En cette belle matinée, à l’intérieur de la petite maison familiale, l’enthousiasme du jeune homme était palpable. Il avait beau être tôt le matin, Connor ne dormait plus et grouillait comme un petit insecte qu’on aurait enfermé dans un verre. Il attendait avec impatience que le premier rayon lumineux vienne caresser son visage car les instructions de sa mère avait été bien claire la veille. Celle-ci avait dit en pointant le petit garçon du doigt « Si je te vois debout et que le soleil n’est pas encore là, tu auras le droit à une de ces fessées! ». Alors le voilà là à écouter les derniers chants des chouettes en essayant de trouver la position la plus confortable dans son petit lit dont le matelas devait probablement être plus dur que la roche. Le sourire qui émanait de son visage était certainement en mesure de faire sourire le plus vil des bandits, mais pas son père. Cet homme était stoïque comme le roc. Rien ne semblait jamais l’atteindre. L’autre jour, alors que Connor transportait des sauts pour sa mère, il s’était planté un clou directement dans les doigts en essayant d’accrocher une pancarte avec l’aide d’un voisin. La plupart aurait assurément crier à tue tête, mais pas lui, il s’était seulement contenté de retirer tranquillement l’éclisse de métal de sa peau. Connor l’admirait autant qu’il le craignait. Sa mère, elle, était différente. En fait, Connor n’aurait su comment la décrire. Cette femme pouvait autant être la plus belle des princesses et donner des sucettes à tout les petits bambins, mais également être la plus cruelle des sorcières que ce monde ai connu et ensorcelé tout le monde de sa mauvaise humeur. Son fils était certain d’une seule chose à son sujet, c’est qu’elle n’aimait pas Flora. Selon elle, la petite Flora était poursuivie par une malédiction qui suivrait qui conque oserait la suivre telle la pluie suit un faiseur de pluie.
Connor fut ébloui. Sayez! Les premiers jets jaunâtres étaient arrivés! Le petit garçon sauta hors de son lit à la manière d’une gazelle avant d’enlever à la vitesse de l’éclair son pyjama. Aujourd’hui était sa journée! C’était le jour de l’année où celui-ci avait le droit de jouer sans arrêt tout en étant dispensé des tâches quotidiennes. Alors que le jeune homme enfilait ses combines et sa tunique, la lumière vint éclairer le petit chaudron, la table, les chaises et l’entièreté de cette petite maison dont les rideaux tombaient en lambeaux. « Qui a besoin de rideaux quand on se réveille avec le soleil »avait affirmé sa mère lorsque Connor avait mentionné ce détail. L’enfant maintenant âgé de 7 ans sauta dans le lit en face du sien dans lequel dormait ses géniteurs. Sa mère, odeur de rose, accueilli son fils à bras ouvert en lui marmonnant des souhaits d’anniversaire et son père odeur d’alcool se retourna tout simplement. Bien vite, la bouilloire se mit à chanter son chant strident et le linge sur le pain quitta son lit. Connor fut fier de montrer ses nouveaux pas de danse que ses amis connaîtront plus tard dans la journée à son père mais celui-ci ne fit que hausser un sourcil avant de s’en délecter. Suite à cela, Delma félicita son fils afin de ne pas le contrarier et alla aider son mari à sortir l’attirail nécessaire à la pêche que celui-ci irait faire plus tard dans la journée. Le garçon fut ravi que sa mère soit si enthousiaste envers sa danse et engloutit son petit déjeuner. Il était maintenant près pour une grande aventure!
Dès qu’il y fut autorisé, Connor sortit en trombe de la maison et s'exalta devant l’enthousiasme que Ruddy, Luc et Bohort urent en le voyant arriver. Après cela, la journée passa à toute vitesse, les garçons se racontèrent des tonnes de blagues, jouèrent aux chevaliers et ils allèrent même piquer des pommes au marchand plus loin. Le visage rouge et boursouflé du vieillard avait été à en mourir de rire. Suite à cette péripétie, le chemin des camarades fut conduit vers la plaine où des moutons furent les victimes des cris mi humain mi démon de ces petits diables. Les pauvres avaient dû être traumatisés à en voir la vitesse à laquelle ils avaient déguerpi. La journée était parfaite… presque parfaite. Le soleil commençait déjà à descendre dans le ciel et Connor n’avait toujours pas vu Flora. Il avait espéré de tout cœur que ce soit elle la première personne qu’il croise ce matin, mais non. Elle avait pourtant dit, il y a 3 jours, lors de leur dernière rencontre, qu’elle adorerait fêter ce moment avec lui. Avait-elle oublié? Connor n’en savait rien et ses idées furent transportées ailleurs lorsque Ruddy lui balança un brin d’herbe juste en dessous de son nez. Après avoir éternué 3 fois le garçon arracha à son de l’herbe qu’il envoya valser sur son nouvel ennemi juré! Ruddy cracha les projectiles et se jeta en riant sur le tireur fou. Luc et Bohort se joignirent vite et la bataille et celle-ci se termina seulement au moment où Molna, la mère de Luc, vint l’interrompre en jurant des mots peu distingués. Ne voulant pas subir le même sort, les deux autres garçons quittèrent avec Luc et Connor se ramassa tout seul dans la plaine dans laquelle il s’assit pour admirer le soleil qui commençait sa partie de cache cache quotidienne.
Le silence avait regagné la plaine magnifiquement verte entourée de sapin et d’érables. De petites marguerites avaient survécus à l’affrontement chevaleresque des enfants et se redressaient à présent, semblant vouloir atteindre le ciel couleur de feu. Connor inspira profondément l’air chargé de pollen et s’allongea sur le dos en toussotant. Il ferma les yeux et s’imagina avec une belle épée bien tranchante, une armure luisante dans lequel on pouvait s’admirer et une cape qui flottait au vent. Il imagina également un cheval qu’il nomma turbo sur lequel il traversa grottes et plaines. C’était ainsi qu’il se voyait dans le futur. Avec un tel charme, son père sourirait enfin et plus personne ne tomberait malade c’était certain! Tout le monde serait heureux de...
« Messir! » Lança une voix qu’il connaissait bien
« Flora! »
« La seule et l’unique » fit-elle en faisant la révérence « Vous avez mener un combat sans merci, je vous félicite! »
« Oh, tu nous a vue! T’as vu comment Luc a mordu la poussière! »
« Et oui! T’es le plus fort! » Cria la jeune fille enjouée.
« Pourquoi... » Connor ne termina pas sa question. Il savait pourquoi elle ne les avait pas rejoint. Une fille qui se bat !? Ce ne pouvait être rien d’autre qu’une vampire ou une sorcière! De plus, il faut également noter que Flora n’avait pas une très bonne réputation auprès des autres enfants. Celle-ci s'était faite ridiculiser le mois passé lorsqu’elle s’était pointée sans robe mais avec des pantalons ou l’autre fois lorsqu’elle avait préféré raconter des histoires de monstres plutôt que de jouer à la poupée.
« Pourquoi n’essayez vous donc pas de me vaincre ma chère » Dit le garçon.
« Je n’attendait que cela » Répondit-t-elle le visage empli de confiance.
Les deux amis commencèrent à s’échanger des petites frappes toutes gentilles, le sourire aux lèvres. Ce petit jeu dura peut-être une dizaine de minutes avant que Connor ne mette son amie à terre. En riant, celui-ci lui tendit la main qu’elle accepta en faisant mine d’être outragée de s’être fait vaincre.
« Viens, je veux te montrer quelque chose »
Sans poser plus de questions, Connor suivit, tel un chien de chasse, la fillette dans le petit boisé qui bordait la plaine. Ici et là, de grosses racines remontaient du sol et demandaient à être enjambées. Des fougères étaient également présentes et venaient compléter l’atmosphère entamé par les roches sur lesquelles les amis avaient décidé de sauter. Une fois celles-ci perdues dans l’horizon, Flora s’arrêta. Ils étaient arrivés à destination. Quelques pas de plus et leur étang serait visible. C’étaient sur le bord de ce même étang que, l’an dernier, les deux s’étaient fait gronder par leurs parents respectifs. En effet, ils avaient trouvé ce petit étendu d’eau en soirée et avaient décidé d’y faire une sieste de quelques minutes. Ces minutes s'étaient cependant malencontreusement transformées en heures. Depuis ce jour, les deux camarades avaient décidé que cet étang deviendrait leur petit coin à eux et que le plus clair de leur temps se déroulerait à cet endroit. Ils y avaient organisé leur concours de lancé de galets, s’y étaient baignés et y avaient même fêté l’anniversaire de Flora le mois passé. Alors, Connor n’était aucunement étonné que son amie l’ai amené ici en ce jour de fête. Flora lui quémanda de fermer les yeux ce qu’il fit. Une fois ceux-ci fermés, la jeune fille ordonna formellement de ne pas les ouvrir avant son signal. Cela fut dur, presque insoutenable , mais le petit garçon tint bon alors que son cœur commençait à jouer un solo de tambour dans sa poitrine.
« Voilà ! » lança enfin Flora après ce qui avait sembler être une éternité. Elle tenait un magnifique gâteau qui, elle le confirma, avait été confectionné de ses soins. Il était tout rond et de la confiture de fraise avait été étalée sur le dessus. Il n'était assurément pas le plus sophistiqué des gâteaux, mais c’était assez pour faire crier de joie le petit Connor. Cette réaction élargit le sourire qui décorait le visage fin de Flora et encouragea celle-ci à couper une part à l’aide du couteau qu’elle avait pris soin d’apporter. Ce gâteau allait être délicieux, Connor en était déjà persuadé puisque, comme sa mère le lui avait déjà dit, les meilleures choses étaient celles préparées avec amour et de l’amour, plutôt de l’amitié, ce gâteau en regorgeait! Une fois la part dans sa main, Connor remercia pour la dixième fois son amie avant de dévorer la friandise. Elle était succulente. Le goût de l’avoine et de la fraise se mariait à merveille. C’était merveilleux. Il regarda son amie. Elle avait des miettes sur le visage alors il ria car il savait que demain serait un autre jour. Il ria afin de profiter du moment présent car il savait qu’un jour, Delma lui ordonnera d’arrêter toute relation avec cette fille et que ce moment deviendra un souvenir à chérir...