Les notes de musique résonnent dans les rayons du soleil. Les chanteurs bavardent en chuchotant. Ne surtout pas déranger les deux solistes qui répètent. Bientôt, des centaines de spectateurs seront à leurs pieds. Leurs mains s’entortillent, leurs cœurs font de la percussion. Ils ne sont pas prêts. Ils ne seront jamais prêts. Leurs voix s’entremêlent, dissonent, se cherchent, se séparent, s’attendent. Le pianiste soupire. Recommence. Trois, quatre ! Les notes glissent, les mots s’encoublent.
– Non ! interrompt le chef de chœur. Vous connaissez votre partition sur le bout des doigts, en solo, alors qu’est-ce qui change ?
Les solistes se jaugent du regard. C’est bien ça, le problème. Ils ne sont plus vraiment solistes. Ils essaient encore. Ça ne marche pas. Le maestro perd patience.
– Ça suffit ! Mettez-vous dos à dos. Prenez-vous les mains. Écoutez-vous respirer. Ensemble. Chantez. Sentez l’autre vibrer. Faites-le en même temps.
Ils essaient. C’est maladroit, c’est essoufflé.
– Encore. C’était mieux.
Les solistes n’ont pas senti la différence. Ils recommencent quand même. Ils n’ont pas le choix. Et peu à peu, ils comprennent. Ils sont à l’unisson. Ils vibrent ensemble. La répétition peut reprendre.