La gardienne de l'hôpital

Notes de l’auteur : 6 avril 2025

Je commence à avoir l’habitude. Ce couloir, ces chaises de plastique jaune, le froufrou des blouses, les murmures inquiets ou pressés. Et puis l’odeur. Je suis habituée, depuis le temps, mais je fronce toujours un peu le nez. Ce mélange de désinfectant, de maladie et de peur. Mais je n’ai pas le choix d’être là.

Un courant d’air vient chatouiller mes chevilles. Je frissonne, lève la tête. Un jeune homme et sa maman arrivent. Il a les yeux rouges, elle lui tient la main, comme à un petit garçon. Face à la douleur, on est aussi impuissants que les bambins. Je l’ai appris bien trop tôt.

La maman se dirige vers l’accueil. Martha, la secrétaire, essaie de les renseigner. Elle est gentille, Martha. Parfois, elle me laisse l’aider un peu. On discute. Elle me raconte comment c’est, dehors. Aujourd’hui, elle est fatiguée. Son bébé n’a pas fait sa nuit. Mais je lui ai déjà dit, moi ! Des bains de camomille pour le petit.

Le jeune homme est agité. Il regarde à gauche, à droite, puis de nouveau à gauche. Il a l’air de chercher quelqu’un. Il a l’air de s’être perdu en chemin. Je me lève, mon dos craque. Je fais quelques pas. Martha explique quelque chose, mais ça l’épuise.

– … ne pouvez pas la voir, sauf…

Mes oreilles me font encore défaut. Je m’approche encore un peu.

– … proche, vous ne voul…

– Je suis son petit ami.

C’est le jeune homme qui a parlé. Sa voix est assurée, contrairement à ses doigts qui s’entortillent. Sa mère lui jette un coup d’œil surpris, mais ne dit rien. Martha ne remarque par leur manège, mais je ne vais pas lui avouer que tout est faux. Le jeune homme doit beaucoup l’aimer, pour prétexter être aussi proche.

– Sélène Gavillet se trouve aux soins intensifs. Premier étage à droite, tout est indiqué.

Ah, je m’en souviens. C’était la panique, hier, aux urgences. Ils m’ont virée de là, j’ai dû abandonner les chaises de plastique rouge pour retrouver ma chambre aseptisée. Au moins, l’infirmière y a exposé une plante verte, pour me tenir compagnie. J’imagine qu’elle a oublié que je ne parle pas aux fleurs. Je devrais peut-être aller l’arroser. Elle avait dit tous les matins.

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Alphajuliett
Posté le 20/08/2025
Hello ! Je découvre ton monde et j'aime bien ce petit cocon. Ce texte ci est très touchant pour tout un tas de raisons mais malgré la tristesse du lieu et de la situation, tu en fais quelque chose de doux. Ca résonne beaucoup en moi, merci beaucoup pour ce texte :)
coeurfracassé
Posté le 22/08/2025
Salut salut !
Merci pour ton commentaire ! ça me fait chaud au cœur <3
J'espère que la suite te plaira aussi... N'hésite pas à les lire dans le désordre ;-)
Ce texte a une petite histoire... Cette scène se passe dans un contexte plus grand, et j'étais complètement bloquée, alors on m'a dit d'écrire avec un autre point de vue que celui du personnage. Disons que je m'étais bien amusée, et ça avait fonctionné =)
Encore merci <3
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