Gold nous a rejoint peu après, suivi des filles. Tout le monde semblait intact physiquement, même si je sentais leur inquiétude.
À mon résumé se sont ajoutés d’autres éléments : Tamiko qui, mort de peur de se faire remarquer par le leader du gang adverse, avait prétexté une soudaine hausse de libido pour entraîner son client dans une alcôve. Hope qui, sans avoir jamais aperçu le visage de Dolcett, avait ressenti le pire des pressentiments en le voyant avec moi. Hakeem qui avait voulu s’élancer mais qui avait été retenu par une lame sous son menton - Dolcett n’avait pas menti quand il avait parlé de contacts.
Mon frère est resté plusieurs jours à l’hôpital, avant de sortir et revenir au QG comme si de rien n’était, en convalescence mais présent. L’hôpital ne nous ont rien demandé, Face avait dû faire usage de l’une des cartes dans ses manches.
En attendant qu’il se remette, la Meute s’agitait, et moi avec.
Ils avaient tenté de me tuer, s’étaient pris à la plus jeune de nos membres et maintenant mon frère. La rage me consumait, remplaçait mon sommeil par des idées meurtrières. Alors quand Face a réuni ses membres les plus anciens pour discuter de la suite des opérations, j’étais prête.
Je leur ai dit qu’il ne fallait pas frapper Dolcett, mais ceux autour de lui. Qu’il devait forcément avoir des gens à qui il tenait, qui vivaient en dehors des histoire du Nœud. Et je pense que la Meute était fatiguée, car tout le monde a approuvé. Le reste de la soirée a été consacré à faire l’inventaire de nos ressources, élaborer une marche à suivre. Il allait nous falloir des semaines ainsi que l’aide de Tamiko pour espionner les fréquentations de Dolcett, mais l’entreprise ne nous paraissait pas impossible.
Lors de ma confrontation avec le boss du Noeud, j’avais compris qu’il nous méprisait. J’espérais que cette arrogance le pousserait à nous sous-estimer.
Des semaines étranges ont passé, où la guerre a semblé s’apaiser un peu. Nos efforts étaient concentrés sur Dolcett et ses fréquentations. Tamiko n’est plus rentré au QG, concentré sur les informations qu’il pouvait glaner du côté du Nœud. Quant à nos affrontements, ils se sont faits moins violents, à échelle plus réduite. De petites rixes, des blessés mais plus d’incendie ou de fusillade.
On était avant le pire, dans une entre-deux que j’aurais dû savourer davantage si j’avais su ce qui nous attendait après.
Un mois après avoir la réunion, nous nous sommes revus pour faire le point. Le résultat était décevant : Dolcett ne s’entourait que de membres du Nœud et ne semblait avoir aucune vie diurne. Si nous avons identifié quelques lieutenants auxquels il semblait accorder sa confiance, Face n’était pas sûr que s’attaquer à eux aurait assez d’impact. Il fallait frapper plus fort, faire plus moche encore. Si Dolcett ne ressentait pas au moins l’angoisse qui m’avait prise quand j’avais vu Hakeem en sang, cela ne vaudrait pas la peine.
C’est au moment où l’on hésitait à abandonner que quelque chose s’est produit, sous la forme d’un papier retrouvé dans la boîte aux lettres de nos parents.
Rain,
Retrouve-moi au Flicker vendredi soir à 23h.