8. Abeln et la divergence

J’ouvre les yeux et je vois le ciel. De toute évidence, je ne suis pas dans mon dortoir. Je panique. J’ai touché le sol de Domélyl, chose absolument interdite pour tous les Anges ! Je me redresse brusquement et je tourne la tête dans tous les sens pour tenter de comprendre où je suis. Du bois. Le décor peut se résumer par ce mot. Je soulève aussi mes molécules engourdies pour qu’elles m’aident à sonder les lieux. Notre magie est très importante pour notre sens du toucher. Nous ressentons tout ce qui entre en contact avec nos molécules. Mais là, c’est étrange, certaines ne répondent pas, elles restent inertes sur le sol. Je les prends dans mes mains et découvre un peu tard que ce ne sont pas les miennes. Un vieil homme gémit douloureusement. Mince ! Je repose immédiatement les petites molécules. Ce que je viens de faire est une grave erreur, car il ne faut jamais toucher les molécules d’une personne endormie, cela peut la rendre folle. Je me rapproche du vieil homme pour voir si je ne l’ai pas trop brusqué. Je détaille le visage endormi. Je le connais, c’est Terels. Un combattant haut gradé. Qu’est-ce qu’il fait ici ? C’est pour me chercher moi, qu’il est venu ? Je pose la main sur son épaule et je tente de le réveiller, mais il n’a aucune réaction. J’espère vraiment que je ne lui ai pas fait trop mal...

Je me tourne pour examiner plus précisément les lieux. Ce que je vois, je ne l’avais jamais vu auparavant. Devant moi, se trouve un homme minuscule, recroquevillé contre un mur. On m’avait dit que les humains étaient plus petits que nous, mais à ce point ! Je suis sûr que, debout, il ne dépasse même pas mes épaules ! En revanche, je prends au moins cinq minutes à admirer ses cheveux tout clairs et tout bouclés. On dirait des plantes. Des plantes qu’on arrive pas à faire pousser droit. C’est la première fois que je vois un humain de si près et je suis vraiment fasciné. Je me demande quel est son grade. Je m’approche de lui.

- Ne m’approche pas.

Je ne m’approche plus de lui. Attendez, mais pourquoi je lui obéis, moi ? Je m’approche de lui.

 

Qu’est-ce qu’il attend pour se réveiller, Terels ?

Il était si fatigué que ça ?

Il va mourir de fatigue, un jour...

Le gamin est de plus en plus proche. Il a intéret à ne pas attaquer May'ké, parce que dans ce cas-là, c'est hors de question que le Perce-Magie le protège. L'Enfant au Bâton d'Encre peut bien comprendre que l'on ait pas envie de se faire tuer par un Ange sans même essayer de sauver sa peau !

Le gamin s’arrête de nouveau. Ses longs cheveux noirs se sont emmêlés dans les pièces du petit bricoleur. C’est drôle, hi hi hi.

Ça offre une petite pause à May'ké, mais bon, il ne saura absolument pas quoi lui dire, après. Parler, c’est pas trop son truc.

Surtout qu’il est très mal placé pour commencer les présentations.

«Salut, je viens de tuer tous tes amis, mais bon, mes deux petits employeurs m’ont ordonné de te protéger, alors voilà, c’est pour ça que t’es toujours en vie...»

De toute façon, son accent est incompréhensible, May’ké le sait bien, aucun Ange ne le comprend jamais du premier coup. Autant ne pas parler.

Le gamin a enfin terminé de s’emmêler les doigts dans sa chevelure de trois mètres.

- Sire, quel est votre grade ?

Un grade !? Ce gamin croit vraiment que les humains ont les mêmes règles que les Anges !?

 

Le petit homme blond ne me répond pas. Il ne lève même pas la tête. Ça, c’est parce qu’il ne sait pas qu’il parle à un membre de l’élite des Anges !

- Sire, je suis élève de la première section apprentie et je vous ai posé une question !

- Ta gueule.

Je lui adresse un grand sourire. Vous me trouvez peut-être un peu bizarre, mais j’adore les défis. Et surtout, j’adore les gens qui me cherchent. Je prend un air faussement solennel et je reprend, les mains dans le dos.

- Je répète ce que j’ai dit précédemment. Je fais partie de la première section apprentie et je pourrais très bien vous valoir un très mauvais jugement à l’Assemblée !

- Bah vas-y, petit, dénonce moi !

Hmm. Je n’ai rien compris de ce qu’il a dit. Il a vraiment parlé super vite.

- Répétez ce que vous avez dit, mais plus lentement. Ou sinon, cela aggravera votre jugement.

- Attends, mais t’es vraiment trop con ou tu fais semblant !? dit l’homme en parlant cette fois-ci à la vitesse d’une tortue engluée.

Là, j’ai compris ce qu'il a dit. Je m’étais toujours promis de ne pas faire la même tête indignée que Mestre Jeidel, malheureusement, je crois bien que c’est celle que j’ai faite à cet instant-là. Comment ce misérable humain ose-t-il me parler de la sorte ? Je rassemble mes molécules, prêtes à fondre sur mon ennemi. Cet homme le regrettera. En trois mouvements, le maigrelet a dirigé une sorte de grosse machine difforme vers moi. C’est très artistique, mais je ne vois pas en quoi c’est censé me menacer.

- Non !

 

Ah, quand même !

Terels arrive enfin à la rescousse, c’était le moment !

Le vieux magicien transpire à grosses gouttes.

Il sait que May’ké n’hésiterait pas une seconde à tuer ce jeune inconscient -et à cet instant-là, il a raison, hé hé hé-.

- Sire, cet homme m’a insulté ! se plaint le petit Ange débile.

- Silence ! gronde Terels.

- Je… Est-ce un examen surprise ? s’exclame le petit Ange interloqué.

- Silence, j’ai dit !

Il est pas content, le Pirluchon.

Le Perce-Magie et mort de rire -intérieurement, bien sûr-.

Le vieil Ange marque une pause et se tourne vers lui.

- Baissez votre arme, s’il vous plaît.

- Je t’emmerde, il allait me tuer.

- Il ne le fera pas. Et dans le pire des cas, je l’en empêcherai.

- Quoi !? s’exclame à nouveau le jeune homme.

- Ta gueule ! explose Terels.

"Exploser" est vraiment le mot, car ses molécules ne tiennent plus en place, tellement le vieux magicien est nerveux.

Trop drôle.

May'ké baisse son arme.

Il a de la peine à chasser son fou rire. Heureusement qu’il a des rideaux de cheveux, c'est très utile pour cacher son visage.

Terels va devoir assumer les conséquences de ses actes et accepter ce petit jeune homme aussi immature qu'ignorant.

Bonne chance Terels, hé hé hé.

- Suis-moi, mon garçon, lance le vieux magicien d'une voix bien plus douce.

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Nightbringer
Posté le 24/08/2024
Coucou !^^
Je poursuis ton histoire avec beaucoup de plaisir :))

CHAPITRE 7

“Ah, May’ké est rassuré ! Ils ont autre chose derrière la tête... Petits comploteurs…”
→ je suis rassurée héhé

“Quoi !? Protéger un Ange !?
Sale gamine. Sale gamin. y a que des gamins, ici !”
→ Hihihi j'adore, le narrateur de May'ké est vraiment génial !^^

CHAPITRE 8

“Je m’approche de lui.
- Ne m’approche pas.
Je ne m’approche plus de lui. Attendez, mais pourquoi je lui obéis, moi ? Je m’approche de lui.”
→ Haha j'aime trop, c'est très très drôle

“Le gamin s’arrête de nouveau. Ses longs cheveux noirs se sont emmêlés dans ses pièces. C’est drôle, hi hi hi.”
→ “ses pièces” >> ici, grammaticalement, ce seraient les pièces d'Abeln... Donc il faudrait trouver une autre formulation pour dire “les pièces de May'ké”.

“- Ta gueule.”
→ Héhéhé, bien dit ! >:)

“"Exploser" est vraiment le mot, car ses molécules ne tiennent plus en place, tellement le vieux magicien est nerveux.
Trop drôle.”
→ Hihihi, vraiment, le narrateur est un génie. May'ké aussi. Enfin, c'est assez étrange de dire ça...^^'

À bientôt !
-Henemiole-
Posté le 26/08/2024
Hello !

Hi hi hi, merci pour ton commentaire, je suis content que le petit côté humoristique du texte te plaise !^^

A bientôt ! :)
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