La vie de paumé rendait le futur incertain. La toxine, quelle qu’elle soit, rendait l’avenir flou. Ils n’étaient jamais sûrs de se revoir. Tout pouvait arriver. Aucune hypothèse ne pouvait être écartée. Elle pouvait décider que le désordre lui était finalement trop insupportable. Lui, avec quelques fumées, pouvait se convaincre qu’il n’avait pas besoin d’elle. Elle pouvait cesser d’écrire des lettres. Il pouvait cesser de répondre au téléphone. Ils pouvaient décider de se fuir jusqu’au restant de leurs jours. Oui, disparaître était facile. Alors, tant qu’ils étaient ensemble, tant qu’ils se portaient de la tendresse, ils profitaient. Elle se blottissait entre ses bras. Il s’endormait contre sa poitrine. Elle passait une main dans ses cheveux. Il respirait son parfum. Ils s’embrassaient. Encore et encore. Puis ils se quittaient. Et pour ne risquer aucun regret, celui qui partait glissait à l’oreille de l’autre un « Adieu mon amour ».
Chacun priait tout bas pour que cela reste une plaisanterie.