Ce n'est pas ce que tu crois

Par CelCis
Notes de l’auteur : Un tout grand merci pour vos commentaires! Voici le 13e chapitre sur 18 (19 avec l'épilogue). Ça avance... N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez!

Dès qu’elle fut de retour dans la section Voyage, la fillette s’analysa sous toutes les coutures. Son maillot s’était volatilisé : ses vêtements étaient à nouveau sur elle et elle n’arrivait pas à y trouver la moindre goutte d’eau. Elle toucha sa tête. Ses cheveux étaient ébouriffés mais secs. Elle prit un air songeur qu’elle ne tint pas longtemps. Il y avait tant de choses à faire au Paquebot, il n’y avait pas de temps à perdre à réfléchir de trop. 

Elle se tourna vers Gaëlle. Cette dernière semblait transformée en statue de sel. 

—Ça va? lui demanda la petite fille.

Gaëlle resta muette. Son corps était revenu mais sa tête, elle, était toujours au bord de la piscine, sous un soleil qui claquait, fascinée par la scène qui venait de se dérouler devant ses yeux. Elle revoyait son père prenant le risque de faire nager Laurent dans la grande profondeur, image suivie de celle de son père le berçant doucement dans ses bras. Elle était pétrifiée. Elle ne semblait même pas avoir réalisé qu’elle était de retour au Paquebot. 

—On irait pas faire un tour ailleurs? la questionna la petite fille.

Gaëlle cligna des yeux et sortit douloureusement de sa léthargie. Elle regarda autour d’elle, comme si elle s’éveillait, puis tourna sa tête vers la fillette. Celle-ci répéta sa question.

—J’ai besoin d’être seule, lui répondit platement Gaëlle.

Cette dernière tourna les talons et quitta la salle. La fillette la regarda partir d’un air déçu.

De retour dans l’allée centrale, Gaëlle hésita sur sa direction. Elle voulait aller se calfeutrer dans un lieu calme pour faire face à toutes ses émotions. À l’intérieur d’elle, cela se bousculait comme dans une cour à l’heure de la récréation. Tournant la tête à droite, elle vit que la section Histoire voisine était quasiment déserte. C’était exactement ce qu’il lui fallait. Elle s’y dirigea.

La section Histoire, comme toutes les autres, avait ses particularités. Le sol était la première chose qu’on remarquait lorsqu’on passait en-dessous de la large arcade marquant l’entrée de la salle. Telle une frontière marquant un monde nouveau, l’épaisse moquette de l’allée s’arrêtait pour laisser place à un plancher. Ce dernier était orné d’une vertigineuse ligne du temps, qui partait du centre de la pièce et se poursuivait jusqu’à ses extrémités, sous forme de spirale. Gaëlle lui avait toujours trouvé un air de vortex menaçant et ne se sentait jamais totalement à l’aise lorsqu’elle le traversait. Elle tentait à chaque fois de se raisonner, mais c’était plus fort qu’elle. Elle l’imaginait déjà tourbillonner et s’enfoncer dans le sol, emmenant le reste de la salle avec elle. D’autres personnes la décrivaient comme une Voie lactée. Les enfants, eux, s’amusaient habituellement à la suivre en courant, déviant en rigolant lorsqu’ils avaient le tournis, tandis que les adultes la piétinaient sans plus y prêter d’attention. 

Mais aujourd’hui il n’y avait personne pour la parcourir et Gaëlle était trop accaparée par ses pensées pour faire attention au parquet. Seules quelques clients se tenaient devant les hautes bibliothèques en chêne sur lesquelles une longue série d’encyclopédies vivait une retraite dorée. Les livres de la section étaient baignés par la lumière tamisée des grands lustres en cristal. Sur les côtés, des tables exposaient les trouvailles des libraires selon un ordre chronologique ou thématique. 

Gaëlle jeta un oeil dans les alcôves. La section en possédait plusieurs qui donnaient sur le jardin, fournissant les uniques arrivées de lumière naturelle dans la salle. Chaque alcôve abritait une banquette circulaire en velours bordeaux, une table ronde au milieu et de larges fenêtres à croisillons. Malgré leur relatif dépouillement, elles étaient très prisés des couples, une raison pour laquelle les solides portes en bois, autrefois gardiennes de l’intimité des résidents du palais, avaient été prestement retirées. Gaëlle en choisit une qui était inoccupée et s’affala sur la banquette.

Elle n’arrivait pas à s’extraire de la scène. Surtout tout que tout cela était neuf pour elle. Elle avait été absente lorsque Laurent avait eu son accident. Tout juste se rappellait-elle ses parents lui dire que Laurent avait eu un souci à la piscine et de l’attention qui lui avait été portée les jours suivants. Gaëlle revoyait son père et Laurent tentant d’apprendre à nager. En le mettant dans la partie la plus profonde de la piscine, son père avait pris des risques incommensurables. S’en était-il rendu compte? Avait-il réalisé que son frère était à peine capable d’étendre ses deux bras devant lui et encore moins de coordonner ses gestes suffisamment bien pour nager ? Une pensée s’infiltra dans sa tête: avait-il bu? Est-ce qu’il se serait envoyé une bouteille juste avant la leçon, ce qui aurait altéré son jugement? Etait-ce comme cette fois où il était venu la chercher à la piscine, ivre? Elle serra les dents. Non, il n’aurait quand même pas osé. Et pourtant, il avait mis son frère en danger. C’était fou, et il aurait pu avoir la mort de Laurent sur la conscience. 

L’image de son père plongeant dans la piscine pour aller chercher Laurent se superposa aux  images précédentes. Elle le vit, n’hésitant pas un instant pour aller sauver son fils. Puis elle revit la douceur avec laquelle il avait pris Laurent dans ses bras et l’avait bercé. Il ressemblait à une pietà, ce tableau qu’elle avait vu un jour au musée des beaux-arts et qui laissait à la fois transparaître une telle douceur et une telle tristesse. Un père qui, en même temps, était pourtant tellement absent. D’abord mentalement, perdu dans les vapeurs de l’alcool, puis physiquement. 

Gaëlle se revit avec son frère dans les bras, quelques années plus tôt. Il devait avoir seize ans et il pleurait à chaudes larmes. Des jeunes dans la rue l’avaient insulté puis l’avaient poussé car il était trop ‘féminin’ à leur goût. Si un voisin n’était pas sorti de sa maison pour intervenir, Gaëlle n’était pas certaine qu’ils n’auraient pas mis Laurent en charpie. Elle avait ressenti de la colère à ce moment-là et toute son impuissance. 

Où était-il son père alors? 

Et pour elle, où était-il? 

Elle ressentit un trou dans l’estomac à voir la scène de son père prenant soin de son frère se répéter sans fin dans sa tête. Elle aussi aurait voulu être bercée, rassurée, même à cet instant. Elle aurait aimé avoir des bras qui l’entourent et la réconfortent, lui assurant que tout irait bien et qu’elle pouvait se laisser aller. Mais les bras de son père n’existaient pas, n’existaient plus. Un sentiment d’abandon la traversa, l’électrisant au passage. C’était un sentiment qu’elle avait souvent connu, mais duquel elle s’était toujours prémunie ces dernières années. Une larme coula sur son visage, suivie d’une autre.

La photo d’elle avec son père à la mer lui revint à l’esprit. Son père, la tenant fermement par les jambes, et elle, sûre qu’il ne la lâcherait pas. Les yeux dans le vide, Gaëlle se calma petit à petit. Elle sentait une chaleur réconfortante monter en elle. Et elle se sentait épuisée par toutes ces émotions. Elle avait réussi à ne plus penser à son père pendant toutes ces années. Elle avait décidé que le passé était passé, et qu’elle avancerait coûte que coûte. Et elle avait plutôt bien réussi. Elle avait suivi son conseil, non? Faire mieux que lui. Elle se redressa son dos. Il faut dire qu’elle ne lésinait pas sur le travail pour cela. Et voilà qu’il avait suffi d’une journée pour réouvrir la blessure. Tout cela était trop douloureux. Elle ne voulait pas revivre ça, encore.

Elle prit une grande inspiration puis décida de chasser toutes ces pensées. Elle allait continuer à faire comme avant : avancer droit devant, continuer à traiter ses dossiers, voir ses amies, lire et laisser le passé au passé. Cette réflexion lui fit du bien. Mais elle se rendit compte qu’elle ne pourrait pas obtenir cela si elle restait ici. Pour une raison inexpliquée et fâcheuse, ce lieu la ramenait toujours vers son passé. La seule conclusion logique pour retrouver son équilibre était donc de le quitter. Il fallait qu’elle se sauve de cet endroit.

C’est le moment que la fillette choisit pour passer sa tête dans l’alcove. Elle avait joué avec ses peluches, mais c’était quand même plus passionnant d’être à côté de cette dame. Il y avait toujours des trucs étonnants qui se passaient alors. Elle avait donc fouillé la section Histoire jusqu’à la retrouver. 

—Ça va?

—Ça va mieux, fit Gaëlle en souriant.

—On continue le tour?

Gaëlle se leva.

—Non, je vais y aller. J’en ai fini ici.

—Quoi? 

La fillette la regarda, l’air surpris. Elle en lâcha même sa peluche qui s’affala par terre.

—Je vais partir, retourner chez moi. 

—Mais on a pas fini de tout visiter! fit-elle tout en ramassant Oscar.

—Il faudra plus qu’une journée pour tout visiter, dit Gaëlle en sortant de l’alcove et en se dirigeant vers l’allée centrale. 

Trottant à côté de Gaëlle, la fillette paraissait réfléchir. Elle n’avait absolument pas envie que Gaëlle parte. C’était trop chouette d’avoir une compagne de jeu, même si ça n’était pas la plus marrante. 

—On va manger d’abord? fit-elle avec une note d’espoir dans la voix.

—Non, je n’ai pas faim. 

Gaëlle se sentit mal de mentir comme un politicien en campagne électorale. En vérité, maintenant qu’elle y faisait attention, elle remarqua qu’elle mourrait de faim. Mais elle pouvait se sustenter chez elle. Sa priorité était de quitter ce lieu. Plus elle s’approchait de la sortie, plus elle se sentait légère. Retourner chez elle, prendre son dossier Mertens ainsi qu’une tasse de thé et un pudding semoule qu’elle recouvrirait de confiture à la framboise avant de se mettre dans son fauteuil pour lire: voilà son plan pour le reste de la journée. Elle avait déjà assez traînassé.  

La fillette continua à réfléchir. 

—Je dois aller à la toilette, finit-elle par dire.

Gaëlle se retourna vers elle.

—Et bien, tu y vas. Elles sont juste ici.

Elles étaient arrivées à la jonction entre l’allée centrale et le hall d’entrée. Une porte en bois sobre et discrète, juste après la section Aménagement, donnait accès à des toilettes mixtes. Gaëlle jeta un oeil vers la porte de sortie, près des caisses. Plus que quelques mètres et elle serait débarrassée de ces soucis: plus de voyages, plus de môme, plus de passé qui revient sans qu’on le lui ait demandé. 

—J’ose pas y aller seule, répondit la fillette tout en se tortillant sur place.

Gaëlle la regarda puis leva les yeux au ciel. Vraiment? Cette gosse était impossible. Puis, jaugeant la situation, elle conclut que cela ne lui coûtait que quelques minutes de plus d’y aller avec elle. Cela ne changerait pas grand-chose. Son dossier attendrait bien encore un peu.

—Ok, je viens avec toi. Et puis j’y vais, ok?

La fillette la regarda avec des yeux plein de reconnaissance et un grand sourire sur le visage.

—D’accord! 

Elle trottina jusqu’à la porte des toilettes, suivie par Gaëlle.

Les toilettes étaient comme la porte: sobres, si ce n’était pour un détail. Un des murs, celui qui ne supportait ni les éviers, ni les sèches-mains, était recouvert de cartes postales en tout genre. Gaëlle ne savait si c’était le Paquebot ou les clients qui avaient lancé le mouvement. Dans tous les cas, il y en avait des dizaines qui couvraient le mur. 

En attendant la fillette, Gaëlle se mit à les observer. Elle sourit en lisant le « C’est doux c’est neuf? Lavé avec Mir Laine », de son enfance. Est-ce que cela existait-il encore? se demanda-t-elle. Ses yeux passèrent sur les citations typiques du genre « Sois le changement que tu veux voir dans le monde » du Mahatma Gandhi et elle fit la grimace en lisant les vieilles publicités sexistes « Pour elle, une Moulinex, pour lui, les bons petits plats ». Puis ses yeux tombèrent sur une carte unicolore sur laquelle seule une phrase imprimée en noir apparaissait: « Ce n’est pas ce que tu crois ».

Cette phrase la frappa, sans qu’elle ne sache pourquoi. 

Ce n’est pas ce que je crois, vraiment ?

Elle l’observa à nouveau. Il n’y avait aucune autre indication sur la carte. Elle se retint de la décoller et de regarder à l’arrière.

« Ce n’est pas ce que tu crois ».

La phrase lui restait encore accrochée à l’esprit comme une mouchette à ses fruits mûrs lorsque la fillette sortit de sa cabine et alla se laver et se sécher les mains. Gaëlle détourna les yeux de la carte. 

—On y va?

La fillette répondit par un hochement de tête. 

Elles sortirent et se dirigèrent vers le hall d’entrée. 

—J’ai faim! T’es sûre que tu veux pas manger?

—Non, c’est gentil, répondit Gaëlle en lui faisant un rapide sourire. 

La fillette sentit que Gaëlle allait partir. Elle allait à nouveau se retrouver seule à errer dans le Paquebot. Bon, elle pourrait retrouver ses peluches, mais ce n’était pas la même chose… Gaëlle, elle, avançait d’un bon pas. Elle voyait bien que la fillette la suivait toujours et cela lui faisait un peu mal au coeur de la laisser seule, mais elle se rassura en pensant qu’il y avait certainement d’autres personnes avec qui elle pourrait parler dans ce lieu. La fillette ne semblait pas du genre à se morfondre dans un coin. Puis elle avait sa mère qui n’était pas loin. Elle jeta un oeil du côté des caisses pour voir s’il n’y avait pas une femme qui lui ressemblait. Mais la masse de cheveux emmêlés, la vieille robe bleue délavée et les baskets roses brillantes ne donnaient pas une grande indication quant à sa famille. 

Elles arrivèrent près de la sortie. 

—Voilà, je vais y aller, fit Gaëlle, quand même un peu mal à l’aise.

La fillette baissa la tête comme un chien qui sentait venir le coup. Si elle avait été de la fièvre, la culpabilité de Gaëlle aurait fait exploser le thermomètre. 

—Je suis sûre que tu vas t’amuser ici, rajouta-t-elle d’un faux air joyeux pour tenter de la convaincre, et surtout, de se convaincre elle-même. Sinon tu peux aller voir ta maman.

—Ne pars pas, fit la fillette avec des yeux de basset.

Gaëlle sentit son coeur se serrer.

—Ça va aller, tu verras.

De nouveau, elle ne fut pas certaine à qui cette parole était adressée.

Il y avait, disposée comme dernier attrape client, une table recouverte d’une sélection de livres choisis par les lectrices et lecteurs. En passant les yeux dessus, Gaëlle s’arrêta sur un grand livre bleu nuit. Celui-ci titrait en doré « Le livre des Pères ». 

Des images se mirent à défiler dans sa tête.

Elle se revit, adolescente, écoutant les doléances d’une de ses compatriotes de classe, Anna. Elles étaient à la sortie de l’école, devant la porte. Anna lançait des coups d’oeil vers le parking, où son père l’attendait patiemment devant sa voiture. Elle avait l’air exaspéré. 

—Pourquoi sort-il à chaque fois? S’il m’avait offert une mobylette, au moins il ne devrait pas venir chaque jour me chercher. J’ai l’impression d’être une gamine.

Elle avait fini par dire au revoir à Gaëlle et à rejoindre son père. Gaëlle l’avait observé passer devant lui sans lui dire bonjour avant de claquer la porte de la voiture.

  Un autre souvenir lui vint en mémoire. Elle était assise sur le divan de la collocation. Lors de sa première année d’université, Gaëlle avait fait l’extrêmement mauvais choix de rejoindre d’autres étudiantes dans un appartement. Autant sauter les deux pieds joints et avec le sourire dans le purgatoire. Ce jour-là, Brigitte s’était affalée dans le divan aux côtés de Gaëlle, son courrier à la main. Elle s’épanchait - Gaëlle en avait oublié le sujet depuis lors - tout en ouvrant ses enveloppes. Elle se tut après avoir ouvert la dernière. Curieuse de la raison de son silence, Gaëlle jeta un coup d’oeil à la lettre. Elle eut juste le temps d’y lire la signature - « ton papa qui t’aime » - avant que Brigitte ne le cache prestement en-dessous de la pile de courrier. Ça ressemblait étrangement à la manière dont on cache un vieux vêtement puant.

Dans les deux cas, Gaëlle avait été effarée par leur réaction. Et elle avait ressenti la douleur du manque qui lui vrillait l’estomac. Elle aurait tellement aimé avoir de tels gestes d’affection, tandis qu’elles paraissaient dégoûtées par ça. Gaëlle savait qu’elles ne connaissaient pas leur chance, qu’il fallait souvent l’avoir perdue pour la connaître. Pas de bol pour elle. Elle avait voulu leur dire, et elle l’avait parfois fait, avec d’autres. Elle s’était déjà dit que c’était probablement la raison pour laquelle elle était si investie dans son métier. Beaucoup de ses clients savaient ce que perdre quelqu’un voulait dire. 

Elle revit son père, sourire aux lèvres, dans sa baignoire remplie à ras-bord de mousse. 

« Ce n’est pas ce que tu crois ». Cette phrase résonna à nouveau dans sa tête. 

Non, en effet, ce n’est pas ce que je crois, pensa-t-elle. Mon père lui était un alcoolique incapable de prendre soin des siens. Puis revinrent les images de son père jouant ou la portant sur ses épaules, son père au bord de la piscine, prêt à sauter.

« Ce n’est pas ce que tu crois ».

 Cela ne faisait aucun sens, mais c’était justement là le problème. Elle avait beau essayer, elle ne voyait pas comment réconcilier ces deux faces: son père alcoolique, la laissant seule, et son père la prenant sur les épaules. 

—Excusez-moi, puis-je passer?

Gaëlle sortit de ses pensées. Un homme la regardait, tout sourire. Elle vit qu’elle prenait tout l’espace et qu’il ne pouvait sortir du magasin. 

—Euh oui, pardon, dit-elle en se mettant sur le côté. 

 Elle pouvait faire comme lui et partir. Elle pouvait décider de reléguer cela au fin fond de son cerveau, dans le noir où il y avait plein d’espace libre pour conserver les vieux meubles. Ou, disait une petite voix dans sa tête, elle pouvait décider d’y faire face. Elle pouvait tenter de résoudre l’énigme.  

À l’idée même de résoudre une énigme, son cerveau lui avait montré tous les dossiers qui s’empilaient sur son bureau. C’était ce qu’elle faisait quotidiennement. C’était ce qui la tenait debout. Alors pourquoi ne pas rajouter celle-ci?

Gaëlle soupira, puis lentement se retourna vers la fillette qui n’avait pas quitté sa place.

—Ok, je reste encore un peu, mais pas longtemps, d’accord?

La fillette sauta en l’air de joie.

—On va manger? fit-elle, les yeux pétillants.

Gaëlle sentit son estomac grogner et opina du chef. La résolution du mystère attendrait.

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Dzêtagon
Posté le 05/08/2023
Re-re-bonjour :)

Le suspense est à son comble dans ce chapitre riche en émotions !

Elle se tourna vers Gaëlle. Cette dernière semblait transformée en statue de sel. 
→ j’aime bien cette introduction où on démarre par la fillette. Ça met une distance avec Gaëlle, qui est tellement choquée par son voyage que même le lecteur n’y a plus accès.

D’autres personnes la décrivaient comme une Voie lactée.
→ toujours le détail qui fait mouche ^^ le Paquebot regorge de surprise, il est si varié et magique, comment ne pas vouloir s’y perdre ? La spirale du temps est très belle.

Seules quelques clients se tenaient devant les hautes bibliothèques en chêne sur lesquelles une longue série d’encyclopédies vivait une retraite dorée.
→ Seuls

Malgré leur relatif dépouillement, elles étaient très prisés des couples, une raison pour laquelle les solides portes en bois, autrefois gardiennes de l’intimité des résidents du palais, avaient été prestement retirées.
→ ah, un autre petit détail croustillant ;) ces alcôves ont dû en voir passer, des choses.

Surtout tout que tout cela était neuf pour elle.
→ beaucoup de « tout » ^^, j’imagine que c’est « Surtout que tout cela était neuf »

C’était fou, et il aurait pu avoir la mort de Laurent sur la conscience. 
→ un parallèle intéressant : Laurent était dans la piscine et Gaëlle, elle, attendait son père après la piscine. La piscine, un grand contenant avec un liquide qui, mal utilisé, peut se révéler mortel. Comme une bouteille d’alcool ? Peut-être que je vais trop loin dans l’analyse ahah

Un père qui, en même temps, était pourtant tellement absent. D’abord mentalement, perdu dans les vapeurs de l’alcool, puis physiquement. 
→ le père est décidément (mais comme tout le monde, finalement) un personnage très complexe. On ne peut s’empêcher de lui en vouloir tout en éprouvant de la pitié pour lui.

Elle avait ressenti de la colère à ce moment-là et toute son impuissance. 
→ Ça me brise le coeur pour Laurent…

Une larme coula sur son visage, suivie d’une autre.
→ j’éprouve beaucoup de compassion pour Gaëlle. Malgré les apparences, c’est quelqu’un de très sensible aux émotions. Elle s’en défend, elle se barricade… mais quand le souvenir est plus fort que la barricade, forcément elle craque. Mais c’est aussi une façon d’extérioriser, de ne pas tout réprimer.

Elle avait suivi son conseil, non? Faire mieux que lui. Elle se redressa son dos.
→ « elle redressa le dos » ou « elle se redressa » ^^

Il fallait qu’elle se sauve de cet endroit.
→ Voilà une décision à laquelle je ne m’attendais pas ! Elle est très logique, quand on apprend à connaître Gaëlle. Mais j’ai tellement été emportée par les voyages et le récit que ça me fait tout bizarre qu’elle veuille arrêter là. En même temps, elle le dit bien : c’est douloureux. Le réflexe est de fuir cette douleur. Mais tout de même, ça fait un petit quelque chose.

C’est le moment que la fillette choisit pour passer sa tête dans l’alcove.
→ alcôve

Elle avait donc fouillé la section Histoire jusqu’à la retrouver. 
→ je ne me souviens plus si dans les chapitres précédents on a ce point de vue plus personnel de la petite fille. On a tellement été aux côtés de Gaëlle il faut dire ^^ un peu de changement ça perturbe. Surtout quand elle l’appelle « cette dame ». J’adore comment elle n’est pas plus surprise que ça de vivre les voyages extraordinaires de Gaëlle.

—Il faudra plus qu’une journée pour tout visiter, dit Gaëlle en sortant de l’alcove et en se dirigeant vers l’allée centrale.
→ alcôve

En vérité, maintenant qu’elle y faisait attention, elle remarqua qu’elle mourrait de faim.
→ mourait

Retourner chez elle, prendre son dossier Mertens ainsi qu’une tasse de thé et un pudding semoule qu’elle recouvrirait de confiture à la framboise avant de se mettre dans son fauteuil pour lire: voilà son plan pour le reste de la journée.
→ et quelque part, je comprends parfaitement ce sentiment. Quand on en a raz-le-bol de sa journée, des autres, de ce qui nous dépasse, on a qu’une envie : retrouver son petit cocon à soi, sans voir personne, retrouver ce qu’on aime et ce qu’on peut maîtriser.

Cette gosse était impossible. Puis, jaugeant la situation, elle conclut que cela ne lui coûtait que quelques minutes de plus d’y aller avec elle.
→ ah, malgré tout, elle n’a pas encore compris qu’il faut se méfier de la moindre demande ;) ça pourrait bien être un stratagème pour la retenir !

« C’est doux c’est neuf? Lavé avec Mir Laine », de son enfance.
→ roh, celui-là et « les laves-linges durent plus longtemps avec Calgon ! »

elle fit la grimace en lisant les vieilles publicités sexistes « Pour elle, une Moulinex, pour lui, les bons petits plats »
→ *gasp*

La fillette sentit que Gaëlle allait partir. Elles arrivèrent près de la sortie.
→ le suspense est à son comble

Elle avait fini par dire au revoir à Gaëlle et à rejoindre son père. Gaëlle l’avait observé passer devant lui sans lui dire bonjour avant de claquer la porte de la voiture.
→ observée

Beaucoup de ses clients savaient ce que perdre quelqu’un voulait dire. 
→ ces souvenirs sont tellement poignants… et très bien expliqués. Gaëlle sait pourquoi ces filles réagissaient comme ça, je n’ai pas l’impression qu’elle leur en veuille particulièrement. Mais oui, on le sent bien, ça lui a fait très mal. Gaëlle :(.

Cela ne faisait aucun sens, mais c’était justement là le problème. Elle avait beau essayer, elle ne voyait pas comment réconcilier ces deux faces: son père alcoolique, la laissant seule, et son père la prenant sur les épaules. 
→ j’adore ce passage plein de tiraillements et d’émotions. Cédera-t-elle ? Fuira-t-elle ?

C’était ce qu’elle faisait quotidiennement. C’était ce qui la tenait debout. Alors pourquoi ne pas rajouter celle-ci?
→ joli « fusion » des deux mondes à cet instant :) elle peut effectivement utiliser ses compétences pour résoudre ce problème qui la tourmente ! J’aime beaucoup, parce que ça montre qu’elle peut évoluer, affronter les choses, peut-être retrouver un peu de son émerveillement d’enfant, sans pour autant renoncer à son esprit logique et son côté pragmatique.

La fillette sauta en l’air de joie.
→ yeaaaaaah :D

J’avoue avoir craint que Gaëlle ne quitte le Paquebot. C’aurait été intéressant de la voir dans un autre contexte, peut-être justement en train de travailler, mais les découvertes et voyages au sein du Paquebot sont tellement prenants…
J’ai hâte de voir la suite, ce qu’elle va affronter, de voir les réponses aux questions qu’on se pose durant la lecture. Merci de nous faire partager tous ces bons moments avec tes personnages, dans ce cadre si fantastique :)
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