Valse à seule

Les yeux perdant au loin quelques œillades brèves
Je bloque sans bouger 
   Un mot clair un mot blême
Un mot trop un mot mièvre
Je dessine à mes lèvres
Son prénom mon désir des je t’aime
Sous le regard d’un rêve

Dans tes bras c’est mon cœur trop fragile
Qui se serre
Sur ta lèvre au parfum immobile 
Il s’écrase
Il caresse
Ta mâchoire et ta joue et tes cils
Et mon ventre se plie
Et au centre
– Ha folie
Je vais danser je crois
Et je vais
T’observer
Et je vais
T’admirer
Et je vais
T’adorer

Nonchalante adossée sur le mur illusoire
Faiblement t’imiter
   Résister t’éviter
Même plus essayer
Supporter enrayer
Dans mon corps les aveux arrêtés
Dans l’ombre d’un espoir

Dans tes bras c’est mon cœur mis à nu 
Qui se serre
Sur ta lèvre au parfum inconnu
Il s’écrase
Il caresse
Ta mâchoire et ta joue et tes cils
Au mieux transpercée
Par tes yeux
Acérés
Je veux crier je crois
Je voudrais
Revenir
Je voudrais
Te haïr
Je voudrais
En finir

(Mais je vais rester fière.)

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Nqadiri
Posté le 22/11/2024
J’ai particulièrement aimé celui-ci Joanne. Il est juste magnifiquement musical. On le respire, on y vibre, on en est ivre.

Vraiment, une parenthèse dans ce recueil, je vais adorer, je le sens, lire la suite.
RienQueJoanne
Posté le 22/11/2024
Merci beaucoup Nqadiri, ça me touche beaucoup.
Syle
Posté le 14/11/2024
Bonsoir,

Ce poème trouve inévitablement sa place dans mon cœur et me laisse rêveuse...
Il me rappelle quelques rencontres enchantées et pleines de voluptés dans quelques bals de Vienne sur des partitions de Strauss, les corps pris de passion dans les mouvements précis, les amours romantiques et codifiés, les sentiments couverts de mille tissus tournant au rythme cadencé des mélodies où, d'un simple regard, les cœurs s'enflamment pour réchauffer les âmes perdues de ces nuits d'hiver...
RienQueJoanne
Posté le 15/11/2024
Merci beaucoup, ça me touche que ça fasse écho à quelque chose chez toi. Ton commentaire lui-même est très beau !
Bruns
Posté le 04/10/2024
Salut Joanne,
Bravo pour ce poème. Comme paul j'adore le rythme et tu as réussi à traiter ce sujet sans mièvrerie, ce qui n'est pas facile. J'aime beaucoup et je trouve l'exercice difficile, de la faire sans mièvrerie :-)

A suivre.
A+
Bruns
RienQueJoanne
Posté le 16/10/2024
Merci beaucoup ! Je suis heureuse d'apprendre que ce n'est pas mièvre, j'en doutais haha
Paul Genêt
Posté le 28/09/2024
Bonjour Joanne, je viens faire un petit tour du côté de tes poèmes. Celui-ci dégage une belle authenticité. Joli travail sur le rythme et la variété des mètres qui épouse à merveille l’évolution de l’intensité des émotions exprimées par cette voix. « Ta mâchoire et ta joue et tes cils », j’ai beaucoup aimé ce vers, je suis très sensible à la poésie du corps de manière générale, et à cette forme d’urgence à dire les mots qui composent ce visage. J’ai aussi été vivement accroché par le premier vers qui fait éclore cette rencontre, aussi ténue que profonde et qui vient bousculer les mots, interroger leur sens aussi bien que leur légitimité, dont il ne sera bien vite plus question tant l’emballement des sentiments ravage tout. Félicitations et au plaisir de te lire à nouveau !
RienQueJoanne
Posté le 02/10/2024
Merci beaucoup Paul ! Ça me fait plaisir que tu aies pris le temps de venir lire mes textes :)
Et aussi que celui-ci t'aie plu, parce que je n'en étais pas 100% sûre. Mais effectivement, si je me souviens bien, l'écriture du poème entier était partie du vers « Ta mâchoire et ta joue et tes cils » (et juste ensuite les premiers vers d'ailleurs) donc heureuse que mon inspiration se soit transmise !
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