Julie pousse la porte du bar et sa peau abandonne derrière elle la moiteur de la fête. La jeune femme frissonne. Elle perçoit un murmure de clochette qui, elle le devine, se perd au fond du brouhaha, et ressent dans ses os le cliquetis lourd de la serrure. Julie a dit au revoir à ses amis et sa décision est sans appel : elle est fatiguée et veut rentrer chez elle.
Aussitôt la porte franchie, l’air glacial du dehors s’empare d’elle et lui mordille les joues. Aux mouvements saccadés des gens ivres, dansant sous le plissement liquide des lumières du bar, succède l’hiver sec. Le regard de Julie s’arrête sur quelque chose d’agressif ; des particules de poussière qui tranchent les chairs et dissimulent une noirceur que la ville et la nuit ont créée de concert. Son pied se pose avec fracas sur le trottoir : Julie avait oublié jusqu’à l’existence du silence. Elle s’immisce dans l’obscurité, seule, le gosier rempli de liqueurs et le crâne plein de couleurs, et s’étonne de sa propre présence. Elle se sent grosse, gourde. Abrupte et maladroite. Pas à sa place.
Mais hors de question de s’attarder. Une jeune femme immobile sur le trottoir cela paraîtrait étrange et Julie ne peut se le permettre – autrement, on la remarquerait. Alors, la tête dans le brouillard et la vision troublée par l’ivresse, elle entame son périple. Ses bottines vieilles comme le fer martèlent le sol, tac-tac tac-tac, et elle se rapetisse pour mieux les faire taire. Elle tâche de se fondre dans le décor. Se penche sur ses deux pieds, droite, gauche, droite, qui avancent cahin-caha tandis que, l’air de rien, toute son attention se concentre sur les alentours. Un chien passe, sans maître. Un couple dont les talons claquent le bitume avec la rigueur de bâtons de tambour. Des rires ruisselants. Des voitures, parfois. Des bus, aucun : la nuit, ils se reposent.
Tout à coup, derrière un véhicule dévalant la route, apparaissent les contours sombres d’un solitaire. Un homme à la démarche assurée, arrogante, qui sillonne le goudron avec l’allure décidée des rois de la nuit. Il voit Julie. Julie le voit et comprend qu’il s’avance vers elle. L’ombre du roi grandit sous les phares des voitures et caresse le trottoir de ses longues dents noires. Julie accélère, calcule leur trajectoire et prie les astres pour que leurs coordonnées ne se croisent pas. C’est sans compter l’audace du roi. Celui-ci adapte sa course au pas de la jeune femme, adopte son rythme et, hissé à sa hauteur, lui murmure :
- Hé, bonsoir. Vous êtes perdue ?
Sur sa voix rocailleuse coule un accent mielleux. Julie l’ignore et poursuit son chemin. Mais le roi s’obstine :
- Hé, t’as l’air perdue. Je peux t’accompagner tu sais. Tu t’appelles comment ?
Leurs coudes se frôlent. Julie tressaille. Elle sent ses veines gonfler, son cœur marquer un arrêt, ses jambes fléchir sous le poids de l’appréhension. Elle répond, et ses mots jaillissent de sa bouche en un flot abandonné :
- Non c’est gentil, merci.
- C’est mon quartier ici. Dis-moi où tu vas et je marche avec toi.
Nouveau silence. Julie déglutit et presse le pas.
- C’est quoi ton prénom ?
- Je préfère marcher toute seule.
- Pour de vrai, t’es jolie sous ta capuche.
Le roi tend deux doigts confiants et frôle une mèche de cheveux.
- Fous-moi la paix !
Le cri est sorti comme un uppercut. Le roi sursaute, ses poings vibrent dans ses poches et ses épaules se haussent.
- Nan mais ça va, je t’ai parlé poliment ! T’as cru quoi, là ? T’es trop moche en plus. Allez je me casse, salope !
Il lève le menton comme pour défier Julie et, le temps d’un souffle, ses yeux brillent d’une lueur acide. La jeune femme poursuit sa route tandis que le roi s’éloigne en pestant. Troublée, elle fait des pieds et des mains pour calmer les battements de son cœur, cacher ses tremblements, retrancher son émotion dans les tréfonds de ses entrailles.
Quelle plaie, ce mec ! murmure-t-elle pour elle-même. Je lui ai rien demandé, bordel ! Qu’est-ce que j’ai fait ? Tac-tac elle se hâte. Elle voudrait voler vers son appartement, glisser sans bruit ni heurt jusqu’à son lit, faire des pas de géants qui écraseraient tous les obstacles et la feraient passer ni vu ni connu à l’autre bout de la rue.
Quand elle pense à la chaleur du bar. Aux verres d’absinthe qui apparaissent et disparaissent comme par magie. Aux bras nus qui se touchent, aux vêtements collants de sueur, à l’odeur rance des fêtards sous celle, forte et pleine, des alcools. A la promiscuité des corps sous les lumières orange, aux vibrations des baffles jusque dans les squelettes et ces êtres qui bougent, boivent, rient, parlent et dansent sans se soucier de l’après. Du retour. De quand il faudra se concentrer pour marcher droit et éviter les monstres.
Parce que des monstres, il y en a. Maintenant, Julie regarde devant elle. Les enseignes des magasins flottent, les fantômes du parc la guettent, là, sur le côté qu’elle évite, et les silhouettes des passants se transforment en traits de fusain qu’elle ne maîtrise pas.
La rancœur la gagne. Plus elle avance et plus ses pensées s’enfoncent dans une hargne turbulente. Ses sourcils se froncent, ses yeux s’humectent de colère, ses lèvres se pincent. Elle veut être grande et menaçante. Que son ombre la défende. Que les lampadaires giflent les agresseurs, que la chaussée s’ouvre en deux devant eux et que le béton les engloutisse !
Mais de la rue, pas un geste. Pas même un clin d’œil, une tape d’encouragement : rien. La ville et son obscurité restent fidèles à elles-mêmes, léthargiques, secouées seulement par les va-et-vient des uns et des autres.
Enivrée de rage, Julie poursuit son chemin. Quand soudain, non loin, un rot rompt le calme d’apparat dont la nuit s’est peint. Un rot long, gras, jovial. Un rot de bouffon, un renégat d’air tout droit sorti de la bouche d’un malfrat, d’un personnage grotesque qui ne se soucie ni de ses pas qui tâtonnent ni de ses yeux qui se troublent. Julie tourne la tête : tout près d’elle, à hauteur d’épaule, un ivrogne la suit.
- Hé tu vas où comme ça ?
Il a des épaules affaissées de marionnette, le squelette balbutiant et l’haleine fétide. Il pue.
- Nulle part, répond Julie d’un ton sec.
- Mais on va tous quelque part, ma belle. Viens, on va se mettre dans un coin, là-bas, c’est plus vert.
Il délire. Et qu’est-ce qu’il pue. Est-ce la villageoise où les relents de la pissotière d’en face ? Julie en a la nausée.
- Je vais nulle part, j’te dis. Dégage, putain.
C’est plus fort qu’elle. Alors qu’elle accélère une nouvelle fois le pas, sa langue rougit et ses sourcils se froissent de fureur. L’ivrogne, lui, n’est pas pressé ; tout en la suivant, il bascule la tête en arrière, entrouvre la bouche et en sort des dents aussi blanches que le soufre.
- Viens, ma belle. On peut se poser quelque part tous les deux, discuter un peu.
Il sourit de toutes ces quenottes maladives. Julie jette sur son visage cireux un regard écœuré. Elle détaille ses pupilles dilatées, ses cernes creusées ; ses paupières papillotantes, sa bouche tombante. Et explose :
- Mais qu’est-ce que t’as pas compris, putain ? Je t’ai rien demandé, je rentre tranquillement chez moi mais faut que tu viennes me faire chier ! Retourne d’où tu viens, bordel, et fous-moi la paix !
L’ivrogne marque un temps. L’aplomb de Julie l’estomaque. Il voit rarement ça : une fille pleine de vie, jeune et fraîche, qui lui postillonne toute son aigreur et crie sur sa face décrépie la laideur de sa propre haleine. Il la trouve belle, avec ses yeux humides et ses joues roses.
- Allez ma douce, je veux pas te faire peur. On se connait pas encore, toi et moi, mais on peut discuter, prendre un café.
Dans un élan de bonté, l’ivrogne dégage sa veste d’hiver et laisse entrevoir, sous la maigreur de ses pulls, la dégaine chétive de celui qui a envie de se faire toucher. Déhanché, jambe gauche en avant, buste rejeté en arrière il pense que, grâce à l’anonymat de la nuit, il pourra faire rejaillir sur Julie des années d’avidité, de misère et de faux-pas. Jouir d’un plaisir autre que solitaire.
Julie sursaute. Esquisse un mouvement de recul. L’ivrogne baisse les paupières, se penche en avant et tend une main hasardeuse. Pour toute réponse, Julie lui assène une gifle de la force d’un mistral.
Elle le regrette aussitôt. Devant elle l’ivrogne se soulève, sa face grisée par la boisson se tord, se convulse et sa bouche s’ouvre, immense. Julie panique ; son cœur bat la chamade. L’ivrogne tend son poing haut dans les airs, lance des éclairs de ses yeux brouillés et se met à vociférer. Il est prêt à s’abattre sur elle. A calmer ses ardeurs de femme en jupe qui ne sait pas ce qu’elle veut, putain, avec ses talons et sa démarche non mais elle cherche quoi, en fait, cette foutue hypocrite, je vais la remettre à sa place, la ramoner un bon coup et tout le monde se sentira mieux !
Pour échapper à ses griffes, Julie se recroqueville sur elle-même, enfonce sa tête dans ses épaules, et court. A toutes jambes, laissant derrière elle un parfum de fureur et d’angoisse. Ses pas assomment le sol et assourdissent le voisinage.
Un coup d’œil hâtif la rassure : l’ivrogne ne l’a pas suivie. Julie compte bien mettre de la distance entre elle et cette nuit qui la retient : loin de ralentir, elle se laisse porter par sa peur et sa rage, encourage ses muscles engourdis à l’éloigner au plus vite de cette noirceur abjecte. Autour d’elle, les ombres se font rondes et grasses ; elles dégoulinent des ruelles, des volets et des étoiles, coulent avec lenteur, explosent au sol en un pus qui n’attendait qu’à éclater hors de son abcès. Les fenêtres la toisent du haut de leurs mirettes barrées, les portes lui lancent des sourires malsains, les bords du trottoir se pourlèchent les babines.
Mais qu’est-ce qu’ils me veulent, bordel ? Pourquoi s’acharner sur moi ? Julie s’étouffe de colère. Maintenant qu’elle y repense, la vision de l’ivrogne penché sur elle avec ses mains tendues puis le poing levé, avec son sourire carnassier et le coin de l’œil brûlant d’un désir sale, lui écorche la rétine. Elle en a assez.
Alors soudain, il lui semble qu’elle grandit. Que sa silhouette, là, sur la chaussée, s’étire et s’étend, formidable. Que ses bras se durcissent, que ses cheveux se hérissent et que son souffle se transforme en un râle aussi profond et guttural que ceux des enragés. Elle gronde. Ecarte les ombres à coups de griffes, les mord de ses dents acérées. Elles s’écartent mais restent tenaces : au moindre répit, elles ouvrent grand leurs bouches et dévorent la route. Pour leur échapper, Julie voit rouge. Ses yeux s’embrasent et déversent sur la rue un torrent de sang. Le rouge se jette partout, frappe la chaussée, claque contre les volets et s’immisce jusque dans les égouts. La ville est vite submergée et, au cœur de ce marasme carnassier, Julie navigue à grandes enjambées, prête à punir.
Tout à coup, elle aperçoit un bout de spectre gigotant dans les recoins d’une ruelle qui n’attire personne. Une ombre tapie, lâche. Julie darde sur elle un regard rouge. Si cette noirceur est la dernière que la nuit lui jette, elle a tout intérêt à la mater. Julie accélère sa course et, lorsqu’elle atteint l’angle de la ruelle, l’ombre surgit de derrière son muret et fond sur la jeune femme. « Bouh » ! fait l’ombre en exultant. Poussée par sa colère aveuglante, Julie répond d’un coup magistral – pan ! son poing s’enfonce dans l’estomac d’un homme, dans ses chairs chaudes et rebondies. Son attaque est imparable, sa volonté de fer : il est hors de question qu’un troisième monstre s’en prenne à elle ce soir.
- Putain, Julie, mais ça va pas ?!
L’homme se replie et souffle. Julie le reconnaît enfin : c’est Emilien, son colocataire.
- Qu’est-ce qui te prend ? s’énerve-t-il entre deux halètements.
Tout de suite, Julie porte ses mains devant sa bouche. Sa silhouette s’étrécit, ses cheveux s’adoucissent, son visage se décrispe : elle redevient petite.
- Toi, qu’est-ce que tu fais là ? demande-t-elle d’une voix aiguë. A te planquer comme ça derrière ce mur ?
- Je t’ai vue arriver de loin et je me suis dit que je te ferais une surprise, c’est tout… !
- Une surprise ?
- Ben oui, que je me cacherais pour te sauter dessus et te faire peur ! Faut que tu te relaxes…
Il se relève en s’appuyant sur elle et poursuit :
- T’es encore allée dans ce bar à absinthe, c’est ça ? Je t’avais dit de ne pas y retourner, c’est pas bon. Franchement, t’aurais dû voir la tronche que tu tirais avant que je te saute dessus, tu faisais flipper. T’étais plus toi-même…
- Oui je sais, bafouille-t-elle. Enfin, c’est pas l’absinthe qui…
- Cet alcool-là, c’est vraiment pas bon. T’es toute bourrée, tu devrais faire gaffe où tu vas.
- Mais il y avait…
- J’ai compris la leçon, je te ferais plus peur comme ça. Promis. Je suis désolé. On rentre ?
Elle déglutit. Les deux amis se mettent en marche, côte à côte. Dans l’obscurité, Emilien ne voit pas la très petite larme qui grossit les cils de Julie. Il avance l’air de rien, calme et tranquille.
La folie passée, l’hiver envahit Julie ; la jeune fille a froid, frissonne. Se sent bête. Bête d’avoir attaqué son colocataire, comme ça, sans raison. Que la colère se soit emparée d’elle. Emilien n’a rien fait de mal. Un sentiment de honte vient ronger ses os tandis qu’elle s’évertue une fois encore à faire le moins de bruit possible.
Et pourtant, Julie doit bien l’admettre : sans une once de colère, elle se serait laissée faire.
Il y a une de tes marques de fabrique, qui est l’émotion qui déborde sur le paysage, que ce soit avec des tentacules, une couleur, un élément. C’est discret ici, et je me dis que ça pourrait être amplifié.
Par ailleurs, je trouve ça terriblement maladroit de la part du coloc d’attendre une femme derrière un mur pour lui faire peur u_u, ce qui j’imagine est le but ; je me dis que ça pourrait mieux ressortir. Peut-être juste en une phrase de dialogue, genre « tu t’es dit que ce serait marrant de faire peur à une femme qui marche seule la nuit ? », ou moins explicite hein, s’entend, mais juste souligner les millions d’années-lumière entre ces deux réalités.
Tu décris très bien les émotions d’une femme harcelée. La colère, la peur et tout l’éventail qui les relie, puis le délire éthylique provoqué par ce trop-plein d’agressivité. Je trouve que tu as très bien mené ta barque entre ce que vit Julie et la description de la nuit en ville.
Dans ces belles descriptions, j’ai particulièrement apprécié deux passages :
– L’ombre du roi grandit sous les phares des voitures et caresse le trottoir de ses longues dents noires.
— Autour d’elle, les ombres se font rondes et grasses ; elles dégoulinent des ruelles, des volets et des étoiles, coulent avec lenteur, explosent au sol en un pus qui n’attendait qu’à éclater hors de son abcès. Les fenêtres la toisent du haut de leurs mirettes barrées, les portes lui lancent des sourires malsains, les bords du trottoir se pourlèchent les babines.
L’absinthe a longtemps été interdite en Suisse. Plus précisément, il était interdit de la produire, de la transporter, de la vendre et de l’acheter… mais pas de la consommer. Mon grand-père avait son fournisseur (mais dans la famille, on buvait modérément). J’ai l’impression que sa mauvaise réputation est surfaite.
Coquilles et remarques :
— elle entame son périple. [Le trajet du bar à la maison n’est pas un périple, aussi long et pénible soit-il. Un périple, c’est un tour, un voyage circulaire.]
— derrière un véhicule dévalant la route, apparaissent les contours [Pas de virgule quand il y a inversion du verbe et du sujet.]
— Je peux t’accompagner tu sais. [Virgule avant « tu sais ».]
— Non c’est gentil, merci. [Virgule après « Non ».]
— C’est mon quartier ici. [Virgule avant « ici ».]
— Nan mais ça va, je t’ai parlé poliment ! [Je ne comprends pas cette mode d’écrire « nan » à la place de « non ».]
— T’es trop moche en plus. [Virgule avant « en plus ».]
— aux vibrations des baffles jusque dans les squelettes [Pourquoi pas « des enceintes » ? Je ne vois pas l’intérêt de l’anglicisme.]
— le calme d’apparat dont la nuit s’est peint [peinte]
— Un rot de bouffon, un renégat d’air [un résidu ? un rebut ?]
— Hé tu vas où comme ça ? [Virgule ou point d’exclamation après « Hé ».]
— Et qu’est-ce qu’il pue. [Point d’exclamation.]
— Est-ce la villageoise où les relents de la pissotière d’en face ? [La villageoise ? Je ne comprends pas.]
— Je vais nulle part, j’te dis. Dégage, putain. [Point d’exclamation.]
— Elle détaille ses pupilles dilatées, ses cernes creusées ; [creusés ; « cerne » est masculin]
— et crie sur sa face décrépie [décrépite ; « décrépie », c’est pour une façade]
— On se connait pas encore, toi et moi [« connaît » selon la graphie traditionnelle]
— des années d’avidité, de misère et de faux-pas [faux pas ; sans trait d’union]
— avec ses talons et sa démarche non mais elle cherche quoi [virgule avant « non »]
— un pus qui n’attendait qu’à éclater hors de son abcès [que d’éclater]
— Ecarte les ombres à coups de griffe / Elles s’écartent mais restent tenaces [Écarte / Répétition]
— Julie accélère sa course et, lorsqu’elle atteint l’angle de la ruelle, l’ombre surgit de derrière son muret et fond sur la jeune femme. [Je propose « pour fondre sur la jeune femme ».]
— Julie le reconnaît enfin : c’est Emilien, son colocataire. [Émilien ; les trois fois]
— Qu’est-ce qui te prend ? s’énerve-t-il entre deux halètements. [Pourquoi pas choisir plutôt un verbe de parole, comme « s’écrie », se « récrie » ou « proteste » ?]
— Ben oui, que je me cacherais pour te sauter dessus [J’ai buté sur cette phrase ; je te propose de mettre deux points après « Ben oui ».]
— J’ai compris la leçon, je te ferais plus peur comme ça [ferai ; futur simple]
— Bête d’avoir attaqué son colocataire, comme ça, sans raison. [Ce n’est pas vraiment sans raison ; peut-être sans raison valable.]
— sans une once de colère, elle se serait laissée faire [laissé faire ; « elle » n’est pas le sujet sous-entendu de « faire », donc il n’y a pas d’accord]
— A la promiscuité des corps / A calmer ses ardeurs de femme en jupe / A toutes jambes / A te planquer comme ça [À]
L'histoire de l'absinthe est assez intéressante ! Et parfois effrayante, avec ces histoires de "folie"... en France, elle est de nouveau autorisée mais avec une formule estimée non nocive. Et toujours sur le thème de l'alcool : une "villageoise", en France tout du moins, c'est ce genre de mauvais vin qu'on vend dans des bouteilles en plastique, et qui est réputé être acheté par des personnes touchées par l'alcoolisme.
J’ai un peu moins aimé la phrase de conclusion, peut-être parce qu’elle tire une conclusion terre à terre, alors que tout l’épisode du retour est à mi-chemin entre réel et menace fantasmée, entre vraie menace (ou harcèlement) et exagération d’ivrogne.
Merci pour cette belle lecture !
Détails
se succède l’hiver sec : succède l’hiver sec
ses jambes flétrir sous le poids de l’appréhension : ce ne serait pas plutôt « fléchir » ?
en traits de fusain qu’elles ne maîtrisent pas. : je ne comprends pas bien ce que tu veux dire, là
un renégat d’air : je ne vois pas bien le sens ici
dans les recoins d’une ruelle que rien n’attire : rien n’attire la ruelle ? je ne comprends pas.
qu’elle s’évertue une fois encore de faire : à faire ?
Justement, le but était de revenir à quelque chose de plus concret en guise de conclusion car, après tout, le harcèlement sexuel et/ou de rue est une réalité qui se vit presque au jour le jour (en tout cas, à Paris, j'ai moi-même plusieurs fois ressenti ce genre de colère aveuglante). Et que, souvent, quand on s'en défend, on peut se sentir illégitime ou trop agressif...
Mais je garde ton avis en tête pour une prochaine relecture de cette nouvelle, en envisageant peut-être une autre chute ! L'écriture de cette nouvelle a été un peu fastidieuse, justement car je joue entre réalité et fanasmagorie, et elle m'a donné quelques fils à retordre...
Waaa j'ai été formidablement prise dans cette lecture ! C'est très joli avec toutes ces couleurs sur fond de nuit. Et très effrayant avec ces monstres, cette exacerbation de la réalité à travers le prisme de l'alcool et de la peur. Les émotions passent hyper bien et j'ai vraiment ressenti cette colère grondante !
C'est très intéressant d'avoir ces différentes interpellations, et puis avec la dernière, le sentiment d'incompréhension.
Bravo pour cette nouvelle rondement menée ! :D
A très vite :-D