Petites cuillères

Par Carl

Elle s’était levée au milieu de la nuit. Il l’avait sentie s’échapper d’entre ses bras. Il l’avait attendu un moment, puis s’était levé. Les yeux à peine entrouverts, il avait fini par la trouver dans la cuisine. Elle lavait ses petites cuillères. Elle le faisait à chaque fois qu’elle était stressée. Lorsque l’angoisse montait. Que sa tête devenait trop étroite pour ses pensées, elle se jetait sur ses petites cuillères. Elle les passait sous l’eau. Les frottait. Les séchait. Une à une. Parfois même, elle en lavait certaines plusieurs fois. La satisfaction de les voir briller était sa seule arme contre l’anxiété. Les gestes répétitifs sa seule défense contre ses réflexions envahissantes. Elle frottait. Aussi vite que son cœur battait. Elle agitait le torchon. Aussi brusquement que ses épaules tremblaient.

Il l’avait regardé, de dos. Il n’avait rien dit. Il s’était approché, avait passé ses mains autour de ses hanches et l’avait embrassé sur le front. Elle avait continué de pleurer. Elle avait continué de frotter. Mais il avait continué de la serrer. La tendresse pour nouvelle arme face à l’anxiété.

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