa cellule.

— On les aidera en sortant d’ici et en rapportant ce qu’on a appris à l’organisation, décréta Lisandra.

Kylian eut un rire amer.

— Parce que vous êtes absolument certains que votre « organisation » va se bouger le fion ? Après votre petite intrusion, la sécurité va être renforcée. On attendra vos copains au tournant… Est-ce qu’ils risquent pas de prendre froid aux yeux ?

— C’est possible, admit Yasuo.

Un mal-être encore plus gluant et insidieux que le précédent s’insinua dans les entrailles d’Hayalee. Elle n’avait pas pensé à tout ça en mettant son plan d’infiltration en action. Kylian avait raison. À la vitesse où dégénérait la situation, il paraissait improbable qu’ils sortent de là sans être démasqués comme rebelles et Descendants, ce qui compliquerait toute future intervention de l’Alliance. En fonçant sans réfléchir, elle avait peut-être saboté leurs chances de secourir les prisonniers. Et avec eux, sa famille.

— Emmenez-nous avec vous alors ! lança Mìr. S’il vous plaît !

— C’est vrai que vous nous devez bien ça, renchérit Kylian. On vous a raconté notre histoire… Si vous nous laissez ici, c’est nous qui allons subir les représailles. Sans compter tout ce qu’on pourrait leur dire sur vous…

— C’est une menace ? réagit Lisandra.

Le jeune homme posa une main sur son cœur dans une attitude choquée, un peu trop exagérée pour être crédible.

— Jamais ! Mais ils ont les moyens de nous faire parler. Allez, vous êtes pas à deux personnes près.

— Il y a aussi ma fille, couina Mìr.

Lisandra ouvrit la bouche, sans l’ombre d’un doute pour balayer leurs espoirs d’un « non » catégorique, mais Hayalee lui tira le tapis sous les pieds.

— Pourquoi ne pas tous les faire sortir ? Tous les prisonniers ?

La suggestion laissa planer une longue minute de silence. Les yeux écarquillés, Lisandra dévisageait Hayalee comme si quelque chose d’affreusement laid et terrifiant lui avait poussé au milieu de la figure. Cette dernière s’humecta les lèvres et expliqua, avant que Lisandra ne retrouve l’usage de la parole :

— S’il y a de grandes chances que la sécurité soit renforcée et que l’Alliance ne puisse plus rien faire, alors on ferait peut-être mieux d’agir maintenant. On est entrés, qu’est-ce que ça nous coûterait de plus de libérer tous les prisonniers ?

— Ce que ça nous coûterait de… ? répéta Lisandra, trop abasourdie pour aller au bout de sa phrase. Laisse-moi réfléchir deux secondes : notre vie, peut-être ?

— Alors quoi, on abandonne tous ces gens ? s’impatienta Hayalee. On est déjà en danger ! En quoi essayer de les libérer serait plus risqué ?

— Ce serait plus risqué car nous ne sommes que quatre ! À quatre, on peut encore espérer s’évader discrètement et mettre assez de distance entre nous et cette prison avant que les soldats ne se lancent à notre poursuite, mais une évasion de masse forcerait un affrontement direct avec tous les gardiens, les possibles renforts, l’armée, même ! Ça reviendrait à déclencher une guerre ! Sans compter que nous ne sommes pas venus là pour ça, ce serait du suicide !

Hayalee serra les dents. Elle entendait bien les arguments de Lisandra et elle comprenait que l’entreprise était téméraire, voire irréalisable. Elle comprenait très bien, mais l’idée de partir en abandonnant tous ces gens, qu’elle avait peut-être condamnés, la rendait malade. Ils avaient beau n’être que quatre, ils étaient des Descendants… ça devait bien compter pour quelque chose ? En désespoir de cause, Hayalee se tourna vers Yasuo et Saru.

— Andra a raison, dit calmement le premier, et Lisandra en fut si satisfaite qu’elle ne releva même pas le surnom. Il y aurait plus à y perdre qu’à y gagner. Je ne pense pas que l’organisation approuverait.

— Désolé, Hayalee… souffla le second.

Elle eut le sentiment que Frowin venait de la frapper d’une de ses émanations glacées. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’ils brandissent le poing et courent affronter les gardiens, mais elle avait espéré qu’ils acceptent au moins de réfléchir à un moyen de venir en aide aux prisonniers ; qu’ils partagent son désir de ne pas s’avouer vaincu.

— Même si on arrivait à tous les libérer, qu’est-ce qui se passerait ensuite ? lâcha Saru face à son évidente déception. C’est le genre de coup qui demande beaucoup de moyens et de préparation. Si on les libère comme ça, maintenant, on les enverra juste à l’abattoir ! On pourra pas tous les protéger.

Il avait raison, elle le savait. Ce n’était pas plus facile à accepter.

— Le mieux pour tout le monde, c’est qu’on sorte d’ici et qu’on rapporte ce qu’on a appris. L’Alliance fera tout ce qu’elle peut pour sauver les prisonniers, j’en suis sûr.

En était-il vraiment sûr ou disait-il ça pour la rassurer ? Il était clair à sa mine désolée qu’il avait compris ce que cette histoire impliquait pour la famille d’Hayalee. Celle-ci avait beau brûler de partir fouiller les étages à la recherche de ses grands-parents et de sa sœur, elle ne se sentait pas le droit de mettre davantage ses coéquipiers en danger.

— Ouais, ben, le prenez pas mal, dit Kylian, mais moi j’aime autant tenter ma chance maintenant.

— Je ne crois pas qu’on t’ait demandé ton avis, rétorqua Lisandra.

— Pourtant, ça me regarde. Je comprends bien que vous vouliez pas vous embarrasser de boulets, ajouta-t-il avant qu’elle ne lui cloue le bec, mais contrairement à Monsieur Propre, je sais manier autre chose qu’un balai. J’ai plus de tentatives d’évasion à mon actif que n’importe qui ici. Je connais la routine des gardes, les procédures et la prison… je peux vous aider.

Sous ses longs cheveux agglutinés par la saleté, il les fixait avec plus d’insistance que jamais. Mìr, lui, avait baissé les yeux, probablement convaincu que leur décision était irrévocable. Hayalee déglutit pour desserrer le nœud qui s’était formé dans sa gorge.

— Il a raison, on leur doit bien ça. Si on peut pas libérer tout le monde, on peut au moins les libérer, eux ?

Lisandra parut lutter contre l’envie de la réduire au silence en lui fracassant la tête contre une porte de cellule, mais Hayalee ne recula pas. S’ils pouvaient au moins aider Kylian, Mìr et sa fille… sauver ce qui pouvait encore être sauvé…

— Est-ce qu’on pourrait pas essayer ? insista-t-elle. Au moins y réfléchir. Si on trouve un plan qui pourrait tous nous sortir de là…

— Et j’imagine que c’est toi qui vas trouver ce plan miracle ? Tu ne manques pas d’air ! D’abord tu nous précipites dans cette situation, maintenant il faut qu’on trouve un moyen d’en sortir, mais selon tes termes. Et tout ça pour quoi ? Te donner bonne conscience ?

Les mots lui firent l’effet d’un coup de poing. Hayalee ouvrit la bouche, puis la referma, serra les dents. Son estomac était si contracté qu’elle n’allait pas tarder à en rendre le contenu sur les dalles. Lisandra ne comprenait rien, il ne s’agissait pas de se donner bonne conscience.

— Emmenez au moins ma fille, supplia Mìr. Elle n’a que seize ans ! Je ne dirai rien sur vous, même s’ils menacent de me pendre, mais emmenez-la !

— Il y a des enfants, ici ? releva Saru.

— Je n’en ai pas vus, répondit Lisandra. Des adolescents de seize ans, minimum, mais pas d’enfants.

Elle fronça les sourcils, à son tour interpellée par ce détail.

— Pourtant, si le gouvernement de Psamias s’est mis en tête d’enfermer toutes personnes apparentées à des Descendants…

— Alors ils doivent aussi enfermer les enfants, acheva Saru.

Ils se tournèrent vers Mìr, qui confirma :

— Le jour où les soldats m’ont arrêté, ils ont aussi emmené ma fille, mais je ne sais pas où. Tout ce que je sais, c’est qu’elle a été transférée ici à sa majorité.

— Prendre cette fille avec nous serait peut-être judicieux, dit Yasuo. Si elle peut nous renseigner sur l’endroit où sont emmenés les mineurs…

— À condition de trouver un moyen de sortir d’ici, insista Lisandra, puis elle commença à se ronger l’ongle du pouce. Franchir les grilles ne sera pas un problème, mais il y a beaucoup trop de gardiens entre nous et la sortie… Descendre en neutralisant ceux qu’on croisera est encore envisageable, mais une fois arrivé au rez-de-chaussée… ils sont beaucoup trop nombreux. Passer par le bâtiment administratif puis par la grande porte serait de la folie…

— Et si on enfilait des uniformes de prisonniers blancs ? dit Saru. Tu pourrais nous en ramener ? ajouta-t-il à l’adresse de Mìr.

Celui-ci fit « oui » de la tête.

— Avec ça on pourrait descendre jusqu’au rez-de-chaussée, aller dans la cour et s’échapper en escaladant le mur ? Yasuo pourrait nous pondre… une échelle ? ou quelque chose.

Yasuo inclina la tête de côté.

— La cour est pleine de gardiens, rétorqua Lisandra, sans parler du périmètre.

— On fait diversion.

— Tu oublies qu’il n’est pas censé y avoir de mineurs dans le Donjon. Même avec des uniformes de prisonnier, Hayalee et toi passerez difficilement inaperçus.

— À un an près, tu crois qu’ils feront la différence ?

— T’as quinze ans, toi ? s’étonna Kylian. Si je peux me permettre, t’en fais plutôt douze.

Saru devint cramoisi.

— Il a raison, dit Lisandra, sans se soucier d’enfoncer le clou. Je doute qu’on puisse se fondre dans la masse des prisonniers. Mais l’idée de provoquer une diversion est plutôt bonne… reste à trouver le chemin le plus sûr… si les fenêtres n’étaient pas si étroites…

— Je peux vous aider, dit à nouveau Kylian. Si vous êtes partants pour de l’escalade, je connais un passage. Avec vos… « talents », l’emprunter sera pas un souci.

— Vraiment ? Quel passage ?

— Sortez-moi de là et je vous montre.

— Évidemment.

— C’est ça ou tenter votre chance en passant par le rez-de-chaussée.

Lisandra le scruta longuement. Très longuement.

— Comment se fait-il que tu ne sois pas marqué comme réprouvé ?

En effet, les joues du jeune homme ne portaient pas d’autre marque que celle de la malnutrition. Hayalee n’avait pas fait attention à ce détail. Kylian tressaillit, s’écarta des barreaux comme pour échapper à leurs regards curieux. Une seconde, il parut presque aussi contrarié que Lisandra.

— Je suis allergique aux tisonniers, renvoya-t-il.

S’il pensait éluder les questions avec des plaisanteries, c’était mal comprendre à qui il avait affaire. Lisandra continua à le toiser, bras croisés sur la poitrine, inflexible.

— Qu’est-ce que ça peut faire ? s’agaça-t-il.

— Si on doit s’en remettre à toi, j’aime autant savoir qui tu es. Reconnais que c’est intrigant. Tous les prisonniers que j’ai vus jusqu’à présent sont marqués. Tu es le seul à ne pas l’être, le seul à être retenu à cet étage…

— Ils se servent de ces cellules pour isoler et punir ceux qui se comportent mal, expliqua-t-il après un claquement de langue. Si je suis là, c’est parce que je leur mène la vie dure, d’accord ? Et pour la marque… t’as croisé tous les détenus, peut-être ?

— Non, admit-elle, l’air pincé.

— Dans ce cas, qu’est-ce qui te fait croire que je suis le seul ?

— Les efforts que tu déploies pour me convaincre du contraire.

Il ricana, baissa le nez sur ses chaussures tout en opinant du chef. Hayalee crut qu’il allait se confier, mais non.

— Vous voulez sortir de cette prison, ou vous préférez que je vous raconte ma vie ? Ça m’ennuie pas – honnêtement – mais on y sera encore quand Rollo reviendra. À vous de voir.

Un muscle roula sur la mâchoire de Lisandra. Kylian revint coller son visage aux barreaux.

— Je suis votre meilleure chance de sortir le plus rapidement possible en évitant la confrontation. Le passage dont je vous parle n’est pas loin d’ici.

— À quel étage ? Et où est-ce qu’il aboutit ? Sans ces informations, on ne pourra pas élaborer de plan d’évasion convenable – dans ces conditions, j’aime autant tenter ma chance par le rez-de-chaussée.

— La dame est dure en affaires, dit-il avec un sourire qui creusa une fossette au coin de sa bouche. Le passage est au quatrième étage et donne sur le flanc ouest du donjon.

Lisandra fit signe aux autres de la suivre et ils s’éloignèrent dans le couloir. Dos tournés aux prisonniers, Saru et Yasuo consentirent à se rapprocher pour écouter ce qu’elle avait à dire. Hayalee ne se donna pas la peine de fermer le cercle et resta un pas à l’écart.

— Je n’ai pas confiance. Il nous cache quelque chose, c’est évident.

— Tout le monde a ses secrets, dit Saru en haussant les épaules. C’est son histoire, c’est lui que ça regarde. Personnellement, tout ce qui m’intéresse, c’est qu’on sorte d’ici fissa.

— Ça ne t’inquiète pas plus que ça ?

— Qu’il soit pas marqué ? Non ! Franchement, tant mieux pour lui.

— Ce n’est pas normal, insista Lisandra.

Saru roula des yeux.

— Écoute, si tu tiens tant que ça à percer ce mystère, on l’emmène et tu le cuisineras une fois qu’on sera partis.

La proposition n’eut pas du tout l’air de la satisfaire.

— Qu’est-ce que tu en penses ? lança-t-elle à Yasuo.

Ce dernier parut émerger d’une rêverie. Il prit son temps pour répondre, comme si chaque phrase était le fruit d’une profonde méditation.

— Il est en position de force. Il n’a rien à perdre et il sait que nos options et notre temps sont limités. Il ne nous donnera rien de plus tant que nous ne lui aurons rien donné.

Lisandra se mordit la lèvre, mais dut se rendre à l’évidence. Kylian avait beau être louche, si son passage existait vraiment, ils ne pouvaient pas se permettre de l’ignorer.

— Tu pourrais nous fabriquer une chaîne assez longue pour descendre le long du donjon depuis le quatrième étage ? demanda Lisandra. J’imagine qu’il y a une limite à la quantité d’acier que tu peux produire.

Yasuo eut un sourire en coin.

— Ce ne sera pas un souci. Si besoin, je peux récupérer l’acier des cellules pour reconstituer mes réserves.

— Vraiment ?

— Ça vaut le coup d’utiliser le passage de Kylian, alors ? dit Saru. Ça nous ferait qu’un étage à descendre. Tout ce qu’on aurait à faire, c’est détourner l’attention des gars qui patrouillent dans le périmètre et sur le mur d’enceinte.

— Un incendie serait parfait, dit Lisandra, et Hayalee se raidit. Mais si ça ne suffit pas à déloger les sentinelles de leur poste ?

— Hum… fit Yasuo. Dans ce genre de structure, si des gardiens doivent être amenés à quitter leur poste pour se mobiliser ailleurs, il y a des chances que les postes les plus externes soient abandonnés en premier.

— Je vois.

— Alors on tente ça ? dit Saru. Hayalee crame quelque chose, de quoi occuper les gardiens, on se rend au quatrième, Fuyusuke nous fait une chaîne, on descend, on traverse le périmètre et on passe par-dessus le mur d’enceinte ?

Il y eut un instant de silence durant lequel chacun parut méditer le plan. Lisandra guetta un quelconque signe de désaccord sur le visage de Yasuo. Étant le membre le plus expérimenté et âgé de l’équipe, il aurait paru naturel qu’il prenne les décisions, mais il semblait tout à fait disposer à suivre leurs idées.

— Et pour Mìr et sa fille ? intervint Hayalee, un rien d’amertume dans la voix.

Tant pis si Lisandra s’énervait encore. À son grand soulagement, cette dernière se contenta de soupirer et se tourna vers Mìr, qui tendait discrètement l’oreille.

— Dans quelle cellule êtes-vous, votre fille et vous ?

Il sursauta.

— 206, au deuxième étage.

Lisandra interrogea Saru et Yasuo du regard.

— C’est jouable, dit Saru. Si la fille peut nous renseigner sur ce qu’ils font des enfants, ça vaut le coup.

Yasuo marqua son assentiment d’un battement cils appuyé.

— Très bien, si tout le monde est d’accord, dit Lisandra, et elle se tourna vers Mìr. Voilà ce que vous allez faire : vous allez quitter cet étage et vaquer à vos occupations, comme si de rien n’était. De notre côté, nous allons provoquer une diversion. Les gardiens vont certainement ordonner aux prisonniers de regagner leur cellule. Faites-le et restez-y avec votre fille. Nous viendrons vous chercher.

Mìr hocha vigoureusement la tête, les yeux brillants de larmes.

— Merci, merci infiniment !

— Surtout, ne parlez de ça à personne d’autre. Nous n’emmènerons pas une personne de plus, seulement vous et votre fille.

— Vous avez ma parole !

— Alors ? lança gaiement Kylian en les voyant revenir. On se la fait, cette évasion ?

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Flammy
Posté le 11/02/2023
Coucou !

La situation me fait vraiment de la peine pour Hayalee :'( Bon, ok, c'était un plan de merde, hein, et vouloir libérer tout le monde, c'est aussi pas l'idée du siècle quoi, mais en même temps, j'ai envie de dire, c'est grave la faute de l'Alliance d'envoyer une enfant comme ça sans adulte pour gérer et apprendre, genre yaurait eu monsieur Freeze, je pense pas qu'elle aurait fait autant de connerie. Là, on laisse des gamins à eux mêmes, ya pas de vraie figure d'autorité, normale que ça parte en cacahuètes. Oui, mes excuses sont nulles, mais voilà, je comprends le point de vue de tout le monde donc faut bien que je trouve des excuses !

Bon, par contre, Kyllian pue à des kilomètres à la ronde ='D Soit c'est un Descendant qui a le pouvoir de modifier son apparence, un truc du genre, soit c'est un espion planqué là pour appâter les gens de l'Alliance et tenter de partir avec eux et apprendre un max de trucs. Genre, ya rien qui va dans son comportement ='D Je me demande ce que ça va donner tout ça, mais pas de très bons trucs a priori ^^" Dans le pire des cas, suffit de le griller hein.

Bon, le coup d'enfermer les familles de Descendants, c'est tellement logique, mais tellement pas ouf x) Après, je suis surprise que l'Alliance soit pas déjà au courant de ce genre de trucs, ils doivent remarqué que les familles disparaissent, non ? En tout cas, la situation est particulièrement hardcore pout Hayalee, qui se doute que sa famille a de très grande chance d'être enfermée elle-aussi ^^' Et ya que Saru pour tilter, mais bon, vu qu'ils sont un peu en froid et que c'est pas trop le moment, c'est compliqué ^^' Pour lesmineurs, ils les emmènent dans des endroits où ils enferment potentiellement des Descendants ? Au cas où leur pouvoirs apparaissent ?

Bon, ce plan est pas mauvais mais va certainement encore foirer, donc je me demande ce que ça va donner ='D On verra bien ^^
Neila
Posté le 12/02/2023
Hello,

Monsieur Freeze. xD
Moi je trouve pas tes excuses nulles du tout, au contraire ça me fait plaisir que tu ne juges pas les actions d’Hayalee en perdant de vue son âge et son background. La faute revient entièrement à l’Alliance (et à Iltaïr) on est d’accord. Après, ça fait partie des problématiques qu’explore l’histoire : à quel point on peut sacrifier la moralité, faire des choses sales, pour une juste cause ?
Mais, pour défendre un peu Iltaïr, c’était censé être une simple mission d’observation, de récolte d’information. Il les aurait jamais envoyé se battre ou prendre d’assaut le donjon. xD Mais bon, il sait bien que les envoyer à l’extérieur, c’est déjà les mettre en danger et que même une simple mission d’observation peu vite partir en cacahuète, donc il est pas irréprochable non plus.

Faut pas lui en vouloir, à Kylian, ça fait longtemps qu’il s’est pas lavé. :p
Mais ! Que de suspicions. C’est Hayalee qui va le griller ? xD

Pas ouf dans le sens « ils sont vraiment vilains ces politiciens ! » ou dans le sens « c’est un ressort scénaristique de m*rde » ? Ce sera sous-entendu plus tard mais si, l’Alliance avait bien remarqué que les familles des Descendants démasqués à Psamias se faisaient arrêter. Seulement, ils pensaient qu’ils étaient envoyés dans les camps de réprouvés, avec les « criminels » « normaux » (trop de guillemets, mdr). Donc la surprise (pour l’Alliance), c’est pas tant que le gouvernement arrête les familles, mais c’est de les trouver là. Par contre, ça me paraît normal que Lisandra et Hayalee le découvrent puisqu’elles débarquent tout juste. Saru, c’est possible qu’Iltaïr lui en ait parlé, ou c’est possible qu’il lui en ait pas parlé. Yasuo, par contre, c’est sûr qu’il le savait. Je pense que je vais le faire intervenir dans ce chapitre pour qu’il explique tout ça. è.é

Oh, Lisandra a aussi compris pour la famille d’Hayalee. La triste vérité c’est qu’elle s’en fout (la compassion, ça lui vient pas facilement…).
Faudra attendre un peu pour voir ce qu’il en est du côté des mineurs.

Je vois pas pourquoi ça foirerait. Ça foire jamais.
<3
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