Mon corps n’est qu’une grotte, sombre, presque abyssale,
Où mon cœur se perd dans sa profondeur infernale
Qui n’ouvre qu’une fois sur le monde extérieur :
La fenêtre là-haut,
Une seule double fenêtre à laquelle mon cœur avide se penche.
Il cherche une chose, une seule,
Il cherche la lumière, la seule.
Mais elle ne le voit pas,
Elle tourne et puis s’arrête, descend et puis remonte,
Mais jamais face à lui.
Et soudain, le faisceau lumineux a percé l’ouverture.
C’est une lumière
Plus bleue que le bleu le plus pur,
Plus blanche que l’ébène le plus noir,
Plus noire que la neige la plus blanche
– Ou alors c’est l’inverse.
C’est une lueur dure,
C’est deux soleils le soir,
Une soif qui s’étanche
– Trop sous l’horrible averse.
Je ne sais plus, je ne sais plus.
Je ne vois plus rien ; mon cœur est tombé,
J’ai perdu tout contrôle.
Le faisceau lumineux a frappé mon cœur bleu,
Il a vibré, il a vibré si fort,
Que ses veines se sont ouvertes :
Maintenant il est rouge et se noie dans son sang.
Les échos ont bondi et rebondissent encore
Et puis ils tranchent l’eau et son flot mugissant.
Et voilà les bulles écarlates,
L’eau gonfle et éclate en cascades.
Les vagues gagnent en vigueur,
Et l’eau s’élève jusqu’à la fenêtre et je pleure.
La lumière bleue est partie mais mon cœur saigne encore
Et il n’arrive plus à monter jusqu’en haut,
Pourtant il ne cherche plus qu’une chose et c’est le rouge de tes yeux bleus.
Je suis hyper impressionnée par ton talent : je ne suis pas une grande lectrice de poésie et je suis bien incapable d'en écrire, mais là je me base sur mon ressenti et je n'avais jamais été touchée comme ça par la forme autant que par le fond. Ta façon d'utiliser le rythme et la typo pour renforcer ton propos (déjà fort), ça donne un rendu presque sensuel, en tout cas hyper émouvant ; ça transite à peine par la réflexion mais ça parle vraiment aux tripes !
C'est encore plus vrai dans celui-ci avec ton jeu sur les couleurs et les lumières.
Merci pour ces très très beaux textes !
Je n’ai pas trop l’habitude de la poésie, pour tout dire à part Baudelaire, Rimbaud, et Eluard je n’en ai jamais vraiment lue, mais je suis ravi’e que les HOs m’amènent par ici pour me faire découvrir de nouvelles plumes. Et puis, je suis curieuse de tes poèmes depuis que j’ai eu des aperçus de la tienne sur le Discord :D
Premier poème :
« Crient l’envie de mourir sur un besoin d’aimer » C’est beau !
J’ai envie d’interpréter ce tempo qui accélère comme l’angoisse qui monte, les tic tac comme les battements de cœur... L’utilisation de pronoms seulement au tout dernier, qui d’un coup matérialise à la fois le narrateur et le lecteur, mais à travers leur désunion, fonctionne très bien !
Deuxième poème :
« Laisse-moi // Tomber. »
Umm le rejet qui en fait presque de la typoésie, j’aime beaucoup !
Troisième poème :
« Il cherche une chose, une seule, // Il cherche la lumière, la seule. » L’écho est beau ^^
« Plus blanche que l’ébène le plus noir, // Plus noire que la neige la plus blanche » Aaaah j’ai un faible pour les oxymores, et ça marche bien comme impression de « rater une marche » à la lecture...
« et c’est le rouge de tes yeux bleus. » Beau aussi. En tant que synesthète de toute façon tu me donnes des couleurs, surtout qui s’opposent, et ça me plaît :D
Je ne sais pas trop quoi dire d’autre, mais en tous cas j’ai trouvé qu’il y avait un vrai rythme qui se dégageait de ces trois poèmes, qui entraîne d’un vers à l’autre avec une tension qui monte quand il faut, et chute quand il le faut aussi. J’ai bien aimé en tous cas !
Juste une toute petite suggestion :
>> "Mon corps n’est qu’une grotte, sombre, presque abyssale," > je trouve ce "presque" dommage. Il amoindrit le propos, alors que l'enchaînement en gradation "grotte, sombre, abyssale" fonctionnerait nettement mieux pour cette impression de plongée dans la ténèbre.
En tout cas, ravie d'avoir découvert ton recueil.
Je l'intègre direct à ma PàL pour en poursuivre la lecture après les Histoires d'Or <3
Je découvre doucement ton recueil de poèmes. Ce n'est pas mon point fort, mais je peux apprécier les belles rimes et les métaphores. Mais aussi l'humour et la mise en page différente à chaque poème !
J'aime quand les poèmes sont libérés de leur côté gauche et peuvent s'aventurer plus loin, quand il y a des tirets d'un coup pour répondre aux interrogations ;
"Plus blanche que l’ébène le plus noir,
Plus noire que la neige la plus blanche
– Ou alors c’est l’inverse."
J'avoue avoir relu ces vers plusieurs fois avant de voir le 3e vers qui répondait à mon interrogation, j'ai trouvé ça drôle.
Les derniers paragraphes sont très imagés, et tristes, on imagine l'inondation de sang du pauvre cœur jusqu'à ce que ça finisse par sortir.
Merci pour ce poème, à très vite :P
Chouette cette opposition de couleur bleu / rouge, dans la lumière du ciel, dans les yeux, c'est très visuel.
La mise en page est très différente à chaque poème, avec l'utilisation de procédés variés. On sent que tu expérimentes, que tu joues avec les mots et les sons.
Mes remarques :
"Il cherche la lumière, la seule. Mais elle ne le voit pas," j'aime beaucoup ce passage où l'on découvre que la lumière est une personne
"Et soudain, le faisceau lumineux a percé l’ouverture. C’est une lumière Plus bleue que le bleu le plus pur," j'adore cette rime et ce passage est trop beau !
Un plaisir,
A bientôt !!
Je viens de lire l'entièreté de ton recueil de poèmes, et vraiment, c'est une très belle surprise. J'ai même relu chaque poème plusieurs fois tant j'ai aimé ! Celui-ci en particulier est mon préféré je crois, sans que je ne puisse exactement dire pourquoi. En tout cas je suis charmée par la musicalité de tes textes, ta façon d'agencer les mots, c'est magnifique !