Atlantis

Par Ante
Notes de l’auteur : Métré, non rimé.

Le passage en italique est inspiré d'un extrait de Barbare, un poème d'A. Rimbaud.

Le continent sombrait dans des salves d’eaux mortes

Quand brûlant, un navire s’épuisait de cendres

Et son peureux naufrage entamait en sillon

Sur la lèvre gaïenne une gerçure aigrie

 

Et crottait de boue noire un innocent babil

Dans la bouche éclatée du bambin sur le roc.

 

Tue, marbrée, interdite, et tranchée en sabord,

Écoulant, juvénile, d’inconscients filets

D’eaux nues, d’océans froids, et d’un ressac ému

Dans la gueule affolée de l’univers en rage...

 

L’arrête morfondue aiguisait ses coquilles

La creuse dent du môme entachant l’armement

Où la fée cristalline taillait en résille

Les azurs orangés dans le loin – Firmament !

 

Et les clairons tonnaient, tourmentant l’abordage

Des côtes déferlant en bourrasques liquides ;

 

Un pavillon de viande ferlait en saignant

Les corolles dorées des fleurs bleues de l’arctique

 

(n’existent-elles pas?)

 

Alors, sautillant, plu dans le bain bouillonnant,

Un pétale étourdi s’enivrait de couleurs

Puis suscitant aux morts un sursaut vaniteux…

 

Aux algues emmêlées, les infinies douleurs !

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ABChristLéandre
Posté le 13/02/2024
La fin est bonne. Une conclusion si élégante;
Néanmoins, je ne vous le cacherais pas, j'éprouve vraiment énormément de mal à percevoir la subtilité de votre art.
Je ne sais pas si l'alignement de vos paragraphes correspond à vos plans, mais elle est imperceptible et rend la tache de la lecture particulièrement ardue. Cependant, ce que vous écrivez est très beau et j'aime bien les challenges littéraires de cet d'acabit. Donc, je reste tout ouï.
Adrien Vermeil
Posté le 04/02/2024
Je m'arrête un instant sur ce poème, alors que je viens de lire ceux qui le précèdent. Je dois dire que ces vers, quand on les lit à haute voix, font un entendre comme un clapotis, un infime écho de ressac, et c'est très agréable. On voit très clairement le travail qui a été fait pour rendre le poème le plus sonore et harmonieux possible. Pour ce qui est du sens, c'est en effet très rimbaldien et les mots les moins employés font les plus grands poèmes. Merci de jeter le projecteur dessus, de me faire me ruer dans les entrées des dictionnaires, et enfin de rêver le Parnasse, paradis perdu des poètes, bientôt, grâce à vous, entre autres, retrouvé. J'en profite pour dire que vous maîtrisez merveilleusement les rythmes binaires, et qu'il faut les chérir, ces diptyques délicieux à l'oreille. Grande maîtrise de l'alexandrin également.
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