Une odeur de pomme

L’odeur embaumait l’entièreté de la cabane. Elle était délicieusement sucrée. C’était comme cela à chaque automne depuis qu’elle avait appris la confection des tartes aux pommes il y a 3 ans. Le chant joyeux des oiseaux venaient accompagner de façon merveilleuse celui de Flora qui dansait prêt du four. La chaleur qui en dégageait était d'ailleurs réconfortante et réchauffait l’entièreté de la cabane que Connor traversa pour atteindre la porte. 

« Bon matin! » cria la jeune femme en glissant vers son amant sa robe flottant derrière elle.

« Bon matin! » 

« Bien dormi ? » 

« Oui merci, et toi ? »

« Oui! »

« Ça sent bon! »

« Je ne te le fais pas dire! J’espère que tu auras faim ce soir, j’ai encore deux tartes dans le four. »

« Évidemment, tu sais que je raffole de ta cuisine! »

« Super! »

La jeune femme sentait les pommes elle aussi. À bien la regarder, Connor remarqua que même des quartiers de pommes s’étaient glissés entre ses mèches. Cela ne le surprit même pas. Cette fille avait l’habitude de se laisser emporter lorsqu’une activité la passionnait. Le bûcheron prit alors les morceaux de fruits qu’il engloutit aussitôt et les grands yeux de Flora lui confirmèrent que ce geste n’était pas passé inaperçu. Ils rigolèrent quelques secondes avant que la jeune femme ne dévoile une belle grosse pomme.

« En veux-tu une entière » Lança-t-elle de ses yeux qu’elle désirait menaçants.

« Qui me dit que tu n'essaye pas de m’empoisonner!? »

Flora croqua ardemment dans la baie de manière à en laisser un gros troue avant d’ajouter «  Nous sommes tous les deux empoisonnés maintenant! ». Suite à cela, les deux compagnons s’échangèrent de petits regards complices ainsi que la pomme.

« Je dois y allé! »

« N’oublie pas ma farine » Lança Flora en tournant de manière à faire s’envoler sa robe.

Connor lui confirma qu’il avait compris la requête et déverrouilla la porte pour sortir. Le vent froid de l’extérieur le frappa amicalement alors qu’il traversait le petit boisé qui séparait sa cabane du reste du village. Les arbres multicolores semblaient le saluer avec leurs milliers de branches de toutes les tailles. Les nuages blancs ressemblaient à des morceaux de coton et allaient épouser les collines au loin. Le bûcheron continua son chemin à travers le village où enfants jouaient et vendeurs criaient. Cela faisait maintenant 4 ans que Flora et lui vivaient dans ce petit regroupement de maisons. Au début, les habitants les avaient regardés comme s’ils étaient des loups, mais aujourd’hui, presqu’à chaque semaine un homme, une dame ou même un enfant venait leur rendre visite pour prendre de leurs nouvelles et déguster les fameux plats de la belle Flora. Celle-ci avait un véritable talent en terme de cuisine qu’elle ne manquait pas d’afficher. Ce talent, c’était de sa mère qu’il venait tout comme le jolie pendentif qui pendait à son coup. Elle ne l’enlevait jamais, Connor ne s’était jamais demandé pourquoi. Pour lui, ce collier dorée faisait part entière de la jeune femme tel qu’un pied ou une main.

En plusieurs minutes, peut-être une heure, Connor arriva sur le chantier. À cette période de l’année, il était bûcheron comme la plupart des hommes qu’il côtoyait le bois de chauffage devant être fait en prévention de l’hiver. L’an passé, Connor avait bien rigolé lorsque Flora avait tenté de bûcher un des arbres. Le tronc avait failli écraser ses pieds et les branchages lui avaient griffé le visage. Cette fille était forte et audacieuse, c’était indéniable, mais elle était également maladroite dans les domaines qui lui étaient inconnus. D’autres bûcherons avaient ri d’elle, mais, à la manière d’une enfant, la bûcheronne à en devenir leur avait fait la grimace avant d’aller se réfugier dans les bras de Connor. Parfois, comme en ce moment, le jeune homme repensait à des moments comme celui-ci alors qu’il tapait du bois et cela lui donnait la force d'abattre des milliers d’arbres. Il était fou amoureux et, il l’espérait, Flora aussi.

Une fois le midi arrivé, le bûcheron et ses compagnons déballèrent leur matériel et commencèrent à manger en se racontant des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres. C’était ainsi à chaque dîner qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il fasse beau soleil. Aujourd’hui, c’était le troisième scénario. Le Soleil venait frapper tout le monde de plein fouet voilà pourquoi les garçons s’étaient installés à l’ombre. L’odeur du bois mélangé à celle des pommes était gratifiante et le bruissement des feuilles au vent reposant. Du moins, reposant jusqu’à ce que les rires des bûcherons retentissent dans cette atmosphère. Dolter venait de faire encore une de ses blagues hilarantes auxquelles personne n'était impassible. Cet homme était un comédien né, il savait manier ses mots, son ton et ses gestes à la perfection pour être sûr de faire réagir son public. Le bûcheron était également très sympathique, c’était le premier à être venu voir Flora et Connor à leur arrivée. Il avait donné de magnifiques fleurs à Flora et avait présenté toute sa famille aux deux compagnons. Sa blague du jour traitait de l’arbre qui avait presque écrasé Jackson plus tôt dans la matinée. Le pauvre avait vu sa vie défiler devant ses yeux et devait à présent subir les moqueries de ses amis. Il pouvait au moins se consoler avec la pensée comme quoi il aurait une bonne anecdote lors du prochain repas familial. Chose que lui bénéficiait à l’instar de son ami Connor. En effet, le dernier repas de ce genre que le jeune homme avait connu remontait à un passé très lointain.

L’heure du dîner passa à une vitesse ahurissante et les bûches recommencèrent rapidement à voler. Cinq ou six arbres de plus furent abbatu puis vint le moment de transporter les très convoités combustibles. À chaque fin de journée chacun remplissait à rabbord un traîneau qu’ils tiraient ensuite jusqu’au village. Afin de faire cette tâche, il y a quelques semaines, les hommes s’étaient amusés à faire une course à relais. Cela les avait épuisés et attiré les regards curieux des femmes et enfants. Flora était de ceux-là et avait accueilli de façon enjouée son athlète accompagné de son magnifique sourire ineffaçable. Aujourd’hui, le voyage n’était pas de la même intensité. Connor parlait avec Dolter et Jackson. Ils parlèrent de la sorte jusqu’au village où ils se saluèrent ensuite pour recommencer le même processus le lendemain...

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