Place du Parlement, assise à la fontaine.
Tu m'observes de loin et déjà tu souris.
Nous ne buvons qu'un verre et pourtant c'est ici
Qu'une ivresse de joie suffit à ma grand'peine
Je prendrai bien du cidre et ma main dans la tienne
Et, buvant de ce vin qui rend les yeux si clairs,
Tu verras dans les miens cet iris calme et fier
Que je porte parfois quand mes yeux se promènent
Sur toi ; qui es mon cap, mon Nord, mon capitaine.
Et je rentrerai seul, et tu partiras loin.
Nous voguerons tout deux vers le soleil prochain
Toi sur le ciel des nuits, moi sous la pluie, la peine.
Je croirai quelquefois t'aimer plus que je pense
Comme un vaisseau s'accointe à la mer la plus dense.
J'apprécie ce poème qui m'évoque une relation entre deux êtres teintée de mélancolie et du sentiment d'être à la fois proche et éloigné de l'autre, comme si, malgré la séparation, on se retrouvait toujours quelque-part (dans une image poétique qui nous relie, par exemple).