Bienvenue chez les ch'tés

Par Yaya95

Mais à l'hôpital, j'avais trouvé des alliés.
Il y avait Amandine, une alcoolique qui ne rougissait pas de sa condition et faisait preuve de résilience à chaque combat mené.
Natalie, violée et séquestrée juste avant sa venue, qui arborait un sourire trompeur en permanence, avec un courage extraordinaire.
Jacques, l'érudit timide au grand cœur, au langage émaillé de références littéraires.
M. Leuenberger, le taciturne revêche, mais tellement attachant, l'œil aux aguets, perspicace et doté d'une pensée clairvoyante.
Ayla, la grande gueule hypersensible, au vécu cahoteux mais toujours si vivante.
Lucie, la vétérante qui ne s'aimait pas, mais entourait ceux qu'elle aimait d'un amour infini, presque éthéré.
Et Rudy, le petit jeune, à l'allure aussi flamboyante que sa personnalité.

Des fous, diraient-ils de nous.
Fous, nous l'étions, mais pas de la manière dont ils l'entendaient :
Nous étions fous de rire, d'amour, de compréhension. Fous de vivre, surtout.
Nous étions nous, dans notre folie, et n'avions pas peur de nous édulcorer.

Nous étions seuls, et pourtant réunis dans la douleur.
Nous étions ensemble, combattant nos peurs.
Nous étions des écorchés de la vie, des parias de la société.
On nous avait mis à ban, on nous avait meurtris, combattus, ignorés, jugés.
Et nous étions là, dans ce lieu hostile,
Nous serrant les coudes, l'âme fragile.

Nous étions des guerriers,
Car la vie ne nous avait pas épargnés.
Nous tenions malgré tout sur nos jambes, certes vacillantes.
Je me sentais remplie de sérénité lorsque, sur leurs visages aux traits marqués par un passé éprouvant,
Fleurissait un sourire qui se mêlait parfois aux larmes.

J'étais sereine lorsque le doux carillon des rires alentours se faisait entendre, doucement.
Nous venions sans armes
Et n'avions nullement la prétention d'être parfaits.

Mais surtout, nous n'avions pas honte de nous.
Car qui d'autre qu'un fou pour aimer un autre fou ?
Pourquoi avoir peur
Lorsqu'on fait front, cœur hardi, esprit vainqueur ?

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