De son côté, Gabriel se découvre plus seul que jamais. Le bébé se met crier en plein dimanche après midi, il n'arrive pas à déterminer la cause du problème. Il ignore qu'il a certainement dû faire ressentir son appréhension et son mal-être à son neveu. Un stress dans l'air sans doute. Le bébé hurle et il semble n'y avoir aucun espoir qu'il se calme. Pris de panique, à bout, il finit par mettre l'enfant dans son lit. Il sort de chez lui, dévale l'escalier si dangereux jusqu'en bas, traverse le hall, et ne s'arrête finalement de courir qu'arrivé dans la rue. La porte du bâtiment se referme sur lui et il reste là, anéanti sur le trottoir. Si seulement il avait la liberté de fuir, loin de cet enfant, loin des responsabilités trop lourdes, loin de la douleur et de la solitude, loin de cette vie. Il se prend à se souvenir de son rêve, et se remémore les bras de Uzu. Comme il aimerait encore y être ! Il se revoit la douceur de ses yeux noirs de velours, il réfléchit à l'aide qu'il lui a proposée sans rien demander en échange, sans aucune raison, juste par gentillesse. Sans doute le bébé hurle-t-il encore. Il n'a pas le courage de remonter. Assis par terre, il prend son portable, laisse les noms défiler, parmi ceux-ci, Helen, Yann, puis enfin Uzu. Il décide de lui envoyer un SMS : - J'ai besoin d'aide. L'accusé de réception lui apprend que son SMS est en attente. En attente. Découragé, Gabriel craque, de longues minutes à se perdre torturé par une peur indicible. Puis il se repend. - C'que ch'uis con ! Qu'est ce qui m'arrive ? N'import'quoi ! J'vais faire chier c'mec. J'ai pas le droit d'profiter d'sa gentillesse d'cette façon, pffff ! En fin de compte, il est soulagé que son portable soit sûrement éteint, et regrette déjà d'avoir envoyé ce SMS. Lorsqu'il retourne à l'appartement, le bébé continue de crier. En désespoir de cause, il compose le numéro d'Helen. Elle décroche, seulement, bien sûr, elle est occupée, la famille, en week-end dans la Loire. Gabriel lui explique le problème. - Écoute, moi, quand ma petite cousine fait une crise, je la fous dans ma voiture, je roule et elle s'endort. Une idée, va faire un tour en poussette, tranquille, ça marchera probablement, et ça te déstressera ! lui préconise-t-elle. Il écoute donc le conseil avisé et part en promenade avec le petit. Il marche deux heures sans réfléchir, et effectivement, ça les calme tous les deux. En rentrant chez lui, il donne son bain à l'enfant, mange des chips trempés dans du ketchup quand Hugo prend son biberon, puis laisse un message vocal sur le répondeur de Yann. Finalement, il s'endort, avec son neveu sur l'oreiller, en flairant l'odeur de fleur. Son dimanche s'achève plus en douceur qu'il n'a démarré.
*
Le lundi matin, à huit heures, Uzu rallume son portable éteint par erreur la veille. Son cœur bondit quand il reçoit le SMS de Gabriel. Par contre, il est frustré de ne pas y avoir répondu.
- Ça, si je m'y attendais !
Il a EU besoin de lui ! Il A besoin de lui ! Rien que de le savoir, il a l'impression que sa journée a changé de couleur. Il arrive au boulot en avance, laisse un mot sur le casier de Françoise qui explique le programme de ses trois dernières soirées, espérant ainsi donner un petit coup de pousse supplémentaire à Gabriel, puis va rejoindre son poste. Forcément, il va passer aujourd'hui. Évidemment, il lui serait facile de téléphoner, mais Uzu en est certain, il viendra, il a rendez-vous avec Françoise pour son problème de garde. À cette pensée son cœur s'emballe. Il doit trouver un moyen de se rendre indispensable, d'une façon ou d'une autre. Lui qui n'a jamais eu de passion, jamais eu de réel intérêt pour rien ni personne, depuis quelque temps, il se rend compte que rendre service, se découvrir nécessaire lui plaît. Il se sent vivant et utile. Ce matin-là, il se dit qu'il aime son travail et comprend mieux ce qui l'a poussé à n'avoir jamais eu envie d'en changer. Guider les gens, aller vers leurs demandes, deviner leurs besoins, découvrir leurs satisfactions, tout ça, le rend heureux. En tout cas, RIEN, ne le rendrait plus heureux que de pouvoir continuer à aider Gabriel. Ainsi, chacun serait, le sauveur de l'autre, et sa vie, plus jamais, il ne la trouverait terne et absurde. Oui ! Il va le sauver ! Il se demande encore de quelle façon, mais il y parviendra. Cela peut paraitre un peu idiot, pourtant étrangement, ces pensées positives, bien qu'exagérées, il y croit, et elles lui font du bien.
Les réflexions des gens dans le bus ne gênent plus Gabriel depuis des années. Il a pris l'habitude, à force. Déjà qu'avec son look on le remarque, alors avec un bébé c'est encore plus décalé et amusant. Uzu sera-t-il là ? Lorsque l'infirmière de la PMI lui a proposé un rendez-vous à quatorze heures, il l'a de suite refusé, parce que Uzu ne travaille que jusqu'à midi. Et, il doit bien l'avouer : il se déplace autant pour régler les problèmes de garde pour son neveu, que pour revoir le garçon. - ch'uis ridicule, n'empêche que cette sensation, j'l'ai pas éprouvée depuis si longtemps. Laurianne, est-ce que j'dois avoir honte, à peine quinze jours après ta mort, d'laisser c'genre de considération m'envahir ainsi ? Après avoir inventé une excuse bidon, il a donc obtenu un rendez-vous décalé à dix heures trente. Il arrive une bonne demi-heure en avance. Lorsqu'il pénètre dans le hall d'entrée du centre hospitalier, il est malgré tout déçu. Uzu est occupé avec un supérieur hiérarchique et l'infirmière PMI est déjà là. - Monsieur Carbonel ! N'avions-nous pas rendez-vous à dix heures trente ? Vous êtes en avance ! dit-elle, en l'apercevant. - Heu, oui. Je, heu... J'ai un dossier à r'tirer pour mon n'veu en pédiatrie, se souvient Gabriel in extremis. - La pédiatrie n'est pas ici. - Justement, j'venais d'mander à l'accueil. - Ha ! Uzu, au boulot ! Monsieur Carbonel, je vous retrouve tout à l'heure. Françoise partie, Uzu offre à Gabriel son plus beau sourire. Ce dernier sent son cœur bondir, il ouvre la bouche, aucun son n'en sort. Uzu se penche au-dessus du bureau et, devant son supérieur, lui tend une main franche. - Salut ! Tu vas bien ? Besoin d'un renseignement ? Bonjour Hugo ! fait-il, en se courbant davantage.
Gabriel serre sa main douce et chaude dans la sienne et s'aperçoit, une fois encore, à sa grande honte, que la sienne tremble. Le geste pourtant si simple de Uzu l'étonne, néanmoins il en éprouve une certaine reconnaissance. Le japonais ne cache pas qu'ils se connaissent devant les gens c'est une bonne chose.
- Après tout, avec mon allure, d'vant un supérieur, il aurait pu me snober ! Je cherche la pédiatrie, j'ai un dossier pour Hugo à prendre là-bas. - C'est quoi ? Tu auras surement besoin d'une pièce d'identité. Ils échangent quelques informations, le supérieur de Uzu repart en direction de son bureau, au fond du couloir. Gabriel se détend, il va s'asseoir dans le canapé. - J'irai aux urgences pédiatriques après l'rendez-vous. On peut s'parler un peu ? demande-t-il à Uzu, étonné de la proposition.
Il s'assoit donc à côté de lui. Goûter à cette présence contre son corps lui est agréable. - Tu as encore besoin de moi ? demande-t-il sans oser lui faire face. - J'voulais m'excuser. T'es parti vite, la dernière fois. Donc, si j'ai dit quelqu'chose, désolé. Uzu rougit jusqu'aux oreilles. Il ne sait plus où se mettre mais alors quelle raison le pousse à le fixer à présent ? Et ceci bien qu'il n'aspire qu'à fuir ? Peut-être à cause des iris de Gabriel qui brillent d'une étrange lumière. Il n'arrive plus à s'en détacher. Ils sont verts. Il est si troublé qu'il en perd le fil de la discussion. C'était quoi sa question, déjà ? - Et pour le SMS aussi, s'cuse moi, j'ai trooop paniqué pour rien dimanche après-midi. J'voyais pas qui d'autre appeler. - Ha oui ? Pardon, je ne l'ai vu que ce matin, désolé. - Non, arrête ! T'as pas à t'excuser, tu m'as aidé, c'est d'jà super, faut pas qu'j'en prenne l'habitude, c'est tout. - Mais, si ! Il a presque crié ces deux mots. Gabriel ricane étonné. - Ha, ha, ha ! Ok, ok ! C'est gentil, s'tu veux. Enfin, j'ai un truc à t'proposer, tu dois sûr'ment avoir des potes, des amis, des occupations et tout, mais si jamais t'veux passer un soir, mater une vidéo, qu'on s'fasse une soirée cool, écouter d'la zique. Enfin ouais j'me doute qu'on aime pas la même. J'ai pas les moyens d't'inviter au ciné pour t'remercier, par contre j'ai des bons films chez moi. L'invitation transporte Uzu de joie. Dire qu'il croyait que Gabriel lui en voulait de s'être endormi ! - Enfin t'es pas obligé non plus. - Non, heu, oui, je serais très content ! - Ce soir ? tente Gabriel, en se demandant s'il ne va pas un peu vite. - Ok.
Un ange passe. Uzu réfléchit.
- Je t'aide parce que ça me procure un certain plaisir. En quelque sorte, je me sens utile. C'est pour ça que tu ne dois pas hésiter ! croit bon d'ajouter Uzu pour alléger son malaise. - Ha oui. D'accord, d'accord... se renfrogne légèrement Gabriel, déçu. Le ton a si subtilement changé que Uzu, tout à la joie d'être invité, ne s'en rend pas compte. - Ch'uis un idiot. Qu'est-ce que j'ai dans la tête ? Allons Gabriel, tu croyais quoi ? Qu'il le faisait pour toi ? Pour ta jolie p'tite gueule ? Faut q'j'arrête de rêver. En plus, le monde n'est pas rempli d'homos. Il cherche juste à s'rendre utile. Tsss ! Pour s'rendre utile merde !
Sa gorge se sert. Est-ce du dépit, du chagrin ?
- Décidément, faut que j'sois moins sentimental ! Bon, j'ai rendez-vous, salut. Il pressent qu'il doit s'éloigner au plus vite avant qu'il ne remarque sa déception. - Ok ! Si on ne se recroise pas, à ce soir ! - Heu, oui. - Bordel ! C'est vrai, je l'ai invité c'soir. Il avance de quelques pas vers l'escalator qui monte au premier puis se retourne pour lui jeter un dernier coup d'œil. Le japonais rayonne, son visage, ses yeux, sa bouche, tout montrent sa joie. - Putain, c'qu'il est mignon ce con !
Uzu, de son côté, le laisse s'éloigner. Il remarque bien la vague de tristesse qui assombrit tout-à-coup le regard de son nouvel ami, il l'interprète plutôt comme le résultat de la situation générale. D'après lui, le jeune homme doit souvent être au bord des larmes, ce qui, en fin de compte, n'est pas faux. Il surveillera l'escalator toute la matinée, Gabriel n'y réapparaîtra pas. Et pour cause, il a emprunté la sortie se trouvant de l'autre côté, afin de ne pas avoir à repasser devant l'accueil. Trop peur de craquer.
Uzu est un peu frustré de ne pas le recroiser, ce matin-là, à l'hôpital. Qu'importe, puisqu'ils se voient le soir. Arrivé chez lui, il prévient sa mère qu'il ne mangera pas à la maison, puis vers dix-neuf heures, s'enferme dans la salle de bain. - Tu as un rendez-vous galant ? demande-t-elle, en le voyant sortir au bout d'une heure et demie, habillé d'une chemise noire, sa tignasse brune lâchée. - Je sors, je vais passer la soirée avec... un ami. - Ha, je vois. Tes goûts n'ont donc pas changé. Je pensais qu'après ce qu'il s'est passé, tu aurais réfléchi un peu. - Mamaaan ! - Pas de bêtise, d'accord ? - J'aide juste un ami à garder son môme. Et pour me remercier, il m'invite ce soir, voilà tout. - Vu ton allure, je ne suis pas stupide ! Le jeune homme, alerté par la réaction de sa mère, file se mirer dans la salle de bain. Elle a raison, lui aussi se trouve ridicule. - Il est qu'elle heure ? - Vingt heures trente. - Déjà ? Merde ! Tant pis, je n'ai plus le temps de me changer ! Il se verse une rasade d'huile de passiflore sur la tête, se frictionne, se brosse à toute vitesse, et sort de chez lui en courant, sa crinière au vent encore humide. Uzu les porte la plupart du temps en demi-queue-de-cheval, si bien qu'il semble les avoir au niveau des épaules. En réalité, détachés ils lui arrivent en bas du dos. Ils sont sa seule excentricité, et encore, il les cache à moitié. Il les tient de son père. Celui-ci, hélas, les a perdus en vieillissant. C'est manifestement d'ailleurs la seule chose chez lui dont son paternel soit fier. Effectivement, bien qu'il recherche irrémédiablement son estime, ses rapports avec celui-ci se sont malheureusement dégradés au fil des années. Son échec scolaire, bien que relatif, et sa première relation avouée avec un garçon, deux ans auparavant, en sont en partie responsables. Et l'éloignement aussi. Monsieur Obata a quitté la France après une mutation professionnelle, qui lui a permis de retourner dans son pays d'origine. Il voulait emmener son fils et sa femme, celle-ci a tout bonnement refusé d'aller vivre là-bas. Uzu, a donc vécu en alternance entre la France et le Japon, durant toute son enfance, six mois ici, six mois là-bas, pour finalement décider de rester en France à sa majorité.
Lorsque Gabriel le voit apparaître à la porte, il en a littéralement le souffle coupé. Déjà que la finesse de ses traits ne le laissaient pas indifférent, à l'instar du reste d'ailleurs : sa gentillesse, sa douceur, et cette odeur qui lui tourne la tête. Là, il se retrouve frappé de plein fouet par sa grâce. Le garçon timide et effacé, charmant et serviable, aux vêtements communs, a laissé place à un jeune homme d'une beauté sauvage, naturelle, enfin libérée. Qu'est-ce qui « habille » particulièrement mieux ce garçon, ce soir ? Est-ce cette chemise noire, une teinte qu'il n'utilise jamais dans la vie de tous les jours ? Ou encore la matière noble de celle-ci, la soie, qui renvoie si joliment la lumière et souligne si bien son corps ? Cette magnifique chevelure ? Encore humide et tellement parfumée, retombant librement dans son dos ? Ou ses pupilles brillantes et la modestie que dégage son côté fragile et innocent ? Gabriel l'ignore. Probablement un tout. Toujours est-il qu'il est tant remué par cette vision qu'il en reste hypnotisé, la main collée à la poignée de la porte d'entrée, le contemplant sans réagir, il croit presque à une apparition.
Uzu, lui, se trouve toujours aussi ridicule. En plus de ça, il est en retard. Le regard maquillé, plus qu'étrange, que lui impose Gabriel sur le moment, finit de le mettre totalement mal à l'aise. Va-t-il enfin le laisser entrer ou compte-t-il le laisser sur le pas de la porte jusqu'à demain ? Tout-à-coup, il n'est plus très sûr : Était-ce bien aujourd'hui ? Était-ce bien ce soir ? Aurait-il dû amener quelque chose ? Qu'a-t-il bien pu faire de travers pour que l'autre le détaille ainsi et ait si peu de réaction ? - Heu ? Tu me laisses entrer ? - Ha ! Oui, s'cuse... Woua ! Tes cheveux ! J'aurais pas cru ! Et la chemise, ça t'va heu... limite j't'aurais pas reconnu. C'est fou ! - Ouais, j'avoue, j'ai un peu exagéré sur la tenue. Je ne suis jamais très occupé le soir, en dehors de rester cloîtré dans ma chambre, donc j'ai rarement l'occasion de m'habiller. Du coup, je ne vois plus trop quand mettre ça, avoua-t-il en rougissant, tirant sur sa chemise et se grattant la tête pour se donner une contenance. - Nan, c'est pas abusé ! C'est dommage que tu sois pas habillé d'cette façon tous les jours, c'est con qu'y t'faille une occaz'. Ça t'va super bien, c'la dit j'imagine la tête des gens à ton boulot.
En entrant, Uzu remarque de suite un changement. L'appartement n'est pas uniquement rangé en plus il est propre ! Et, c'est plus fort que lui, il va jeter un coup d'œil à la cuisine. - Tu as fait le grand ménage ! Ce n'est pas à cause de moi, j'espère ? - Ben... Sûr, j'avais un peu honte, c'est vrai qu'ta venue m'a motivé, avoue Gabriel. - Haha ! Je suis content, si je peux être utile ! Ne te crois surtout pas obligé hein ! Ma chambre à moi est un gros foutoir ! Gabriel prend la remarque en plein dans l'estomac. Lui qui commençait à apprécier le moment présent, se rappelle d'un coup la raison qui motive Uzu. "Pour être utile. " Alors que son invité va s'asseoir dans le canapé visiblement détendu, Gabriel, lui, reste debout à l'observer et à se poser des questions.
-Qu'est-ce que ch'uis en droit d'attendre de c'mec ? Quel espoir ? Qu'est-ce que j'désire ? - A part ton travail, ça t'arrive souvent d'aider les gens comme moi ? - Non, jamais, tu es le premier. - Ha bon ? Pourquoi moi ? En dehors du fait qu'tu trouves que j'ai du courage, parce que c'est pas une explication ça ! - Un concept un peu égoïste, disons que j'ai l'impression que ça va probablement m'apporter quelque chose. Déjà j'ai ressenti une sorte de déclic quand je me suis décidé. Je ne connais pas les raisons qui nous poussent, à nous sentir proche de telle ou telle personne. Je suppose que ça ne s'explique pas. Si ça t'ennuie ou que tu trouves ça trop bizarre, je comprendrai. Ne t'inquiète pas. Je ne suis pas une personne envahissante. Puis, bon, ce soir je suis là parce que tu me l'as proposé ! Allez, j'avoue, j'ai un peu sauté sur l'occasion pour que tu me laisses une chance et qu'on devienne plus proche. Il est un peu confus. - J'te trouve pas envahissant. Et merci ch'uis content qu'tu m'considères pas uniquement comme une généralité. Sa réponse le rassure. Bien sûr, il tient à rendre service, toutefois pas uniquement, il désire aussi l'aider LUI, lui et personne d'autre, et c'est cela qui compte ! Pendant que Gabriel est occupé à la cuisine avec les pizzas, Uzu examine les CD et les vidéos en s'interrogeant à son tour. Il se prend à espérer lui plaire un peu, après tout, rien n'indique qu'il ait une petite copine. Il se souvient des posters de groupes avec des hommes maquillés. Bien que ça ne veuille pas dire grand-chose après tout. -Non, je ne dois pas me faire trop de films. S'il en avait connaissance, au mieux, il ne réagirait plus de la même manière avec moi, au pire je le dégoûterais. À moins que...
Il lui semble reconnaitre en Gabriel une personne de son "bord" cependant rien n'étant jamais sûr à cent pour cent, il préfère ne pas prendre de risque pour le moment. -T'as choisi un film ? demande Gabriel en entrant dans la pièce, interrompant ses réflexions. - Non, j'avoue hésiter. - Tu préfères jouer une partie ? Son hôte lui désigne la console de jeu. Uzu, lui, est centré sur la guitare électrique. - Tu en joues bien ? - J'pratique la gratte d'puis dix ans. J'te montrerais bien, seulement, Hugo dort. Attends ! J'ai p't'être une double prise pour le casque. Il fouille pour trouver la prise en question, pouvoir lui montrer son talent... Il en conçoit une certaine fierté. - J'l'ai ! La joie est de courte durée, Hugo laisse entendre une toute autre musique.
Uzu observe Gabriel en train de s'occuper du bébé. Ses gestes sont doux bien que maladroits, trahissant une nervosité et une lassitude évidentes. Il propose de terminer. Changer Hugo pendant que Gabriel prépare le biberon semble une bonne idée. Uzu a envie de lui plaire. Il a envie de l'aider, envie qu'il comprenne qu'il ne doit pas hésiter à se reposer un peu sur lui.
-Gabriel doit se sentir tellement seul avec une telle responsabilité ! Pour lui, ce poids-là ne pèse pas, ce bébé ne lui est rien au moment présent, il n'a pas de mal à réagir avec une certaine distance. Son apparente assurance ne manque pas d'impressionner Gabriel. - Tu es doué ! - C'est une question d'habitude. - T'as des frères ou des sœurs ? - Non. - Ha, c'est vrai, j'connais rien d'toi. Tes parents sont japonais, enfin ton père, c'est ça ? - Oui. Le silence est un peu pesant et seuls les suçotements de Hugo le ponctuent. - J't'ennuie avec mes questions ? - Non, c'est juste qu'il n'y a pas grand-chose à dire de ma vie. Elle n'est pas vraiment intéressante, et j'ai un peu peur de partir dans une confession compliquée qui risque de te prendre la tête ! - Si j'te demande c'est qu'j'ai envie d'savoir ! Touché par son intérêt Uzu se lance. Il lui raconte tout, son enfance et son adolescence, entre deux mondes et deux adultes, ses parents, ses deux pays, ses connaissances, souvent vite détruites. Il lui parle de la douleur des séparations, à chaque fois qu'il dut quitter le Japon ou la France et pareillement ses amis, son école, son quartier. Il lui explique, enfin, l'éloignement physique, aussi bien qu'affectif, qui le sépare de son père. Il lui parle également de sa relation avec sa mère, de la distance qui s'insinue depuis quelques temps entre elle et lui, de sa froideur et de sa retenue à son égard, malgré sa façon si envahissante de se mêler de sa vie privée. Il brosse un portrait objectif, s'il en est. - Enfin, voilà, conclut Uzu, j'ai tellement souvent dû renoncer aux gens, aux connaissances, ou à la présence d'un de mes deux parents, qu'aujourd'hui, je n'arrive plus à me lier vraiment avec qui que ce soit. - Whoua ! Ta vie est super riche ! J'rêve d'aller au Japon moi ! - Tu n'as pas l'air de comprendre, se renfrogne Uzu. - Si, j'comprends qu't'as souffert, ouais, en r'vanche t'as encore tes parents, même si t'es en froid avec ton père. Puis, tu diriges ta vie aujourd'hui. Bon tu vis encore chez ta mère, c'la dit t'as un boulot cool. - ... - T'as vraiment pas d'amis ? Et de petite amie ? - C'est vrai que je n'ai pas le droit de me plaindre devant toi. C'est aussi pour ça que je ne voulais rien raconter. Non, je n'ai pas d'amis, personne. Des connaissances, dans une asso, c'est tout. Je ne dois pas être une présence très agréable, et je ne m'intéresse pas vraiment aux autres. Sur ces mots, Uzu part recoucher Hugo. Gabriel le laisse y aller seul l'attendant sur le canapé. Il comprend sa réaction. C'est vrai, dur de profiter de la chance de vivre autant d'expériences si le prix à payer est celui de ne pas pouvoir s'attacher, de souffrir de la solitude ou de la perte. Quand il reparaît, Gabriel a poursuivi le fil de sa pensée. - J'voulais juste te connaître un peu mieux. Ça donne une valeur supplémentaire à l'effort qu'tu accomplis pour moi, et ça m'touche encore plus. Il s'interrompt en le voyant piquer un fard terrible. Étrange qu'un garçon tel que lui soit si sensible, ça n'est pas pour lui déplaire. - Et pis, toi, t'as lu toute ma vie dans les dossiers de l'hosto, tu t'es informé d'plein d'choses sur moi, maintenant on est un peu à égalité ! J'comprends q'ta vie n'a pas dû être facile. La mienne l'a été pendant très longtemps, c'est pour ça qu'j'ai du mal maintenant. C'est un peu pareille qu'être monté tranquille tout en haut d'une échelle de toboggan en tenant la main de plusieurs personnes, et maintenant j'glisse seul vers le bas sans savoir jusqu'où ça va descendre. (silence) Une part de pizza ? Plus les minutes passent, plus Uzu s'aperçoit que Gabriel l'attire.
Je finis ici mon tryptique sur cette fiction. Bon, en fait, je pense que je vais revenir tôt ou tard. Par contre, je sais pas quand, le manque de temps, c'est un truc chuper x)
En fait, je me suis laissé prendre au jeu. Ca se lit... bah bien, une fois dépassé les débuts de type catalogue xD Je sais, je suis chiante avec ça. Mais je pense que si j'avais lu ce texte en dehors des tryptiques, j'aurais arrêté après le premier chapitre à cause justement de ces déballages de vie / de physique / des petits oiseaux qui chantent. Après, je sais bien que chacun a sa manière d'écrire et j'ai bien compris que tu avais essayé de rendre le truc très visuel, proche d'un film. Mais il parait que dans un commentaire constructif, on dit ce sur quoi on a tiqué. Donc voilà, je le dis :P
Je te l'ai aussi dit, mais je le redis ici - la grande force de ta fic, c'est ses personnages. Bon, OK, pour l'instant, on en a vraiment vu que deux. Mais c'est finalement cool parce qu'on sent qu'en arrière plan il y en a aussi tout plein qui tournent, donc ça donne un gout authentique à la chose.
Il y a aussi un truc intéressant dans la manière de construire l'histoire. Malgré les thèmes abordés (la mort de la soeur, etc), on se retrouve dans une ambiance assez tranquille. On voit juste tes personnages vivre, se laisser attirer les uns par les autres... Et ça passe bien.
Bref, sur ce, je vais abréger, mon oreiller m'appelle :))
J'ai bien noté tout ce que tu avais à dire (même quand je défend mon beefsteak :p ) J'ai certainement encore des choses à amélioré, quand j'aurais terminé d'écrire toute l'histoire je reviendrais certainement sur l'ensemble des critiques qui m'ont été faites, c'est à ça que ça sert ;)
Et si tu reviens par ici, ça me fera très plaisir. De mon côté je continuerais à te lire, j'apprécie vraiment beaucoup ta façon d'écrire ^^ je n'ai pas fait énormément de critique car je n'ai rien trouvé à redire lol (c'est plutôt une bonne nouvelle pour toi :) enfin même si je n'ai pas la science infuse).
Les perso, ce qu'ils sont, ce qu'ils pensent leur construction, c'est vraiment l'essentiel de mon histoire (en tout cas pour le moment) c'est un gros travail sur les rapports humains face aux difficultés. J'espère en effet les avoir bien cerné et surtout qu'ils se différencient vraiment. C'est tellement simple de tomber dans le cliché ou de mélanger les caractères pour qu'en fin de compte nos perso se ressemblent tous, j'essaye de ne pas tomber là dedans.
L'ambiance, bha je décris la vie, la vie de gens qui auraient pu perdre pieds mais qui finalement s'en sortent, et pour le faire ils ont besoin de se raccrocher à quelque chose de souvent terre à terre et de simple. Être "comme tout le monde" si simple et si compliqué.
Bonne nuit à toi :)
J'aime bien quand tu mets les différents points de vue de tes personnages, cela rend le texte vivant.
Par contre j'ai trouve ce chapitre vraiment long. Je penses que certaines descriptions ne sont pas nécessaire. c'est juste mon avis comme tu l'as remarqué, dans mes écrit je passe assez vite sur certaines scènes.
au revoir.
Arf, je pense que ça diffère d'un lecteur a l'autre, ma correctrice m'a fait rajouter pas mal de description car elle trouvait que au contraire je faisais un peu trop d'ellipses, après c'est censé être un roman, pas une nouvelle donc bon...
Je ne t'ai signalé que cette faute et tu verras avec ta bêta pour les autres fautes qui traînent. J'ai conscience qu'il y eu un gros travail de fait, tu en as conscience aussi et je voudrais m'attacher à t'indiquer ce que je ressens sur ton histoire plutôt que sur sa syntaxe et son orthographe.
Parce qu'il y a quand même des choses intéressantes, dans ton histoire. Bon, comme je te le disais, leur relation est cousue de fil blanc et je comprend ton argument qui dit que c'est comme ça dans la vie, bien souvent. On se rencontre, on se voit, on se plait, on se drague et paf, on couche. Ou pas. Bref, ça va plutôt vite. Donc, ça ne me dérange pas vraiment du moment qu'ils sont tellement particuliers, tous les deux, que j'apprécie leur relation. Le bambin entre les deux qui, innocemment, fait le rapprochement et l'intérêt de leur relation.
D'ailleurs, j'aime bien tes descriptions. Je comprend mieux ce que tu disais sur ma remarque à propos de ton dessin de Uzu ; pas de lumière dans ses yeux. ça explique pas mal de choses. Ça n'empêche que ta description le rend beau quand même et je comprend que Gabriel en pince pour lui. Reste maintenant à savoir s'il est de son bord. J'attend de voir comment ils vont y arriver. Missa curieuse !!! En plus, il a tout rangé et nettoyé l'appartement... c'est la moindre des choses quand on a envie d'aller plus loin.
Je lis la suite dès que possible.
Biz Vef'
Je termine les fiches de présentation de mes personnages, je réédite mes textes pour tous les dialogues ou la mise en page et les formes ne sont pas passées et ensuite je vais partir en quête d'une autre correctrice, pour un deuxième passage de correction après celui de ma correctrice de base.
Merci à toi en tout cas de m'avoir fait remarquer qu'il en restait autant, je ne m'en serais pas rendu compte sans ça.
Le "il" dans cette phrase là, a dû être un oubli après un remaniement de texte ^^"
Ho et encore à propos de Uzu tu ne sais rien, l'iceberg est bien plus gros en profondeur.
Gabriel agit toujours un peu comme un enfant, là il fait le ménage car il se sent pris en faute, c'est plus ça que le fait de vouloir faire le beau afin de le draguer (bien qu'il y est de ça aussi).