XXII-Arbre mort
— Laisse-moi faire, Inès.
Michel s’accroupit face à la directrice qui, même ligotée, ne perdait rien de sa superbe.
— Madame la directrice, un peu de bon sens. Renoncez à vos ambitions.
— Tu es pitoyable.
Michel battit en retraite.
Inès leva les yeux au ciel avant d’aller les planter dans ceux de leur prisonnière.
— Ecoutez, vos projets sont voués à l’échec. Vous voyez les gens là-bas ? Leur vie entière tourne autour des cultures de girofliers et de canneliers. Or, l’équilibre de leur biocénose s’effondre et leurs arbres meurent, car leur monde est lié au nôtre et impacté par notre crise climatique. Aaïerberg nous donne l’occasion de tous nous sauver. Etes-vous assez intelligente pour oublier vos privilèges et la saisir ?
La directrice se cuirassa dans un silence hautain. Inès se redressa.
— Dommage, Claude va devoir négocier maintenant. Et elle refuse de prêter son téléphone.
XXIII-Pôle
« Libérez Mme la directrice et nous ne prendrons pas de mesure de représailles. »
« C ns ki von vou reprézayé si vs renD pa Domi !!!!!!!!!!!! »
— Attends, Claude, tempéra Inès. Nous devons négocier un échange.
« ok en échanj de Domi on vou mé pa de pégné !! »
« Négatif, les termes sont inéquitables. »
Pendant ce temps, Inès continuait de réfléchir.
— Nous approchons du pôle et ils ne doivent pas nous y suivre …. J’ai une idée.
Elle releva la tête.
— Dis leur de nous retrouver à l’ouest de la forêt de pin qui se trouve à une journée de marche au nord-nord-est du lieu de notre confrontation.
« RDV a la foré a louesste pa lo1 dché paul. Gar a vo fèçe si vs avé touché 1 cheuveu de Domi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
XXIV-Grizzly
— Dites, commença Michel du bout des lèvres, c’est vrai que personne ne m’aime ?
Inès ouvrit la bouche en cherchant ses mots mais fut devancée par Claude.
— Ouais, carrément t’es trop relou !
— Non mais après, être aimé, ce n’est pas une fin en soi … modéra Inès.
— Même ma femme me dédaigne …
Leur silence laissa place à la rumeur des deux clans qui se déployaient à l’orée de la forêt.
— Domi dirait un truc genre que c’est pas trop tard pour ouvrir ton cœur d’ours, soupira Claude avant de s’écrier : Domi !!!
Les hommes en blanc étaient arrivés. Ils se placèrent en face, à distance prudente.
— Procédons à l’échange ! aboya leur chef
Il avança en agrippant Dominique, Inès fit de même avec la directrice. Un grognement féroce suivi d’un cri les figea ; un grizzly jaillit d’entre les bois et sema le chaos.
J'aime bien l'idée de deux mondes liés l'un à l'autre, en symbiose, dont nul n'aurait conscience et pourtant, les conséquences sont bien réels et tangibles. Et le grizzly qui vient tout foutre en l'air. Il arrive à point nommé, lui !
Merci ! J'ai toujours peur que mes idées soient trop farfelues et pas assez claires.