8 : La bibliothèque

Lorsque Judy ouvrit la porte, elle trouva Gabriella au même endroit que lorsqu’elle était partie : assise sur son lit, le regard dans le vide.

— Tu es toujours là ? s’exclama Judy.

C’était sorti tout seul. Elle ne lui avait jamais parlé et leur premier échange ressemblait déjà à une conversation entre deux vieilles amies. Enfin, la question y ressemblait. Gabriella releva la tête et ses cheveux coupés courts et bouclés tombèrent devant ses yeux. Elle ne dit rien pendant un moment qui sembla durer un siècle. Judy se sentit extraordinairement stupide.

— Oublie. C’est moi. Je suis en avance. Et je suis fatiguée.

Oui, voilà.

Elle fit un geste vers son propre lit.

— Je vais aller me laver les dents et me coucher.

Oui, voilà.

C’était la pire réplique du monde. Vivre en ermite les quinze dernières années de sa vie, sa vie entière autrement dit, avait laissé des énormes lacunes au sein de ses compétences sociales.

— Désolée, chuchota-t-elle, plus pour elle-même que pour Gabriella.

Heureusement que Kateline n’était pas là. Pas encore…

Elle s’enferma dans la salle de bain et lâcha un profond soupir. Elle avait rêvé de ça toute son enfance, elle n’était plus si sûre d’elle. La réalité était toujours illusoire. Où était son père ? Il lui manquait terriblement. Elle avait envie de pleurer. Et elle pleurait. Elle avait un trou à la place du cœur.

Son papa.

Il n’était plus là. Elle voulait qu’il soit encore là.

Elle voulait le retrouver.

En fait, son rêve ne valait rien sans son papa. Elle s’en fichait d’Otaïla, de cette connexion stupide. Elle l’échangerait volontiers contre une famille, une maison et une vie paisible, quelque part, perdue entre la montagne et la mer, entre la neige et le sable, tous les soirs des couchers de soleil, des éclats de rire…

Demain, demain, elle ne perdrait plus son temps à cacher son incartade avec les Lombrics. N’en déplaise à Mémé, qui l’avait lâchement abandonnée. Elle détestait Mémé. Elle savait tout, Mémé. Et elle avait attendu que son père disparaisse pour disparaître à son tour. Pour s’excuser, elle lui avait laisser des cendres entre les mains.

Demain, Judy irait à la bibliothèque. Le monocle d’Aulone, première opportunité d’en savoir davantage. Avec un peu de chance, Pierre en savait beaucoup plus qu’il n’en avait l’air. Il était un peu comme elle : cassé, sans famille, abandonné à l’adversité et l’adversité n’était jamais douce.

Elle se retourna dans son lit et éteignit sa lampe de chevet. Penser, penser, et toujours penser à ce qui est inutile. C’était ça, le prix de la tranquillité. Couler dans la futilité.

Judy ferma les yeux. Cela n’avait aucune importance. Les autres n’avaient plus d’importance. Ces inconnus aux regards destructeurs. Parce que demain, elle se rapprocherait de la vérité.

Elle allait ramener papa à la maison. Elle serra son poing. Ce n’était pas une affirmation, c’était sa promesse.

 

Judy se leva avant que le matin ne passe au travers les rideaux du dortoir. Elle était debout au milieu des ombres et des formes qui se dessinaient dans la pâleur du jour, prête à s’éclipser, la veste boutonnée jusqu’au menton. Seule la respiration régulière de Gabriella brisait le silence.

Elle regarda la jeune fille qui dormait. Elle se sentait minable. Hier. C’était ridicule. Ce n’était que des mots. Ce n’était pas important. Elle se prenait la tête pour rien.

Kateline n’était pas là. Ou plus là. Elle ne l’avait pas entendu rentrer, elle ne l’avait pas entendu sortir, mais elle avait dû passer, vue l’état froissés des draps de son lit. Tant mieux.

 

Le froid la saisit aux portes du hall du Cône des Esprits. Il n’était que huit heures du matin mais déjà une foule surprenante se massait dans le réfectoire, au milieu de la cour de l’île du lac. Deux gigantesques tableaux avaient été dressés sous une coupole qui protégeait les papiers qui y étaient épinglés des intempéries.

Piquée par la curiosité, Judy se faufila entre les élèves, sur la pointe des pieds pour tenter d’apercevoir un titre au-dessus des papiers virevoltants. Il n’y avait rien d’écrit. Mais les exclamations des élèves et les explications d’hier finirent par lui donner la certitude qu’il s’agissait de la répartition des quatuors.

Elle chercha son nom dans la liste, écrasée contre le panneau, prise en sandwich entre des filles qui cherchaient aussi leur nom, en riant.

 Judy Blyton : professeur : Eustache Travel. Camarades de quatuors : Kateline Aster et Gabriella Allocchio.

Elle cligna des yeux, serra les lèvres et s’écarta de la foule. Elle aurait dû s’en douter : même dortoir, même quatuor. Mais qu’est-ce qui justifiait ce professeur en particulier ? Sans savoir l’expliquer raisonnablement, quelque chose la dérangeait chez Eustache. Peut-être est-ce son ton bougon perpétuel ?

Elle avala son petit-déjeuner en vitesse et se précipita devant les pancartes qui indiquaient la bibliothèque. Il était loin d’être onze heures mais ses recherches ne pouvaient plus attendre. Elle courut dans les escaliers, durs et froids, jusqu’au troisième étage. La bibliothèque était coincée entre les salles de classe, les dortoirs et les bureaux des professeurs.

Judy poussa la lourde porte en bois et se retrouva nez à nez avec un mur encombré d’étagères empilées les unes sur les autres et parfois de travers. Surprise, elle s’arrêta dans son élan juste à temps pour ne pas foncer dans la bibliothèque. Il y avait deux chemins possibles à partir de là : à droite ou à gauche. Les deux passages étaient tout aussi obscurs, empoussiérés et mouchetés de feu-follets, comme des étoiles dans la nuit.

Judy s’engagea dans l’étroit couloir de gauche. Il la mena devant une grande alcôve sous laquelle était logée le bureau d’un bibliothécaire.

— Bonjour, dit-elle au monsieur qui y était assis.

Il lisait un vieil ouvrage (vue les pages jaunies), des lunettes rondes accrochées à ses oreilles, et les pieds sur la table.

— Bonjour, dit-il en la regardant passer.

Elle fit trois pas en avant comme si elle allait continuer son chemin, mais elle se rendit vite compte qu’elle ne savait pas où chercher ni comment Pierre la retrouverait dans ce labyrinthe.

Elle recula jusqu’au bureau.

— Dites, je cherche des livres sur l’Histoire de l’Océotanie. Vous savez où est-ce que je peux les trouver ?

— Quart Sud-Ouest, deuxième étages, étagères 46K.

— D’accord. Et… j’attends quelqu’un. Vous savez comment…

— Laissez-moi un mot, je l’afficherai sur le panneau des rendez-vous.

Le monsieur sourit et ses joues rebondies lui donnèrent un air enfantin. Il prit un feutre et un bout de papier.

— Je vous écoute.

— Heu, mettez ce que vous m’avez dit, c’est parfait. Euh, au nom de Judy Blyton. Merci.

Judy lui sourit, comme elle put, avant de s’éclipser. Elle suivit les petites pancartes au-dessus des rangées. Un escalier qui se nommait « Sud-Ouest » grimpait dans le noir, caché par une arche pleine de livres. Elle suivit la rampe crénelée du bout des doigts en s’enfonçant dans les hauteurs silencieuses. Elle louvoya entre les ouvrages empilés sur le sol et ceux qui pendaient des bibliothèques et se cogna dans un coin de table qui dépassait. Grimaça de douleur devant la lumière claire d’un feu follet qui faisait ondoyer le verre d’une lanterne.

Enfin, elle tira la chaise et la drapa de son gilet. Elle se tourna ensuite vers la bibliothèque. Soupira. Il y avait tellement de livres. Comment trouverait-elle ceux qui lui fallait ? Ceux qui lui diraient ce qu’elle cherchait sans savoir et qui lui diraient la vérité ?

Elle se souvint de la Conteuse, connue par tous les Océotaniens, pour ses récits historiques. Djampa Chegu. CHEGU. A, B, C… Judy se figea, la tête penchée pour lire la tranche.

L’Histoire véritable des Lombrics.

Elle tira dessus avec toute la force qu’elle possédait dans ses doigts. La couverture craqua en se décollant de ses voisines. Elle l’ouvrit avec empressement et ordonna d’un geste au feu follet d’entrer dans la lanterne.

— Alors, alors… Les Lombrics. Fondations. Idéologie. Crimes.

La table des matières était faramineuse. Les Lombrics sont nés de l’injustice. Certains possèdent le don, d’autre non et ne peuvent rien y faire. Alors ils cherchent un moyen de priver ceux qui le possèdent de leur don. Elle le savait déjà. Meurtres, prise d’otage, amputations, exorcisme… Ça aussi. Ou du moins, elle le devinait. Elle tourna la page avec dégoût. Non, ce qu’elle avait besoin de savoir se trouvait au creux d’un mot, au creux d’un simple objet : un monocle. Le monocle d’Aulone. Mais rien dans ce livre ne faisait mention ne serait-ce même des Esprits ou de la Lumière. Pourtant, quoi de plus logique que de s’en prendre à la source du problème : les Connexions. Et les Connexions se tissaient de l’être humain aux Esprits grâce à l’énergie de la Lumière, débloquée par les Clastfov durant la guerre. Le monocle devait utiliser cette forme d’énergie pour fonctionner, sinon cela n’aurait pas de sens. Comment observer la Connexion de quelqu’un, alors ? Mais pourquoi voulaient-ils savoir si elle était connectée ? Pourquoi voulaient-ils voir ses mains ? Pourquoi avaient-ils capturé son père ? Pourquoi donnaient-ils l’impression d’avoir, en vérité, voulu qu’une seule chose en cambriolant l’horlogerie : la retrouver ? Qu’avait-elle de spécial ? De différent ?

Judy ne pouvait s’empêcher de faire le lien avec leur déménagement imminent, la mine préoccupée de son père et l’interdiction qu’il lui avait posée de se connecter à un élément, ses réticences à ce qu’elle sorte seule et qu’elle côtoie des enfants de son âge, Mémé ou bien des inconnus. Son père savait. Et il avait tellement peur pour eux qu’il ne lui avait jamais rien dit.

Alors, non. Le monocle d’Aulone n’était pas ce qu’elle cherchait. Ce qu’elle voulait savoir, c’était pourquoi. Pourquoi elle ? Quel était le secret de Gaspard Blyton ? Le monocle devait révéler quelque chose sur la nature de la Lumière qu’elle portait en elle. Chaque esprit portait en lui une lumière, une âme, et sa couleur indiquait s’il était connecté à l’un des quatre Esprits élémentaires. Mais quelque chose se perdait dans l’équation.

Voilà ce qu’elle cherchait. La Lumière.

Judy se releva d’un bond et compulsa chaque ouvrage qu’elle délogeait de sa place et qui pouvait la mentionner.

Il était onze heures à présent. Les livres étaient tous unanimes : rien de vraiment nouveau, ils partageaient tous la même vérité, la même histoire, le même point de vue. Mais quelque chose devait clocher dans cette histoire ! Sinon, jamais on ne serait venue la chercher, la menaçant d’un couteau sous le cou. Quelque chose clochait dans son histoire, mais son histoire était cadenassée dans la mémoire de son père et son père n’était plus là.

Il était onze heures et Pierre non plus n’était pas là. La montre à son poignet claquait les secondes. Sa jambe tressautait de nervosité. Et si Juan faisait partie des Lombrics ? Et Pierre également ? Ils la cherchaient. Ils la retrouveraient. Une grande bouffée d’angoisse la prit à la gorge.

Une ombre aussi large que sa peur occulta la lumière qui tombait il y avait encore quelques instants sur les pages d’un livre sur les Lombrics. Elle fit pivoter sa chaise. Pierre se tenait là, entre deux étagères, accompagné de Nathanaël. Le plancher grinça quand Nathanaël se rapprocha. Judy ne les avait pas entendu monter.

— Salut, dit-elle, prise de court.

— Salut, dit Pierre.

Il s’assit, concentré sur l’ouvrage qui ouvert sur la table. Un silence s’étira que brisa sans ménagement Nathanaël :

— Je sais que vous ne voulez probablement pas de moi ici, mais j’ai décidé de venir quand même, parce que je sens que vous allez faire des bêtises avec les trucs pas nets que vous cachez, tous les deux.

Il prit la troisième et dernière chaise et s’assit avec son assurance habituelle et son grand sourire lumineux, plus lumineux d’ailleurs que la fenêtre grisâtre qui trouait le mur. Judy était contente qu’il soit là. Il contrebalançait l’humeur maussade de Pierre.

Elle ferma le livre sur les Lombrics d’un geste sec et se tourna résolument vers Pierre.

— Comment Juan a pu être en possession un monocle ? Je l’ai ai vu aux Galeries il y a moins d’une semaine, en possession des Lombrics.

Il était temps de mettre en danger ses secrets si elle voulait en savoir davantage.

— Pourquoi tu l’as ? Il est où, maintenant ?

Pierre tripotait le bord de la table, fuyant l’interaction frontale, ce qui semblait, en réalité, être une habitude chez lui.

— Et toi, comment tu… sais ? répliqua-t-il sur le même ton mordant.

— Le monocle d’Aulone est un mythe que tout le monde connaît.

Pierre pouffa. Nathanaël la fixa avec incompréhension.

— C’est quoi le monocle d’Aulone ? s’enquit Nathanaël.

Personne ne prit la peine de lui répondre.

Mémé. Elle lui avait fait croire un tas de sottises et l’existence de la légende du monocle comme une légende populaire en était une. Judy avala sa salive. Si elle retrouvait Mémé… Elle serra les poings.

— Eh bien, de là où je viens, si.

Pierre haussa un sourcil. Finalement, il commençait à prendre confiance.

— Je ne pense pas que ton père t’ait abandonnée.

Et s’il faisait vraiment partie des Lombrics ? Elle ne pouvait pas s’empêcher de voir en lui un adolescent inoffensif. Et c’était là sa faiblesse, l’inadvertance. Ils pouvaient s’en servir contre elle et pour la piéger d’une façon qu’elle ne saisissait pas encore. C’était leur avantage.

— Et toi, tu es vraiment orphelin ?

Judy retint son souffle. Il en savait plus qu’elle, mais elle devait lui faire croire qu’elle en savait autant que lui. Pourvu que sa réplique fasse mouche… Mais Pierre restait de marbre, toujours aussi nerveux, toujours aussi calme. Toujours aussi lui, même si elle venait à peine de le rencontrer.

— Je pense qu’on devrait être honnêtes, dit Pierre. Tu veux savoir des choses que je sais et je veux savoir des choses que tu sais.

— Oui, c’est ça, dit Judy. Commence, je t’en prie. Juan fait partie des Lombrics, dis-le. Et toi ?

Pierre avait les yeux rivés sur Nathanaël qui tirait vers lui le livre sur les Lombrics.

— Les Lombrics ont tué ma famille.

Nathanaël se figea, les pouces coincés entre les pages.

— Ça non plus, tu ne me l’avais pas dit, dit Nathanaël, ajoutant son reproche sur une longue liste imaginaire.

— À toi, dit Pierre à Judy avant qu’elle ne demande « Et pas toi ? Toi, ils t’ont laissé vivant ? ».

— Mon père ne m’a pas abandonnée, en effet. Notre horlogerie a été cambriolée par les Lombrics et mon père a disparu. Les Lombrics ont essayé de me tuer, ou presque. Si je ne leur avais pas échappée, j’aurais sans doute disparu, moi aussi.

— Par tous les Esprits, s’exclama Nathanaël. Comment tu leur as échappé ?

— Naty, le prévint Pierre.

— OK, OK, c’est bon, je ne suis qu’un simple spectateur inutile.

— Mais ce n’est pas très équitable, dit Judy. Tu en sais plus que moi, maintenant.

Il sortit de sa poche un petit paquet en soie délicat. La monture du monocle se dessinait sous le tissu.

— Il vaut mieux que le monocle ne soit pas aux mains de l’ennemi, vous ne pensez pas ?

— Alors Juan fait partie des Lombrics ?

— Non. Ce n’est qu’un garçon qui s’amuse à jouer au voyou. Je ne sais pas comment il a mis la main sur le monocle.

Nathanaël se racla la gorge.

— Il sert à quoi ce monocle ?

            — À voir les connexions, répondit Pierre.

— Pourquoi les Lombrics s’en sont pris à nous ? dit Judy, songeuse. À quoi ça sert de voir nos connexions, en particulier ?

Pierre baissa les épaules.

— Je ne sais pas. Le seul moyen de le savoir, c’est de le leur demander.

Il se leva soudain.

— Tu comprends ?

Ses yeux ambrés, planté dans les siens, pétillaient d’une lueur inquiétante. De cette même lueur qui couvait dans le cœur de Judy. Un sentiment destructeur qui vacillait entre la haine et la peur. La vengeance. Il voulait lui montrer qu’ils combattaient le même ennemi et que leur combat n’était pas très différent. Les Lombrics lui avait enlevé sa famille. Elle n’avait perdu que son père. Que ? Vraiment ? La mort de sa mère était un mystère qu’elle avait fini par banaliser, tout comme l’inexistence de ses grands-parents, de ses tantes ou de ses cousins. Et si les Lombrics lui avaient volé sa famille ? Cela expliquerait la peur perpétuelle qui habitait chacun des discours de son père.

Mais ce constat n’éveilla pas la colère qu’elle avait escompté. Elle n’en voulait pas aux Lombrics d’avoir tout détruit. Non, en cet instant, rien ne la brûlait plus que les mensonges de son père. En cet instant, c’était lui qu’elle haïssait le plus au monde.

Pierre rangea sa chaise sous le bureau.

— Je vais manger, dit-il en guise d’au revoir et disparu dans les escaliers sans autre fioriture de langage.

Judy le laissa s’en aller, malgré le bouillonnement intérieur qui la saisissait, par sa faute. Il s’en fichait. Enfin, c’était ce qu’il avait cherché. Il voulait faire d’elle une alliée. Ils étaient deux, maintenant, et cela venait d’être scellée dans cette bibliothèque. Même si tout n’était que silence, Judy en était persuadée. Ils étaient deux. Il ne pouvait pas s’en ficher.

— Bon, dit Nathanaël.

Le visage de Nathanaël ressurgit dans son champ de vision. Elle avait les yeux posés sur lui mais ses pensées étaient ailleurs.

Non, ils étaient trois.

— C’est un phénomène, ce mec, conclut-il. Et dire que je suis dans le même quatuor que lui… Je n’aurais pas dû venir, hein. Je suis con parfois. J’en ai marre de jouer la plante verte. Depuis le temps que je me promets de ne plus faire la plante verte ou de tenir la chandelle… À chaque fois, je reproduis les mêmes erreurs.

Tenir la chandelle ? Judy fronça les sourcils. C’était une provocation.

— Moi aussi, répondit Judy, avec un gros soupir. Je n’ai pas eu de chances avec mon quatuor.

Nathanaël laissa tomber sa mine déçue et se mit à sourire.

— C’est pas vrai. La fille du ministre de Creux ?

— Kateline. Et si...

Ils éclatèrent les deux de rire.

— Et c’est pas tout. Avec Eustache, aussi.

— Nous, avec Lunaé.

— On échange ?

— Ha, non ! Pour une fois que je suis bien loti !

Un temps passa. La fenêtre grise la fixait de son œil béant. Judy devait-elle répondre ?

— Et si on allait manger, nous aussi ? proposa-t-elle avant que l’embarras ne se déploie sur la table.

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