A l'Ecole de la Chute II

L’hiver ouvre aujourd’hui les portes d’un royaume

Où le peuple des morts hurle parmi les vents

Où les cauchemars des hommes éclaboussent les murs

Où le froid donne à l’air une haleine de sang

Qu’Ils respirent essoufflés sur l’océan des nues

 

Parfum de lèvre sèche et de langue mordue

Piquant comme l’eau fragrante au goudron des banlieues

Bruine contre la brique en taches écarlates

Les maisons du silence et des drames sans grandeur

Tracent autour de Liais pour un vol éternel

Leurs cercles maçonnés de rapace infernal

 

Comme un mur de vers blancs devant nos yeux qui grouillent

Une lame de fond née dans un ciel éteint

Renverse sur la terre les eaux d’un autre monde

Et la rumeur des spectres envahit les impasses

Comme autant de sépulcres aux angles de béton

Béton fleur de nos cris coffret de nos sanglots

Tapis égratigné par des ongles sanglants

Nuages déchirés au-dessus d’Artaan 

La mêlée des fantômes se précipite en masse 

Par le premier plafond sous le crachin des anges 

 

Déferlante croupie sur les rues de la ville

Ils tendent avec leurs mains le soir comme un drap froid

Puis au gré des bourrasques implacables touristes

En haut lieu mortifère se répandent sans bruit

Dans un souffle assassin de quartier en quartier 

Pour vider de son sang la cité tout entière

 

 

 

Que viennent-ils donc chercher que déjà ne connaissent

Rien n’a jamais vécu entre ces murs de plâtre

Personne n’a remonté ces longs trottoirs perdus

Les goules qui s’apprêtent à fondre sur nos têtes

Sauront trouver sans peine leur chemin jusqu’à nous

Parmi les cent ruelles identiques là-haut

Nous vivant morts sur morts dans des pièces évidées

Dans un pays sans âmes où sur les chairs à vif

L’Au-delà se dépose épousant monts et plaines

Comme un calque embrumé des reliefs du pays

Frayons sans un hiatus avec la fin des temps

Et la peine intervient bien avant le procès

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