Baisser les armes

Notes de l’auteur : Je suis au bout. Nous sommes au bout.

Demain commence l'éloignement. Un break salvateur pour se retrouver, chacun notre tour, loin du quotidien.

Mais avant de partir, je tiens à lui exprimer mon état d'esprit.
La colère des jours précédent s'apaise petit à petit.
"C'est décidé, je m'en fous", c'est un cri de déception. Mais je dois m'y tenir pour ne pas replonger.

Nous sommes fatigués. 
Je le vois à nos têtes, à nos yeux exorbités.

Je me rappelle de Jeff qui m'a dit sur le ton de l'envie : "tu fais tout bien".
Pas vraiment. Je ne fais pas tout bien, je fais tout ce que je peux. Bon an mal an. Mais ce sont mes émotions qui commandent.
Elles n'ont pas été toutes belles : peur, tristesse, haine même.
Elles m'ont fait prendre des risques, franchir des interdits. Mais aussi être un mec bien, sans aucune comédie, aucun simulacre.

 

Quoi que tu décides désormais, tu es mon ex-femme. Car il est nul question que notre vie soit la même qu'avant.
Le passé devra être un souvenir. J'ai commis des fautes, par faiblesse, par immaturité, par excès de confiance.
Les plus graves resteront dans le cœur, évidemment. Des souvenirs, des bons et des mauvais moments, une histoire, une grande histoire, avec ces hauts et ces bas qui ponctuent la vie.
Ma compagne devra voir devant, avec moi. Elle devra me voir comme je la vois : notre bulle intérieure, une connexion, même imparfaite.
Ma compagne sera libre. C'est elle qui dictera ses règles, vivra sa vie sans moi et avec moi parfois, à son gré. Mais elle aura le respect de ces engagements. Libre, mais sans m'oublier. Même dans les moments de pleine implication dans ce qu'elle fait, elle aura conscience, par exemple, que quelqu'un l'attend à la maison.
Ma compagne et moi, nous inventerons la vie qui nous va. Loin des schémas et des codes.

 

Hors de question d'être un couple vitrine, clinquante, mais derrière laquelle il ne se passe rien.
Nos projets sont enfin terminés. Il y aura des rires, des sorties, des voyages, de la complicité… Le passé sera le passé. Une épreuve qui forge pour préparer l'avenir. Et finalement mieux se connaître, intimement. 

La balle est dans ton camp.
Tout repose sur toi désormais. 
J'ai été tellement atteint par tout ça. Je suis épuisé. Mais il y a du bon, des enseignements, des découvertes… Au final : "C'est génial !"

 

Aujourd'hui, je dépose les armes.
J'ai dis tout ce que je pouvais te dire.
J'ai écris tout ce que j'avais à écrire. 

Le temps. Ce temps nécessaire. Je n'en ai pas eu assez pour te montrer jusqu'où je vais aller dans les retrouvailles avec mes émotions. 
Le chemin est encore long pour moi, mais je n'ai pas l'intention de m'arrêter.
 

Quoi que tu décides, je sortirai plus beau et plus fort.
Je ne vais pas pleurer. Je ne vais pas supplier. Je ne vais pas te brusquer. J'attends avec l'espoir, mais surtout avec la fierté, malgré des moments surréalistes, d'avoir bien encaissé, d'avoir été au-dessus du lot, d'avoir vaincu l'égo.
Les jours qui viennent, tu pourras m'appeler si tu le souhaites. Je serai présent.
Moi je n'en ferai rien, hormis pour les filles évidemment. 
Je te laisse tranquille. Tu es libre.
"Tu es libre !", comme une déclaration d'amour.

 

Et pourtant. 
Je ne mesure pas les implications si on se sépare.
Il y a les gros trucs. Ceux-là sont évidents.

Ce sont toutes les petites choses:
Sur mon téléphone, effacer les cœurs entre ton prénom et ton nom.
Ne plus jamais faire mes lasagnes.
Le goût amère qu'auront les coques.
Te retranscrire les fulgurances des filles par SMS pour que tu les notes dans le carnet.
La nostalgie devant une grille de mots fléchés
Et Google, qui martelera tous les jours le passé: "il y a 4 ans", "Raphaëlle, Charlotte et Marjolaine", "Vacances en Ariège"...

Évidemment, cela peut te paraître insignifiant, mais ce sont ces petites choses qui ont fait notre quotidien, une belle part de notre vie.

J'ai baissé les armes.
Il me restera les larmes, souvent, puis de moins en moins.


Alors oui, je préfère être sur la table que sous la table.
Alors oui, je peux lancer une chenille de 50 personnes qui ne se connaissent pas. Ça, ça ne changera pas tout de suite.

Mais je ne te colle plus. Je te regarde parler, rire et danser à travers la foule ou les vitres. Et ça me fait du bien.
Je n'ai aucune crainte. Tu m'as mis sur le bon chemin. Je n'ai pas peur de te perdre, j'ai la joie de me trouver. Trop tard pour nous peut-être. Jamais trop tard pour moi.

 

Je ne connais pas les joies que la vie pourrait me préparer.
Être peut-être un jour un beau-papa (cette chanson me bouleverse)
Rencontrer de nouvelles personnes.
Me dire que j'ai une chance de ne plus faire les mêmes erreurs.
Mais toujours avec ce petit pincement, une petite amertume qui passera, avec les petits sucres de mon nouveau quotidien. 
Beaucoup de "petits" pour une grande vie.


Je ne sais pas ce que ces mots, encore des mots, te feront. "Je m'en fous".


Tu es libre.
Ta vraie liberté sera celle de faire un choix. Et de l'assumer.
Je respecterai.
J'ai baissé les armes.

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