Louis s'avéra incapable d'attendre très longtemps avant de se plonger dans les vieux registres. Prenant toutes ses précautions, il chercha la bonne année et laissa échapper une exclamation de joie en voyant l'année 1836. Le registre était lourd, mais encore en plutôt bon état. Louis retînt son souffle en l'ouvrant. Les pages maintenant jaunies étaient couvertes d'une écriture fine et facile à lire. Il avait été très bien tenu, ce qui soulagea Louis. Il parcourut les lignes et les colonnes remarquant au passage que des commentaires se trouvaient inscrits dans la marge. Souvent en rapport avec le temps, parfois avec des ouvriers ou des événements comme le mariage d'une des tantes de la famille ou le décès d'un parent… Louis pris par ce qu'il lisait, se fit emporter par l'année 1836, vivant presque avec la famille, avant de se secouer et d'aller jusqu'à l'été. Au début de mois de Juin, il tomba sur le message qu'il cherchait : "Arrivée la semaine prochaine de huit saisonniers et de cette fameuse machine, la moissonneuse. «Suivait les noms et prénoms desdits saisonniers dont, remarqua Louis, un Sylvestre Caillon. Peut-être était-ce le bon ? Puis, il parcourut rapidement les pages suivantes sans rien trouver, sauf au mois d'août : "Licenciement de S. Caillon". Malheureusement, il ne trouva aucun détail de son renvoi. Avait-il été viré à cause de son travail ou de la découverte de sa liaison avec la fille du propriétaire ? Par acquis de conscience, Louis chercha si un autre ouvrier avait été renvoyé et comment cela avait été consigné. Il n'en trouva pas dans l'année 1836, preuve s'il en était besoin de la rareté d'un tel événement.
En parcourant le registre de l’année suivante, il découvrit, en date du 20 avril, la dépense pour l'enterrement d'Angeline. Cela l’étonna. L’accident avait eu lieu en août de l’année précédente. La famille n’avait quand même pas gardé sa dépouille tout ce temps-là ! Pourtant, l’écriture tremblée et la page gondolée souillée de tâches jaunies prouvait la tristesse du comptable.
En poursuivant ses recherches dans d'autres registres, Louis trouva enfin un autre cas de renvoi en Juillet 1841, soit près de cinq ans après. Un autre commentaire avait été laissé : Licenciement d'Auguste Villard pour ivresse, bagarres, injure à l'encontre de M. Lesellier et incendie volontaire. Il fut impressionné. Pour ce cas-là, le nom, le prénom et les fautes étaient clairement énoncées. Et quelles fautes ! Ce n'était pas de simples vétilles ou des arrivées en retard, non, là c'était très sérieux. Ce qui conforta Louis dans son opinion : la cause du licenciement de Sylvestre pouvait bien être sa relation avec la fille du propriétaire ce qui aurait abouti à son renvoi.
Quand il sortit de la salle où Christine conservait les registres, il avait le dos en compote et mal aux yeux, mais il tenait une bonne piste. Il devait retrouver ce qu'était devenu Sylvestre Caillon. Et de quelle manière cela pourrait aider Angeline. Car, Louis commençait à penser que c'était sans doute cette histoire avortée avec Sylvestre qui retenait son esprit et l'empêchait de trouver le repos. Sans compter le mystère des huit mois de décalage entre l’accident et l’enterrement… À quoi pouvait correspondre ce délai ? Sa famille n’avait quand même pas gardé son corps tout ce temps ! À moins que l’accident de la jeune fille n’est pas été mortel sur le coup… Elle aurait pu succomber à ses blessures plus tard, peut-être à cause d’une infection… Mais huit mois, cela paraissait très long, même pour des complications. Peut-être qu’Ophélie pourrait le renseigner…
Il se demandait aussi comment il pourrait trouver des renseignements sur Sylvestre. Sans doute en retournant à la bibliothèque, voir si la famille Caillon existait encore. Mais dans ce cas-là, devrait-il prendre contact ? Sans doute le jeune homme avait-il fondé une famille avec une autre jeune femme… Et ses descendants accepteraient-ils de donner des renseignements ? Avant le départ de Louis ? Car, le jeune homme voulait continuer à enquêter sur ce fantôme et découvrir ce qui avait pu arriver, surtout avec Ophélie.
Ophélie sur qui il tomba en arrivant dans la grande salle. La jeune fille, allongée sur le canapé, apparemment seule, écoutait de la musique. Dès qu'elle le vit, elle laissa tomber ses écouteurs et se leva rapidement :
-Alors ? Tu as pu trouver quelque chose ?
Louis lui sourit :
-Oui, je crois.
-Vas-y raconte !
Ravi de son intérêt, Louis ne se fit pas prier plus longtemps et lui relata ses découvertes. Visiblement fascinée, la jeune femme lui posa de nombreuses questions avant de tomber d'accord avec lui. Ce Sylvestre Caillon et son renvoi bien mystérieux faisait une excellente piste.
La jeune fille se montra aussi très surprise des huit mois et grimaça devant l’hypothèse de Louis. Garder un corps huit mois ! Non, certainement pas ! Et si une infection s’était déclenchée, il lui paraissait aussi très peu probable qu’elle lui ait résisté pendant tout ce temps avant d’y succomber d’un seul coup, surtout à l’époque.
En revanche, Ophélie tomba aussi d'accord sur le fait qu'ils devraient retourner au plus vite sur internet. Ce serait bien trop frustrant de devoir s'arrêter au seul prénom. D'autant qu'aucun des deux n'étaient certains que ce soit bien cette histoire avortée qui retienne Angeline.
Ils se décidèrent pour retourner en ville dès le lendemain matin, au moins pour vérifier si une trace de la famille Caillon existait sur la toile.
Quand les parents de Louis descendirent et trouvèrent leur cadet, d'habitude si isolé, en train de planifier une sortie avec Ophélie, ils en restèrent stupéfaits. Très naturelle, la jeune fille sourit de leur stupéfaction. Louis nota qu'elle ne fit aucune allusion à Ethan… qui n'avait pas reparu de l'après-midi. Sans doute s'était-il pris une belle soufflante de leur part.
Au souvenir de ce que Louis assimilait presque à un sacrilège, il se sentit à nouveau triste.
-Ça t’ennuie si on sort ? lui demanda Ophélie
« Jamais avec toi, songea le jeune homme en acceptant. »
Il fut surpris de la voir qui l'emmenait vers le bosquet, ce qui dut se voir :
-Je sais que ça va retourner le couteau dans la plaie, mais je veux revoir le banc.
-Je te comprends, répondit Louis, toujours outré et furieux de l'acte de vandalisme de son frère.
-C'est bête, fit-elle, avant que tu ne me le montres, j'ignorais même qu'elle existait. Pourtant, maintenant qu'elle a été … détruite, elle me manque. J'ai l'impression d'avoir perdu un objet cher. Sans compter que si ce sont ses sentiments envers Sylvestre qui la retiennent ici, peut-être que le fait que cette inscription ait été détruite…
-J'espère que non, mais je t'avoue que j'y ai pensé.
-C'est marrant, il y a peu, j'aurais donné n'importe quoi pour qu'elle parte, mais si elle ne revient plus…
-C'est normal, fit Louis, maintenant qu'on connaît son histoire, on s'est rapprochés d'elle, du coup, sa "condition" ne nous effraie plus trop. On a envie de continuer à l'aider, alors si elle devait partir sur un geste pareil, ce serait vraiment trop injuste.
-Tu as raison. Je ne comprends toujours pas pourquoi il a fait ça.
-C'est Ethan, il y a des fois, il ne vaut mieux pas se poser des questions.
Ophélie ne répondit rien et Louis craignit d'avoir brisé leur entente. Après tout, Ethan était son copain, en dire du mal, n'était sans doute pas une excellente idée. Ils arrivèrent enfin devant le vieux banc, mais restèrent face à lui, mal à l'aise. Avant que Louis ne se décide à faire le tour. Ce qu'il découvrit le laissa, bouche bée.
Le voyant stupéfait, Ophélie le rejoignit :
-Qu'est-ce qui t'arrive ?
Louis ne répondit pas, mais lui désigna le banc. La jeune fille n'en crut pas ses yeux : comme s'il ne s'était rien passé, l'inscription était intacte, dans l'état où Louis l'avait trouvé, à demi-effacée.
-Co… Comment c'est possible ?
-Au moins, maintenant, on a la preuve de ce qu'on pensait.
-Qu'est-ce que tu veux dire ?
-Qu'il semblerait que ce soit bien cette inscription qui retienne Angeline.
-Parce qu'elle est revenue ?
-C'est ça. Je l'ai lu l'autre jour à la bibliothèque. Un fantôme attaché à un lieu ou à un objet le protège de toutes dégradations.
-Pourtant, l'inscription s'efface et elle ne l'a pas restauré comme elle devait être en 1836.
-Non, mais elle l'a remise comme je l'ai trouvé, ce qui pourrait signifier qu'on avance dans la bonne direction…
A ce moment, les deux adolescents sentirent un souffle froid derrière eux, souffle accompagné du parfum floral.
-La revoilà, murmura Ophélie en prenant, par réflexe, la main de Louis.
-Ca va aller ? lui demanda-t-il doucement, ravi de ce contact.
-Je ne sais pas, mais vas-y.
Même si voir Angeline l'effrayait moins qu'Ophélie, Louis sentait toujours son cœur s'affoler, tellement cela était peu naturel. Il se retourna les yeux baissés et ne vit donc de l'esprit que ses chaussures, en premier lieu, avant qu'il ne redresse la tête.
Toujours aussi triste, elle le regardait.
-C'est… cette inscription qui vous retient ici ?
Le fantôme hocha la tête avant de laisser une main translucide flotter au-dessus du bois comme si elle voulait le caresser.
-Vous veniez ici avec … Sylvestre ? osa Louis, fasciné.
Nouveau hochement de tête, accompagné d'un sourire plus franc. Il lui sembla également que ses larmes s'atténuaient. L'esprit tourna la tête vers Ophélie. Louis l'imita et la vit les yeux fermés.
-Ophélie, je crois qu'elle voudrait que tu la regardes.
La jeune femme ne répondit pas, mais raffermit sa prise sur la main de Louis avant qu'il ne la voie ouvrir doucement les yeux tandis que sa main broyait la sienne.
-C'est dingue, fit-elle, d’une voix basse. Elle est vraiment là, j'ai pas halluciné.
-Non, ça, je te le confirme. Ophélie, je te présente Angeline, une de tes ancêtres, ton arrière grand-tante.
A ce moment, le visage d'Angeline se ferma avant qu'elle ne disparaisse soudainement.
-Elle ne m'apprécie pas, dit simplement la jeune femme.
Mais Louis était songeur. Quelque chose clochait.
-Je ne pense pas, fit-il.
-Ça m'a paru très clair à moi, rétorqua-t-elle. Elle me voit, elle se tire tout de suite. Je ne dois pas lui convenir.
Le jeune homme la regarda, surpris de sa virulence.
-Tu te trompes, elle te regardes souvent et, d'après moi, elle a apprécié ton effort quand tu as accepté de la regarder.
-Pourquoi elle est partie alors ?
Il prit le temps de la réflexion :
-Elle est partie quand je lui ai dit qu'elle était ton arrière grand-tante.
-Et alors ? C'est ce qu'elle est, je te signale.
-Peut-être pas.
-Qu'est-ce que tu es en train d'insinuer ?
-Je ne sais pas, j'avance au fur et à mesure, là, mais imaginons une seconde que l’histoire avec Sylvestre ait vraiment été loin, plus que ce qu'on pensait…
-Loin ? Comment loin ?
Puis, elle comprit :
-Attends, c'est énorme ce que tu dis là ! Selon toi, Angeline serait carrément tombée enceinte de Sylvestre ?
-Je ne dis rien…
-Tu le penses tellement fort. Mais, si tu as raison et si c'est le cas, cela pourrait signifier qu'Angeline serait ma… mon arrière arrière-grand-mère…
-Il va falloir faire des recherches, mais disons que ça reste envisageable.
-Ouais, en plus, je reconnais que cela nous donne le fameux message à délivrer. Mais bon, déjà, essayons d'avancer étape par étape. Demain, on file à la bibliothèque et on voit ce que donne la famille Caillon. Après…
-Après, il faudra se renseigner sur tes ancêtres. Parce que si tu descends d'Angeline, cela signifie que Siméon n'a pas eu d'enfants.
-C'est qui Siméon ?
Il la regarda un bref instant :
-C'était le petit frère d'Angeline, ton… ancêtre, enfin…
-J'en savais rien. Peut-être qu'il a accepté d'élever l'enfant de sa sœur et...
Soudain, elle s'interrompît.
-Quoi ? demanda Louis.
-Et si elle n'était pas morte tuée dans l'accident ?
Silencieux, il la regarda :
-Je ne te suis pas…
-Si Angeline est réellement mon ancêtre, au lieu de Siméon, cela implique nécessairement qu'elle était bien enceinte, mais aussi qu'elle l'a mené à terme.
-Cette hypothèse ne fonctionne pas avec l'accident soudain, oui tu as raison, à moins qu'elle y ait survécu…
-Ou qu'il n'y ait pas eu d'accident, reprit Ophélie, songeuse.
-Ça va loin là. Mais une question se pose alors : pourquoi y faire croire ?
-Parce que la grossesse d'une fille de dix-sept ans aurait ruiné la réputation de la famille.
-Donc, reprit Ophélie, d’après toi, le père aurait fait croire à la mort de sa fille dans un tragique accident pour éviter une mauvaise réputation ? Mais pourquoi aller aussi loin ? L'histoire d'amour d’Angeline aussi « grave » fut-elle, restait privée, hormis Sylvestre, peu de monde aurait été au courant…
-Sauf qu’enceinte, conclut le jeune homme, cela aurait été impossible à dissimuler surtout à la fin.
-Mais qu'aurait-il fait de sa fille ? Il ne pouvait pas la garder ici, tout le monde aurait vite compris le subterfuge et elle-même aurait fini par s'enfuir.
-Ça, j'en sais rien. Il faudra y réfléchir…
-Sans compter que si ça se trouve, on s'emballe pour rien. On est juste partis de la réaction d'Angeline, c'est tout. Si ça se trouve elle a bien eu un accident, mais elle y a survécu et comme elle était enceinte, son père l’a mise à l’écart…
-Oui, c'est possible, tu as raison. Mais si la réputation de sa famille comptait autant pour lui, le père Lesellier n’aurait pas risqué une fuite en la gardant ici. Sans compter que si Sylvestre aimait vraiment Angeline, il aurait forcément cherché à la revoir. Non, pour moi, notre théorie tient parfaitement la route.
-À moins qu’elle n’ait avortée…fit Louis.
-C’est possible, mais j'ai un doute. Même s'il désapprouvait l'histoire de sa fille, il l'aimait quand même, alors la faire avorter, avec les techniques de l'époque, devait être très risqué.
-D’accord, mais aller jusqu’à inventer un accident mortel… C’est un peu extrême, non ?
Ils gardèrent le silence, réfléchissant aux hypothèses qu'ils avaient envisagé. Etaient-ils dans le vrai ou Louis avait mal interprété la réaction d'Angeline ? Louis en doutait quand même fortement. Angeline voyait Ophélie depuis le début et avait recherché son regard. En revanche, ce n'était que lorsque Louis la lui avait présenté comme son arrière grand-tante qu'elle était partie, sans doute déçue de ne pas occuper sa vraie place dans la famille.
-Aussi bien, je me trompe complètement, fit le jeune homme.
-Non, certainement pas, fit Ophélie, tandis qu'elle posait la main sur son épaule.
-Comment tu le sais ? demanda-t-il, troublé.
-Parce que je te fais confiance, répondit-elle simplement.
Cette simple phrase troubla Louis à un point incroyable. Elle lui faisait confiance ! C'était extraordinaire. Jamais il n'aurait pensé que quelqu'un lui dirait un jour une telle chose.
-M...Merci, répondit-il.
-Je suis sincère, Louis. Tu n'as pas idée d'à quel point je suis heureuse de pouvoir t'aider à aider Angeline. Elle m'a permis de te découvrir.
-Je n'ai rien d'exceptionnel…
Elle sourit :
-C'est ce que tu crois ? Combien de personnes aurait gardé leur calme après avoir vu un fantôme ? Sur ce nombre-là, combien aurait essayé de l'aider ? Et sur ce nombre encore plus restreint, combien seraient parvenus à me convaincre de t'aider ? Très peu, je t'assure.
-Je ne t'ai pas convaincu, se défendit-il, c'est toi qui a décidé de m'aider.
-Parce qu'en te voyant agir avec elle, j'ai été curieuse de voir pourquoi tu ne semblais pas effrayé… Je reconnais que j'ai admiré ton courage à ce moment …et que je t'admire encore pour ton investissement.
De plus en plus stupéfait par la déclaration de la jeune femme, Louis ne savait plus quoi dire et n'arrivait même plus à penser.
-Et ne proteste pas, fit-elle, peu de gens aurait passé leur après-midi à fouiller de vieux livres de comptes pour un esprit qui n'est même pas de leur famille. Toi, tu l'as fait sans même te poser des questions.
-Tu m'attribues des qualités que…
-Que tu possèdes sans l'ombre d'un doute. Seulement, tu es bien trop timide pour les mettre en avant et tu restes en retrait, je me trompe ?
-Non, je me sens plus à l'aise quand on ne me remarque pas.
-Sauf que s’il n'y avait pas eu ce fantôme, comment t'aurais-je remarqué sinon ? demanda-t-elle en se mettant soudain face à lui. Les personnes comme toi sont rares, crois-moi.
-Je… non…, bafouille Louis qui ne sait plus où se mettre sous cette avalanche de compliments.
-Tu es un garçon intelligent, cultivé, sensible et courageux, n’en doutes pas.
Louis, la regarde, hésitant, ne sachant plus où se mettre. La jeune femme se détourna un instant plus tard, ôtant sa main et laissant Louis avec une curieuse impression au creux du ventre. Jamais il n’aurait imaginé qu’une fille lui dirait ce genre de choses, surtout une fille comme Ophélie
-On rentre ? proposa-t-elle.
-Heu, oui, si tu veux.
Il la suivit avec toujours cette curieuse impression. Ce qu'Ophélie venait de dire était un vrai miracle. Pour elle, c’était sans doute anodin, mais pour Louis, c’était un véritable chambardement…
Silencieusement, ils regagnèrent la maison. Leurs parents n'étaient toujours pas revenus. Seul Ethan, assis dans le canapé, lisait un bouquin. Il ne leur parla même pas et Ophélie n'entama aucune discussion.
-Je vais aller dans ma chambre relire mes cours, fit-elle soudain en se tournant vers Louis. Tu veux faire quoi ?
-Je ne sais pas trop, peut-être aller lire dans ma chambre, répondit-il.
-Tu sais où me trouver au cas où… fit-elle avec un demi-sourire avant de sortir de la pièce.
À peine fut-elle partie qu'Ethan leva les yeux de son livre et regarda son frère :
-Crétin.
-Quoi ?
-Je le crois pas, tu n'as rien compris ? Il te faut un dessin ou tu le fais exprès ?
Le regard perdu de Louis le fit soupirer :
-Il faut vraiment tout te dire ! Ok, je te la fais courte : Ophélie voulait que tu l'accompagnes dans sa chambre.
-Non ! protesta Louis.
-Si ! Sans l'ombre d'un doute, ça se voyait comme le nez au milieu de la figure.
-Tu me racontes des blagues.
-Pas du tout. Là, c'était une invitation en bonne et due forme. Tu crois qu'elle t'a dit où elle allait pour faire la conversation ?
-Heu, oui.
-Tu es désespérant, se lamenta-t-il. Et si elle t'a demandé ce que tu allais faire, c'était pourquoi ?
-Pour rien, juste comme ça…
-Laisse tomber, là, t’as loupé une occase en or.
-Mais… qu'est-ce que je dois faire ?
-Rien, mais si je peux te donner un conseil, la prochaine fois qu'elle te lance une perche pareille, saisis-la.
Soudain soupçonneux, Louis dévisagea son frère :
-Tu m'aides maintenant ?
-T’aider ? À quoi ?
-À rien, à rien, répondit-il précipitamment, comprenant qu’il avait gaffé.
-Pas avec Ophélie quand même !
-Non, non…
Son frère se leva vivement du canapé et entraîna son cadet à l’extérieur :
-Ophélie est un vrai canon et en plus, c’est une étudiante. Le fait qu’elle parle avec toi a dû te donner des idées et cela a dû être valorisant pour toi et je le comprends parfaitement. Tu n’as pas l’habitude, mais ne rêves pas trop, tu n’es pas à sa hauteur… Je ne sais pas pourquoi d’un coup elle s’est rapprochée de toi, mais ne te fais aucune illusion, pour elle, t’es qu’un gamin, à la limite un petit frère, mais tu ne pourras rien être de plus, jamais. Alors oublie-la, pigé ? Que tu passes un peu de temps avec elle, ok. Mais tombes pas amoureux d’elle, tu risquerais de tomber de haut. Compris ?
Stupéfait par la cruauté des paroles de son frère, Louis ne sut pas quoi répondre. Sans être véritablement proches, les deux frères s’entendaient d’habitude plutôt bien. Il n’aurait jamais soupçonné que son frère puisse être aussi dur, simplement parce que Louis passait du temps avec Ophélie… Pour une fois qu’il marchait sur ses plates-bandes… D’ailleurs, non, il n’y marchait pas, il voyait Ophélie à cause du fantôme, rien d’autre. Évidemment il commençait à développer un petit sentiment pour la jolie brune, mais ne se faisait aucune illusion sur une hypothétique chance, jamais !
Ethan, lui, n’attendit pas une réaction de son petit frère. Il lui ébouriffa les cheveux et retourna dans la maison, le laissant immobile dans la cour.
Oh, intéressant ! Angeline n'est peut-être pas la grand-tante d'Ophélie. Je ne sais pas comment tu le fais, mais plus on avance dans l'histoire, plus on a d'indices et des questions en parallèles. J'ai vraiment hâte de savoir comment tous ces mystères sont liés. En tout cas bravo parce que tu sais vraiment bien tenir le suspens et garder le lecteur accroché !
Ophélie fait de plus en plus de compliments à Louis ; elle cherche visiblement à le valoriser et à le rendre conscient de sa valeur, ce qui a l'air de bouleverser Louis. D'ailleurs, pourquoi s'étonne-t-il qu'une fille « comme Louise » lui dise de tels mots ? Si ça venait d'une autre fille, il aurait été moins surpris ?
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Je crois que la scène de la fin m'a laissée un peu confuse, à partir de : « Laisse tomber, là, t’as loupé une occase en or. » J'ai été très étonnée que Ethan « encourage » Louis a aller dans la chambre d'Ophélie. Enfin, c'est sa copine ! Et on dirait que ça ne le dérange pas qu'Ophélie fasse les yeux doux à Louis devant lui (j'imagine que c'est exprès pour rendre Ethan jaloux ou se venger encore une fois.) Ensuite, Ethan se contredit, en disant qu'il n'aiderait jamais Louis à conquérir Ophélie. Un peu après, Louis a l'air de ne pas comprendre pourquoi Ethan s'énerve contre lui, alors que c'est plutôt évident que c'est la jalousie et une jalousie compréhensible. Est-ce que Louis est aveuglé parce qu'il est encore chamboulé par les mots d'Ophélie ? Evidemment, rien n'excuse la dureté des paroles d'Ethan !
REMARQUES
Louis retînt son souffle → retint
Louis pris par ce qu'il lisait, → je mettrais « pris par ce qu'il lisait » entre deux virgules
Au début de mois de Juin → du mois de juin
n’est pas été mortel sur le coup → n'ait pas été
Ophélie sur qui il tomba en arrivant dans la grande salle → je mettrais une virgule après Ophélie
j'ignorais même qu'elle existait. → Un peu avant, tu mentionnes « le banc », alors qu'ici, tu dis « elle ». J'écrirais « l'inscription » à la place de « elle », comme ça, tout est clair.
Ethan était son copain, en dire du mal, n'était sans doute pas une excellente idée → Niveau ponctuation, j'écrirais la phrase plutôt comme suit : Ethan était son copain ; en dire du mal n'était sans doute pas une excellente idée
Ce qu'il découvrit le laissa, bouche bée. → pas besoin de virgule ici ^^
elle ne l'a pas restauré → restaurée (vu qu'on parle de l'inscription)
comme je l'ai trouvé → trouvée (idem)
elle te regardes souvent → regarde
À moins qu’elle n’ait avortée → avorté
avec les techniques de l'époque, devait être très risqué. → En effet ! Et je crois que c'était même vu comme un crime, non ?
lorsque Louis la lui avait présenté → présentée
Combien de personnes aurait gardé → auraient gardé
combien aurait essayé → auraient
peu de gens aurait passé → auraient
Je… non…, bafouille Louis → bafouilla (comme le reste du texte est au passé composé)
n’en doutes pas → doute
Louis, la regarde, hésitant, ne sachant plus où se mettre. → la virgule après Louis n'a pas d'utilité, alors je l'enlèverais // regarde → regarda
surtout une fille comme Ophélie → il manque un petit point à la fin de la phrase ^^
Le côté enquête m'ayant demandé pas mal de recherches, je tenais vraiment à ce que l'on suive les réflexions et avancées de Louis. Et puis, je devais aussi mesurer la révélation des indices pour ne pas aller trop vite et veiller à ce que tout reste cohérent. Mais, c'est vrai que pour l'instant, tu n'as que des hypothèses...
Je suis ravi d'avoir réussi à t'accrocher et que chaque nouvelle réponse apporte son lot d'énigmes. C'était un peu le but. Montrer que résoudre ce mystère ne sera pas simple.
Et comme tu l'as remarqué Ophélie a pris conscience de la valeur de Louis, mais aussi de son manque de confiance en lui, elle essaye de lui prouver qu'il peut se faire confiance. Et, pour répondre à ta question, venant d'une autre fille, il aurait été tout aussi surpris, bien sûr, mais Ophélie est une belle femme, étudiante. Lui, si souvent mis de côté par les filles de sa classe, a du mal à accepter ses compliments qui le valorisent, il n'est simplement pas habitué.
Quant à la scène de fin, oui, celle là sera à retravailler. je voulais montrer qu'après la dispute entre eux, Ethan "lâche" un peu la bride à Ophélie avant de revenir vers elle. Il n'aide pas son frère mais ne le voit pas comme un rival, il lui explique les choses. mais pour lui, jusqu'à la réflexion (maladroite) de son cadet, il ne voit pas le rapprochement d'Ophélie-Louis comme un obstacle.
Suis-je clair ?
le mystère sur la mort d'Angeline s'épaissit, même si je trouve étrange que parmis les théories soulevées, il n'y ai pas l'une des plus probable : bléssée et enceinte, Angéline est restée isolée en attendant le terme de sa grossesse, mais au bout du compte elle est morte en couche. ça serait simple je trouve ...
Moi je pense que le coup du "je vais dans ma chambre, tu vas faire quoi" c'était pour faire bisquer Ethan x) et les deux garçons n'auraient rien compris !
Oui, j'avoue que ce serait plus simple... je n'avais pas imaginé cette théorie à cause de la direction que je voulais prendre, mais tu as raison, elle paraît plus logique. Faudra que je retravaille ça.
L'idée, c'est de bien comprendre à quel point avoir sa fille de 17 ans enceinte, à fortiori d'un "simple" ouvrier puisse être humiliant pour son père, très à cheval sur sa réputation. Du coup, il imagine un stratagème pour non seulement que personne ne sache que sa fille est enceinte, mais aussi pour rompre tous liens avec Sylvestre.
Quand à la remarque d'Ophélie, bien sûr, le fait qu'elle dise ça à Louis devant Ethan, c'est pour le faire "bisquer". (Marrant ce mot, cela faisait longtemeps que je ne l'avait plus vu ;)
En tout cas, merci encore du passage.