Ce jour là. bis

Par Claire

Sarah se réveille, corps humide, perlé de rosé du matin. Lente, goût fade comme la mort dans la bouche, gluant, elle se relève trop vite, et mal de crâne; l'herbe se décolle de sa joue, laissant de profondes rayures. Elle regarde autour d'elle, et comprend: saule pleureur. Elle. Est. Sous. Un. Putain. De. Saule. Pleureur. Alors elle doit être dans un cauchemar ! Seulement voilà, elle se pince le bras, doigts bleus gelés par la nuit, et rien.

Et là, elle sent. 

Le courant d'air sur ses jambes;

Sarah regarde, et bordel, pourquoi c'est pas un rêve ?! Parce qu'elle voit bien qu'elle est nue. Elle voit bien que son haut est en lambeaux, qu'elle n'a plus de culotte, et son jean à un mètre d'elle, comme jeté rageusement par... Le monstre.

Sarah comprend.

Tout.

Ce qui se trouve dans sa bouche.

Tout.

Les yeux embués de larmes qui ne coulent pas, elle crache au sol la substance sur sa langue, comme un venin que l'on rejette, poison injecté par le mal incarné, le consentement n'y étant point.

Elle n'ose pas se regarder, elle se dégoûte, se le répète TU ME DéGOÛTES !

Des traces de mains sur les seins quasiment inexistants, la vulve rouge, salie par celui qui venait de la pourir.

Sarah voit, fladk back, mais non, elle ne veut pas se rappeler.

Elle ne veut pas se rappeler les yeux noirs, l'haleine brûlante du monstre désireux comme un démon est avide d'une âme. Au final, ça revient au même, en un souffle, il l'aspire.

"Il m'a v..."

Sa voix s'étrangle, et de sa gorge, jaillit un cri sans air, sans bruit, le pire de tous.

Plutôy mourir que de terminer sa phrase.

Mais même en ne prononçant pas le dernier mot, cela n'empêchait pas de faire exister ce à quoi elle ne pouvait croire: viol.

Non, ça ne pouvait pas arriver à elle, car ça n'arrive qu'aux autres.

QU'AUX AUTRES.

ET PAS ELLE.

Comment Sarah pouvait-elle en une nuit, sous un saule pleureur, entourée de saloperies de lumières violettes, devenir un fait divers ?

Non, ce n'est pas possible. 

Pas à elle.

Pas à moi, pense t'elle, en ravalant ses larmes, en remettant son jean, et en courant jusqu'à chez Emma, le Soleil se levant en même temps qu'elle accélère dans sa course folle, loin du démon.

 

 

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