Ce qui apporte la vérité

Par Luvi

L’atmosphère était hypnotique. Une harmonie si parfaite qu’elle semblait intemporelle, prenait place. Les mots, pouvoir subtil mais puissant, glissaient dans l’air telle une légère brise, veloutés et envoutants. Ils empoisonnaient l’air d’une force tranquille, qui imprégnait l’esprit des spectateur, les enveloppant d’un mirage réconfortant.

 Les corps se détendaient, les paupières s’abaissaient lentement. Un frisson, insignifiant, imperceptible, effleura quelques nuques, comme un souffle oublié.  Apaisant, les pensées tourbillonnantes s’effaçaient, remplacés par une douce torpeur.

La musique d’une harpe, infiniment pure, distillait un calme inexorable. La voix de Lostris, se mêlait à elle. Les âmes plongeaient dans une sensation d’absolue sérénité. C’était un murmure, une caresse sur leurs âmes, la libération des inquiétudes et des doutes.

A l’orée du silence parfait, un écho tremblait. Une note, trop languissante, trop cristalline, une étrangeté invisible sous la beauté des sons. Imperceptiblement, une brèche s’insinua dans le leurre bienfaisant. Un léger frisson parcourut leurs échines. Une dissonance au sein de l’euphorie. L’enchantement si parfait se troublait. Une vérité oubliée, refoulée depuis des millénaire, rejaillissait sous la surface.  Et la voix se fit éclatante.

 

 Écoutez et souvenez-vous, car mes paroles sont un écho d’antan. Les anciennes légendes… celles que l’on murmure au creux des âmes… portent le souvenir d’une époque révolue.

Jadis, les dieux, nobles entités astrales… livraient bataille aux confins des tourments de l’énergie sacrée.

Cette force originelle, ni lumière, ni ténèbres, portant en son sein le premier souffle, engendra. Elle s’étendit sans entrave… infusion de magie pour les vies de l’univers.

Mais la vérité… lueur fragile d’un océan de mensonges tissés au fil des âges, fût dévoyés par la noirceur, qui dans certains cœurs se faisait dogme.

Aujourd’hui, alors que les ombres s’étirent et que l’oubli menace, laissez-moi vous conter ces fragments d’éternités, qui furent condamné à jamais dans le murmure du temps.

 

Un tintement lointain résonna, capturant l’attention des âmes émerveillées.  Silencieux, les spectateurs scrutèrent l'origine de cet appel sonore, leurs yeux se teintèrent de joie. Les particules de lumière entamèrent leur danse, tissant un ballet d’éclat mouvants dans l’écrin astral.  Un délicat tourbillon lumineux qui ondulait au gré du chant cosmique. Une image se matérialisa : celle d'une créature humanoïde nimbée d'une armure céleste aux reflets d’étoiles. Elle levait les mains en signe d'adoration devant les étoiles du firmament. Un Dieu, dont l'image était gravée dans la mémoire des mondes parcourait le ciel. Puis, dans un dernier frémissement, les particules lumineuses s’embrasèrent avant de se fondre dans une nébuleuse tourbillonnante, berceau des astres et des songes oubliés. 

 

Dans le silence du passé, dorment des légendes jadis oubliées.

Dans les ténèbres de l’oubli, elles sommeillent,

attendant que la lumière ne les éveille.

 

Voici jadis qu’une armée, fières créatures aux cœurs inaltérés,

sillonnaient de leur pureté les mondes divisés.

Les pas de l’illusion, résonnèrent, se mêlant aux tintements des sonorités astrales. Voguant sur les terres brisées, vestiges où chaos régnait en maître, les apparitions, gardiens silencieux de la lumière dans l'obscurité, marchaient parmi les étoiles. Porteurs d’espoir dans la désolation, leurs armures miroitant sous l’éclat mourant d’un soleil. 

 

Parcourant les voix célestes au prix de leur vie,

voguant au travers des guerres divines,

une mission sacrée résonnait en leur esprit.

 

Amené l’équilibre et repoussé l’agonie, de la mort à la vie,

dans la noirceur la plus totale des immensités cosmique,

ils s’éparpillaient telle une nuée de flammes porteuse d’espoir.

 

Les énergies destructrices, splendeur mortelle d’une symphonie funeste

accompagnant les pas des destructeurs de monde,

dormiraient dorénavant dans le néant.

 

La musique s’accéléra. Des salves énergétiques fendirent le ciel, lacérant les embruns lumineux. Elles devinrent incandescentes, consumant la lumière dans un dernier embrasement. Les astes s’ébranlèrent, vacillant avant de s’effacer dans un murmure éthéré. Les particules flamboyantes, s’effilochaient, dansant au rythme du chao des ténèbres qui s’abattait.

 

Pour qu’au-delà du temps, la lumière salvatrice,

frêle lueur d’une étincelle de vie,

apporte les prémisses de nouveaux mondes.

 

Le firmament se para subitement d’une profonde obscurité. Puis des étoiles se tissèrent. Des constellations, galaxies, ondoyèrent dans une éternelle valse. Dansèrent dans un miroitement aux colories chatoyant. Puis une douce radiance, espérance qui éclairait les abysses, illumina les cieux. 

La vie de neuf créations, terres bénies de dieux,

dans la lumière rayonneront

Pour qu’au firmament leurs lueurs repoussent les ombres

 

Puis dans les rouages du temps qui passe,

 l’éclosion sacrée d’une beauté enchanteresse

par sa naissance nous louerons,

car dans sa lumière les peuples marcheront.

Les contours délicats d’une femme, se matérialisèrent. L’Isis, première souveraine des Neuf Royaumes, émergea du néant. Sa robe irradiait en une lumière astrales, sa traîne semant des éclats d’étoiles à chacun de ses pas. Les silhouettes de créatures, qu’elles soient humanoïdes ou célestes, s’inclinèrent dans une révérence silencieuse, subjuguées par la grâce flamboyante.

Isianna, premières de nos mondes,

nymphe séraphique d’un royaume légendaire,

par sa volonté apportera la paix et l’unité.

 

— Odin ! Fais cesser cela ! Ases grande conseillère d’Asgard, avait quitté le Haut conseil en trombe. Le message menaçant qu’elle avait reçu de Lostris, la poussait à se montrer aux peuples, elle qui se devait de rester dans l’ombre. « Fait quelque chose roi d’Asgard !

Odin la fixait, le regard vide. Les tremblements de son corps s’intensifiaient à mesure que les paroles de l’Isis résonnaient dans le ciel.

— Odin ! Nous ne pouvons la laisser faire. Elle lui prit les épaules, le secouant pour le sortir de sa léthargie.

— Il est trop tard. C’est terminé. Vous ne conspirerez plus contre votre Isis. Répondit-il.

Une gifle cinglante le secoua.

— Que racontes-tu roi d’Asgard ? Nous avions un marché !

— Et je vous avais pourtant prévenus, qu’elle n’hésitera pas à anéantir ce qui se dresse devant elle ! Nous venons de tout perdre ! Notre suprématie, notre domination ! Tout vient de nous être retiré, et ce, à tout jamais ! Dorénavant les mondes connaissent la vérité sur la passé. Elle vient d’asseoir sa domination sur nous ! Il se laissa tomber sur son siège, les mains tremblantes et le regard baissé vers le sol.

— Jamais ! Ases recula, la colère dans son regard. Elle se tourna vers les Einherjar. « Garde ! Emparez-vous de la famille royale ! Ordonna-t-elle, la bave aux lèvres.

Seul le son des cliquetis de leur armure lui parvint. Un frisson glissa le long de son échine. Elle n’avait pas peur, elle brulait de colère. Son regard balaya l’unité, cherchant désespérément un signe d’obéissance. Pas un mouvement. Pas de soumission. Juste une étrange inertie. Son visage se durcit à mesure que ses ordres étaient ignorés. Son visage se durcit. Elle ressentait son autorité de Haut-Conseiller se déliter. Elle s’effaçait sous les yeux de ceux qui, hier encore, lui faisaient allégeance. Mais l’allégeance n’était plus sienne. Elle était dorénavant envers Lostris, Isis des Neuf Royaumes.  Et tandis que leur Isis contait encore parmi les étoiles, la rage embrasa sa poitrine.

—  Exécutez mes ordres ! hurla-t-elle, sa voix masquant l’histoire divine.

Son existence glorifiée,

louange des peuples réunifiés,

 mystère à jamais inexpliqué,

nimbera la parcelle de sa clarté.

Dans un déferlement d’éclairs écarlates, la robe du mythe se dissipa. Une armure forgée dans les flammes cosmique l’enveloppa. Ses traits si doux, s’endurcirent sous le poids de sa colère divine. Elle avançait à travers les mondes. Une sphère violette se matérialisa dans sa main. La scène lumineuse, se transforma violement sur un tempo aux notes inquiétante. Le ciel s'obscurcit, devenant menaçant.  Zébré d'éclairs orageux, de violentes bourrasques de magie se déchainèrent, alourdissant l’atmosphère d’une intense activité énergétique.  La voix de Lostris prit un ton grave.

Mais dans l’ombre, le cœur des humains de noirceur se teintèrent.

 Envies belliqueuses et d’indépendance dans leur esprit germèrent

 

L'image d'Isianna s'effaça, laissant place à celle de soldats dont les armures distinctives brillaient, avançant majestueusement dans le ciel. Dans leur sillage, marchant triomphalement, et auréolé d’une gloire certaine, l’un des anciens rois d’Asgard tenait en sa main le symbole de leur toute puissance. L’ Isis enchaînée.

 

Tout comme la folie qui l’esprit gagnant,

pousse une femme divine à l’aberration.

Car la lumière si pure soit-elle, de ténèbres peut se parer

 

La vie et la mort intrinsèquement liées,

 dans les mains d’une divinité

peuvent devenir réalité.

 

Puis dans leurs mensonges, le rêve secret d’une adoration,

 en domination projettera ses ombres sur nos mondes.

La parcelle céleste à jamais perdu dans les confins de l’oubli.

 

Le tumulte de l'orage céda enfin et un silence pesant s'installa. Les yeux rivés vers le ciel, les peuples présents pour l'événement étaient stupéfaits. Des chuchotements s’élevèrent, emplissant le jardin d’une légère cacophonie Les souverains des peuples quittaient discrètement les gradins, enjoignant leurs semblables, dont les visages fermés, et la magie bouillonnante d’ire, se dirigeait vers la famille royale.

Sur le balcon, le corps de Ase s’effondra dans un bruit sourd. Ses yeux brûlant de rage s’étaient éteints pour toujours. Un filet de sang, s’infiltrait entre les dalles de pierre, en dessinant d’étranges arabesques funèbres.

Les membres présent,  restèrent figé. Hébété, Odin porta sa main à sa bouche, incapable d’articuler le moindre mot. La reine, elle, recula instinctivement, ses doigts crispés sur le tissus de sa robe. Devant eux, Njörd, une lame maculée de sang, le roi de Jotuheim, de Vanaheim et d’Alfheim.

— La traitresse est morte. Annonça Njörd d’une voix grave. « Vous êtes à présent sous notre autorité. Il s’avança, talonné par les Einherjar.

— Vous ne comprenez rien. Murmura Odin. Vous venez de condamner le royaume.

— Nous lui rendons sa grandeur à travers notre Isis. Conclue le roi de Jotuheim.

En contrebas, la folie s’empara de chaque cœur humanoïde, porté par la colère et la frustration. Les tromperies du Royaume d’Asgard avaient enflammé leurs êtres, faisant jaillir l’étincelle de la vengeance. Les rugissements agressif de la foule devinrent tempête, laissant leur énergie magique en effervescence, se déchainer. Une brume aux reflets blanchâtres se souleva de terre, apportant avec elle, les relents irascibles d’un magisme que le peuple réclamait dorénavant à grand cri. Leur mécontentement se transformait aux appels de vengeance en un spectre de lynchage qui n’épargnerait personne.

Mais alors que la foule menaçante se rassemblait, le roi des Elfes, l’aura empli de sagesse et de compassion, s’avança. Son visage marqué par ses années de règne, témoignait de son expérience et de sa détermination. D'une voix calme mais ferme, il s'adressa à tous, cherchant à apaiser les flammes de la colère.

—  Mes chers sujets, peuples de neuf Royaumes », commença-t-il, sa voix portant    au-delà des murmures agités, « je comprends votre frustration et votre colère. Mais la violence ne peut être la réponse aux mensonges, aux artifices et à la fourberie des Asgardiens qui régissent notre univers depuis des millénaires. Nous devons trouver la paix dans la justice, pas dans la vengeance. »

Ses paroles ne résonnèrent pas dans l’air chargé d’électricité. Les vociférations de la foule s’accentuèrent, scrutant les visages tourmentés de la famille royale d’Asgard.

— Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir meilleur, un avenir où la vérité et la justice prévaudront. Continua-t-il, sa voix empreinte d'espoir. « Mais cela nécessite de la patience, de la compréhension et de la coopération. Nous devons mettre de côté nos différences et travailler ensemble pour le bien de notre royaume. »

L’influence apaisante de ses paroles ne dissipèrent pas la tension. Les regards se détournèrent du roi des Elfes et de la divinité, s’emplissant d’un sentiment de vengeance.  Au milieu des êtres humanoïdes, Lostris, arborant un sourire sournois, jubilait. Elle observait avec satisfaction l'affrontement entre Odin et les rois, se réjouissant de voir enfin les Asgardiens succomber à leurs tromperies.

A suivre.

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