XXV-Œuf(s) endormi(s)
La débâcle causée par le grizzly avait éparpillé les groupes.
Dans la forêt, Michel avait retrouvé la directrice et Aaïerberg. Ils marchaient, emmitouflés dans leurs épaisses fourrures. Michel avait froid. Un froid, lui souffla une petite voix déplaisante, qui n’avait rien à voir avec la météo.
Il se redressa soudain en entendant Aaïerberg presser le pas, et courut derrière lui, de peur de se perdre complètement. Il le retrouva, un gros œuf noir veiné de rouge entre les bras.
— Un œuf de dragon. Il attend d’être réveillé. Tu peux réveiller dragon et devenir son partenaire si tu réveilles ton cœur endormi aussi.
Abasourdi, Michel accueillit l’oeuf.
— Et moi ? se manifesta la directrice.
— Pas pour toi. Cœur trop corrompu. Le dragon risque … comment dire … se lever du pied gauche.
Aaïerberg repartit, sans remarquer les mâchoires crispées de la directrice. Ni le regard calculateur qu’elle lança à Michel.
XXVI-Hibernation
— Les gars, réfléchissez par vous-même pour pas vous faire hiberner !!
Claude surplombait les hommes en blanc qui se pelotonnaient les uns contre les autres dans une caverne.
— Pourquoi vous suivez la teigne ? Dès qu’elle a c’qu’elle veut : pfuit ! Fini pour vous !
— Vous, vous suivez bien le fripé, osa un soudard.
— C’est pas pareil. Il m’a ressuscité et il veut sauver nos mondes en les endormissant. J’ai pas tout compris mais Domi, si. Et puis, il ressemble à Yoda.
L’argument fit mouche dans l’assemblée qui opina avec ferveur.
— J’ai le nez pour ça, regardez Domi. Bon, j’me suis plantée sur Inès, elle est chelou mais pas méchante. L’important, c’est d’garder l’esprit ouvert.
Un assentiment bourdonnant parcourut la roche. Le soleil glissa un rayon sur Claude qui se déplia :
— Allez, on va retrouver notre liberté. Et Domi !!
XXVII-Poudreuse
— J’espère que Claude a pu s’abriter.
Dominique, Inès et les membres des deux clans perçaient leur chemin dans une couche de poudreuse haute comme un vélociraptor.
— Elle ne répond pas à tes messages ? demanda Inès.
— Seul son téléphone a une batterie assez conséquente pour tenir encore. J’aurai dû l’écouter quand elle insistait pour que j’achète le même …
—Kqïingoffzenörss ! s’écria soudain la cheffe des girofles.
Le faîte d’un mégalithe se découpa face à eux, dans leur horizon surélevé, suivi d’une voix familière :
— … gars, le roi du Nord !
— Claude !!
— Domi !!!!
Claude et Dominique coururent en direction de leur cœur, c’est-à-dire à gauche du titanesque menhir.
— Claude ?
— Domi ?
Elles virèrent de bord et tournèrent encore, sans jamais se croiser.
— Claude ??
— Domi ??!! Bouge pas, j’arrive !!
Enfin, elles se retrouvèrent. Leur étreinte repoussa le froid neigeux mieux que n’importe quel feu.
J'adore la comparaison "une couche de poudreuse haute comme un vélociraptor." Elle m'a fait beaucoup rire. Inattendu et pourtant représentatif.
J'avais très fort en tête la scène de Jurassic Park dans les hautes herbes avec les vélociraptors qui se fraient un chemin et le protagoniste qui crie "Pas dans les hautes herbes !", alors j'ai fait un clin d'oeil !