Où je marchais basile, ils traînaient, étouffants,
Leur long pas affaissé, grand leurs gueules d’enfer
Que j’aimais contempler, puis d’un orgueil bouffant
Gratifier d’un soupir fat – eux trop vains, moi fier.
Et défilant ainsi dans mes ors inventés,
Je m’abêtissais seul dans mon ombre évanouie,
Assommant mon esprit de grandeurs consommées,
Sombrant intimement dans des voix inouïes.
Pourtant dans les cristaux d’une nuit sublimée,
J’observais, exultant, un monde transformé !
Dans la buée d’alcool et le brouillard transi,
Le visage froidi et la langue empalée,
J’avançais d’un grand œil et échappais un cri :
« La lune que j’adore, d’autres l’ont aimée ! »
un titre pour le moins intéressant.
Ce poème exprime à la fois la désillusion et l'illusion.
L'illusion que l'on choisit inconsciemment de se faire sur certaines choses qui nous procurent du bonheur. Ce texte traduit également le choix que nous faisons parfois d'ignorer la désillusion qui résulte de la déception due à notre illusion au prix d'un bonheur substantiel.
Désillusion (prise de connaissance du bonheur éphémère) + Illusion (bonheur substantiel convoitée malgré la connaissance sa chimère) = Fatalisme