Ce qui provoque la haine

Par Luvi
Notes de l’auteur : Dans ce monde tapi de ténèbres, une pâle lueur vint nimber la noirceur.
À l’aube du monde, une créature venue du ciel, se tient dans les vestiges de notre passé.

Prota, divinité de la création nous apporte sa clameur.
De sa main, parcours les terres meurtries, ramenant la lumière et repoussant les ténèbres.

Alors nous repeuplons la terre, construisant, ensemençons, élevant et s’élevant nous-même face à la mort. Ces forces destructrices qui nous plongèrent dans les ténèbres ne sont plus.
Par sa bonté nous vivons et par son châtiment nous louons l’étincelle de vie nous offrant ses vertus.

Encyclopédie divine – Rouleau de la création – Elysia la pieuse – Auteur inconnu

Localisation : Elysia- planète Efseveis - Ceinture de Floga – cinquième Méros

Elysia, immense cité aérienne perdue dans les nuages, s’étendait à perte de vue à travers les terres de feu du continent austral de la planète Efseveis. Second monde magiquement influent du cinquième Méros, la pureté de son énergie apportait le souffle lumineux de sa force vitale aux mondes l’entourant. Ses terres sauvages, étendues vierges aux forêts verdoyantes et aux plaines vigoureuses, jardin d’Éden inviolé, étaient le sanctuaire d’une vie grouillante de mille espèces. Ses montagnes, enfer glacial au silence absolu, s’étendaient aux confins de ce monde. Frontière naturelle enclavant la région de ses majestueux pics rocheux, elles étaient enveloppées d’un épais tapis neigeux. Ses lacs à l’eau cristalline, et ses cascades serpentant au milieu des îlots flottant dans l’atmosphère, projetaient leur fraîcheur sur ce monde martelé par la chaleur. Rien n’avait changé en cinq mille ans. La pureté de son air refroidit par les vents capricieux venus des monts Zonan. L’éclat de son eau brillante de mille clartés aux heures les plus lumineuses de la journée. Et sa faune aux multiples coloris et au parfum enchanteur rendait la vision de Lostris presque irréelle.

Elle marchait au milieu des plaines, accompagnée des équidés aux crinières de feu. Chacun de ses pas, porté par la lumière de ce monde énergétique en équilibre parfait, projetait une brume diaphane porteuse de pureté. Une douce brise lui apportait les embruns délicats de notes florales. Elle dévia de son chemin.

Au détour d’un petit bosquet, porté par un radieux ruisseau cristallin, se tenait enchevêtré sous les branches d’un arbre vieux comme ce monde, un tapis de fleurs à la vue délicate. Elle se coucha sur cette jonchée de douceur, se gorgeant de l’énergie circulant sur ce monde et se laissa à la contemplation du ciel d’un bleu azuré.

— T’comptes rester couché toute la journée ? Hélios, son veston dans les mains s’approcha.

— Pourquoi viens-tu me déranger alors que je me gorge de l’énergie de cette planète ? Laisse-moi ! Ordonna-t-elle, contrariée par cette intrusion soudaine dans son espace vitale.

— N’es-tu pas v’nue les mettre en garde ? La question d’une telle stupidité, lui fit regretter d’avoir ouvert la bouche

— La reine peut bien attendre mon arrivée… Le bâillement qu’elle étouffa en s’étirant fit comprendre au soldat qu’il valait mieux pour lui que personne ne vienne la déranger. « De toute façon, ma venue n’est pas synonyme de joie en son cœur.

— Encore un humain mécontent d’toi ? Qu’as-tu fait ?

Masquant ses yeux de son bras gauche, elle souffla. Les souvenirs de sa première visite sur ce monde, l’irritèrent. « Je suis un tout petit peu responsable de la guerre d’indépendance survenue il y a cinq mille ans ! Ce monde s’est rendu coupable d’un crime jadis, et les dieux ont voulu l’anéantir.

— C’est à cause des accusations con’te toi ?

Lostris se redressa, s’adossant contre le tronc, elle leva les yeux, se perdant dans la contemplation des massifs rocheux des îlots aériens.

— Le commencement de toutes histoires dans l’univers, prend sa source à la fin des guerres d’unifications. Cet ancien temps, vieux de plusieurs milliers d’années à connus l’émergence de la magie, des civilisations et surtout de l’espoir. Elle soupira profondément, puis releva la tête « L’histoire d’Elysia, remonte à ces temps jadis, ou les mondes habités survivaient difficilement dans les ténèbres éternelles.

Elle prit une longue gorgée d’oxygène, et reprit la parole, une certaine lassitude dans sa voix. « Il faudra des siècles aux dieux nouvellement unis par le roi Brashivi, pour que l’éclat divin illumine toutes vies. Puis vint l’ère de Prota, intronisé Dimiour du cinquième Méros, grand fondateur d’Elysia et Skotadi.

Une douce lumière illumina sa main droite. Une légère lueur noirâtre se dégagea de sa main gauche. Subtilement, les deux magies se transformèrent en petite créature d’énergie. Elle les fit combattre dans une nuée d’étincelle, les apparitions se désagrégeant à chaque coup avant de reprendre leur consistance.

— L’arrivée de Prota sur ce monde repoussa les ténèbres. Il apporta aux êtres vivants, les prémisses de la civilisation et la religion. Puis un jour, ces créatures humanoïdes de par leurs cœurs et leurs esprits, souhaitèrent se rapprocher au plus près de leurs dieux. Ils délaissèrent ces immenses étendues et colonisèrent les îlots aériens. Le panthéon est un hommage à ce grand dieu et est à l’image d’une foi, qu’ils pensaient à l’époque inébranlable. Elysia devint alors une terre aimée des dieux. Nombreux sont les divinités qui vécurent parmi les hommes. » Ses poings se serrèrent, faisant voler en éclats les miniatures.

— Des dieux ont vécu sur c’monde ? Hélios se laissa tomber au sol.

— Oui, Bon nombre d’entre eux, aux cours des millénaires ont choisi Elysia comme demeure, en séjournant dans ses temples ou dans le panthéon. Prota fut le tout premier dieu à avoir vécu ici, dans le temple de la création qui est caché au sein de la grande forêt. Le caractère sacré de ce lieu lui vient des centaures, qui après des années à se cacher de la divinité, l’ont accueilli sur le mont Pélion. Le volcan de Orda était entré en éruption et menaçait la grande forêt. En remerciement de les avoir sauvés, ils lui ont construit ce temple. Ils ont ensuite, avec sa bénédiction, nouer une alliance avec la famille royale d’Elysia. Le grand chef centaure et le roi Calchas I ont signé un pacte de non-agression. Après des siècles de pourparlers, la toute première Théssalie vue le jour et fut acceptée par la tribu centaurienne. Depuis la création du temple, aucun humain ne peut entrer dans la forêt sous peine de mort.

— Mais que s’est-il passé pour que les dieux se détournent de cette planète ?

— C’est mon existence et ma présence ici-bas qui les a condamnés à l’oublie divin. Elle déglutit. « Il y a cinq mille ans, le seigneur Alkan demanda l’asile en mon nom au roi Priam. Je. Elle chercha ses mots. Le souvenir de son mentor s’imposa dans son esprit. Son cœur se serra, et ses yeux se remplirent de larmes. « Durant une année, j’ai vécu parmi les centaures, au sein du panthéon avec la grande Thessalie Herma. Mais dans l’ombre, mon existence qui paraissait irréelle au peuple, est devenue source de conflit entre le roi et son frère, le prince Ceto.

— Le roi et son frère sont entrés en conflit ?

— Oui, le prince complota avec le clergé, suite à une missive divine leur annonçant la mort de leurs Isis. Elle soupira à nouveau, une larme coulant de long de sa joue. « Mais le roi, se refusant à croire en ma culpabilité, provoqua la colère des prêtres, qui réclamaient que je sois livré au conseil des dieux. Le roi s’obstinant dans son refus, dû alors combattre l’armée divine, envoyée par le katastrep. Elle cacha ses yeux larmoyant de son bras. Quant à moi, j’ai dû quitter Herma et fuir la planète. Je. Les larmes coulèrent aux souvenirs de la grande Théssalie.

Hélios se releva et vint entourer Lostris de ses bras. Elle tentait de contenir ses larmes. Une légère énergie pervertie se dégagea d’elle au rythme de la tristesse qui la dévorait. « Avant mon départ, Priam fit le serment que lui et ses descendants, apporteraient aide et soutient aux neuf royaumes. Pour le remercier de son hospitalité, j’ai offert deux présents à Elysia et aux centaures. Le Tis Foga, un haut sortilège de feu, que les dieux ont enfermé et scellé dans le panthéon, ainsi qu’un enchantement suprême permettant de lever une barrière autour de la grande forêt en cas d’éruption du volcan. Elle se dégagea de l’étreinte du medjaï et se coucha sur le parterre fleuri. Elle ferma ses yeux et s’abandonna difficilement aux énergies qui gravitaient autour d’elle. Les souvenirs de Herma, dansaient dans son esprit, brûlant son cœur d’une désagréable sensation de vide. « Maintenant laisse-moi, tu troubles mon énergie avec tes questions !

Les forces qui s’insinuaient dans son corps, apaisèrent quelque peu son esprit, lui apportant les milliers de notes sonores d’une vie foisonnante. Elle ressentit les vibrations des pas que propageait chaque créature animale La force torrentielle des cascades et le clapotis léger des lacs, ou s’abreuvait la faune sauvage. Mais la lumière possédant toujours une part d’ombre, qui si minime pouvait être, vint assombrir ce parfait équilibre.

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Une voix forte et puissante résonna à travers la salle. Une créature élégante à la peau d’une blancheur immaculée, transparaissant sous une robe vert amande dont la couleur rehaussée de l’or de ses bijoux subjuguait sa présence, s’avançait. Son port altier et sa haute stature, la rougeur de sa chevelure et la profondeur de ses yeux émeraude typique du peuple Elysien, imposant le silence. La reine à la peau d’albâtre toisait de toute sa hauteur les chefs armées des bataillons armées du grand continent de feu. Son regard enchanteur d’où s’échappaient les tourbillons sylvestres d’un jeune printemps, intense et absolu, plongeant les malheureux dans une hypnose gorgonienne, balaya la salle.

Exaspérer par les défaites de ses troupes magiques contre le fléau qui s’abattait sur son monde de pureté, la reine dont la colère se faisait entendre jusqu’au dernier îlot fermier de l’immense cité aérienne, s’adonnait aux revues de ses troupes.

— Des paysans et des gamins ! Est-ce là tout ce que notre glorieuse nation a à offrir pour sa défense ? Ou sont donc les archi-mages toujours enclins à pavaner de leur puissance ?

Les grands hommes de l’armée, genoux ployés et têtes baissées en signe de respect, alignés dans une cohorte de nuance carmin aux reflets dorée tremblaient, leurs armures de céramique cliquetant sur le dallage. Osez répondre à leur reine en période de conflit, la où sa colère projetait des ondées magiques embrasant l’air ambiant, tison incandescent d’un impétueux brasier prêt à s’enflammer, ne leur seyait guère. Alors ils attendaient, priant de ne pas être choisi par le courroux furieux de leur souveraine.

— Les archi-mages renforcent les sortilèges défensifs et les barrières magiques ma reine… ils…Se rendant trop tard de son erreur, le général se prosterna, la tête contre le sol en signe de pardon.

La reine dont les pieds nus frôlaient le pavement de marbre blanc s’avança. Les chevillères d’or fines tintant à chacun de ses mouvements, s’arrêtèrent devant l’homme dont le visage blême rappelait la blancheur de son armure. Se baissant à sa hauteur, elle fit parcourir son fin doigt orné de bagues aux émeraudes enchanteresses sur son cou avant de lui relever la tête.

— Je ne crois pas t’avoir autorisé à parler… Sa voix d’une douceur comparable a de la soie, autoritaire et exaspérée fit frissonner le soldat conscient de sa punition à venir. Leurs regards se croisèrent. Dans une ondée lumineuse aux embruns printaniers, les yeux de la reine s’illuminèrent d’un éclat boisé. L’homme se figea, sa chair se transformant en pierre.

— Majesté ! Son chambellan l’interpella. « Je comprends votre colère, mais si vous transformez nos généraux pour embellir la salle du trône, qui va mener nos bataillons à la victoire ?

La reine Morgiane, surprise, fixa l’homme dont les vêtements d’un rouge ardent, lui rappelait les grandes fosses basaltes du grand volcan de Orda. « Oui, tu as raison, la colère m’emporte ! Que cet homme soit amené aux guérisseurs ! Dans un geste, elle hâla ses subordonnées de débarrasser l’impudent de son passage. Reportant son attention sur les hommes agenouillés, elle retourna à son trône dont l’imposante masse d’or pur, représentant un soleil, brillait aveuglément. Le coussin délicat d’un vermeil sombre l’accueillit.

— Il est de notre devoir de protéger ce monde dont l’équilibre énergétique rayonne à travers le firmament. Les dieux nous ont abandonnés au détriment d’une vie de paresse aux confins de notre Méros. Nous ne pouvons compter que sur nous-même pour la victoire de notre troupe sur la noirceur qui tente de s’abattre sur nos terres. Général Ackua, quelle est la situation sur la grande mer ?

Le général des troupes maritimes, Ackua, fervent marin dont les histoires de navigation rendaient gloire aux marins les plus célèbres du continent, releva la tête. La quarantaine bien tassée et le teint hâlé par les sorties en mer bien trop fréquente, confirma ce que la reine savait déjà. Pas d’ennemis sur les côtes, les villages de pécheurs n’avaient pas été évacués. Son ton bourru mit néanmoins la monarque en garde :

— Certains affirment avoir aperçu une étrange fumée provenant du lac de Délos lors de la dernière pleine lune, comme si un mauvais sort réchauffait les étendues aqueuses de notre monde. Certaines rivières se sont subitement asséchées, poussant les animaux à se rapprocher vers l’extérieure de nos terres. Une sombre magie est à l’œuvre.

La reine acquiesça et le remercia d’un hochement de la tête. « Général Fotia !

Petit et vêtu d’une simple tunique d’un rouge velours aux reflets noirâtres, l’homme dont l’âge avancé avait connu les derniers pas du Dimiour sur ce monde, parla avec nonchalance.

— La crête occidentale et les abords du mont Orda sont envahis de golem. Leur taille est supérieure aux golems que nous avons l’habitude de repousser. La violence dont ils font preuve, même entre eux me laisse penser que le général Ackua à raison, un mauvais sort est à l’œuvre. Aucune perte n’est à déplorer du côté des villageois, mais leur évacuation est en cours.

— Général Foinix !

L’homme se redressa, sa longue épée à deux mains crissant sur le dallage de marbre dans un son strident.

— Trois hommes ont été aperçus en direction du bosquet sacré. L’un d’entre eux dégageait une aura sombre et semblait se détacher volontairement du groupe. Les invocateurs, voici ce qu’ils doivent être pour se désolidariser des groupes armés. Un second trio se rendait vers les flancs du mont Orda, serpentant entre les golems. C’est après leur passage que les créatures sont devenues violentes. Les archi-mages ont ressenti l’aura d’un sortilège, et nos nids semblent avoir été désertés par les phénix.

— Assez ! Les centaures s’occuperont des hommes dans la forêt ! Inutiles d’envoyer un contingent, nous n’envenimerions que la situation ! Ixion, le grand chef, n’autorise que la présence de Néphélé notre Thessalie dans le bosquet sacré, les autres étant considérés comme nuisibles ! Le mont Orda est le plus inquiétant ! Nous ne savons pas de quoi est faite leur magie, espérons qu’il ne réveille pas la grande montagne !

Les quatre hommes frissonnèrent, réveiller le grand dragon de feu Ladon pouvait amener à la destruction de leur monde. Le sortilège devait rester sagement endormi au plus profond de la mer de lave du cratère. Balayant cette idée de leurs pensées, ils laissèrent leur reine terminée sa tâche.

— Général Dasos !

— Les soldats ont surpris des hommes en plaine se faisant passer pour des marchands ! Comme ordonné, ils ont été emmenés dans le camp près du fleuve Arcadie. L’interrogatoire n’a rien donné, mais leurs armes n’avaient rien de banal. Elles sont entre les mains des archi-mages. Nous plaçons nos hommes aux points stratégiques de la grande plaine. Les mages nous ont signalé qu’une vague de magie s’est déployée. Nous pensons à un sortilège d’illusion, et tentons de le briser, car il les protège de notre regard. La certitude qu’il est déjà trop tard se répand comme une traînée de poudre dans les garnisons ma reine !

— Le temps est un ennemi que nous pouvons déjouer ! Faites venir les troupes au pied du palais avant la bataille. N’oubliez pas généraux, quoi qu’il puisse se passer, il nous reste encore une carte à jouer !

— La marche vers la lumière est semée de troubles, œuvres mystiques d’âmes aux cœurs noircis, nous guidant vers les sombres chemins.

Quand je marche dans les vallons obscurcis, le néant accompagne mes pas, mais nulle crainte en mon être car tu rayonnes à mes côtés, illuminant mes pas pour me guider vers la lumière salvatrice.

Alors les hordes impies de la sombre messe connaîtront ton nom, et à l’errance éternelle leurs âmes seront condamnées.

Tous se retournèrent. Braquant leurs regards sur le petit homme qui venait d’entrer dans la salle. La reine se renfrogna.

Le grand prêtre, vêtu d’une simple toge de lin blanc, pieds nus en signe de pénitence, venait de surprendre l’assemblé de sa faible voix. Sa tirade, foi inébranlable en un divin inexistant depuis longtemps, plongea leurs cœurs dans les tourbillons amers d’une haine sans fin. Plus personne ne croyait en l’aide des déités autrefois protectrices de leur monde. Et pourtant, la lumière d’un royaume étranger souhaitait encore leur venir en aide, malgré le refus persistant de la reine.

Dans une atmosphère solennelle, illuminée par les immenses rais de lumière rougie par les vitraux, la reine et le prêtre se toisaient.

— Que veux-tu grand prêtre ? Nous sommes en pleins préparatifs de la guerre qui s’annonce. Une colère justifiée s’empara de la reine, non contente d’être dérangée par le vieil homme.

— Ma reine. Il se baissa sans ployer le genou, son grand âge ne lui permettant plus. Il sentait le regard brûlant de la monarque, l’admonester. Mais il n’en avait cure, la lumière divine foulait actuellement les terres et son rayonnement pouvait les aider. Mais encore fallait-il convaincre la reine d’accepter de faire la paix en son cœur. « Elle est parmi nous ! Elle se gorge en ce moment même de la pureté de notre monde.

— Je me fiche qu’elle soit ici ! Refrène tes paroles et tes sermons, l’heure n’est plus à la prière ! Grogna-t-elle en se levant vivement de son trône.

— Ma reine ! Il s’avança vivement, faisant sursauter la monarque. « Nous devons discuter des implications que présente sa présence sur notre monde. Le peuple commence à reprendre espoir, et je ne peux ignorer les murmures qui se propagent dans les rues de notre royaume.

— Nous ne voulons pas de son aide ! Ce monde ne lui appartient pas, qu’elle retourne donc à sa petite guerre ! Elle projeta une nuée de flammes incandescentes lorsque son bras fouetta l’air devant elle.

Le vieux prêtre recula. Il s’inclina légèrement pour lui montrer son respect et sa déférence, en continuant de soutenir son regard.

— Votre Majesté, la présence de la sainte lumière est dorénavant indéniable. Les signes sont partout, les miracles se produisent sous nos yeux. C'est un message divin qui doit être entendu et respecté.

La reine se tenait droite, montrant toute son autorité. Sa posture fermée, indiquait qu’elle se refusait à l’écoute. Sa voix perdait pourtant de sa superbe. Moins clair et assurée, un léger changement de ton se faisait entendre.

— Des signes, prêtre ? Des miracles ? Mon rôle en tant que souveraine est de garantir la stabilité de notre royaume, et non pas de céder à des superstitieux espoirs sans fondement. Où sont les preuves tangibles que sa présence n’est pas un mal ?

Le grand prêtre se redressa. Il utilisa son bâton d’un geste ferme et décidé, en martelant le sol à chacun de ses pas. Quelques murmures s’élevèrent. Il les fit taire en levant la main pour demander le silence.

— Les preuves ne sont pas toujours matérielles, Votre Majesté. Elles résident dans le cœur des croyants, dans la foi qui guide nos actions. Les miracles que nous avons observés ne peuvent être expliqués autrement que par sa divine main.

— La foi peut être une force puissante, prêtre, mais en tant que dirigeante, je ne peux pas baser mes décisions sur la présence de cette entité qui n’est pas nôtre.

— Votre Majesté, elle se pliera à nos demandes. Elle agira selon votre propre volonté. Si vous cherchez des preuves matérielles, vous risquez de ne jamais les trouver. La foi est une épreuve qui demande confiance et soumission.

Morgiane cria. Furieuse et indignée par la demande du prêtre, elle laissa éclater sa colère. L’atmosphère intense et palpable, comme une tempête prête à éclater, fit ployer les généraux, dont les fronts touchaient dorénavant le sol de marbre. Les yeux de Morgiane lancèrent des éclairs de rage à l’encontre du prêtre. Sa voix, habituellement douce, résonna dans la pièce avec une autorité glaciale.

— Assez prêtre ! La foi envers une divinité étrangère ne saurait guider notre peuple vers la paix de leurs cœurs ! Le passé de notre monde nous a appris à ne pas louer le divin d’un autre royaume. Le mal que sa présence a causé jadis est une mise en garde que nous ne pouvons ignorer !

La tension dans la salle montait, chaque mot pesant lourdement entre la reine et son prêtre. La confrontation entre la raison pragmatique de la souveraine et la conviction profonde du prêtre en une divinité présente dans le royaume, créait un clivage au sein du pouvoir. Morgiane se détourna et emprunta le couloir la menant vers ses appartements.

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La vaste contrée composée de toundra, de forêt de conifères et des monts Zonan survivait sous un hiver éternel. La pauvreté et la mort régnaient en maître ici-bas. La province isolée du reste d’Elysia, qui dépendante financièrement du bon vouloir de la reine Morgiane avait avec le temps crée une économie parallèle. Des combats de gladiateurs particulièrement violents que les visiteurs des autres mondes adulaient. La magie étant interdite lors des rencontres, elle laissait place à une violence que la populace acclamait.

Le colisée, sommaire construction de pierre brunâtre s’enfonçant dans la falaise enserrée dans le massif rocheux. La poudreuse étincelante des hauteurs apportait le vent glacial de l’infernal hiver qui y régnait. Les cris d’une foule excitée bouillonnaient. La cacophonie vrombissante de trompettes, fit taire l’assourdissant vacarme des gradins. Le sol du colisée se mit à trembler et les portes de métal s’ouvrirent dans un grincement à réveiller les morts.

Sur le sable devenu mer de sang, se présentèrent devant la loge du consul, des gladiateurs dont la peau rutilante sous les éclats solaires et marqués de cicatrices s’agenouillèrent. Une sombre créature aux allures draconnique et aux plumes chatoyantes, maintenue par des chaînes rouillées rugissait d’impatience. Elle était excitée par les cris de la foule en délire. L’un des combattants armés d’un javelot dont la ferraille teintée par le sang avait partiellement noirci, vint frapper le flanc de la bête.

Dans un cri de douleur, sa queue constituée de piques acérés, balaya le sol. Un écran de fumée se souleva, venant sommairement obstruer la vue de la foule. Lorsque la brume de sable retomba, les créatures présentes, laissèrent éclater leur joie. Debout en plein centre de l’arène, des hommes et des femmes, enchaînés, attendaient. Leurs chairs entaillées laissaient encore suinter la putridité des lésions mal soignées. Leurs pouces arrachés pour les empêchés de tenir des armes et la chair de leurs talons mal cicatrisés pour les empêchés de fuir, ne leur laissaient aucune échappatoire face à la mort qui les attendait.

— Ces esclaves sont étranges ! Quelle race est-ce-là ? Le consul curieux, s’attardait sur la chevelure céruléenne des femmes et la musculature bleutée des hommes.

— Une race dont la magie supérieure ne nous est d’aucune utilité. Ce sont des félons qui se refusent à rejoindre les rangs de notre armée. Alors ils nous servent d’amusement le temps de leur trouver une autre occupation. Xerces une coupe à la main se servait allégrement dans un plateau de fruit qu’une esclave tenait tremblante.

— Quel honneur ! Je ne m’attendais pas à une telle marchandise de la part du grand maître du clan des ombres ! Je ne regrette pas notre alliance. Le pied sur la balustrade, il se penchait toujours un peu plus pour apercevoir de plus près l’une des esclaves dont la chevelure cachait sa poitrine mise à nu.

Xerces, assit sur un fauteuil dont le tissu usé témoignait d’une grande pauvreté, attendait en écoutant les paroles imbuvables du consulat. Son armure noire absorbant la chaleur du soleil l’incommodait. Malgré le froid qui régnait, et les rasades d’une bière à l’amertume passablement inexistante rien ne le rafraîchissaient. Son corps avait du mal à supporter l’énergie circulant sur ce monde et même si une légère perversion emplissait cet endroit, contrôler sa propre énergie vitale lui était difficile.

Ce corps est bon pour les cuves. Pensa-t-il en se languissant de la fraîcheur du nouveau palais dont il venait de faire l’acquisition. Repensant à sa dernière conquête, les frissons d’excitation qui le parcourait lui donnaient l’envie de faire taire l’impudent qui paillait à ses oreilles. Son bras droit se pencha à ses côtés, et dans un murmure lui chuchota à l’oreille. L’ordre arrivé du vaisseau amarré au-dessus de la planète l’admonestait.                                                                                                                    

— Il estime que je prends trop de temps à lancer l’assaut ? Fabulation d’un vieux roi ! Barlen sera bientôt arrivé à Elysia.

— L’attaque serait-elle compromise ? Le consul descendant de la balustrade revint s’asseoir, mêlant ses doigts grassouillets aux olives d’un pot d’albâtre que lui tendait une esclave.

— L’attaque aura bien lieu. Nos troupes se placent dans les endroits stratégiques et notre espion sera bientôt arrivé sur l’îlot royal. Sa tête reposant dans sa main, il fixait le massacre de ses esclaves avec une légère pointe de dégoût. Quelle infamie, des esclaves d’une telle valeur réduits à de simple porc que l’on égorge. J’aime les carnages et la brutalité des champs de batailles mais c’est combats de gladiateurs me laisse totalement indifférent. Pourquoi mon esprit ne cesse de me tourmenter ? Toute cette violence, ce gâchis d’humanité face à ces êtres se délectant de cette horrifique mise en scène me donne la nausée. Tout est tellement superficiel pour ces humains dont le don de magie ne les a pas investies. Le cri de la foule, le grincement des trompettes qui résonne en échos dans l’enclave est irritant. L’odeur du sang, des corps mal lavés, celle de la viande grillée qui se mêlent à cette odeur tenace d’urine et de peur est abjecte. Cet art est d’un ridicule ! Quelle gloire y a-t-il à massacrer des esclaves sans défenses ? Du pain et des jeux, voici à quoi s’attellent les humains sans magie pour se donner le sentiment d’exister. Le consul le tira de ses pensées.

— Nous attendons la déchéance de cette garce aux cheveux rouge depuis si longtemps ! Il se gratta la nuque envahit par des plaques asséchées dut au froid. Elle qui nous à allégrement bannis du grand royaume d’Elysia !

— Les femelles devraient apprendre à rester à leur place ! Leur donner trop de pouvoir leur monte à la tête. Elle s’imagine pouvoir mettre les hommes à genoux alors que l’inverse est plus convenable. S’exclama le bras droit de Xerces, dont l’aura noircie par la colère laissait s’échapper une légère brume. Xerces se tourna et lui lança un regard mauvais, l’invitant à se taire et à ne plus prendre la parole. Il s’inclina, conscient que son intervention était déplacée.

— J’ai ouï dire, que cette femme était une beauté de feu ! Il se passa la langue sur les lèvres, l’imaginant dans des positions de soumission.

— Nous étions en accord ! Je récupère tous les droits sur cette femme ! Le consulat envoya valser le pot d’olive dont le contenu se répandit, apportant des traces de liquide graisseux sur le sol de la loge.

— Ne me fais pas changer d’avis consul ! La dague qu’il dégainât à grande vitesse vint se loger dans le coup de l’homme qui glapit de terreur.

— Loin de moi l’idée de te mettre en colère ! Il pria mentalement son dieu créateur, ses lèvres bougeant légèrement sur les paroles d’une prière.

— Tu pries ? Xerces fut surpris. Tes dieux ne te seront d’aucune utilité grand prêtre ! Ils t’ont abandonné comme ils ont abandonné le peuple de ce monde ! T’aurais-je surpris ? Croyais-tu vraiment pouvoir cacher tes origines ? Consul, grand prêtre ? Il retira sa dague, non sans une pointe de déception de ne pas voir le sang de l’homme couler.

— En parlant de dieu. Le consul se tassa sur lui-même dans son fauteuil. Êtes-vous sûrs qu’aucun d’entre eux ne viendra se mêler de la guerre ? Elysia a toujours été adulée par le divin pour sa piété !

— Que ce monde disparaisse les poussera à mener une enquête ! Mais cela ne sera pas la première fois qu’un monde magiquement influent tel que celui-ci disparaît. Ont-ils entrepris la moindre action ? Non ! Alors que pouvons-nous redouter de ces êtres ? Il éclata d’un rire couvert par les cris de la foule en délire face aux seconds combats qui commençait.

Devoir s’allier avec ces humains dont l’aura magique proche du néant le rebutait lui donna des envies de massacre. Le roi, lui avait formellement interdit d’user de toute forme de violence inutile.

Faire couler trop de sang pervertirait l’énergie créatrice et risquerait de trahir votre présence ! Ne fait rien qui puisse nous nuire. Xerces ça laissait emporter par une nervosité qui ne lui convenait pas. Avec irritation il fixa son attention sur le colisée.

Son bras droit vint lui chuchota à l’oreille. Le message le fit grincer des dents. Il se leva, le cœur léger de quitter cet enfer putride, mais l’esprit emplit de doute suite aux ordres lui étant parvenus. Prenant congé du consul, il sortit de la loge non sans lancer un sortilège sur l’homme qui s’effondra, son corps pris de spasmes incontrôlés.

A suivre

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Plume de Poney
Posté le 10/06/2025
Bien le bonjour!

Et v'la t'y pas que revoilà Helios! Tout frais tout impertinent mais câlin quand même.

Nouveau monde, nouvelle collision entre le clan de l'ombre et Lostris...
Ca risque d'être compliqué tout ça, mais le clan des Ombres ignorent que Lostris traine dans le coin, ça peut être un avantage. Xerces a l'air par contre plus filou que le précédent Général...
Reste la position de la reine dans tout ça!

Question : Comment Lostris (et Helios) voyagent ils entre les mondes? Visiblement ils ne passent pas par des portails officiels, et on ne parle pas de vaisseau spatial.
Luvi
Posté le 10/06/2025
Bien le bonjour👋,
Ma oui revoilà Hélios, toit fringant et toujours aussi chou, sur un monde qui ne veux tout simplement pas de son Isis...
Remerciant le roi Priam pour son implication dans la haine que ressent sa descendance envers Lostris... Haine qui aura bien entendu de multiples conséquences dans la guerre à venir... Car oui, il y aura des cris, du désespoir, des massacres, de la trahison, de la flemme et de multiples rebondissements...
Morgianne et son ego, Lostris et son impertinence vont faire la rencontre du karma et il va faire mal...
Ahhhh le voyage stellaire...
Dans cet univers, tous voyagent à travers des portails magiques, plus ou moins officiels. Ces passages sont d’immenses stations spatiales placées sous l’autorité des armées divines.
Conçus il y a des millénaires par les premiers marchands stellaires dans leurs longues traversées entre les mondes habités, ces portails ont depuis été détournés par les forces armées. Car traverser l’univers est un péril en soi : certaines créatures humanoïdes ne survivent pas aux brusques variations d’énergie entre les Méros.

Face à ces dangers, le conseil des dieux a décrété l’interdiction des voyages inter-Méros, les réservant exclusivement aux armées divines. Seuls les dieux et les Isis échappent à cette règle, capables d’ouvrir leurs propres portails et de franchir les frontières de l’univers à leur guise.
Ils s'agit la d'un contrôle strict des frontières et des marchandises gravitant dans les Meros, un peu comme la douane dans les aéroports.
A bientôt
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