L'antre vermeil est un lieu où les rêves cèdent leur existence à la servitude. Sinistre silence, annonçant les supplices tissés sensuellement de soies et de délices illusoires, la volière n'est que beauté, artifices et élégance. Voir ne suffit pour le dire. Raconter ne suffit pour, simplement, l'imaginer. Mosaïques et colonnes qui ont volé tout l'éclat des merveilles de notre monde. Tous les empereurs ont été dépouillés de leurs parures royales encombrantes, leur quintessence dans toute leur magnificence, sublimant les lustres et murs façonnés d'un rubis lugubre délicatement décoré de crânes, d'os et d'un souffle orageux. On peut y percevoir son reflet, si tant est qu'une âme habite encore notre cadavre enchaîné...
Les parois des corridors sont faites de gemmes dont la couleur ardente rappelle celle des mondes souterrains. Nous suivons, discrètes, notre nouveau seigneur. Sa marche lourde et sentencieuse évoque une férocité impassible, dont le calme angoissant inspire les pires tourmentes. Mes iris d'un blanc boréal fixent encore et toujours sa prestance sépulcrale, envoûtante et menaçante, telle la créature monstrueuse qui fascine, serpentant entre sa nature damnée et divine.
Il s'arrête. Ma sœur, déjà domptée, se fige. Je fais de même, troublée. Depuis notre arrivée, pas un seul regard ne fut échangé entre nous deux. C'est comme si elle n'avait d'yeux que pour lui... Sa voix s'éleva dans l'air comme un rugissement, imitant à la perfection un chant d'oiseau. Douce et effarouchée.
« Les miroirs révèlent notre véritable nature. Mais ne soyez pas surprises lorsque vous en verrez un. Vous n'êtes, certes, qu'une créature mortelle au fond. Cela ne vous retire aucunement les dons dont je vous ai fait cadeau et qui ont changé votre être pour l'éternité. À présent, écoutez bien ce que je vais vous dire. Vous ne devez sortir de cette demeure sous aucun prétexte. Il ne vous sera jamais permis de prendre vos propres décisions, aussi, je veux votre obéissance la plus totale. Chaque ordre que je vous donnerai, vous devrez l'exécuter sans état d'âme et sans aucune discussion. J'espère être clair sur ce point, car j'insiste sur cela : vous me devez obéissance et loyauté en tout lieu et en tout temps. »
Nous hochons machinalement la tête. L'effroi grandit.
« Vos dons ne sont pas seulement des présents qui vous apportent longévité et force. Vous serez mes épées les plus aiguisées dans la quête que je poursuis. Il est encore trop tôt pour vous en dire davantage, allez donc vous reposer dans les appartements que j'ai fait construire par mes soins. Vous êtes logées, mais vous ne serez pas nourries comme autrefois. Bientôt, vous en comprendrez la raison. Rejoignez vos chambres, et ne sortez que si je vous en donne l'ordre. Suivez La gargouille. »
Il s'éloigne. Une aura macabre émane de toute son essence, insensible. Une fois libérées de sa présence, je tente d'effleurer ma chère sœur qui m'ignore, avançant d'un pas déterminé. Sa chaleur semble n'être plus qu'embrasement et furie. Une gargouille en forme de corbeau guide ensuite notre chemin. Nous trouvons notre chambre dans les entrailles de cet immense château dont les secrets nous échappent. C'est comme s'il respirait...
En fermant doucement la porte, je crus apercevoir quelque chose dans la pénombre.
C'est vraiment beau, très poétique... Je trouve que ton texte est apaisant malgré son histoire sombre, et ce rythme de courts chapitres est juste parfait !^^ J'avoue avoir une certaine appréhension des longs chapitres de plus de 1.5k - 2.0k mots... Donc ce style me convient parfaitement ! :))
Juste une petite remarque :
“Il ne vous sera jamais parmi de prendre vos propres décisions, aussi, je veux votre obéissance la plus totale.”
> Je suppose que tu voulais écrire “permis“ et non “parmi” ?
Voilà voilà, je poursuis mon exploration dans cet univers avec beaucoup de plaisir !^^
La coquille a été corrigée, merci pour tes remarques et tes com, bonne lecture ☺️