JULES.
… scotch-paupières. Position inconfortable. Une chaise j’suis assise. Fourmillement dans les bras, les jambes. Des liens m’entortillent le buste au dossier et me chauffent la peau. Mes mains sont ficelées à l’arrière. Pâteux les yeux. J’peine à les ouvrir. J’y parviens quand même. Et quand j’le fais, flash ! j’suis toute éblouie. C’est que l’endroit où j’me trouve est terriblo blanc. Terriblo miroitant aussi ? Plafond ivoire, sol ivoire. Les murs : tout en miroirs. Ils en sont recouverts, même si ça l’est pas une surface plane et uniforme qui reflète, plutôt des miniots miroirs aux diverses formes qui, à s’imbriquer les uns dans les autres, brillent en escamoté. Ovale, hexagone déformé, triangle arrondi, forme zarbozarbe… Ensemble, l’y forment une grande mosaïque et le reflet c’est fichument bosselé. D’ailleurs au plafond, on en trouve d’autres d’ces miroirs qui pendent. Tournant sur eux-mêmes, ils cliquètent des reflets partout et ça vous bousille les yeux… V’là grosso modo : j’me retrouve dans une pièce-puzzle-réflecteur. Fichtre ! Et… et… et là quoi ? En fait, c’gros miroir devant moi, il fait pas partie du mur, c’est un qu’on a posé au sol exprès à mon intention !
Je m’y observe plus attentivement et j’hoquette de surprise. Fichtre la dégueulassure que j’suis quoi ! Assise sur ma chaise, j’ai mes cheveux d’cuivre qui fourgonnent sur mes joues, là où mes taches de rousseurs sautillent partout. Mon béret l’est où mon béret ? Je l’aurais pas perdu si ?? Tout mon nez toute ma mâchoire sont béton-écorchés à cause que j’suis tombée dans la ruelle. Mes yeux verts nerveusent drôlement. J’ai ma salopette toute râpée des trous çà et là, trop longtemps que j’l’ai pas nettoyée celle-là. Au total v’là quoi, j’étais terrible à voir et j’faisais férocement tache dans une pièce si propre si épurée. Mais le pire dans tout ça, c’était que ma minable allure c’était pas ça qui l’était le plus pathétique. Le vrai du vrai pathético, dans le fond, c’était ça : Jules prisonnière. Jules aux cordes qui l’enserrent. Jules immobile sous ces liens orangérouges qui flamboient et lui rappellent fourieusement le fouet de miss-tranchoir.
Quoi et si ces trucs c’sont des idéelles ? Fichtre ! Et pourquoi les cordelles d’feu s’voient que dans la glace, pourquoi dans l’réel à baisser la tête j’vois que dalle ? Le fouet j’ai pas eu besoin d’miroir pour le voir ! Argh ! Et j’avais beau m’agiter d’toutes mes forces, rien n’y faisait, j’restais emprisonnée. En fait, plus j’me débattais, plus le feu-tortille m’emmaillotait fort, s’enfonçant dans ma peau, la brûlant j’crois, j’en savais rien. L’énervement tremblait toujours plus noir dans mon ventre, non mais franch’ c’est quoi cette idéelle sérieux !? Une idée de chaînes de feu ? Est-ce que ça devrait pas être interdit c’genre de pensée pis d’torture ? Étouffer les gens dans des flammes comme ça ? Et j’allais crier de rogne, d’impuissance aussi, mais alors, une porte derrière le miroir s’est ouverte.
D’abord, c’est mister-mèchoblanchopapillon qui est entré, suivi de miss-hachoir. Il avait ôté son chapeau, avait rassemblé la partie haute de ses cheveux en un chignon négligé, relevant ses hautes pommettes et ses traits acérés. Plus de manteau, dessous il portait un col roulé brun un pantalon beige. C’était une ancienne élégance, assez classique et scolaire, qui faisait de lui un vieux-jeune, ou un jeune-vieux, j’savais pas trop. Soit un esprit de vieux schnoc dans un corps de jeune, soit un jeune qui a vieilli trop vite à cause des choses terribles dans la vie. Dur à dire. L’épouvant’ comme sa peau c’était pâle, un visage glacé, un air hautain oué, et tout ça c’était contrebalancé par un côté un peu désinvolte, narquois, si bien qu’à la fin j’aurais pas su dire s’il prenait les choses toujours très au sérieux, ou si au contraire il s’en moquait royal’ et qu’alors il s’en fichait total’ du monde, détaché de tout, surtout des gens. Sur son épaule, y’avait son papillon, ça m’déroutait, comment c’est possible un joli papillon sur un type aussi hivernal ? Tout grand et musclor, il en imposait et m’fichait le frisson.
Miss-tranchoir d’son côté, elle était toujours aussi taillée comme un hachoir. J’sais pas si j’y ai déjà vu quelqu’un avec un corps aussi osseux, droit, et un tel triangle pour sa binette, dans le sens : minus le front écrasante sa mâchoire. Comme type j’arrogance-vous-tous, elle avait un style classicoclassique : chemise blanche pantalon noir, des longs cheveux bruns, lisses, sans aucun défaut, qui tombaient raides autour d’son buste. Ses yeux étaient particulièrement petits, elle les avait maquillés d’un trait noir et ça les rendait plus petits encore donc j’dois dire c’était raté si elle voulait les rendre plus grands. En même temps, le trait était si parfait et bien structuré que j’pouvais pas dire qu’elle l’avait loupé. On va dire c’était un maquillage impeccable qui mochissait son visage déjà pas très élégant d’base. Et là voilà qui m’souriait avec des lèvres gigantales, très fière et satisfaite d’elle-même que j’sois tenue prisonnière là alors que j’avais d’abord réussi à leur échapper. Saleté d’vermine ! J’lui lance un regard mauvais, les idéelles attaches-flammes bougent alors, serpentent le long de mon ventre, rotissant mon corps plus encore. Lèvre mordue, j’retiens un gémissement d’douleur. Un ricanement lui échappe. Quoi ? Et si l’idéelle c’était elle qui la maîtrisait ? Elle s’appuie contre le mur-miroir, rassemble ses cheveux sur le côté, les lisse avec une étrange volupté.
— Alors petiote, me raille-t-elle, on a chaud ?
— Uranie, voyons ! Un peu de retenue avec notre invitée. Il ne faudrait pas qu’elle ressorte trop endommagée d’ici, n’est-il pas ?
Aussitôt miss-hachoir se redresse, le feu se fait moins véhément, tandis que celle qui vient de prendre la parole entre à son tour dans la salle. Vêtue d’une blouse blanche, elle s’approche.
C’était une dame raide aux cheveux bruns. Courts. Coupés à la garçonne. Un visage angulaire, massif comme un square, avec une forte mâchoire qui s’avançait vers l’avant, exactement comme miss-tranchoir, et un sourire d’une netteté sans pareil tout devant. Elle s’avançait et s’avançait, avec lenteur et rigidité dans une pièce qui était tout aussi austère qu’elle. Ouaip. À croire qu’il n’existe que des gens étriqués par ici. Tout était sifflant chez elle : ses jambes, ses hanches, ses épaules, sa face. Ça frisait l’épais et le sec, la façon dont elle se déplaçait, encore pire que miss-hachoir, avec des pieds qui impactaient fort le sol, blam blam, et un corps pourtant aride, une peau qui lui bouffait les os. Lunettes à lourdes montures. Carrelettes. Et c’était déroutant, vraiment, pask’ tout exprimait l’exactitude, chez elle, la droiture et la symétrie jusqu’à ses plus fins retranchements, comme si elle était un chiffre à elle-même, ou une équation reconnaissable par son évidence, x + y = y + x, et pourtant y’avait c’sourire retentissant qui donnait l’envie de s’fondre contre son buste, un sourire d’une mouvance et d’une ouverture comme jamais j’en avais vu auparavant. Clair qu’elle était repoussante, avec ses membres cassants et sa tête ramassée, mais son sourire nous la foutait bien. Son front suant à cause d’la chaleur, elle m’étudiait l’oeil curieux, avide presque. Elle avait si chaud dans sa blouse, et j’étais prête à lui sourire en retour. Comment faire autrement devant une expression pareille ?
Sèchement, elle s’arrête à droite du miroir placé en face de moi. Miss-hachoir accourt à ses côtés. Mister col-roulé resté à l’arrière, appuyé nonchalamment contre le mur, les deux femmes se retrouvent là, l’une près de l’autre. C’est alors que leur ressemblance se fait la plus frappante. Si ce n’est que blouse blanche a les ch’veux courts, miss-hachoir les ch’veux longs. L’une a la quarantaine, l’autre la quinzaine. Mais sinon… Même équation sur le corps, très sec et étroit, et même doucereux sur les lèvres, du genre : le double-jeu que tout un monde, sûrement, ne perçoit pas. Est-ce qu’on aurait pas la mère pis la fille ? Cette dernière souffle d’ailleurs quelque chose à l’oreille de la femme-x-y. J’sais pas trop ce qu’elle lui dit, mais penchée, blouse blanche sourit plus encore. Cette fois, ses lèvres sont si étirées que ça m’fait penser à une babouine. Laide. Quand bien même ses dents sont d’un blanc parfait, étourdissant. Elle se redresse, elle me regarde, une étrange lueur flambant derrière ses lunettes. Pis soudain, d’un geste saccadé, ouvre grand ses bras avant de s’exclamer :
— Bienvenue ma chère ! Bienvenue à l’Observatoire, dans la salle des viroirs ! J’espère que les circonstances qui vous ont amenée jusqu’ici ne vous ont pas semblé trop brutales. Si tel est le cas, je m’en excuse vous savez. Sincèrement. Nous serons néanmoins d’accord pour dire, vous et moi, qu’il est parfois nécessaire d’user de méthodes plus… audacieuses disons, afin de parvenir à nos fins, n’est-il pas ? Vous ne m’en voudrez pas trop j’espère ?
La mochi dame accompagne ses propos d’une telle élégance d’sourire que j’me sens pas d’la contredire. C’est que j’ai tout envie d’lui plaire moi. J’y ai trop envie qu’elle me regarde comme ça toute la journée alors j’lui donne raison : non j’lui en veux pas trop, après tout c’est pas trop grave hein, pas vrai ? Dans le fond, qu’on m’tire de force hors de la rue et qu’à mon réveil, des chaînes de feu m’brûlent la peau. Même si, même si… ça chauffe toujours plus, j’sue et ça m’fout une sacrée douleur de fichtre ! Son nez frémit de satisfaction à blousi’dame, elle continue :
— Parfait ! C’est parfait ! Je pense que nous allons bien nous entendre vous et moi. Bien ! Toute éventuelle fâcherie ayant à présent été dissipée… Permettez-moi de faire les présentations ! À ma gauche, voici ma fille adorée, qui porte le doux prénom d’Uranie. À ma droite, là-bas en fond de salle, je nomme Caligo… Oh voyons mon cher ! Et si vous montriez un peu plus d’amitié envers notre invitée, hmm ? L’échange serait plus agréable, vous ne pensez pas ?
Ledit Caligo ne bouge pas. Il reste appuyé avec frigidité contre le mur, ses mains derrière son dos, sa binette maintenue froide, dédaigneuse. Il y a juste son papillon qui change d’épaule et la commissure de ses lèvres qui frémit. Lunettes-carrelettes soupire, doux si doux soupir… Elle reporte son attention sur moi.
— Ma chère amie, ne vous méprenez pas sur lui : malgré son air un peu rigide, c’est un jeune homme aux talents inestimables, vous savez ? L’un de mes meilleurs agents je dois dire. Je n’en suis pas peu fière ! Mais enfin, il n’est pas l’heure de palabrer là-dessus. Finissons d’abord les présentations ! Pour ma part, vous pouvez m’appeler Siloé. Je suis directrice de la section astrologie, chercheuse dont les travaux portent principalement sur les émanations auractoplasmatiques. Vous en avez déjà entendu parler, je pense ?
Timidement, la bouche pincée, j’hoche la tête. Jasmin m’avait fait comprendre que l’O.V.E.A. utilisait ces termes étranges pour parler des idéelles.
— Merveilleux ! s’exclame-t-elle, des tarentules dans les yeux. Déjà j’ai hâte d’aborder le sujet avec vous, je sens que nous allons avoir une conversation des plus passionnantes ! Mais avant…
Siloé claque des doigts, aussitôt Uranie lui donne une chaise, mais elle sort d’où la chaise ? La femme des chiffres s’en empare, s’avance devant le miroir, la place face à moi, dossier à l’envers, s’assied une jambe de chaque côté et pose ses bras sur le dossier, pis sa tête sur ses bras, ce afin de pouvoir m’observer droit dans les yeux tout à son aise. Elle le fait longtemps, trop longtemps à vrai dire, mordue ma joue, sa face est comme un furieux rapace, sang dans ma bouche, mes mains derrière tremblotent, j’peur et j’souffre-sue, enfin Siloé parle et c’était un souffle tout ce qu’il y a de plus exquis :
— Et vous ma chère, dites-moi je suis curieuse… Vous êtes ?
Et Jules a tellement envie de lui dire, c’est dingo comme elle en a envie, rien que pour lui plaire à dame Siloé. Jules lui dirait j’m’appelle Jules, Siloé sourirait à l’infini, tout s’rait bien, elles deviendraient bonnes copines, tout s’rait bien, seulement y’a aussi cette ‘tite voix qui lui dit nan à Jules, surtout lui balance pas trop d’infos sur toi, elle est pas nette la dame-carrée. Indécise ça bataille dans sa tête, pis final’ Jules sait pas, vraiment elle sait pas d’où elle a tiré la force d’serrer ses lèvres, rien dire malgré toute l’envoûte dans laquelle Siloé la plongeait. Son mutisme, il a dû être perçu comme un affront par Uranie puisque le cramoisi autour d’son corps s’est cramoisi plus encore. Fichtre de bigre de… ça la calcine ça lui fout un mal d’chien ça la… Ah la crapule ! Jules r’nifle, rentre le ventre, dira rien, pleurera pas, lève le menton pour leur faire signifier à tous qu’elle se dégonflera pas elle et que gnia Jules est plus forte qu’eux tous réunis ensemble. Et ça, sûr de sûr que Jules s’y attendait pas : au lieu d’être contrariée ou quoi, Siloé a paru se délecter de l’attitude de Jules. L’avide dans son regard ne la quittait plus, son nez frémissait, ses dents on en comptait mille, de quoi foutre la pétoche à Jules qui n’y comprenait d’moins en moins à la dame-droiture.
— On vous a déjà dit que vous aviez de très beaux yeux ? susurre-t-elle. Ils sont d’un vert étourdissant.
— Qu’est-ce que vous m’voulez ? croassé-je, l’corps tellement tendu d’douleur que bientôt j’arrive plus à respirer.
— Ah ! Enfin une question intéressante !
J’lui lance un regard mauvais, ou un regard qui vacille, j’sais pas trop, les siens s’animent se fou’furieusent.
— Avez-vous déjà entendu parler de l’O.V.E.A., ma chère ?
— Ouais. Fichus Grisœils…
— Non mais tu te prends pour qui ? proteste Uranie.
Siloé alors éclate de rire, flash-wow, c’est une vive mélodie qui scintille et se réverbère dans toute la salle tant elle est expansive. Et ces foutus miroirs, fichtre ils brillantent me donnent le tournis.
— Voyons Uranie ! s’exclame Siloé. Tu sais bien qu’on nous appelle ainsi à l’extérieur ?
Très droite et sèche, Uranie croise ses bras :
— Preuve que comme tous ces autres ramassis d’la plèbe, elle sait rien ou croit savoir et se permet de juger d’après la simple couleur des yeux des Aèdes.
— J’sais pas rien, grogné-je.
— Ah ouais ? se moque-t-elle. Et qu’est-ce que tu vas nous dire ? Comme tous ces autres, qu’on est les grands vilains de l’histoire, à faire toutes sortes de vilaines expériences sur l’humain, que vilainement on brutalise vos esprits, que–
— Ouais ? la coupé-je. Vilainement vous m’brutalisez le corps là ?
Uranie se penche en serrant ses mains entre ses genoux, pis rétorque d’une voix aiguë, faussement concernée :
— Oh ! Pauvre chouchou !
Et c’est si serré et si brûlon les cordes de feu, ça m’jette une lancée cuisante à travers tout l’buste. J’grimace, j’tangue, j’vois pointill· .és · noi · ̇rs, mais j’parviens quand même à lâcher, comme pour lui prouver que j’m’en tape d’la douleur et que j’suis pas aussi ignorante que ça d’abord :
— Vous voulez que plus personne voie des idéelles jamais nulle part, voilà c’que j’sais. Et franch’ ? Ouais. C’est d’un cruche. Elles vous ont rien fait les idéelles. Surtout qu’en fait, j’vous ferais remarquer, c’est avec une idéelle que vous m’bousillez l’bedon là, vous pensez pas que y’a un ‘blème ?
Rire à la lisière de l’hystérie, Uranie s’redresse, secoue ses cheveux et balance :
— Voilà ! Voilà. Tu sais rien. Alors la ferme un peu, tu veux ?
— Allons les filles ! intervient Siloé en soupirant tout doux. Finis les enfantillages. Nous sommes toutes et tous assez adultes pour être au-dessus de cela, vous ne pensez pas ? Uranie ma chère, desserre un peu ton idéelle s’il te plaît.
Aussitôt, le feu chauffe moins, j’y respire mieux. Tellement mieux. Mon buste s’détend, j’inspire j’expire et j’tremble d’soulagement mais la peur part pas et c’est celle du lion enfermé en cage et tout c’que j’continue à transpirer d’panique et de j’sais pas trop quoi encore. Uranie r’croise ses bras, pince ses lèvres avec mépris, Siloé reporte son attention sur moi. Elle dit :
— Excusez-nous. Ma fille peut être parfois… houleuse. Toutefois elle a raison, voilà un petit bout de temps que quelques-uns d’entre nous avons dépassé le stade de vouloir éradiquer les idéelles. Si je puis me permettre une petite confidence, entre vous et moi… Je siège également au conseil de l’O.V.E.A. et trouve que cette ambition poursuivie par nombre de mes collègues est d’une certaine… bassesse. Un déshonneur même ! Vous-même le dites : les idéelles ne nous ont rien fait. Dans les faits, la plupart sont effectivement inoffensives et il serait grand temps que les mentalités changent à leur sujet… Quel gâchis de ne pas les exploiter ! Là rien que maintenant, voyons comme elles nous sont utiles ! Vous ne trouvez pas ? Hhm ? Mais enfin, je m’égare. Pour revenir à ce que nous souhaitons, Caligo ma fille et moi, ainsi que quelques rares autres sains d’esprit : loin de vouloir toutes les évincer, nous désirons uniquement contrôler celles qui sont compromettantes, dangereuses. Une vilaine idée peut mener la société à penser vilainement, voyez-vous ? Une vilaine idée peut amener chaos et guerre civile. Or, il serait fâcheux d’en arriver là lorsque jamais dans l’Histoire l’humanité n’a atteint un tel degré de plénitude, d’harmonie et de sens moral !
Et que moi j’grummelle archi pas convaincue :
— C’est vrai que vous êtes terriblo morale à m’prisonner comme ça, et pis aussi grave parano à penser que les idéelles c’est ce qui déclenche les guerres tout ça.
Son sourire c’est colossal. Siloé s’délecte d’ma riposte, c’est évident. Elle glousse, avant de subito avancer sa main et (quoi non je t’interdis de !!!) monter mon menton pour m’forcer à l’observer. Et alors j’comprends pas. J’comprends pas à cause que toute la panique et la respir’ qui montaient quand j’la voyais avancer ses doigts, ça tombe. Moi j’suis enfermée dans ses prunelles métallico-grises et l’y a mon esprit qui s’embrumit. La douleur même elle… part ? Un peu ? Enfin franch’ c’est plus lointain ?
— Vous n’avez vraiment pas conscience de tous les mécanismes qui régissent votre psychique, ma chère. Certaines de ces émanations auractoplasmatiques sont plus que de simples idées… Tellement plus que de simples idées. Certaines de ces émanations sont si puissantes qu’elles sont conscientes et qu’elles en viennent parfois à contrôler l’esprit des gens. Peut-être que là, vous saisissez mieux le danger qu’elles peuvent constituer ? Et admettre que oui, ces émanations sont parfois à la source de grands conflits ?
Conscientes, conscientes… Mon coeur qui s’arrête un gros coup comme ça. Il s’arrête à cause que j’pense à Spectrette qui l’est pensante, intelligente. Et qu’alors j’me demande : quoi c’est Spectrette que Siloé veut ? Troublée, j’m’agite et les cordelettes jettent une flamblée fourieuse (purin de…) que ça m’arrache un gémissement d’douleur. Et en face Siloé qui continue comme si de rien et qu’on était les meilleures coupines du monde :
— En fait, si j’aborde le sujet sous un angle différent… C’est plutôt… Ne vous êtes-vous jamais demandé d’où les idéelles puisent leur force ? Quelle est leur source… leur essence profonde ?
J’m’en fiche j’m’en fiche, j’ai juste tellement mal j’vais clapser et je . ̇ je . ̇ · . ̇ j e · . ̇ tout s’arrête. Tout… s’arrête. Siloé a décalé sa main sur ma joue. J’sais j’sens c’est elle qui a tout fait s’arrêter, alors même que l’feu m’prisonne encore, comme si elle était cap’ de maîtriser ma souffrance. C’est elle qui… a fait tout s’arrêter. Et j’l’aime tellement fort pour ça. Et j’veux pas, et j’veux encore moins le lui montrer. Mais j’sais que mon regard lui envoie un gros paquet d’reconnaissance et maintenant j’la regarde et j’suis incap’ d’en retirer les yeux, incap’ d’faire autrement que d’me laisser bercer par Siloé et sa voix mielleuse… voix magnétique… tellement que j’en oublierais Spectrette et ma souffr’douleur au buste… plus douce elle part… et part…
— Elles doivent bien découler de quelque chose, d’un noyau, souffle-t-elle toujours plus bas. Voyez-vous, si je prends une image comme exemple… Votre corps possède un coeur, n’est-il pas ? C’est un coeur comme une pompe qui propulse le sang dans tout votre organisme. Il l’alimente ainsi en oxygène. Sans votre coeur, vous ne vivez pas. Bien évidemment, ce que je dis là est d’une telle évidence ! Mais j’aimerais que vous compreniez qu’il en va de même pour votre conscience. Le coeur de votre conscience, c’est ce qu’on nomme un « vivème ». C’est une phrase. Une phrase comme une phrase de vie, qui représente au mieux ce que vous êtes. C’est une philosophie de laquelle tout part et tout se vit et tout se meurt. Comme une signature identitaire ou une raison de vivre. Elle est la pompe de votre esprit et l’alimente chaque jour durant d’un « souffle poétique », dit-on souvent.
Elle caresse ma joue Siloé, affectueuse, et une part d’Jules s’en révolte à l’intérieur, pask’ vrai quoi les contacts physiques je les hais j’en ai jamais reçus et j’voudrais jamais en recevoir. Pourtant j’vois aussi combien ça m’fait du bien, si bien que Jules veut pas que ça s’arrête. Non jamais… Et pour pas que ça s’arrête, elle doit l’alimenter cette fichue conv’, alors elle y souffle, dans un rire névrosé :
— Eh. Vous d’vez faire erreur. Moi j’suis pas philosophie.
— Ah ma chère, vous ne comprenez pas ! Tout le monde possède un vivème, bien que peu de personnes soient au courant. Vous, moi, Uranie, Caligo, n’importe qui que vous voyez déambuler dans la rue. Je vous donne des exemples ?
Siloé r’tire sa main. Quoi ? Non non !! Mon corps se r’met à gratter pis brûler, les miroirs m’troublent la tête, l’besoin violent d’décampure se r’pointe, et en même temps ça reste, l’envie d’écouter Siloé une vie entière. Alors vite j’hoche la tête, et pis mine de rien ça m’rend curieuse tout ça, comprendre tout c’zoinzoin.
— Ils versent souvent dans des formulations de type proverbial. « Quiconque ira verra ; celui qui reste n’aura rien. » ; « Celui qui craint la mort perd la vie. » ; « L’homme patient et courageux fait lui-même son bonheur. » ; « Après la pluie, le beau temps. » ; « Il faut commencer par éprouver ce qu’on veut exprimer. » ; « Il n’y a pas d’autre amour que celui qui consiste à donner sa vie pour ceux qu’on aime. » Enfin, vous voyez ?
Sa binette cueille la folie des passionnés, sans que toutefois ça y ressemble à celle d’Jasmin. La sienne d’Siloé était faite d’terrible convoitise, d’soif avide, c’est une folie qui m’fiche le frisson tant c’est vampirique. La dame-arithmétique approche son visage du mien, m’exposant sa laideur au plus près des choses. Sa mâchoire est dure mais ses lèvres si voluptueuses, et moi ici j’fléchis de l’intérieur, toute adorative par la terriblo Siloé, cette dame-quadrilatère aux yeux de feu un regard noir-vautour. Secrètement, bouche-venin chuchote c’est inaudible et pourtant je l’entends avec une clarté sans pareille, sensuelle :
— Et si de simples idées peuvent être visibles, ah nos belles idéelles ! Pourquoi pas notre vivème ?
Un frisson court. Sur elle, sur moi. Je la regarde désarçonnée. J’ai chaud j’ai mal. Le coin d’son oeil palpite. Derrière, Uranie ricane.
— Eh oui ma chère…, se lève-t-elle avec rigidité, rendant la chaise à sa fille.
Elle s’déplace, vient s’planter derrière moi. Ses deux mains sur mes épaules. Elle me r’garde dans le miroir et, Siloé souveraine, j’paie vraiment pas bonne mine avec mes cheveux-broussaille, visage émacié, tout tiré par la douleur, regard fiévreux, cernes, idéelles de feu qui serpentent jaunorangeorouges tout sur moi.
— Le jour où vous prononcez votre vivème à voix haute, explique-t-elle, il s’extériorise hors de vous. Cela implique bien évidemment que vous vous connaissiez suffisamment et que vous osiez vous mettre à nu. C’est une véritable quête de soi ! Semblable à une idéelle, il prend alors n’importe quelle forme et vous suit partout où vous allez. Il s’exprime, il vous écoute, il vous conseille et vous comprend mieux que personne d’autre. Il devient votre compagnie de vie, pour ainsi dire ! C’est ce qu’on nomme un Anima et possède tellement, tellement plus de puissance qu’une simple idéelle… hhm ?
Ses ongles s’enfoncent dans ma peau. Elle laisse sa phrase en suspense, me fixe. Trop grande sa force d’attraction, j’ai l’impression mon esprit s’effiloche, pensées nébuleuses. J’secoue ma tête, comme pour en chasser l’embrouillé.
— N’empêche j’y vois pas vraim’ à quoi que ça r’ssemble ? Vos Animas ?
— Ne remarquez-vous donc rien ? Cela fait pourtant depuis le départ qu’ils sont là. Tous là…
Dame-calcul penche son buste, approche sa tête d’mon oreille, et ça m’fiche une sacrée convulsion au coeur lorsque son souffle chaud floue près d’ma joue :
— Il vous faut juste ouvrir les yeux plus grands.
J’me suis tortillée dans la brûlure des cordes. Mes jambes tressautaient. J’ai regardé autour de moi, guidée par dame-souveraine. Alors, c’est là où je les ai vus. Je les vois… là c’est ça… là tout là ! Et c’est de plus en plus distinct maintenant que j’ai commencé à voir, fichtre ! voir tout ça. Ma bouche s’ouvre de stupeur tellement c’est inattendu et splendidobizarre.
Dans chaque morceau d’la miroirosaïque, Jules trouvait une idéelle. Ou plutôt, si elle suit le raisonnement d’Siloé, un Anima. Qui pouvait avoir n’importe quelle forme, allant du banal au total’ extravagant. Jules là-dedans, elle y a surpris : des animaux comme un lapin, un écureuil, un singe, un oiseau, un chien, une truite, un crapaud. Des insectes comme un mille pattes, une coccinelle, une abeille, un papillon, une araignée, une libellule, un scarabée. De la verdure comme un p’tit arbre, un p’tit buisson, une plante, une fleur, plein d’fleurs. Des objets comme une horloge, un livre, une bougie, une lanterne, une paire de lunettes, un collier, une boule de cristal. Des trucs qui mélangeaient plein d’trucs ensemble, comme une théière avec des yeux, une valise avec des jambes, un stylo avec des ailes, une plante enraciné dans une godasse, un t-shirt avec des branches aux manches. M’enfin, y’avait vraiment d’tout là-dedans, tout ce qu’il était possible d’imaginer, tant que ça restait relativement petit, pas plus grand que l’avant-bras pour qu’ça entre dans un morceau d’miroir. Et j’étais tellement, tellement soulagée à cause que là ! L’y a aucun truc qui ressemble à un humain là-dedans ! Alors ça veut dire que Spectrette c’est pas un Anima et que Siloé c’est pas pour en arriver à elle qu’elle m’racontage tout ça !!
En face, la voilà d’ailleurs qui me souriait toujours aussi laideusement. Et les liens brûle-corps s’enfoncent brusquo dans ma peau, me coupant la respiration. J’grimace ardent, j’foudroie Uranie du regard. Miss-tranchoir dit rien mais ricasse violent. Vermine ! J’ai reporté mon attention sur Siloé, et pâteusement, j’ai dit :
— J’croyais on peut pas voir les idéelles des autres. Les Animas ça devrait pas être pareil ?
— Oui, oui exactement ! Vous avez parfaitement compris. Sauf… oui sauf que nous avons pu mettre au point, ici à l’Observatoire, des viroirs. Ce sont ces miroirs améliorés que vous voyez autour de nous. Ils ont la fabuleuse capacité de rendre visible autant les idéelles que les Animas.
Et j’trouve ça tellement révoltant puisqu’après tout ça vient de not’ foutue tête à nous tout ça, les autres ils auraient aucun droit d’voir des trucs qui nous appartiennent.
— C’est odieux c’que vous faites, lâché-je.
— Odieux ! s’exclame Uranie. Odieux nous dit la petite gringalette ! Ça n’a rien d’odieux, c’est rendre justice à ceux qui n’ont pas la possibilité de voir des émanations auractoplasmatiques, contrairement aux Aèdes comme Caligo là-derrière.
— Ma fille a raison, approuve Siloé, s’agenouillant devant moi. Ces viroirs sont une véritable prouesse technique ! D’autant plus qu’ils sont également d’excellentes gemmes, leur matériau permet une remarquable conservation d’Animas ou d’idéelles. Ils en prennent le reflet et c’est comme s’ils les enfermaient à tout jamais. N’est-ce pas merveilleux ?
Elle accompagne sa répartie de son sourire de l’infini, pendant que j’me demande gemme ? C’est quoi gemme ? Et quoi mais pourquoi le feu monte toujours plus ardent, les cordes s’élèvent jusqu’à mon cou ? J’gémis à cause que c’est chauffe-brûlon et j’en peux bientôt plus tout ce que ça m’brûle, ça schlingue toujours plus le roussi. Je vais… v ai . ̇ s · . ̇ Siloé a fini par remarquer qu’Uranie s’amusait violento parce qu’elle se retourne, son mouvement tenant un éclat de colère, pis lâche d’une voix étonnamment sèche :
— Uranie, n’y vas pas trop fort, je te prie. Il ne faudrait pas que notre charmante invitée dépérisse calcinée, hhm ?
Autour d’moi, c’était moins chaud. À peine moins chaud. Juste de quoi m’maintenir consciente sans que j’hurle à la doulourité. Oragée, j’ai fini par demander ce qu’on m’voulait. Siloé m’a dit justement ! J’y viens. Apparemment, j’verrais un Anima qui les intéresse, une jeune soldate pas vrai ? C’est Caligo, dont la Vision est d’une remarquable clairvoyance, qui l’aurait vue en premier. Uranie, par la suite, confirme l’avoir aperçue dans un viroir qu’elle tenait à la main. Quoi ?? Alors Spectrette c’est vraiment… quoi ¡¿ Décontenancée, j’les observe à tour de rôle. Uranie tête triangle bras croisés qui m’consume le corps. Siloé assise sur ses genoux qui m’analyse souriante. Caligo au fond qui n’pipe mot et nonchalance contre le mur. Spectrette ?? Ils veulent Spectrette ? Et quoi ? Alors c’est pour ça qu’on a posé un viroir tout en face de moi ? C’est pour l’emprisonner si jamais elle apparaît à mes côtés ?
Ce chapitre est vraiment intéressant. On a plein de nouveaux éléments sur les idéelles, viroirs etc... J'aime bien l'idée du vivème, que l'essence d'une personne soit résumée en une phrase qu'on peut extérioriser au terme d'une quête de connaissance de soi, c'est vraiment très intéressant. L'idée des Anima est aussi intéressante, ça m'a un peu fait penser aux Patronus de HP même si c'est pas du tout la même chose^^
Le duo d'antagoniste est intéressant. On sent que leur discours réussit à faire douter Jules par moment, elles sont plutôt convaincantes, surtout Siloé qui a une certaine prestance. Je suis curieux de voir quel va être leur rôle par la suite.
Un plaisir,
A bientôt !
Aah chouette si t'aimes bien l'idée du vivème, c'est un concept assez clé qui va engendrer pas mal d'enjeux :)
Ah oui les Animas comme les Patronus ! Je comprends totalement que t'aies fait l'analogie, c'est vrai que visuellement ça ressemble assez !
Quant à Uranie et Siloé : haha cool si elles sont convaincantes, franch parfois j'ai presque envie de rejoindre les prises de position de Siloé quand on apprend à connaître les camps adverses dans la suite, c'est pas tout con ce qu'elle dit x)
Merci encore pour ta lecture, c'est super sympa de ta part ! <3
(Et c’est vrai que commencer par « Et Jules a tellement envie de le lui dire » ça aurait été un peu dur de s’y retrouver sans enchaîner les chapitres ensemble donc ok je me dis : Louison elle est pas bête la guêpe elle a dû y penser ahah)
« pleura pas » c’est du vrai passé ou c’est du pleur’ra pas pleurera pas futur ?
AH je sais pas mais j’adore l’interaction entre Uranie et Jules, c’est très « sincère » dans leurs convictions ? Enfin tout de suite j’ai pris du recul en remettant mes a priori sur le gang des mâchoires carrées en question, comme si effectivement leur opposition n’était qu’une question de points de vue. En vrai je crois pas mais le fait est que : je sais pas, et justement je trouve ça chouette de présenter ces personnages sous cet angle :)
Dans ce qui suit entre Jules et Siloé j’ai trouvé ça très cool aussi que Jules ne s’indigne pas de son propos pour avoir vu l’entourloupe ou quelque postulat amoral, mais précisément parce qu’elle pense que les humains font aucun progrès et qu’ils sont cruels !
« Vivème extériorisé, on le nommera plus communément un Anima et possède tellement, tellement plus de valeur qu’une simple idéelle… hhm ? » Oh, c’est du nouveau ça, non ? Ok !
Au passage, niveau worldbuilding j’ai l’impression que c’est plus fluide l’ordre que tu suis, là :) Et pas moins passionnant, surtout en trouvant des personnages comme ces trois-là.
« Ils sont le noyau de toute une conscience, vous comprenez ? dit-elle finalement. Alors imaginez un peu tout ce qu’on peut faire avec ça… » Je dois avouer qu’en dehors du délire de folie scientifique, ben oui je me demande ce qu’elle voudrait bien faire avec ces consciences. Dans quelle mesure elle pourrait les contrôler et pour faire quoi ? Ça fait comme des gens qui font des armées ? Ou ça s’utilise différemment ? Dans ce qui suit on comprend mieux mais personnellement la question que je me pose c’est pas tant « Pourquoi que vous m’racontez tout ça ? Fluetté-je. », ce que je me dis c’est plutôt « bah non déso jvous suis pas dans votre délire vous êtes un peu tarée ma pauvre » ahah
MAIS le fait que ça me semble pas évident tout de suite c’est peut-être faute aussi à quelques détails que j’ai plus trop en tête sur le monde etc, donc voilà faut nuancer mes impressions :)
Huuuuun l’explication du mot viroir et de keskecé ! Très chouette, très cohérente, très bon mot, très bon néologisme pour ton histoire, tout roule je trouve <3
« ils sont également des excellentes gemmes » : « d’excellentes* gemmes »
Du coup ce sont des minéraux ou des amalgames ou produits de synthèse ? (je sais pas si c’est important mais je sais pas je veux savoir tout à coup)
(en même temps c’est pas pour me défendre mais imagine demain on dit : on peut voir les Animas se réfléchir sur du saphir ? Tout de suite je me dis EUH PARDON enfin c’est pas rien comme découverte ?)
(tu parles de prouesse technique en plus donc je me dis que c’est sans doute pas que des pierres mais un amalgame précis ou que sais-je)
(ces délires chipotants sur trois fois rien bonjour ici dodo déso Louison :’) )
NOOOOOOON SPECTRETTE NOOOOOOOOON
Jsuis une bille mais jusqu’au bout j’ai pas capté que forcément, forcément c’était elle qui les intéressait. Hélas mais quelle miserde, que va-t-on faire LOUISON AH
Ouip c’est fait exprès la répétion de la fin du chapitre précédent ! Je me souviens j’avais pas mal galéré à couper ce chapitre pour PA et commencer cette partie par « Et Jules a tellement envie de le lui dire » voilà effectivement c’est pas idéal :’) Doooonc un p’tit rappel de « précédemmeeeeeent » c’est pas plus mal je me suis dit !
Et oooooh ravie que tu aimes l’interaction entre Uranie et Jules, c’est trop un truc que je vais explorer dans la suite (aka dans le tome 23412423 lol) parce qu’elles sont similaires sur plusieurs aspects et clair qu’elles ont un tas de choses à partager <3 Donc oué je suppose ce sera assez un rapport type amour-haine, enfin je verrai, mais quoiqu’il en soit : y’a des choses à faire par chez elles ^^ (Si jam’ Momo shippe le Juranie donc si t’as envie d’aller faire un fanclub avec elle (avec moi aussi dedans lol) voilà y’a matière bhahah)
Aussi contente si t’as trouvé intéressant ce qui se dit entre Jules et Siloé <3
Pour l’Anima : aloooors, en fait non c’est pas nouveau ! J’ai juste donné un nom au concept qui était déjà présent dans le premier jet ^^ Tu te souviens de Lys ? haha, j’appelais ça autrefois un « vivème extériorisé » ou « vivème personnifié », eh beh je me suis rendue compte qu’au lieu de mettre 2 mots qui rendent le concept de vivème (=phrase de vie) plus confus, j'avais intérêt à inventer un nouveau mot pour distinguer le vivème (la phrase de vie) de quand il s’extériorise/se personnifie en idéelle (Anima). Je sais pas si c’est très clair dans mes explications et si ça l’était dans le chapitre ?
Quant au fait que ça te paraît plus fluide dans l’exposition du worldbuilding : yuuuuuus trop bien, merciiii pour ton retour là-dessus ! Ca me fait plaisir parce que c’était le gros point à bosser donc chouette si c’est mieux que dans la première version ^^ Koeur koeur <3
Ensuuuuite : merciii de m’avoir partagé ton ressenti sur le fait que c’est assez flou finalement ce qu’on peut faire avec un vivème et en quoi c’est dangereux.
T’as dit : « Dans quelle mesure elle pourrait les contrôler et pour faire quoi ? Ça fait comme des gens qui font des armées ? » >> Ouééé alors l’hypothèse de l’armée effectivement c’est trop une bonne voie que t’as là, dans le premier jet je sais pas si tu te souviens y’avait le fait qu’on pouvait modifier de force le vivème des gens ? Là j’ai repris le truc mais j’aborde ce point plus tard, et ça part vite dans le délire d'armée oui.
Et donc avec ton com, je sais pas si je dois donner déjà une petite piste maintenant ? Ou est-ce que ça te gêne qu’on reste dans le flou pour l’instant ? Parce qu’autant parfois c’est bien qu’on révèle pas tout tout de suite, autant d’autres fois pour plus de compréhension ça vaut mieux de parler de certains trucs tout de suite. Et là, comme le concept de vivème/Anima est un truc assez abstrait de base, peut-être que ça aiderait à appréhender le concept avec des utilisations plus concrètes ? Je sais pas si tu vois où je veux en venir :/ Parce que t’es pas la première personne à me dire qu’à la fin du chapitre, ça reste assez flou, et je sais pas si c’est mauvais ou pas, puisque la suite apporte ses réponses ?
Yay les viroirs <3 Merci pour tes compliments à ce sujet huhu. Et ahahaha DODO JE SAIS PAS COMMENT CA SE FAIT QUE CA MARCHE VOILA CA MARCHE ON VOIT DES IDEELLES DEDANS FAUT ALLER DEMANDER A SILOE QUEL EST L’AMALGAME POUR CE RESULTAT, AVOUE C’EST PASK’ TU VEUX VOIR DES IDEELLES TOI AUSSI <3 <3 <3
VOILA j’ai fini, merci pour les coquilles que t’as relevées et les autres p’tits compliments, ils font grossir mon cœur en tout grand <3 Je réponds à ton prochain com’ tout bientôt et je te fais des ZOUBIS de l’infini et encore MERCI tout gros tout immense pour ton implication pour les Portiers malgré la thèse et le skate et le vélo sous la pluie et les oiseaux et les dessins et la croûte et les festivals de soupe et le kalimba et les rêves et la follo vie dans la tête de dodoreve <3 <3
Pour l'Anima je me souvenais bien de Lys oui, et du coup je me disais bien que le concept n'était pas nommé dans la V1 mais là c'est bien plus clair ! Pardon si je t'ai fait douter de ça, c'était pas le but au contraire : je pense qu'on saisit bien plus vite ce dont il s'agit à la première lecture, même si je ne peux pas trop le garantir puisque je découvre pas trop non plus quoi :')
"Et donc avec ton com, je sais pas si je dois donner déjà une petite piste maintenant ? Ou est-ce que ça te gêne qu’on reste dans le flou pour l’instant ? Parce qu’autant parfois c’est bien qu’on révèle pas tout tout de suite, autant d’autres fois pour plus de compréhension ça vaut mieux de parler de certains trucs tout de suite. Et là, comme le concept de vivème/Anima est un truc assez abstrait de base, peut-être que ça aiderait à appréhender le concept avec des utilisations plus concrètes ? Je sais pas si tu vois où je veux en venir :/ Parce que t’es pas la première personne à me dire qu’à la fin du chapitre, ça reste assez flou, et je sais pas si c’est mauvais ou pas, puisque la suite apporte ses réponses ?" Ben c'est que mon avis mais à la limite tu pourrais suggérer une piste possible sans dire ce qui va se passer non plus, histoire qu'on ait conscience du danger que ça peut représenter entre ses mains ? Parce que sinon on se dit juste qu'elle va faire des chocapics avec et bon ben certes quoi (j'exagère) (en vrai si tu donnes pas de piste ça passe quand même hein t'inquiète)
BIEN SÛR QUE JVEUX VOIR DES IDEELLES OUÈCHE
Me revoilax : et j’enchaîne direct parce que le SUSPENSE était à son comble
« seulement y’a aussi cette ‘tite voix qui lui dit nan à Jules, surtout lui balance pas trop d’infos sur toi, elle est pas nette la dame-carrée »
>> OUI VOILA on l’aime cette petite voix, big up à elle ! Je suis d’accord qu’elle est trop louche, aussi gentille comme ça, nan ça cloche donc madame l’équation va poliment aller voir ailleurs si Jules y est. NON MAIS
« dira rien, pleura pas » ptite coquille pleurera*
« — Preuve que comme tous ces autres ramassis d’la plèbe, elle sait rien ou croit savoir et se permet de juger d’après la simple couleur des yeux des Aèdes. »
Alors ça c’est intéressant parce que je vois (peut-être à tort) poindre un enjeu un peu plus vaste que ce qu’on pouvait croire, ou en tout cas un peu moins « tout-noir-tout-blanc » : ceux qu’on pensait être les méchants vont peut-être avoir l’occasion de justifier leurs actions, je dis oui !
« — Ah ouais ? se moque-t-elle. Et qu’est-ce que tu vas nous dire ? Comme tous ces autres, qu’on est les grands vilains de l’histoire, à faire toutes sortes de vilaines expériences sur l’humain, que vilainement on brutalise vos esprits, que-
— Ouais ? la coupé-je. Vilainement vous m’brutalisez le corps là ? »
HAHAAA ET TOC BIEN DIT LA JULES
« — Vous voulez que plus personne voit des idéelles jamais nulle part » J’aurais dit « ne voie », mais passur
« ous-même le dites : les idéelles ne nous ont rien fait. Dans les faits, la plupart sont effectivement inoffensives et il serait grand temps que les mentalités changent à leur sujet… Quel gâchis de ne pas les exploiter ! Là rien que maintenant, voyons comme elles nous sont utiles ! Vous ne trouvez pas ? Hhm ? »
HMMM donc elle dit ne pas vouloir éradiquer les idéelles, mais d’un autre côté y a l’air dans son discours d’avoir un côté un peu trop utilitariste, à la « on va faire des idéelles nos outils », non ? Et le fouet de feu et le truc qui emprisonne Jules c’est un peu ça : une façon de rendre « utile » ce qui est au départ une simple pensée. Du coup ce serait ça, plutôt, le motif de discorde entre l’Onde et l’OVEA ? Je théorise hein, te sens pas obligée de confirmer hihi
« Seulement j’y arrive pas à cause que la dernière phrase qu’elle a lâchée là, elle a tort. Fourieusement tort. »
Fourieusement tort.... j’aime (quand j’étais petit je disais que les lions « rougissaient » : ça m’y fait carrément penser et c’est très drôle)
« — Vous cherchez des idées exceptionnelles chez les autres ? Alors, vous manquez terriblement d’imagination. »
HA !!! GÉNIAL. ET C’EST TOUT.
De manière générale : la tirade intérieure de Jules est top aussi j’ai trouvé, ça nous donne des toupetis détails sur son enfance, qu’elle mentionne « d’mère d’père » comme ça, c’est intrigant. Bon tout ça est quand même très pessimiste, mais c’est un point de vue, et on comprend clairement que son désaccord avec Siloé se base pas uniquement sur un caca nerveux du « non t’es méchante je te crois pas », elles ont juste toutes les deux des points de vue différents et recevables. Bravo de rendre tout ça compréhensible tout en continuant à l’écrire de façon si unique !
« Le coeur de votre conscience, c’est ce qu’on nomme un « vivème ». C’est une phrase. Une phrase comme une phrase de vie, qui représente au mieux ce que vous êtes. C’est une philosophie de laquelle tout part et tout se vit et tout se meurt. Comme une signature identitaire ou une raison de vivre. Elle est la pompe de votre esprit et l’alimente chaque jour durant d’un « souffle poétique », dit-on souvent. »
WOoOOOOooO : ULTRA STYLÉ. J’aime beaucoup cette idée ! J’imagine que c’est un mot que tu as inventé, et je trouve le mot comme ce qu’il désigne suuuuper chouette ! Un cœur pour faire vivre le corps, une phrase pour faire vivre l’esprit... Trop malin. Mais aussi compliqué, parce qu’en une phrase, on peut dire beaucoup et très peu de choses ! Et ça marche comment, alors ? Le vivème est là dès la naissance ? Il peut évoluer, changer au cours du temps ? La phrase, elle a une longueur limite, des consignes à respecter ? Elle doit forcément avoir un sens, ou ça peut être du n’importe quoi, des mots qui dansent, des signes ? JE VEUX TOUT SAVOIR HAAAAAA
Du coup c’en est presque étonnant qu’une femme qui s’appelle « La dame-arithmétique » soit aussi branchée psyché et poésie ! ça ajoute encore de la complexité à son personnage, décidément mystérieux. Jme demande bien de quelles idéelles elle pouvait parler quand elle disait qu’il fallait en supprimer certaines...elle a contourné habilement le sujet pour l’instant
« Un frisson court. Sur elle, sur moi. » grjgozr trop joli
Okay nouveau mot nouveau concept : les Anima. Bzobiorsfbuiaemjf COOL
« Et moi, tout d’suite son délire sur les gemmes, j’y ai pensé à Jasmin Fleury et à sa Brocante. Qu’il soit gardien que franch’ ? Ça m’étonnerait pas. » OUAIS on est bien d’accord, je pensais tout pareil
« Des insectes comme un mille pattes, une coccinelle, une abeille, un papillon, » VOUS AVEZ DIT PAPILLON ? ça me fait penser au gus-balèze dont j’ai oublié le nom, Calipo là, Caligo peut-être ?
VOILOU pour mes relevés, maintenant une petite remarque de conclusion : je trouve qu’on voit émerger dans ce morceau-là des choses très intéressantes, ce concept de vivème, d’Anima, tout ça s’articule sans problème dans ton univers tout en ajoutant de nouvelles pistes à découvrir : c’est très très cool !!
Pour la fin du chap’ : je lisais le commentaire de Romane et je suis un peu d’acc avec elle, ça rejoint ce que je disais dans mon commentaire précédent d’une certaine manière => on a parfois un peu de mal à ressentir une vraie tension. Pour autant, j’ai trouvé que cette portion de chapitre était déjà plus lourde que la précédente (lourde dans le bon sens du terme, genre : TENDUE), mais je pense que finir sur un dialogue rapporté comme ça, ça crée plutôt une baisse de la tension en un sens ? Alors que c’est à ce moment précis que justement BAM on apprend que Spectrette est un Anima et que c’est la source de la convoitise de Siloé !!
Voilax, mais à part ça la portion de chap’ était top j’ai trouvé : les dialogues sont super, très bien rythmés, fluides, compréhensibles et en même temps on arrive toujours bien à reconnaître le locuteur, chacun a son style très personnel !
Maintenant, reste à savoir pourquoi ils veulent Spectrette, quel genre d’Anima elle est pour être si dangereuse ou si enviable ?? MYSTERE ! Et je reviens vite pour le découvrir c:
A VITE !! BYEEE
« Alors ça c’est intéressant parce que je vois (peut-être à tort) poindre un enjeu un peu plus vaste que ce qu’on pouvait croire, ou en tout cas un peu moins « tout-noir-tout-blanc » : ceux qu’on pensait être les méchants vont peut-être avoir l’occasion de justifier leurs actions, je dis oui ! » >> Mouh chouette si ça s’ouvre sur un truc un peu moins tout-noir-tout-blanc ! ^^
« HMMM donc elle dit ne pas vouloir éradiquer les idéelles, mais d’un autre côté y a l’air dans son discours d’avoir un côté un peu trop utilitariste, à la « on va faire des idéelles nos outils », non ? Et le fouet de feu et le truc qui emprisonne Jules c’est un peu ça : une façon de rendre « utile » ce qui est au départ une simple pensée. Du coup ce serait ça, plutôt, le motif de discorde entre l’Onde et l’OVEA ? Je théorise hein, te sens pas obligée de confirmer hihi » >> Aha tu verras effectivement, je te laisse à tes interprétations ^^ <3
(les lions qui rougissent mais j’adore <3)
« De manière générale : la tirade intérieure de Jules est top aussi j’ai trouvé, ça nous donne des toupetis détails sur son enfance, qu’elle mentionne « d’mère d’père » comme ça, c’est intrigant. Bon tout ça est quand même très pessimiste » >> yop Jules est hypra pessimiste haha, contente que tu l’aies perçu ! C’est clair que c’est pô très joyeux ce qu’elle pense des hommes et des relations qu’ils entretiennent, oups.
Yaay chouette si t’aimes le concept de vivème ! Et toutes les questions que tu poses : bhéhé, évidemment je vais répondre à aucune d’entre elles et je te laisserai le découvrir au fil de l’histoire, mais je suis super ravie que tu te poses toutes ces questions, ce sont des questions que vont en fait se poser les persos hihi donc : cool.
« Du coup c’en est presque étonnant qu’une femme qui s’appelle « La dame-arithmétique » soit aussi branchée psyché et poésie ! ça ajoute encore de la complexité à son personnage, décidément mystérieux. » >> Nice si ça fait un joli mélange, huhu.
Pour ta p’tite remarque sur la tension du chapitro : yes alors je vais essayer de retravailler tout ça pour essayer de rendre le tout plus tendax, je vois carrément ce que tu veux dire ^^ Merci de me notifier ça !
Voilooou, sinon pour le reste, comme d’hab : marci pour tes petites réactions, ça fait trop plaiz à lire et puis marcimarci, trop adorable de ta part <3 Contente que cette deuxième partie t’ait plu !
BISOOOUXXX, A VITAX, MERCIX ENCORAX.
Je commence par une petite formulation qui pourrait peut-être être améliorée.
"— Voyons Uranie ! s’exclame Siloé. Tu ne peux pas tellement dire ne pas être au courant qu’on nous appelle ainsi à l’extérieur ?" ==> Siloé à une façon de s'exprimer assez limpide, et je trouve la tournure un peu lourde pour elle ^^ Pourquoi pas quelque chose comme "Voyons Uranie ! Tu sais bien qu'on nous appelle ainsi à l'extérieur ?" => Sauf s'il y a quelque chose de problématique dans le fait qu'Uranie sache cela (par exemple, si elle a vécu un temps à l'extérieur, fui l'Observatoire...)
Pendant un moment, je me suis demandée pourquoi est-ce que Siloé racontait tout ça à Jules. Ça s'explique à la fin, quand elle comprend qu'elles veulent Spectrette (d'ailleurs, attention, tu as mis "Spectette" dans le dernier paragraphe, est-ce que le changement d'ortho est voulu ?).
Je me demande s'il n'y aurait pas plus de tension à passer ça en dialogue, de manière à pouvoir être connecté aux émotions de Jules entre les lignes de dialogues. Ce serait peut-être plus impactant. Et je me demande aussi si tu ne pourrais pas faire un petit forshadowing au début du chapitre, une intuition de Jules, par exemple, ou une phrase de Siloé qui suggère subtilement qu'elle veut Spectrette, mais sans qu'on en soit sûr, pour faire monter la tension. Peut-être qu'à mesure que les explications déroulent, Jules pourrait aussi penser à son idéelle, à la peine que ça lui ferait de la savoir enfermée, pour rajouter de la tension émotionnelle ? Ce sont des suggestions, mais voilà. Comme Jules vit quelque chose de douloureux physiquement dans ce chapitre, je me dis que tu pourrais monter sa peur et sa détresse psychologique d'un cran, jusqu'à l'explosion de la tension à la fin ^^
Et owi effectivement la tournure que tu relèves de Siloé, ta suggestion est si mieux, merci je corrige ça <3 D'ailleurs merci aussi pour Spectette* haha, c'est pas la première fois que ça m'arrive d'oublier un R, d'ailleurs il est fort possible que tu en croises d'autres des Spectrette écorchées :') Sinon yes Siloé s'intéresse à Spectrette et c'est pour ça qu'elle raconte tout ça à Jules, j'espère que ça va aussi mieux s'expliquer avec la partie 3 ^^
Et pour ta suggestion de forshadowing (déjà merci tu m'as appris un nouveau mot haha), tu suggères des bonnes pistes ! Je prends note et verrai à la toute fin quand je repasserai sur mes chapitres comment augmenter la tension avec tes quelques idées, mentionner Spectrette avant c'est un bon point <3
Voiloooou, encore une fois, M E R C I pour le temps que tu accordes aux Portiers, j'apprécie le geste <3
Zoubi, à très vite !