— Aouch !
Samantha regarda son coude ; il était rouge, de la peau blanche était partie, et de petites gouttes de sang s’accumulaient entre les plis. Elle s’assit sur le tatami, le séant douloureux, transpirant à grosses gouttes avec ses cheveux qui collaient à son front. Son corps était parsemé de rougeurs et de bleus, et sa bouche avait un goût de métal : elle s’était mordue la joue en retombant. A deux mètres d’elle, gisait sur le tapis son épée de bois ; en face, Edmond, debout avec son bâton, la regardait d’un air étonné.
— J’ai gagné ? demanda-t-il.
— Je suis nulle, soupira Samantha en faisait une moue de dépit. Elle toucha son coude et siffla entre ses dents. Ça faisait horriblement mal ces brûlures de tatami !
— Non tu n’es pas nulle, lui rétorqua Rose qui les observait dans l’encadrement de la porte.
Elle se rapprocha de Samantha, et lui tendit une main pour l’aider à se relever. Samantha la regarda avec de grands yeux tristes, mais Rose lui sourit, et la souleva avec une facilité déconcertante.
— Ton corps a été trop habitué à l’armure, continua Rose, et il a du mal à réagir sans. C’est pour cela que tes mouvements ne sont pas sûrs, que tu encaisses autant de coups. Il faut que tu réapprennes à te battre sans.
— Je suis débile quand même ! soupira-t-elle.
— Recommence ! lui ordonna Rose.
Samantha s’épousseta, se rapprocha de l’épée de bois qui trainait à terre, l’attrapa et refit quelques moulinets avec ; elle tourna en marchant autour d’Edmond qui l’attendait au milieu de la pièce. Celui-ci l’observait, son bâton en diagonale. Samantha l’attaqua vivement vers son oreille droite. Edmond para le coup, et Samantha enchaina avec une taillade vers les chevilles, qu’Edmond arrêtât net aussi. Samantha frappait avec vitesse en différents points, mais il arrivait à contrer chacun de ses coups.
Edmond avait grandement gagné en reflexes.
Samantha enchaina trois coups en une pirouette élégante et tourbillonnante, Edmond se baissa pour éviter le premier, contra le second avec l’extrémité de son bâton, et enfin accompagna le dernier en faisant plonger la pointe de l’épée de bois vers le sol, où elle se planta entre deux tatamis. Les deux adversaires se regardèrent étonnés, puis Edmond envoya une onde dans l’abdomen de Sam, la propulsant en arrière. Elle retomba sur ses fesses dans un bruit sourd.
— Aïeuh, se plaignit Samantha en se massant le bas des reins.
— Recommence, ordonna Rose sur un ton autoritaire.
Samantha s’exécuta ; elle se releva, ramassa pour la énième fois au sol son épée de bois ; elle était déterminée, et cela se voyait sur son visage. Edmond restait impassible, humble devant son adversaire qui lui était en temps normal bien supérieur.
Cette fois-ci, Samantha voulut changer d’approche ; au lieu de faire plusieurs coups rapides, elle misa sur sa puissance, sa force écrasant de loin celle d’Edmond. Cette stratégie commença par payer ; aux premiers coups, Edmond recula ; les estocs puissantes de Samantha étaient plus difficiles à parer, et le bâton d’Edmond se rapprochait dangereusement de son visage. Trop proche pour parer ou dévier les coups, l’obligeant à absorber les chocs avec le milieu de son arme. La taille du bâton de cuivre était dans ce cas un vilain défaut, ne lui laissant que peu de solutions, et des situations pas très confortables.
Samantha gagnait du terrain et cela regonfla son égo, représenté par un sourire malicieux ; commençant à l’acculer, à le bloquer dans un coin, Edmond s’y échappa de justesse. La concentration de Samantha était impressionnante ; ses yeux vermeils bouillonnaient, sa mâchoire se crispait sur ses dents ; les muscles de ses épaules étaient dangereusement contractés et ruisselaient de sueur.
Edmond esquivait aux derniers instants, cherchant un changement de tactique ; la fatigue commençait à pétrifier ses membres, et chaque nouveau coup de Samantha résonnait douloureusement le long de ses os. Il réussit en une roulade à s’éloigner assez de d’elle pour retrouver un peu de force. Elle ne lui en laissa pas le temps et chargea l’épée en l’air. Edmond dévissa son arme, et avec la partie droite, envoya une onde rapide vers les chevilles de Samantha qui s’en retrouva déséquilibrée. Son épée en l’air perdit de son élan, et Edmond put la dévier avec l’autre partie de son arme. Il esquiva la charge de Samantha en tournant sur lui-même, et se retrouva derrière elle. Sans se faire prier, il envoya deux ondes rapides dans son dos, et Samantha retomba a plat ventre sur le sol, poussant un gémissement de douleur.
Edmond remboita son arme, et la fit tournoyer autour de lui sans grande modestie. La posant sur son épaule, il observa satisfait son adversaire à terre qui mit un certain temps à se relever. Samantha se rassit enfin paresseusement, se massant un sein rendu douloureux par la chute au travers de son débardeur, provoquant un détournement du regard d’un Edmond tout rouge et gêné. Samantha observa une nouvelle fois son coude ; cette fois-ci, il saignait abondamment, maculant les tapis gris de liquide écarlate. Elle se mit en colère contre elle-même.
— Je suis vraiment falot !
Rose s’accroupit devant elle, lui sourit comme une mère sourit à son enfant pour le réconforter.
— Non ma petite Sam. Tu n’es plus habituée. Tu te débrouilles bien. Très bien même tu… tu fais sacrément peur. Et puis… Edmond à tout de même beaucoup progressé, ce n’est plus un adversaire débutant.
Elle lui fit un clin d’œil approbateur.
— Merci Rose, lui répondit Edmond qui reprenait son souffle et qui les avait rejoints. Et Sam, ne croit pas que ça a été facile pour moi, tu m’as donné du fil à retordre !
Samantha lui sourit mollement, mais ne semblait toujours pas réconfortée.
— J’ai l’impression que je n’y arriverais pas. Pas sans mon armure. Je devrais avoir le dessus. J’ai l’avantage physique. Tu m’en vois navrée Edmond, dit-elle à son encontre.
Il fit non de la tête.
— Tu n’as pas à l’être. Tu as raison, tu es bien plus puissante que moi.
Elle le remercia en lui souriant, puis reprit un air grave en se retournant vers Rose.
— Si je n’y arrive pas sans mon armure, quelqu’un d’autre la mérite indubitablement plus que moi.
Rose la regarda avec des yeux compatissants. Samantha avait encore une confiance à retrouver. Ce duel était pour elle l’allégorie de son encrage dans le monde.
Rose finit par tourner la tête de gauche à droite.
— Samantha, pour te prouver que tu vaux bien plus que tu ne le penses, on va faire un petit test. Mais avant, on fait une pause et on soigne tes blessures. Tu veux bien ?
Samantha fit oui de la tête, et tendit sa main. Encore une fois, Rose souleva son poids sans forcer. Ses bras n’étaient que muscles.
— Une pause va me faire du bien aussi ! dit Edmond qui avait reprit une couleur normal, mais qui suintait en plusieurs zones sur son t-shirt. Il renifla l’air autour de lui.
— Ça ne sent pas le gaz ? demanda-t-il à Rose.
— C’est normal, répondit-elle, il y a des conduits sous le bâtiment, et quand les beaux jours reviennent, ça arrivent souvent que ça sente, lui répondit-elle par-dessus l’épaule, en observant les bobos de Samantha.
Quand elle lui appliqua du désinfectant, Samantha retira son bras par reflexe. Ils burent ensuite de grandes quantités d’eaux et s’épongèrent le surplus de transpiration. Ils firent ensuite quelques étirements bien venus sur des muscles endoloris.
— Vous voulez bien vous mettre dos à dos tous les deux ? demanda Rose quand ils furent tous les deux debout.
Ils s’exécutèrent. Rose les observa, comparant leurs morphologies distinctes, mesurant des yeux leurs tailles.
— Mmm ça devrait le faire, dit-elle avec un doigt collé sur sa lèvre inférieure. Continuez les étirements, je reviens dans cinq minutes.
Ils firent oui de la tête. Rose sortit avec entrain de la pièce.
Samantha continua religieusement l’allongement de ses muscles, lançant cette fois-ci un grand écart limpide et gracieux sous les yeux médusés d’Edmond.
— Tu… comment fais-tu ?
Il prit un peu d’espace autour, et le tenta lui-même en prenant un peu d’élan ; mais il se fit mal et tomba ridiculement au sol. Samantha gloussa.
— Bon bah non seulement tu es plus forte, mais tu es aussi bien plus souple !
Elle continuait de rigoler, le dos de la main contre la bouche.
— Je pense que j’ai eu un peu de chance de te battre, continua Edmond à son encontre.
Elle retira sa main pour lui lancer un sourire sincère. Elle savait qu’il faisait ça pour être gentil. Le geste l’était. Il reprit des étirements plus simple tandis qu’elle restait à s’assouplir dans cette position, allongeant le bout des jambes comme une danseuse étoile.
— Lucie m’a dit de te demander si son livre « les ailes noires » te plait au fait ? demanda Edmond en touchant ses orteils au grès de mains efforts.
Samantha se releva en souplesse, aussi fluide que l’eau, et étira ses épaules. Elle resserra sa queue de cheval ; même relevés en hauteur, ses cheveux retombaient jusqu’au milieu du dos.
— Oui, le livre est vraiment plaisant, répondit-elle enfin. Et elle a raison ; je me retrouve dans Lymphéa.
Elle avait encore ce regard neutre, un regard qu’elle faisait quand elle essayait de cacher ses émotions.
— Mais ? demanda Edmond.
Samantha hocha la tête de gauche à droite.
— Mais je lis trop vite. Je suis obligée de faire des pauses. Sinon, en un après midi, le livre serait fini. Alors entre temps, je hère dans ce bâtiment austère.
Elle baissa les épaules, et soupira le menton en l’air, tout en déployant sa gorge.
— Edmond, avoua-t-elle en rabaissant sa tête, je m’ennuie je crois.
Il se releva, le visage plein de compassion, approchant une main de son épaule mais se ravisant juste avant de la toucher.
— Lucie t’as aidé. A mon tour.
Edmond parcouru la pièce pour rejoindre son sac posé à l’autre bout contre une armoire, et y chercha quelque chose, sous l’œil curieux de Samantha qui se mit sur la pointe des pieds pour tenter de percevoir quoi. Edmond rapporta un objet un peu plus grand que la main, emballé précautionneusement dans du papier bulle. Il regarda l’objet emballé avec déférence, comme un trésor inestimable, avant de le tendre à Samantha.
— Tiens, je t’ai ramené ça.
Elle remarqua à son hésitation la valeur que l’objet avait à ses yeux, et le déballa avec délicatesse. L’objet était noir, rectangulaire, comportait cinq boutons dont deux ronds et un en forme de croix. Elle le retourna pour y voir une sorte de cartouche bleue insérée dedans.
— Qu’est ce… qu’est ce que c’est ?
— Ça, dit-il avec une once de fierté dans la voix, c’est ma GameBoy. Enfin « mon », mais j’ai toujours dit « ma ». Enfin peu importe. C’est une console électronique, et avec, je t’ai prêté un des meilleurs jeux de tout les temps : Pokémon bleu.
Samantha sourit.
— Un jeu ?
— Oui, regarde.
Edmond alluma la console portable, et lui montra les fonctionnalités.
— Le but du jeu c’est de capturer des bêtes, les Pokémons, et de monter une équipe pour en affronter d’autres. C’est addictif, je l’ai toujours ressortit dans les moments où ça n’allait pas. Et aujourd’hui, je te le prête. Et crois moi, il te faudra plus qu’un après midi pour le finir.
Sam regarda avec passion la petite cinématique d’introduction, toute pixélisée qu’elle était, et lançait des sourires et des gloussements quand différents Pokémon rondouillards défilaient à côté du dresseur. L’œil brillant de gratitude, elle remercia chaleureusement Edmond.
« CLONG »
— Qu’est ce que c’était que ça ? sursauta Edmond.
Le bruit fut suivit du son caractéristique de la ferraille que l’on traine par terre.
— Que se passe-t-il ? demanda à son tour Samantha.
Rose arriva alors dans l’armurerie avec l’armure de Samantha qu’elle avait trainée péniblement dans un linge jusque là. Edmond se releva brusquement.
— Mais… mais ! Tu avais dis que Sam devait apprendre à combattre sans son armure ! s’offusqua-t-il.
— Et je maintiens ce que j’ai dit, dis Rose en calant l’armure contre un mur avec difficulté. Edmond, c’est toi qui va enfiler l’armure, dit-elle en le pointant du doigt. Avec ton autorisation Samantha bien sûr.
Samantha regarda Rose, songeuse, puis l’armure, puis Edmond qui écarquillait les yeux. Elle approuva d’un signe de tête.
— Oh ! Merci Samantha c’est… c’est un honneur, répondit ce dernier. J’ai toujours rêvé de l’essayer mais… Je n’osais pas… Elle va m’aller ? C’est une armure de fille alors…
— Oh Edmond… soupira Rose. Les armures sont unisexes. Elles vont aux garçons comme aux filles ! Ton corps flottera un peu dedans, c’est tout. Tu fais pratiquement la même taille de Samantha.
Samantha ne put s’empêcher d’étouffer un rire.
— Allez, en selle, on sera bien assez de deux pour te l’enfiler.
Lentement, les filles disposèrent une à une chaque partie de la cuirasse sur Edmond. Elle était en effet un peu lâche pour lui, mais avec un jeu de courroie en cuir, elles purent l’ajuster sur sa morphologie maigre et la faire tenir. Quand il ne manqua plus que le casque, il se leva, soupesant une première fois l’ensemble.
— Pouah ! C’est lourd ! protesta-t-il en levant une à une les jambières et en faisait un pas en avant.
— Oui, elle l’est lui confirma Samantha. Mais moins qu’une armure classique. Et quand tu enfileras le casque, le poids s’allégera drastiquement.
— C’est…chaud aussi. Je m’attendais à ce que le métal soit glacé sur ma peau mais non, il fait tiède là dedans. C’est vraiment une sensation… bizarre.
Samantha confirma.
— Il faut s’y habituer. Mais on ne ressent ni le froid, ni la faim, ni la soif.
— Ni l’envie de faire ses besoins ?
Samantha rigola en réajustant une lanière de cuir au niveau des épaules.
— Ni l’envie de faire ses besoins.
Rose qui ne pipait pas mot observait scolairement les effets de l’armure sur Edmond. Ce joyau de technicité cachait encore bien des mystères derrière ses reflets dorés et arc en ciel. L’intérieur gardait une teinte argent, comme elle l’était de base.
Edmond leva péniblement un bras, puis l’autre, soufflant comme un bœuf à chaque mouvement.
— Mais comment ?
— Attends, lui indiqua Samantha.
Elle s’empara du heaume anguleux, dont la visière formait un court T. En l’observant ainsi, on voyait complètement au travers. Elle installa le casque sur la tête d’Edmond, il y eut un « clic » satisfaisant, une lumière blanche, et soudain, on ne vit plus les yeux d’Edmond au travers de la visière.
— Oh ! C’est… c’est marrant ça.
— Quoi donc ? s’enquit Rose.
— La… la vue c’est comme… je te vois parfaitement, je te vois mieux même mais j’ai l’impression d’être… dans un tunnel.
Rose nota mentalement cette information dans un coin de sa tête.
— Déplace-toi maintenant.
Edmond bougea précautionneusement une jambe. Il la déplaçait encore avec lourdeur.
— C’est un peu mieux mais… c’est toujours super lourd, se plaignit-il.
Samantha le regarda circonspecte, l’index sur la bouche, l’arcade froncée.
— Je ne comprends pas, normalement ça devient aussi léger qu’une armure de cuir.
— Et c’est… sensé être léger une armure de cuir ?
— Oui, lui répondit Rose. C’est très léger.
Comment Rose savait-elle le poids du cuir ? Une image étrange lui parcourut l’esprit, qu’il se dépêcha de chasser.
— Marche pour voir, lui demanda Rose, toujours dans l’observation.
Edmond fit un pas, puis deux, et s’écroula au sol, incapable de se relever. Samantha ne put s’empêcher d’à nouveau pouffer de rire. Rose se retourna vers elle, le regard sérieux.
— Le test est concluant. Tu comprends ce que j’ai voulu te prouver ?
— Que je peux mouvoir l’armure juste par ma force physique.
Rose fit non de la tête.
— Non Samantha. Oui ta force est un véritable atout. Mais je t’ai vu te mouvoir avec l’armure contre la bête, avec une agilité, une vitesse et une force qui dépassent l’entendement. Même si Edmond est plus faible, il devrait être capable de se mouvoir lui aussi. L’armure devrait lui fournir la force. Au contraire…
Elle pointa du doigt Edmond toujours à terre, incapable de bouger d’un petit doigt.
— Je t’entends je te signale.
Les yeux de Samantha pétillèrent.
— Tu voudrais dire que… l’armure n’obéit qu’à moi ?
— Je ne le verrais pas comme ça. Je dirais que tu as en toi les capacités de pouvoir la manier. Je ne pense pas que tu ais été choisie au hasard. Elle a du être fabriquée sur mesure pour toi.
Samantha y réfléchit. Elle n’avait aucun souvenir de cela bien entendu, mais c’était plausible.
— Donc moi seule peut l’utiliser correctement.
— Je pense. Il est possible que moi aussi je le puisse, pour des raisons qui m’appartiennent. J’ai une théorie la dessus. Encore faudrait-il pouvoir le vérifier. Ma tête ne dépasserait même pas du torse, je suis bien trop petite.
Samantha acquiesçât.
— Il faut tout de même que je m’entraine sans, comprit-elle.
— Oui, je pense que tu utiliserais encore mieux ses capacités.
Edmond tentait toujours de gigoter par terre.
— Bon, vous avez fini votre discours ? Non parce que je suis toujours coincé au cas où vous ne l’auriez par remarqué. Et je commence vraiment à avoir chaud là dedans.
Elles le relevèrent en combinant leurs forces, et le firent s’assoir sur un tabouret dont le bois geignit quand il se posa dessus. Il retira le heaume qui laissa échapper une fumée blanche. Les deux filles ouvrirent de grands yeux stupéfaits.
— Quel… quelque chose ne va pas ?
Rose inspectait dans la salle de bain la peau rougit d’Edmond. C’était comme si il avait prit un bain trop chaud et qu’il s’était ébouillanté.
— C’est grave ? s’inquiéta-t-il.
— Non je ne pense pas, répondit-elle en tâtant l’épiderme d’un regard inquisiteur. Tu as eu un petit coup de chaud. Comme un faible coup de soleil.
Elle ouvrit un tiroir du meuble sous le lavabo et en sortit un tube la crème hydratante qu’elle lui tendit. Il l’ouvrit et commença à étaler de la crème sur son visage ainsi que sur les autres parties exposées. Samantha observait, debout contre le mur, les bras croisés sur son buste. Rose tourna la tête vers elle tandis qu’Edmond réhydratait sa peau.
— C’est un effet auquel je ne m’attendais pas pour tout t’avouer.
Samantha haussa les épaules, préoccupée par l’état d’Edmond.
— Ne t’en fais pas pour lui, ça va aller. Tu comprends d’autant mieux que toi seule peut utiliser cette armure ? Son pouvoir peut s’avérer dangereux.
— Oui, soupira-t-elle. Je me demande juste pourquoi cela ne le fait pas à moi.
— Tu es spéciale Samantha. Mets-toi juste ça en tête.
Rose regarda sa montre à son poignet, et voyant l’heure bien avancée, se leva de son tabouret. Edmond à côté referma le tube de crème.
— Il est grand temps de se préparer les filles. Samantha, va à la douche, Sophie m’a fait te ramener une robe. Quand tu seras prête je t’emmène. Edmond on se retrouve au Gourmet à 20h. Soit à l’heure sinon Sophie te tueras et je ne pourrais rien faire pour sauver ta peau.
Edmond hocha la tête, et sortit de la pièce. Samantha se dirigea nonchalamment vers la robe, tâtant le tissu léger et fluide. C’était une robe à volant, blanche avec une multitude de fleurs bleues, ouverte en haut et évasive sur les épaules. Elle était d’une élégance rare, comme tous les vêtements que choisissait Sophie. Samantha en esquissa un sourire ; sa passion nouvelle pour les vêtements avait besoin d’être assouvie.
— Je te laisse prendre ta douche Samantha, si tu me cherches je serais dans la salle des archives.
Samantha hocha la tête, songeuse devant la robe. Rose était sur le point de sortir de la pièce quand elle la hala.
— Rose ?
— Oui Sam ?
— Quand tu me dis que je suis spéciale, j’ai l’impression que tu ne me dis pas tout.
Rose eut un sourire en coin. Samantha était maligne.
— En effet, Sam. J’ai une petite idée sur ton passif. Mais seulement, je ne veux pas te faire de faux espoirs dessus. J’ai un besoin de vérification des sources, ce qui ne devrait pas tarder. Mais ça, je vais vous en parler plus longuement au repas de ce soir. Je te dirais tout quand j’en saurais plus, je te demande juste d’être patiente.
Samantha baissa la tête avec révérence.
— Je te remercie beaucoup Rose. Pour tout ce que tu fais.
— Il n’y a pas de quoi.
Rose s’apprêta cette-fois ci à refermer la porte en sortant, quand Samantha l’interrompit une nouvelle fois.
— Juste une dernière question Rose.
— Je t’écoute, répondit la guerrière maternellement.
— Est-ce que… est ce que cela a un rapport avec mes yeux ?
Maligne.
— Oui Sam. Cela à en effet un rapport avec tes yeux.
Samantha baissa une nouvelle fois la tête, et en attrapant la robe, se dirigea vers la salle de bain, satisfaite.