- J'ai reçu ton mail, je voulais juste te dire que je suis prêt à accepter ta décision, que je pourrais la comprendre si tu m'expliques, par contre je trouve que la façon dont tu me jettes est très lâche. Tu ne me dis pas ce que tu me reproches et tu ne me laisses pas le choix. Pourquoi enfin ! ?
Il relève la tête et essaie de voir Gabriel caché dans la pénombre du couloir de son appartement.
Celui-ci ne se défend pas, le nœud qui se forme dans sa gorge l'empêche de parler. Du coup, Uzu poursuit.
- Hier soir j'ai eu des propos déplacés, c'est vrai. Je n'ai pas l'habitude de boire.
Gabriel soulève un sourcil, médusé et réussi à murmurer d'une voix enrouée, un « de quoi ? »
Le Japonais se sent bizarre devant la façon de réagir du goth. Il s'était attendu à trouver le mec tranquille, sûr de lui, limite à lui fermer la porte au nez en lui disant : " On s'est tout dit casse toi pédé ! "
Il a tellement connu ça déjà. A côté de ça, se retrouver là, devant un garçon visiblement abîmé, défait et sombre, il se prend à douter. Il continu malgré cela et finit par découvrir que le comportement de Gabriel affaiblit son apparente assurance. Sa propre voix se met petit à petit à trembler.
- Je ne crois pas non plus que l'on puisse être des amis, vu ce que j'éprouve pour toi.
Un léger silence, Uzu se racle la gorge qui commence à se serrer puis reprend.
- Et qui n'a pu t'échapper du coup ? C'est forcément ça ! se répète t-il.
Mais cette raison établie dans sa tête s'effrite peu à peu. Il perd confiance en cette affirmation, et Gabriel ne répond toujours rien.
- Heu, c'est pour cela que j'accepte ta décision.
le goth lève la tête dans l'ombre et le fixe la bouche ouverte, il semble avaler ses paroles. Uzu a de plus en plus de mal à prolonger la conversation. Il se sent idiot, malheureux et mal-à-l'aise avec cette vérité qu'il préférerait sous-entendre, qu'énoncer clairement. Cependant il a besoin de mettre des mots sur la réalité, d'être certain qu'on le comprenne, alors malgré cette gêne, il persévère.
- J'aurais aimé avoir la chance d'essayer quand même. Pause, tout-à-coup, il baisse la tête n'arrivant plus à soutenir ce regard qu'il devine perçant, même dans l'ombre. Un regain de colère l'aide ,malgré ça, à terminer de balancer ce qu'il a sur le cœur.
- Je suis gay pas obsédé ! Et tu aurais au moins pu me dire en face que tu ne voulais plus que l'on se voit !
Gabriel est assommé par ce qu'il comprend de ce long monologue. Comment a-t-il pu se tromper ? Confondre un homo avec un hétéro c'est bien une première ! Il reste un moment coi sans réussir à réagir, remet ses idées en place. Tout est si évident maintenant. Uzu lui tourne à présent le dos se préparant à partir, quand il le rattrape par le poignet et ouvre enfin la bouche. Sa voix tremble, mal assurée et quelque peu voilée.
- HOo hé ! Attends ! Et qu'est-ce que tu r'ssens pour moi ?
Uzu surpris par le geste et plus encore par la question, se retourne, légèrement agressif, les sourcils froncés.
- Laisse tomber !
Il tire sur son bras, Gabriel maintient néanmoins sa prise et descend les deux marches qui les séparent encore. Uzu se retrouve dos collé au mur. Il découvre enfin sous la lumière, le visage de gabriel à quelques centimètres du sien. Il le détaille longuement et constate à la rougeur de ses yeux tuméfiés, de ses joues baignées de larmes, qu'il doit être dans cet état depuis pas mal de temps. Son cœur se serre. Gabriel renifle, la main qui tenait Uzu fermement se met brusquement à trembler.
- C'est un malentendu, dit-il tout bas en relevant la tête, tentant de se donner une contenance.
- Quoi ? Tu ne m'as pas envoyé ce mail peut-être ?
Uzu se détourne une fois encore, il cherche à se détacher de l'emprise de son regard en fixant le bas de l'escalier. Il est un peu embarrassé d'avoir tout déballé mais certain qu'il fallait en passer par là. Et il refuse de recevoir de la pitié, ça n'est guère mieux que le dégoût. Sa mâchoire se tend et il grince des dents. Gabriel répond à son oreille, sa voix est si basse que c'est à peine audible, elle est aussi tremblante que le reste de son corps.
- Si, j'ai envoyé un mail où j'dis bien qu'le problème vient d'moi, pas d'toi.
Uzu lui fait alors face, plissant les paupières, surpris de la proximité cet autre, qui le couve des yeux. Lui qui pensait découvrir une expression de dégoût ou au mieux d'amabilité feinte. Malgré tout il aimerait que son cœur cesse de battre aussi fort, il a presque peur que Gabriel ne l'entende
- C'est ça la différence entre toi et moi, poursuit le goth, tu dis qu'j'ai du courage et qu'tu m'admires, mais j'avance juste droit d'vant moi sans réfléchir, si jamais j'me mets à cogiter, j'ai peur, j'panique. La vérité, ch'uis un lâche, tu l'as dis. C'était nul de ma part de t'balancer ça d'cette manière, c'est encore plus con d'fuir mes sentiments, de m'cacher.
- Je ne comprends pas, avoue Uzu, perdu et dont les yeux fuient Gabriel une fois de plus.
Ce dernier pose la main sur sa joue, le forçant ainsi à le regarder. Le souvenir du geste arrivé lors de la soirée lui revient alors en mémoire, un court flash. Gabriel, noyé au fond de son regard de velours, s'étonne de sa non-réaction. En dehors d'écarquiller les yeux et de l'examiner, il ne bouge pas, ne dit rien, n'a aucun mouvement de recul. Un seul sursaut au moment où le souvenir a fait échos au geste.
- Tu vois, l'aut' soir, t'as dit des trucs assez heu... en tout cas on aurait pu les prendre au s'cond degré, d'ailleurs j'les ai pas pris au sérieux. J'aurais p't'être dû haha ! Tu l'as bien expliqué, t'avais bu. T'as eu des paroles. J'ai eu un geste, j'ai paniqué à cause de ça.
Il est si proche de lui, Uzu sent son sang cogner à ses tempes.
-Qu'est ce qui m'arrive ?
Voyant qu'il n'agit toujours pas et se " laisse faire " Gabriel s'enhardit et de la main posée sur sa joue, il bouge lentement le pouce, pour en caresser tout le long.
- J'ai eu ce geste et une folle envie de...
Il se penche légèrement afin d'éliminer les quelques centimètres qui les séparent, puis pose les lèvres sur celles du Japonais. Un instant très bref, léger, presque inexistant mais suffisant pour donner à l'autre l'impression que son cœur va exploser.
Uzu prend conscience du souffle coupé par les sanglots de son ami, de sa main qui tremble, de ses lèvres bouillantes et enflées par le chagrin. Les siennes sont froides et tendues d'angoisse. Cette langue les ayant tout juste frôlé, s'éloignent déjà. L'expérience lui laisse un goût d'inachevé. Les larmes de Gabriel coulent le long de son propre nez, leurs deux peaux se frôlent, ses bras le prennent tendrement. Cette bouche qui s'approche de son oreille et les mots de ce dernier le touche.
- J'ai su que j'serais pas ton ami et j'ai eu peur. J'ai des responsabilités et ch'ais pas comment y faire face. C'tait un risque trop grand, tu comprends ?
Uzu ne remue pas d'un pouce, ignorant comment réagir et ayant peur de voir disparaitre ce moment. La chaleur de Gabriel...
Les secondes suivantes sont pesantes pour le jeune goth qui ne sait sous quel jour l'autre perçoit ses aveux. Peut-être ne le croit-il tout simplement pas. - Et j'ai encore peur, pardonne moi.
Il le serre plus fort.
- Dis que'que chose, ajoute-il tout bas, cherchant un quelconque encouragement.
Uzu passe simplement ses doigts dans quelqu'unes de ses mèches. Il est heureux de la direction que prend ce début de relation, cependant les idées se bousculent dans sa tête.
- C'est trop rapide pour moi, confesse-t-il. Gabriel se recule, le visage caché par sa frange noire, un peu confus. Comment réagir ? Entre la peur d'aller trop vite et celle de casser son l'élan, Uzu hésite.
- Je suis désolé, tu me plais beaucoup, ajoute le japonais. Et j'ai du mal à croire que moi... que tu... bafouille-t-il, sans parvenir à terminer sa phrase, assortissant ses presque onomatopées d'un sourire bête.
- Que quoi ? essaie de comprendre Gabriel.
- Que c'est réciproque. Tout à l'heure tu m'envoyais ce mail. Et je ne suis que...
- Tu n'es que ?
- ...
- Que quoi ?
Le goth place une fois encore la main sur sa joue.
Ne pouvant se retenir davantage, Uzu poussé par un élan instinctif, fond sur lui tout à coup.
Gabriel n'a pas le temps de réagir, que déjà, il reçoit ses lèvres sur les siennes. Et il ne s'agit plus, pour Uzu, de tout juste de les frôler. C'est un véritable baiser, il s'empare de sa bouche comme on suce un bonbon. Leurs mains se trouvent, leurs doigts jouent et s'emmêlent au même rythme que leurs langues.
Gabriel est agréablement surpris par sa manière de se comporter, cette douceur malgré la rapidité de " l'attaque ", cette timidité à peine voilée, le fait se sentir précieux.
Leurs yeux sont clos, le baiser devient plus pressant, la langue de Gabriel caresse à présent celle de Uzu un peu moins doucement. Le japonais est maintenu par la taille, lui qui avait pris l'initiative, doit bien se rendre à l'évidence, il n'est plus celui qui mène la danse. Gabriel fait jouer leurs lèvres, intimant à lui seul le rythme. C'est aussi lui qui, quelques secondes plus tard, quitte sa bouche et démêle leurs doigts pour le prendre complètement dans ses bras.
- J'étais sûr que t'étais un ange. Mon ange, lui susurre-t-il à l'oreille.
Puis il prend une profonde inspiration afin de humer le fameux parfum de fleur, embaumant sa chevelure.
Uzu ne se souvient pas avoir un jour reçu de mots doux, d'un de ses partenaires, mais peut-être ne s'en souvient-il pas. Qu'il est bon de sentir le cœur de l'autre battre contre le sien ! Leur étreinte dure de longues minutes. La sonnerie du téléphone portable de Uzu les ramène à la réalité.
- Ha ! Excuse-moi, c'est ma mère, dit-il en s'éloignant. Allo maman ? Non, je vais bien, je vais rentrer. Oui, je pars, je suis là dans dix minutes. Pff ! Non, ça va. Je te dis que ça va !
Gabriel assis sur une marche de l'escalier s'intéresse, amusé, à ce garçon qui répond un peu honteux, à sa maman. -C'qu'il est mignon. Cet air sérieux, ce plie au milieu du front, c'est dingue, y m'rend fou !
- Je dois rentrer, annonce-t-il finalement après avoir raccroché.
Gabriel lui sourit d'un air amusé.
- Ne te moque pas, ma mère m'a vu partir comme une furie, en plus je ne sors jamais le soir. Et surtout pas sans la prévenir ou tout du moins lui expliquer.
- J'me moque pas, j'te trouve kawaï*.
Ignorant que les fanatiques de manga* et de visual kei* emploient ce mot à tout propos, parlant japonais, par contre et connaissant le sens du mot forcément, il se prend à rougir jusqu'aux oreilles.
- Je dois rentrer, répète-t-il tout bas quand Gabriel se lève pour lui pendre la main.
Il n'ose plus bouger, intimidé, il se cache de la lumière.
- J'te demande pardon pour le mail. Désolé si t'as eu mal à cause de moi. Il se passe qué'qu' chose entre nous, n'est-ce pas ?
Uzu acquiesce en silence. Gabriel serre sa main, insistant.
- Reste, rappelle ta mère, dis-lui qu'tu rentres demain, s'te plaît, reste.
- C'est trop tôt, je n'peux pas.
- J'te demande juste de rester, tu dormiras dans la chambre d'à côté. C'est promis.
- Je ne sais pas...Non, pas encore.
Gabriel lui lâche lentement la main.
- Ok ! J'comprends, te bile pas. Hugo râle, c'est l'heure du bib'. Le devoir m'appelle !
S'approchant de nouveau, il lui dépose un baiser sur la joue.
- Rentre bien !
Durant tout le trajet en voiture jusque chez sa mère, la tête vide, il roule sans réfléchir. Seuls les souvenirs du baiser tournent en rond dans son esprit. Il n'a jamais connu une telle situation et encore moins pareille sensation. A l'arrêt, sur le parking, il essaie en vain de remettre de l'ordre dans son esprit.
- Qu'est ce qui m'arrive ?
Lorsque, finalement, il rentre, passant devant la salle à manger où sa mère guigne, il décide de se diriger droit vers sa chambre où il se rend compte que l'ordinateur est resté allumé. Le mail de Gabriel y est toujours ouvert, dans la précipitation, il n'a rien fermé. Sa mère pénètre à sa suite.
- Je suis désolée pour toi. Oui, j'ai lu, je n'aurais pas dû, pour ma défense on ne voit que ça sur l'écran !
Il aurait une raison d'être fâché, ce n'est pas le cas, avec le temps, il a pris l'habitude qu'elle surveille tout. Et puis, il a absolument besoin de parler ce soir et il n'a personne d'autre qu'elle.
- Y'a pas de mal, en plus c'est arrangé, c'était un simple malentendu. Il a cru que je voulais juste rester son ami, lance-t-il d'un petit air de défi.
- Ce qui veut dire ? demande-t-elle les lèvres pincées.
- Tu as très bien compris, maman.
Elle soupire. Énervement ou lassitude ?
- Et tu attends quoi de moi ? Que je m'énerve encore ? Quoi ? Mon approbation ?
- Haha ! À l'instant tu étais triste pour moi et maintenant ?
- Tu sais très bien ce que j'en pense Uzu !
Se levant de son bureau, il toise sa mère restée à la porte de sa chambre.
- Non, non, justement je n'en sais rien ! Tu passes ton temps à sous-entendre, tu m'envoies des piques ou bien des conseils, qui se voudraient protecteurs, mais non, maman, je ne sais pas ce que tu en penses ! Que je suis un pervers ? Que je ne suis pas normal ? Que je cherche à détruire l'image du gentil petit garçon que tu as mis au monde ?
- Imbécile.
- Oui, je suis un imbécile ! Et donc ? Quoi d'autre ? C'est quoi ton concept à toi sur l'homosexualité ? Parce que pour papa c'est clair, si je reste avec un mec, il ne me connaît plus, au moins lui, il ne triche pas !
- Je n'ai rien contre l'homosexualité, je me fiche de ça, idiot ! Ce qui me tue, c'est d'être le témoin impuissant qui découvre que tu te caches derrière ça ! J'ai cessé de chercher à comprendre en vertu de quoi tu prends un malin plaisir à te flageller avec des rapports qui te détruisent plutôt qu'ils te grandissent. Et puis c'est facile d'utiliser ça pour ne pas avoir de relation suffisamment stable, pour oser !
Il fait deux pas en arrière, fronce les sourcils et paraît un moment interloqué.
- Quoi ?
- Toi aussi tu as très bien compris ce que j'ai dis ! Quand as-tu éprouvé des sentiments pour un de tes partenaires, hein ? Quand t'es-tu impliqué assez dans une histoire pour prendre le risque de t'attacher ? Tu as peur de quoi ? D'être heureux ? Tu sais ce que je crois ? Sortir avec des garçons n'est pas un choix du cœur, du corps ou du sexe pour toi, c'est une façon de nous reprocher ta solitude par une suite de flirts sans lendemain. C'est FACILE ! Mais c'est assez maintenant ! On a compris, ton père et moi ! Combien de temps ça va encore durer ? Combien de temps vas-tu encore nous faire souffrir et surtout TE faire souffrir de la sorte ?
Sa mère, verte de rage voit son fils s'affaler sur le lit en baissant la tête. Elle s'étonne, et plus encore lorsqu'il réplique.
- Ce qui est fou, c'est que tu as raison, en partie...
Il ne bouge pas, figé dans son mutisme, les mâchoires serrées, grinçant des dents comme à son habitude. Elle s'assoit à côté de lui.
- Uzu, jusqu'à maintenant je n'ai rien dit. Je ne conteste pas que c'est en grande partie de notre faute mais j'ai discuté avec Françoise et ce garçon se retrouve avec beaucoup de responsabilités. La vie n'a pas été particulièrement tendre avec lui ces dernières années. Il a l'air sérieux et travailleur mais élever un bébé seul c'est déjà très compliqué, alors à son âge et avec son vécu...
Uzu affiche un petit rictus irrité.
- Tu t'es renseignée ?
- Mon fils, pour toi et pour lui...
Il lui coupe la parole. Combien cette façon de l'appeler "mon fils" l'enrage, cette sorte de condescendance qu'elle met dans le ton. Il s'attend à ce qu'elle va lui dire, il est important qu'elle sache la vérité.
- Tu ne comprends rien ! C'est différent.
- De quoi ?
- Je crois que je tiens à lui.
Se tournant vers sont écran d'ordinateur où le mail est toujours affiché, il soupire, de soulagement, de crainte ?
- Youzeu...
- J'ai eu peur, peur de le perdre ce soir. J'ai l'impression d'être fort comme jamais et en même temps tellement vulnérable. Maman, j'ai besoin de lui, je ne m'explique pas pourquoi. Je suis certain qu'il a besoin de moi lui aussi, voilà tout. Je ne dois pas compter sur ton soutien, avec mes actions passées, tu vas avoir du mal à me croire et puis c'est tellement rapide. Dans mon esprit, pour beaucoup de sujets, tellement de mes idées sur les choses ont changées ces derniers mois.
- Tu as vingt-quatre ans, Youzeu, tu es majeur, tu as le droit de décider de partir ou de rester, de ce qui est bon pour toi ou pas. Seulement, tu n'as QUE vingt-quatre ans, tu es encore jeune, tu n'as pas d'expérience. Accepte d'écouter ceux qui en ont, accepte l'aide que l'on t'offre ton père et moi. Et puis, tu n'as rien à offrir à ce garçon !
Voilà que sa mère met autre chose sur le tapis. Elle confond tout, elle mélange tout, cette histoire commence à l'agacer ! Est-il illusoire d'espérer avoir une conversation d'égal à égal avec un de ses parents et d'obtenir un minimum de compréhension et de respect dans ses choix ? Pourquoi s'obstinent-ils à vouloir le diriger ainsi ?
- Je n'ai jamais voulu rentrer au Japon et tu es mal placée pour me forcer la main !
- Je sais, mais ce travail...
- Oui, ce travail est mieux, papa dirait enfin que je suis son fils sans avoir honte ! Tu veux que je te dise, je m'en fiche de son avis !
- C'est faux et tu le sais !
Il se détourne.
- Je n'ai pas envie d'être quelqu'un d'autre pour que mon père m'accepte. J'aime mon travail à l'hôpital et mes traductions me permettent déjà à elle seules de vivre correctement. Et j'ai pris ma décision, pour le moment, je reste ici.
Elle se lève, lui aussi. Il jette à la corbeille le mail envoyé par Gabriel quelques heures plus tôt.
- Je suis contente que tu saches ce que tu veux, d'apprendre que tu aimes ton travail, c'est inattendu. Et, ma foi, que tu ais peur, ça te rend un peu plus humain, ajoute-t-elle sèchement en se dirigeant vers la porte.
Elle fait un tour d'horizon de cette chambre si étrangement vide, puis sort.
Kawaï* --> mignon
Une scéne très émouvante entre Uzu et Gabriel, je trouve que tu as bien décris leurs sentiments et émotions.
La scène entre Uzu et sa mère est très bonne aussi, on comprends que la mère tien énormément à son fils et qu'elle veut que son bonheur.
Bravo pour ce chapitre fort en émotions.
Je pense qu'elle veut surtout son bonheur à elle, sa tranquillité d'esprit, pouvoir se dire qu'elle a fait pour le mieux, mais bon être parents n'est pas toujours très facile. En tout les cas il est certain qu'elle ne lui souhaite pas de mal.
"...ou plutôt de sa non réaction" => non-réaction
"- Et j'ai encore peur, pardonne moi. Il le serre plus fort encore." => Présenter le dialogue différemment pour mieux comprendre :
"-Et j'ai encore peur, pardonne-moi."
Il le serre plus fort encore.
"Entre la peur d'aller trop vite et celle de cassée son l'élan, Uzu hésite." => casser
"Le baisé devient plus pressant" => baiser
"- J'étais sûr que t'étais un ange. Mon ange. Lui sussure-t-il à l'oreille. Puis il prend une profonde respiration afin d'humer le fameux parfum de fleur, embaumant sa chevelure."
=> ... Mon ange, lui sussure-t-il à l'oreille.
Puis il prend...
"Le devoir m'appel ! " => m'appelle
"S'approchant de nouveau, il lui dépose un baisé sur la joue." => baiser
Bon, voilà voilà, ce sont les fautes que j'ai relevées.
Eh bien, je trouve que ce chapitre est particulièrement intense. Et pour cause ! Un joli rapprochement sur fond de souffrance. C'est bien écrit. C'est sensible, réaliste, sensé et bien tourné. Dans la droite ligne de leur caractère, Gabriel et Uzu, troublés chacun à leur façon finissent par s'entendre, à se comprendre, à ajuster leur désir. Bravo. Les descriptions sont juste sans trop en faire, mais crues. C'est cash et ça ne me déplait pas.
J'aime aussi le dialogue avec la maman de Uzu. Les conflits de l'homosexualité sont bien cernés. Je trouve tout ça très juste. Les difficultés sont bien gérées de part et d'autre. La situation n'est simple pour personne, même pas la maman.
Voilà pour ce qui est des points positifs du chapitre. Le négatif, c'est surtout la forme en fait, donc c'est pas bien grave. Je t'en ai cité un ou deux exemples dans mes corrections : c'est de mettre à la ligne la suite du récit qui ne fait pas partie de l'incise du dialogue.
Je reviens lire la suite dès que je peux. On verra s'ils s'en sortent avec leur relation mal démarrée...
Biz Vef'