La dépression et moi, c'est une longue histoire
Qui commence un soir,
Où je compte les fissures sur les murs,
Imaginant que ce sont celles de mon cœur endolori.
La dépression est arrivée dans ma vie comme un souffle glacial sur mon âme meurtrie,
Sans ambages, sans prévenir, bien sûr.
C'était comme une de ces journées où tout va de travers :
Tu mets tes habits à l'envers,
Tu tâches ton t-shirt blanc,
Tu cognes ton petit orteil sur la table basse,
Tu essaies de te rappeler le nom de cette fille qui travaille avec toi, vainement.
Ouais, et quoi que tu fasses :
Sans le réconfort d'un bon chocolat,
Elle avait le goût de ces dimanches soirs, où petite, j'appréhendais le lendemain,
Des pleurs de ma mère, quand elle et mon père se disputaient, las.
De ces étoiles mortes depuis des milliers d'années qui continuent de briller en vain.
Je ne saurais dire où elle a commencé,
Ni quand elle s'en ira.
Nous sommes liées, la dépression et moi,
Nous sommes amies intimes, en vérité.
Je sais tout d'elle ; elle sait tout de moi.
Ça fait des années que je l'écoute me traiter de merde, de saleté,
Et des années que je la laisse croire ça.
C'est ma petite maison, que je traîne partout avec moi,
Mon refuge dans lequel je vais me lover.
Ouais, la dépression, quelle amie,
Elle me laisse le cœur bousillé et l'âme en charpie.
La dépression s'est installée comme on s'endort :
D'abord tout doucement, puis plus fort.
Dans la douche, je frotte mon dos
Dans l'espoir que l'eau saura nettoyer mes maux.
La joie, c'est comme une couverture qu'on tire vers soi,
Mais qui laisse une ouverture : j'ai les pieds gelés, le cœur émietté.
Bien souvent la peur me torpille les intestins, se mélange comme de l'eau dans le vin, et altère la couleur de ce que je ressens au fond de moi.
Quels félons, ces sentiments qui m'asphyxient lentement, avec une force acérée.
Je me reconnais dans ce poème, de ces mots qui ne parlent plus, de ces histoires qui ne touchent plus. Le papier aussi blanc que l'espoir est noir.
Merci pour le partage