La nuit tombait, masquant de son voile les nuages qui s'amoncelaient au-dessus de la cité. La purge allant commencer. La ville se parait de ses plus beaux atours. Les quartiers s'illuminaient, réveillés par d'immenses sphères de lumière fixées à des poteaux de métal finement ciselés. Les balcons et les façades, richement décorés, s'alourdissaient d'icônes et de fresques à la gloire du maître et de la famille royale. Les échoppes fermaient leurs portes, et les lieux de vie nocturne s'affairaient, protégeant leurs plus beaux esclaves des massacres qui s'annonçaient. Entassés devant les devantures, les marchands enfumaient les rues d'odeurs de nourriture qui ravissaient les papilles des promeneurs. Les bookmakers criaient, incitant aux paris les badauds devant des écrans magiques grésillant.
Des familles se pressaient pour rejoindre la place attenante au palais afin d'obtenir les meilleures places pour la cérémonie, vêtus de leurs plus habits. Dans les villas sur les hauteurs de la ville, les grandes familles peaufinaient les derniers détails des sortilèges qu'elles avaient créés durant l'année. Les jeunes filles, vêtues des robes les plus luxueuses, attendaient fébrilement le bal annuel au sein du palais. Les riches côtoyaient les pauvres et les modestes, partageant la même table et faisant couler l'alcool à flot. Ils ouvraient leurs demeures et faisaient la charité, priant non pas un quelconque dieu, mais priant pour que l'avenir leur soit serein et prospère. Cette nuit, les castes sociales n'existaient plus, la fraternité unissait tout le monde, seule comptait l'appartenance au clan. Tous s'impatientaient que le départ de la nuit la plus importante de l'année débute.
Rabattant son capuchon sur sa tête, Barlen s'était assuré de ne pas être suivi. Marchand nerveusement, le cœur battant violemment dans sa poitrine, il récitait mentalement le sort qui lui permettrait de créer un passage dans la barrière qui enfermait les sacrifiés dans le quartier des esclaves. Passant sous un porche de pierre à moitié effondré, il dut se faire violence pour ne pas se débarrasser des quelques soldats en faction qui patrouillaient. Raclant les murs de leurs lances, ils s'arrêtaient à chaque maison, tapant lourdement sur les façades, à la recherche de quelques bougres à massacrer. Les quelques pierres de lumière fixées sur des tiges de fer, servant de lampadaire, usaient de leur dernière force pour éclairer faiblement les rues. Il s'arrêta et tendit l'oreille, les deux soldats, venaient d'entrer dans une maison. Barlen entendit les cris de terreur des femmes s'étant caché pour échapper à la purge.
Intéressant, les soldats copulent avec des esclaves, c'est interdit, tss, pureté de la race quelle mascarade ! Pensa-t-il en reprenant sa route vers l'un des seuls bars du quartier. S'arrêtant à quelques mètres, il attendit patiemment, caché derrière une caisse en bois, que l'unité dont les membres sortaient en titubant du bar de fortune, disparaisse au coin de l'artère mal éclairée.
La gargote, construite à la hâte menaçait de s'écrouler à chaque ouverture de la planche en bois vermoulue qui servait de porte. Le mobilier sommaire en état de décomposition dégageait une odeur de moisie qui vint agresser les narines délicates de Barlen. L'endroit était aussi sale et rance que les hommes qui venaient boire un tord-boyaux aussi frelaté qu'il n'était interdit.
Il traversa l'antre crasseux et se dirigea derrière le bar ou l'attendait sans sourcilier le chef de la résistance. L'homme fatigué était dans un état de maigreur extrême. Barlen se demanda comment cette esclave aussi frêle, avait réussi à se jouer de la purge depuis des années. Le regard glacial qui le regarda le mit mal à l'aise. Grand, la peau meurtrie à force de travailler au soleil et les nombreuses cicatrices parcourant ses membres, il avait vu bon nombre de ses camarades tomber sous les actes de cruauté du clan des ombres. Lui offrir l'illusion d'une vengeance dont tous connaissaient l'issue, avait suffi à les convaincre de se rebeller.
Le front de résistance qu'il avait créé, constitué des esclaves les plus robustes, guettait ses ordres, patiemment cachés dans les souterrains. Priant pour que l'agonie de leur compagnon soit la plus courte possible, la colère qui enserrait leur cœur était réduite par la longue attente dans l'obscurité des boyaux tortueux qui serpentaient sous la ville. Débouchant sur un réseau d'égout, certains passages les mèneraient vers les maisons de vie. Le peuple réuni sur la place central, qui assisterait aux massacres des esclaves, n'entendrait pas la lente agonie de leur cher enfant.
— Où sont les autres ? Demanda Barlen d'une petite voix.
— Ils attendent patiemment ton exécution répondit le géant dont la haine qui transcendait son regard aurait pu consumer le pauvre homme sur place. Barlen n'était pas sûr d'avoir bien compris ce que l'esclave venait de dire.
— Mon quoi ? Cesse ta plaisanterie et... Il cracha du sang, la douleur qui envahit son ventre le fit se tordre de douleur et l'esclave lui assena un coup dans les côtes qui le fit tomber. « Qu'as-tu fait esclave, réussit-il à dire malgré la douleur.
— J'ai négocié ma liberté en échange d'un traître. Force est de constater que ton peuple vénère la loyauté et haïe toute forme de trahison. Grâce à toi, ma famille et moi...
— Rien, tu n'auras rien, cria Barlen, toi et ta famille, finirez comme les autres. De pauvres âmes sacrifiées sur l'autel de notre future gloire ! Pauvre imbécile, si tu crois que mon clan... Il ne put terminer sa phrase, l'obscurité l'envahit.
Un ombre se détacha du mur, les flammes vacillantes des torches aux murs dessinant ses contours dans l'obscurité. L'apparition fit jouer son aura magique dans un flot de vapeur noirci qui vint lécher le sol dans une épaisse fumée visqueuse. Les quelques prisonniers de ces geôles sombres et humides attendant patiemment que la mort les emporte, se recroquevillèrent dans le fond de leur cellule.
Les gardes dont les corps avaient été touchés par la noirceur, se débattaient silencieusement sur le sol, luttant contre la magie noire qui pulsait dans leur veine. Peine perdue, leur corps si fragile ne tiendrait pas longtemps face à la puissance de l'ombre qui se promenait guillerette dans les couloirs de la prison. L'odeur du sang et de la souffrance lui donna faim. Les sombres taches écarlates encore fraîches se mélangeant aux plus anciennes réveillaient une pulsion sanguinaire depuis bien longtemps réprouvée. Les nombreux outils de torture parsemés tout au long du chemin, couvertes de rouilles et de fluide corporels en tout genre, réveillait sa mémoire depuis bien longtemps exempte de nouveau souvenir. Rêveuse, elle tourna à un carrefour prenant soin de réveiller l'un des gardiens semblant sommeiller sur une caisse.
L'homme, de forte corpulence à la peau bien grasse, ronflait allégrement tel un pourceau dans les cuisses de sa mère. Le coup qui fusa l'envoya dans le mur noirci par les torches de flammes qui dansaient. L'homme glissa sur le sol, laissant derrière lui une traînée de sang et de cervelle sur la paroi déjà souillée. L'ombre continua sa route nullement inquiète par la mort du gardien. Quelques mètres plus loin, dans cette fange à l'odeur croupie se dessinèrent l'objet de ses désirs. L'excitation à son comble, l'ombre fixa son regard sur le prisonnier allongé sur le sol.
Barlen ouvrit les yeux. La douleur qui l'avait saisi lui revient en mémoire. Couché sur le sol d'une geôle humide, des chaînes tintant au moindre mouvement de ses membres meurtris, il eut peur. Sa position à l'instant même, acheva de le convaincre que sa vie ne valait plus rien. Pas plus que celle d'un esclave. Lui qui de par son métier avait su avec brio grimper les échelons des castes sociales au sein du clan, réalisait maintenant l'ampleur de son idiotie.
Haut placé dans la chaîne d'esclavagisme, son métier consistait à écrémer les arrivages de prisonniers venus de monde conquis. Il fallait pour cela, un œil acérer pour trier les malheureux qui arrivaient vivant des longues traversées entre Méros. Une volonté de fer pour décider de qui vivait et qui mourrait, et le cœur bien accrocher pour supporter les mauvais traitements que ces créatures subissaient depuis leur capture. Choisir qui devenait soldat, ouvrier, prostitué ou domestique était tout ce qu'il avait connu depuis son enfance.
Les esclaves arrivaient nu et effrayé. Ces survivants des guerres de conquête du clan n'osait se révolter, conscient que seule la mort les attendait. Après une sommaire douche, ils étaient pris en charge par Barlen. Séparant hommes, femmes et enfants, il envoyait les vieillards et les infirmes vers la mort.
C'était un travail certes répétitif, mais il lui avait permis d'obtenir une petite fortune ainsi que la chance d'avoir un enfant. Venant d'une modeste famille, sa femme et lui n'avait jamais pu connaître le bonheur d'avoir une descendance. De ce fait et comme récompense pour loyaux services, l'administration lui avait permis de récupérer un nouveau-né dans une des maisons de vie de la capitale. Mais être de modeste condition malgré sa fortune, ne lui conférait pas les mêmes droits que les hautes familles concernant les enfants.
Par une journée de printemps, le sang coula entre les jambes de son unique fille. Comme le voulait la coutume, elle fut amenée dans l'une des maisons de vie de son quartier. Barlen se souvient avec nostalgie de la fierté qui gonflait dans le cœur de sa fille. Je vais enfin participer à la grandeur de notre clan, lui avait-elle dit. Mais ce que Barlen ne savait pas, c'est qu'elle venait de signer son arrêt de mort.
Durant la deuxième guerre de soumission s'étant déroulée dans un passé lointain, le Clan des ombres avait subi une amère défaite. La participation des neuf royaumes et de son Isis avait offert la victoire aux dieux et anéantis la quasi-totalité de son peuple. S'éparpillant à travers les étoiles, les survivants se cachèrent. Ils décidèrent alors de coloniser des mondes mourants, afin de reconstruire leur nation. C'est alors que les grandes maisons eurent l'idée de créer des maisons de vie afin que tous puissent participer à ce qu'il appelait « l'effort de guerre pour la gloire de la nation ». C'est ce qu'on lui avait enseigné depuis son plus âge. L'histoire de son clan et de cette guerre millénaires qui faisait rage entre eux et le monde divin. Et depuis des centaines d'années, le clan mettait au monde des enfants, des combattants qui grossissaient le rang des armées.
Une seule règle régissait ces maisons, l'obéissance. Véritable institution entièrement dédiée aux jeunes filles, elles y étaient enfermées, et formés à différents arts. Le chant, la danse, tenir une maison et donner du plaisir à son futur époux en autres. Dans ces maisons, aucun mal ne pouvait leur être fait. Porter atteinte à ces êtres sacrés et à leurs enfants, étaient considéré comme une haute trahison. Bien entendu, et comme pour tout symbole patriotique aussi prestigieux soit-il, les règles se devaient d'être respecté. Elles étaient sévèrement réprimandées en cas d'entorse au règlement. La fille de Barlen avait payé de sa vie l'affront qu'elle avait fait au peuple.
Une seconde règle, cachée de bien des jeunes filles à leur arrivée, pouvait les mener vers une condamnation mortelle. Les enfants qu'elles mettaient au monde devaient être en bonne santé, de bonne constitution et surtout vivant. La fille de Barlen avait donné naissance à son quatrième enfant alors qu'elle n'était âgée d'une vingtaine d'années. L'enfant née avec une malformation mourut quelques heures plus tard. Les foudres des hauts responsables de la maison de vie s'abattirent sur elle. La sentence fut irrévocable. Les faibles n'avaient aucun droit au sein du clan. Barlen se souvint douloureusement de cette journée. Les larmes coulant le long de ses joues, laissèrent des sillons blanchâtres à travers la poussière et le sang séché. C'est alors qu'il remarqua une présence derrière la porte de sa cellule.
L'excitation à son comble, l'ombre déverrouilla la porte qui s'ouvrit dans un gémissement à damner une âme. Le prisonnier, les yeux écarquillés par la peur regarda la silhouette menaçante se dresser face à lui. Sans un mot leurs regards se croisèrent, et se toisèrent dans un combat inégal. Xerces venait d'entrer dans la geôle humide et sombre de Barlen. La peur qui envahit le traître le glaça jusqu'à l'os. Incapable de bouger il regarda l'homme face à lui s'avancer, et d'un geste lent, s'asseoir sur un siège apparut subitement au milieu de la cellule. S'asseyant avec prestance, il fit apparaître d'un claquement de doigts une table recouverte de victuaille. L'estomac de Barlen grogna.
— Je t'en prie, sers-toi Barlen. Le ton de sa voix bien trop doux pour coller avec le personnage, conforta le prisonnier dans sa terreur.
Le pauvre n'osa bouger. Il tenta de fuir le regard brûlant qui le détaillait. Barlen avait entendu maintes histoires sur cet homme dont la popularité au sein du clan n'était plus à prouver.
Grand, les yeux aussi noirs que ces cheveux, une multitude de cicatrices lui barrant le visage et cette armure de bronze, à l'origine étincelante, devenu avec le temps aussi vermeil que le vin dans la coupe face à lui, à force de se baigner dans le sang de ces ennemis. Tout dans cet homme reflétait la folie, et sa cruauté connue de tous n'aidait pas Barlen à se détendre. Il prit fébrilement la chaise se tenant devant lui et prit place. Son esprit tourmenté lui rappela au combien l'homme se tenant à bout de table ne devait en aucun cas être pris à la légère.
L'une des histoires la plus illustre de ce guerrier, lui revint en mémoire. Xerces le sanguinaire. Il s'était illustré dans l'une des plus grandes batailles du clan. La chute de Virendelle dans le quatrième Méros. L'homme à la main agile et au cœur aussi noir que celui de son supérieur était connu pour sa grande cruauté sur les champs de bataille. Les racontars devenus histoire pour effrayer les enfants, le décrivaient comme un éventreur. Si la véracité de ces histoires pouvait être remise en question, les faits d'armes dont il se targuait étaient eux bien réels. Barlen osa lever son regard vers lui dans l'attente d'une quelconque action de sa part. Mais Xerces ne fit rien. Bien trop occupé à faire pitance du festin devant lui. Portant une coupe de vin à ses lèvres, le son de sa voix s'élevant entre les murs de la cellule faisant sursauter Barlen.
— Quelle déception mon ami, toi qui étais passé maître dans ton art, te voilà réduit à l'état de traître pour une malheureuse idée dont l'issue t'aurait été fatale de bien des manières. Quel gâchis de voir l'un de nos plus grands maîtres esclavagistes se ranger du côté de ces cloportes miséreux. Qu'as-tu à dire pour ta défense ? Parle mon ami je t'écoute.
Barlen devait peser ses mots. La sueur froide qui coulait le long de son dos, l'incitait à ne pas commettre d'erreur dans ses paroles, au risque de finir comme la volaille rôtie que Xerces mutilait a coup de dague.
— L'esclave qui m'a trahi ou est-il ? Sa main se posa sur l'une des cuisses de bœuf dont l'odeur alléchante emplissait ses narines.
— Cette imbécile ? Il a fini comme les autres. Servi en sacrifice pour le Mémorium. Il éclata de rire à cette évocation. « Tu l'aurais vu, lui et sa famille. Escortés par une unité de soldat, ils pensaient tous avec conviction que la liberté leur était acquise. Ces pouilleux sont d'une telle bêtise. Leur arrivée sur la place centrale leur a rappelé combien nous décidons pour leur pathétique vie. Ils ont été les premiers à servir de sacrifice. Tu aurais dû voir celui qui t'a vendu pour son doux rêve de liberté. Il crachait sa haine sur notre peuple, quelle ingratitude ! Nous qui leur avons offert un but dans leur misérable vie, ne sont même pas digne de servir notre glorieuse patrie... Mais trêve de baliverne, qu'en est-il de toi ?
La question dérouta Barlen, il avait trahi son clan, que pouvait-il espérer à part la mort ou les colonies ? « Seigneur, je ne suis pas sûr de comprendre la portée de votre question. Pardonnez mon ignorance et mon arrogance...
Le cadavre de la volaille traversa la pièce. « Assez pauvre pourceau pathétique. Tu as trahi ton propre sang et ton peuple. Comment peux-tu espérer une quelconque pitié de ma part ?
— De la pitié ? Comment pourrais-tu avoir une seule once de pitié pour moi alors que notre clan n'a aucune pitié pour nos enfants !
— Ces mêmes enfants que tu souhaitais égorger ? Comme nous avons égorgé ton enfant ? Car il s'agit de cela mon ami ?
Barlen baissa sa tête pour empêcher Xerces de voir ses larmes couler. Les images défilant dans sa tête lui firent perdre pied et il revit ce jour maudit ou sa fille lui avait été enlevée. « As-tu des enfants ? Lui demanda-t-il.
— Oui, et contrairement à toi, mes filles sont exemptées des maisons de vie. Ma position les protège et les dispense de cet effort ! Mais j'ose imaginer quel désespoir t'a poussé à commettre une telle folie.
— Non ! Barlen tapa du poing sur la table. « Comment oses-tu me dire que tu me comprends ! Tu es un nanti, un privilégié ! La douleur du peuple t'est étrangère ! La paix que nous souhaitons pour nos enfants vous est inconnue car vous préférez vos petites conquêtes seulement pour calmer votre soif de sang ! Vous parlez d'un monde divin qui serait l'ennemie à abattre, mais nous ne les avons jamais vus ! Existent-ils seulement ? Ou est-ce seulement un moyen pour vous d'asseoir votre domination sur tout ce qui vit ?!
La table trembla, Barlen debout devant son interlocuteur, la bave aux lèvres, le teint rouge et la respiration saccadée, avait le regard plein de haine pour l'homme face à lui. Xerces, nullement inquiété par le coup de sang du prisonnier, continuait son repas en souriant. Il posa sa coupe de vin, et sorti de son fourreau une dague d'argent rutilante sertie de rubis.
— Vois-tu celle lame ? Je pourrais aisément pourfendre la tête du héros dont le peuple chante les louanges en ce moment même.
Barlen releva la tête, surpris par la dernière parole de Xerces. L'étonnement céda vite la place à la méfiance. « Héros dis-tu ? Depuis quand les traîtres sont-ils considérés comme des héros ? Il déglutit, le regard amusé du général lui donna des sueurs froides. Incapable de comprendre la portée de la conversation se déroulant, Barlen se laissa choir sur sa chaise l'appétit coupé. Xerces reprit la parole.
— Le héros Barlen. Grand maître esclavagiste qui de part son glorieux courage, mis fin au soulèvement des esclaves. Il a ainsi sauvé les enfants de notre fière peuple. Ce grand héros, conscient du caractère sacré des maisons de vie, s'est rabaissé à la fange pestilentielle composant nos asservis serviteurs. Il a ainsi, au péril de sa vie, découvert un réseau de résistance et mit un terme à leur tentative d'attentat. Pour honneur rendue à la nation, nous l'avons élevé au rang de maître de maison. Nous lui avons offert la richesse et l'opulence. Mais cet homme dont la sagesse reflète son humilité a préféré servir encore une fois notre clan. Il sera la main qui anéantira la grande Elysia notre future conquête.
Barlen l'air coite, fût saisit de terreur. Il sauta de sa chaise qui se renversa et se saisit d'un couteau prêt à l'assener sur son bourreau. Il recula, prenant soin de ne pas le quitter de yeux. Puis son dos rencontra la pierre froide et humide du mur. Xerces, le visage impassible, le scruta. Il attendait le moment fatidique ou son prisonnier tenterai de fuir. Mais l'action tant attendu ne vint pas. L'inaction de l'esclavagiste provoqua sa colère. Barlen restait collé à la paroi, le couteau tendu devant lui, sans un mot. Dans un geste d'une lenteur exaspéré, Xerces fît apparaitre une petite fiole. Le contenu noirâtre dégageait une lumière. Une aura de ténèbres illuminant la pénombre d'une lueur terrifiante.
— Bois mon ami. Il lui adressa un intimidant sourire, cruel et mesquin. « J'ai dis bois mon ami.
Ce fût de trop pour le prisonnier qui d'un geste envoya valser la fiole. Elle éclata contre le mur, éparpillant liquide et éclat de verre sur le sol poussiéreux. Le souffle bruyant, il releva son regard vers le général, serrant le couteau dans sa main. La force d'une violente gifle le projeta non loin de la banquette servant de couchette. Sonné, il se sentit soulevé dans les airs avant de retomber lourdement sur le dos, entravé par la poigne puissante de Xerces. Le brisement de son bras gauche le désarma et son hurlement résonna dans toute la prison. Son bourreau le toisa de toute sa hauteur, le maintenant couché de tout son poids. De sa main, il attrapa le visage de Barlen, enfonçant ses doigts dans la chaire flasque de sa victime.
— Est-tu calmé mon ami ? Ou souhaite tu que je m'occupe également de tes jambes ? Je pourrais aisément te les arracher comme on arrache les ailes d'un insecte !
Une seconde fiole apparu dans ses mains. Ouvrant violement la bouche du prisonnier, il y enfonça le goulot. « Maintenant, tu va connaitre ce qu'il en coute de trahir son peuple. Vous pouvez entrer !
Un marmonnement de paroles incompréhensibles emplies la petite pièce sans fenêtre. Une présence maléfique accompagnée d'une sombre aura d'énergie pervertie, s'empara du corps de Barlen. Cinq mages, vêtus d'une longue tunique à capuchon noir entrèrent dans la cellule. Se postant aux côtés du général, l'amplification de leur inaudibles paroles devient une horrifique cacophonie. Leur doigts maigres et osseux, se levèrent et pointèrent le prisonnier.
— Lorsque ta peau se parera d'une délicate ondée argentée, les affres de la destruction coulant dans tes veines, t'offriront la mort la plus vicieuse qu'il soit. Bienvenue à toi dans ton nouveau rôle mon ami.
Les yeux de Barlen se révulsèrent sous l'effet effroyable de l'emprise du général et du sortilège sur son esprit. Ses dernières pensées fût la fin qui s'annonçait à lui, celui de devenir une bombe magique. En cet instant, rien ne pourrait le sortir de la situation qu'il avait lui-même provoquée. Lui qui s'attendait à rejoindre les colonies tel un paria, et non pas à courir vers une mort certaine, resta muet devant l'évidence de sa trahison. Les yeux perdus dans le vide, il écoutait le général face à lui éclater d'un rire mesquin.
A suivre