Valse à seule

Les yeux perdant au loin quelques œillades brèves
Je bloque sans bouger 
   Un mot clair un mot blême
Un mot trop un mot mièvre
Je dessine à mes lèvres
Son prénom mon désir des je t’aime
Sous le regard d’un rêve

Dans tes bras c’est mon cœur trop fragile
Qui se serre
Sur ta lèvre au parfum immobile 
Il s’écrase
Il caresse
Ta mâchoire et ta joue et tes cils
Et mon ventre se plie
Et au centre
– Ha folie
Je vais danser je crois
Et je vais
T’observer
Et je vais
T’admirer
Et je vais
T’adorer

Nonchalante adossée sur le mur illusoire
Faiblement t’imiter
   Résister t’éviter
Même plus essayer
Supporter enrayer
Dans mon corps les aveux arrêtés
Dans l’ombre d’un espoir

Dans tes bras c’est mon cœur mis à nu 
Qui se serre
Sur ta lèvre au parfum inconnu
Il s’écrase
Il caresse
Ta mâchoire et ta joue et tes cils
Au mieux transpercée
Par tes yeux
Acérés
Je veux crier je crois
Je voudrais
Revenir
Je voudrais
Te haïr
Je voudrais
En finir

(Mais je vais rester fière.)

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Midriass
Posté le 13/06/2025
Hello Joanne,

Aaah le rythme ternaire que j'adore tout particulièrement, le voir en poésie me ravis !
Il se lie bien au rythme d'une valse, ça rend la lecture très agréable, musicale, même amusante pour moi. Je me suis pris à compter les temps dans ma tête tout en le lisant à voix haute.
J'ai particulièrement aimé les vers "Son prénom mon désir des je t’aime" et "Ta mâchoire et ta joue et tes cils", le rythme est fou, les mots parlant, c'est… difficile à décrire, mais ça fait écho, fortement.

La parallèle aussi entre "Je vais", et "Je voudrais" à la fin est joli également avec le changement de terminaison de verbe également !
Il décrit très bien la folle course de pensées qui tournent et retournent (comme une valse, finalement) qu'on peut ressentir quand les sentiments viennent se loger dans notre cœur, cette volonté d'admirer, d'adorer, d'approcher, de toucher aussi. Tu le traduis très bien !

Merci,
— 🦉
RienQueJoanne
Posté le 23/08/2025
Ah ben là encore, j'ai pas grand-chose à te répondre, mais comme ça c'est fait ! Je rejoins tout ce que tu dis...
Dewen
Posté le 24/02/2025
Coucou !
Ici le titre mmmh miam j’aime beaucoup, déjà je ressens un truc. Je sais pas exactement quoi, mais ça me remue un peu en dedans (ouais la poésie soit je suis intellectuelle soit je sais pas expliciter, c’est moi)
« Nonchalante adossée sur le mur illusoire » ça je dis oui, j’aime beaucoup l’image que ça met dans ma tête.
Encore un poème très bien rythmé, très efficace dans sa construction aussi. Je serais très curieuse de l’entendre lu à voix haute, notamment la fin, ces vers très courts, puis cette parenthèse impactante. J’aime comme tu décris le tout avec sensualité, ya quelque chose d’à la fois mental et très concret en même temps dans le poème, ça fait écho avec le peu que j’ai vécu, ça me parle en-dedans.
RienQueJoanne
Posté le 01/03/2025
Haha franchement, commentaires intellectuels ou totalement dans le ressenti je pense que les deux me touchent autant différemment :)) mais c'est vrai que tu m'expliques bien aussi pourquoi celui-ci plaît visiblement. Merci !!
Edouard PArle
Posté le 27/12/2024
Coucou Joanne !
Je me demandais si les espaces comme dans ce passage "Faiblement t’imiter
Résister t’éviter", avant résister sont volontaires et leur sens. En lisant, ils cassent le rythme visuel du texte, sont vraiment intrigants pour le lecteur. C'est un procédé original et intéressant.
Ce texte est très joli, j'ai particulièrement aimé l'énumération physique "Ta mâchoire et ta joue et tes cils" qui ressort du texte par sa longueur et a du coup beaucoup d'impact.
Le passage de la danse est aussi très joli et permet de faire référence au titre.
J'ai aussi apprécié la contradiction qui saisit la narratrice en repensant à cet amour passé "Je voudrais
Revenir
Je voudrais
Te haïr" J'ai trouvé ça très juste !
Un plaisir de te lire (=
A tout bientôt !
RienQueJoanne
Posté le 08/01/2025
Hum, je réponds bien tard ! merci pour ce commentaire !
Pour ce qui est des espaces, c'est une réponse très insatisfaisante mais c'est le rythme que j'avais en tête en fait, et c'était pour moi le seul moyen de l'exprimer, donc ça n'a pas vraiment de sens ^^ ou alors si mais il faudrait que j'y réfléchisse !
Edouard PArle
Posté le 09/01/2025
Ok, en vrai ça marche, ça a un vrai impact sur le rythme
Nqadiri
Posté le 22/11/2024
J’ai particulièrement aimé celui-ci Joanne. Il est juste magnifiquement musical. On le respire, on y vibre, on en est ivre.

Vraiment, une parenthèse dans ce recueil, je vais adorer, je le sens, lire la suite.
RienQueJoanne
Posté le 22/11/2024
Merci beaucoup Nqadiri, ça me touche beaucoup.
Bruns
Posté le 04/10/2024
Salut Joanne,
Bravo pour ce poème. Comme paul j'adore le rythme et tu as réussi à traiter ce sujet sans mièvrerie, ce qui n'est pas facile. J'aime beaucoup et je trouve l'exercice difficile, de la faire sans mièvrerie :-)

A suivre.
A+
Bruns
RienQueJoanne
Posté le 16/10/2024
Merci beaucoup ! Je suis heureuse d'apprendre que ce n'est pas mièvre, j'en doutais haha
Paul Genêt
Posté le 28/09/2024
Bonjour Joanne, je viens faire un petit tour du côté de tes poèmes. Celui-ci dégage une belle authenticité. Joli travail sur le rythme et la variété des mètres qui épouse à merveille l’évolution de l’intensité des émotions exprimées par cette voix. « Ta mâchoire et ta joue et tes cils », j’ai beaucoup aimé ce vers, je suis très sensible à la poésie du corps de manière générale, et à cette forme d’urgence à dire les mots qui composent ce visage. J’ai aussi été vivement accroché par le premier vers qui fait éclore cette rencontre, aussi ténue que profonde et qui vient bousculer les mots, interroger leur sens aussi bien que leur légitimité, dont il ne sera bien vite plus question tant l’emballement des sentiments ravage tout. Félicitations et au plaisir de te lire à nouveau !
RienQueJoanne
Posté le 02/10/2024
Merci beaucoup Paul ! Ça me fait plaisir que tu aies pris le temps de venir lire mes textes :)
Et aussi que celui-ci t'aie plu, parce que je n'en étais pas 100% sûre. Mais effectivement, si je me souviens bien, l'écriture du poème entier était partie du vers « Ta mâchoire et ta joue et tes cils » (et juste ensuite les premiers vers d'ailleurs) donc heureuse que mon inspiration se soit transmise !
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