La lune projetait ses rayons argentés sur les îlots aériens dans un absolu silence. L’attente d’une guerre qui allait changer ce monde de lumière, transformait peu à peu les villages en désert. Le peuple avait fui vers les grottes sacrées du panthéon. Une petite poignée d’audacieux avaient eu le courage de rester. Dans l’attente du début des combats, ils s’étaient barricadés à leur domicile.
Le palais qui surplombait les îles, autrefois considéré comme un phare pour la population, était plongé dans la pénombre. La vie s’était tue, emportée par de puissante vague de terreur. Elle annonçait un déferlement de mort qui allait transformer la pureté symbolique de cette planète autrefois aimée des dieux.
On pouvait toutefois apercevoir en fixant le royal bâtiment, la pâle lueur d’une bougie que tenait un courageux, venu assister la reine et ses généraux. L’aile sud du bâtiment, abritait la grande bibliothèque. Lieu de prédilection de la reine Morgiane, elle illuminait doucement les ténèbres de la nuit. La vaste pièce, aussi grande que la salle du trône, était éclairée par le feu de l’âtre qui brûlait dans la grande cheminée de marbre. Seul point de lumière dans l’obscurité, la lumière reflétait sa lueur chatoyante sur les objets d’or pur accrochés au mur. Une odeur venue d’une assiette oubliée sur la table jonchée de cartes et de rouleau, embaumait l’air d’une odeur fétide. Le grand canapé ou pendait une couverture, emplit de livres, témoignait du désordre qui régnait en ce lieu.
N’ayant aucune honte face aux fouillis de la pièce, la reine, affalée sur une banquette, relisait pour la énième fois, les rouleaux laissés par le roi Priam son ancêtre. L’historiographie qu’elle étudiait depuis des semaines, ne lui apportait aucune réponse face aux difficultés qui s’accumulaient. Le narratif de la dernière guerre de soumission à laquelle ses ancêtres avaient dû faire face, restait également exempt de solution. Elle recherchait dans ces vestiges du passé, la résolution d’une quête qui la hantait depuis son accession au trône : s’emparer du Tis Foga. Ce haut sortilège de feu offert par Lostris à la grande Théssalie Herma, jadis, scellé et enfermé dans le panthéon par les dieux, était son dernier recours pour assurer la victoire à ses troupes.
Elle tapotait nerveusement le rouleau ancien entre ses doigts, ses pensées tourbillonnant. Le parchemin, fait de peau d’un quelconque bovin, portait les marques du temps et des secrets oubliés. Elle savait que convaincre ses généraux de respecter le serment lui ayant été fait, était crucial pour maintenir l’équilibre du royaume. Pourtant, sa méfiance entant que dirigeante, compliquait tout. Ses subordonnées réclamaient une alliance avec la divinité.
Elle se leva, s’approcha de la fenêtre, et observa le paysage plongé dans la nuit. Le poids de la responsabilité pesait lourd sur ses épaules, mais elle ne pouvait se permettre d’échouer. Le destin de Elysia en dépendait. Avec un soupir, elle serra le rouleau contre elle, déterminée à trouver un moyen de surmonter cet obstacle.
— Je trouve ton énergie bien trouble Majesté ! Dans le couloir baigné par la pénombre, elle se dessina, les ondées lumineuses de son pouvoir divin projetant un nuage cotonneux de lumière à chacun de ses pas.
La reine sursauta, laissant s’échapper le rouleau qui vint glisser sur le sol. Le silence, adjacent le temps, s’était figé suite à l’intrusion de Lostris. Sa venue, apportant indignation, aversion et exaspération, guida la reine dans un mutisme exacerbé. Sans un mot, son regard émeraude s’abaissa, fixant la blancheur du dallage dans l’espoir que l’être divin disparaisse tel un mauvais rêve. L’espoir fut bref. Morgiane fit une timide révérence.
— Bonjour Morgiane…
— Votre altesse. La main sur le cœur et la tête baissée, elle laisse une peur maladive s’insinuer dans son esprit. « Que me vaut le déplaisir de ta visite ?
La déité ne répondit pas, son regard d’argent fixant la monarque en retrait, attendant une quelconque remarque acerbe à son encontre.
Lostris et Morgiane. Deux femmes de puissance dont la beauté et l’esprit vif apportaient désaccord et inimité. Deux femmes dont l’envie de soumission mutuelle apportait conflit et incompréhension. Chacune souhaitait ardemment l’obédience de l’autre, l’allégeance à leur puissance. Leur querelle intestine, connu de tous sur ce monde ne se résumait qu’à un crêpage de chignon entre femelle dont la seule faute commise était l’insulte envers l’entité divine. Mais amusée par la situation, la divinité avait continué à semer les graines de la discorde dans l’esprit de la reine, porté par la volonté lui faire ployer le genou. La ténacité de cette femme royale, refusant de se soumettre à son inévitable bon vouloir, la fascinait autant qu’elle lui déplaisait.
— Je suis venu en paix ! Lostris s’avança doucement, levant ses mains, avant de fixer son regard sur le rouleau au sol. « Est-ce l’un des rouleaux du roi Priam ? Que recherches-tu en parcourant son histoire ?
Morgiane ramassa le rouleau, son regard émeraude, dur et froid, sur la divinité. À ce moment-là, elle ne ressemblait plus à la grande reine courageuse qui régnait avec force sur son peuple. Ses yeux cernés et sa chevelure décoiffée retombant sur une simple tunique de lin brune, la faisaient ressembler à l’un des mendiants qui jalonnait la route royale. Remontant sa couverture sur ses épaules, elle se redressa, un rire nerveux s’empara d’elle.
Ainsi de ma main, ai-je apposé mon sceau sur ce futur incertain qui se dessine plus sombres que les anciens millénaires.
En toute conscience et en toute liberté, je conduis mon peuple à travers les tourments d'une possible damnation éternelle.
J’ai espoir et j’aspire, moi Priam I, roi et souverain tout-puissant des grandes contrées Austral du continent de feu d’Elysia, à ce qu'un jour, le destin effroyable qui nous lie tous, ne soit plus qu'un mauvais songe.
En ce jour, je confie nos existences ainsi que celles de nos descendants, aux mains divines de créatures dont la seule intention est de nous préserver des forces destructrices qui se profilent à l'horizon.
Puisse-t-il arriver le jour où, tel nos ancêtres, nous puissions contempler à nouveau le lever des aubes, et entendre les chants de nos cœurs résonner.
Morgiane laissa tomber le rouleau. Les yeux rougis par les larmes menaçant de s’écouler, elle resserra sa couverture autour de ses épaules. Évitant le regard brûlant de peine de Lostris, elle prit néanmoins le risque de heurter la créature divine.
— J’ai été mise au secret par le clergé lors de mon couronnement, dit-elle en se levant lentement de son siège. Je connais les raisons qui ont poussé le Katastrep du sixième Méros à demander l’asile pour l’Isis des neuf Royaumes ! Elle fit quelques pas, ses mains tremblant légèrement. « Mais ce que j’ignore, ce sont les vérités qui entourent mon ancêtre. Les raisons qui ont poussé ce grand roi, à laisser nos destins entre les mains de divinités étrangères. Morgiane s’arrêta devant la fenêtre, regardant au loin. « Quelles sont donc les affres de ces destructions dont les vestiges de son règne repeignent le futur de désespoir ?
Le silence s’imposa, aussi dur et froid que celui que Lostris avait connu jadis. Elle regardait ses pieds, laissant danser ses pensées, réfléchissant à la réponse qu’elle se devait de donner. Mais aucune solution ne s’affirmait à son esprit. La vérité, même si son action néfaste allait enjoindre Morgiane à se complaire dans la plus totale des négations, restait la plus odieuse des souffrances pour Lostris.
— Pourquoi ne répond tu pas ! Le cri se répercuta en écho, faisant trembler les quelques objets en or accrochés sur les murs.
— Car la peine dansera une dernière fois dans nos cœurs comme nous dansons nos derniers moments avec nos amants. Isolés et vaincus, abandonnés des dieux, nous lèverons nos armes pour l’ultime silence. Ramenant l’espoir dans notre présent, le passé et le futur au creux de nos mains. Et je me souviendrai de celle qui n’existe plus, son souvenir s’estompant jusqu’à notre mort.
— Je connais ce discours ! Dicté par le cœur de Herma, il fut le point de départ de l’offensive royale contre les armées divines. Mais cela n’explique guère les motivations du roi Priam ! Pleine d’amertume à l’égard de Lostris, elle se tourna vers l’unique soldat dont la présence était masquée par une légère magie de dissimulation. Elle lui adressa un ordre, et il disparut dans l’obscurité du grand couloir.
Lostris s’avança silencieusement vers la baie vitrée aux arabesques serties d’or et de rubis, sous le regard haineux de Morgiane. Ignorant totalement l’impatience de son interlocutrice, elle posa délicatement sa main sur sa joue, essuyant discrètement une larme.
—Je ne peux te dire ce que ton cœur souhaite entendre, Morgiane. Elle soupira. « Certaines vérités ne sont pas bonnes à révéler. Ce qui s’est produit jadis se répétera, car rien ne s'interpose désormais entre la lumière et les ténèbres. Elle se tourna légèrement, observant le paysage au-delà de la fenêtre. « Il fut un temps, paraissant si lointain, où l’équilibre régnait, apportant paix et sérénité aux mondes habités. Mais cet équilibre fut rompu le jour où, dans le plus cruel des destins, vos Isis franchirent la barrière de mon royaume. Ce jour maudit, marqua le déclin des institutions divines et des Méros, laissant entrouvert le passage vers la fin de toute civilisation.
— Assez ! Le pincement de ses narines, trahis la colère qui jaillissait d’elle. « Je connais les véritables raisons de tes visites ! Je sais dorénavant quels secrets ton retour parmi nous dissimule ! Crois-tu vraiment pouvoir nous manipuler ?
Lostris dissimulant ses yeux avec sa main gauche, souffla de consternation. « Le pacte passé entre Priam et moi se doit d’être respecté de ses descendants Morgiane ! L’usage de ce serment n’est pas à l’ordre du jour, mais, ton cœur est-il si noirci par la haine pour oser commettre cet outrage envers tes ancêtres qui se sont battus si durement pour préserver ce monde de l’anéantissement ?
— La colère des dieux est entièrement de ta faute Isis ! Cracha la reine. « Elysia ne prendra pas part à ta vengeance ! Je refuse de devoir quoi que ce soit aux neuf royaumes ! Nous ne deviendrons pas l’un tes vassaux ! Nous savons maintenant que tu es loin d’être celle que tu prétends !
— Celle que je prétends être ? Les yeux de Lostris se teintèrent d’un inquiétant rougeoiement. « Je ne viens qu’apporter aide et lumière à ton peuple, comme je l’ai promis jadis à ton ancêtre ! Calmant la colère qui s’insinuait dans son esprit, elle lui lança une étrange pierre transparente, pas plus grande qu’une olive.
Morgiane la rattrapant, se laissa hypnotiser par la vaguelette rosée qui tourbillonnait en son centre. « Qu’est ce donc ?
— Un sortilège de suppression. Les rouleaux que tu lis sont les derniers souvenirs que le roi Priam nous a légué! Tu cherches donc à lever le sceau du panthéon pour t’emparer du Tis Foga !
Morgiane surprise sursauta. « Mais, on ne peut pas briser le sceau ! Les dieux nous puniront pour cet affront !
— Tu penses vraiment que les dieux se soucient encore du panthéon ? Personne ne se déplacera pour vous punir, ils sont bien trop occupés à se goinfrer dans leur palais !
— Un moyen détourné de nous venir en aide ! Pourquoi ?
Le regard de Lostris s’assombrit et une certaine mélancolie s’empara de sa voix. « Herma, malgré son cœur pur, s’est laissée consumer par le sortilège. Elle s’est battue pour que ce monde puisse continuer de rayonner ! Je tiens seulement à ce que son œuvre perdure.
— Alors les rumeurs disent vrai ? L’Isis blanc s’est amouraché d’une humaine ? Quelle surprise ! Mais crois-tu vraiment qu’un peu de romantisme et ce présent vont me faire oublier tes actions passées ? Je ne suis pas stupide ! Vous les dieux, mentez, manipulez, trahissez ! Alors que veux-tu vraiment ?
Le regard ardent sur elle la terrifia. Lostris, dont la colère qu’elle avait tenté de contenir, s’emparait de son corps, ne s’était pas rendu compte qu’une légère brume pulsait autour d’elle. La reine, ravalant sa fierté, se leva, reposa le rouleau sur l’étagère. Elle n’eut aucune honte à inviter amicalement Lostris à s’asseoir sur l’un des fauteuils épargné par le fouillis. Ne tenant pas compte du désordre ambiant, ni de l’odeur, la divinité prit place.
— Mes plus plates excuses pour le désordre. J’interdis aux domestiques de venir déranger mes affaires. La reine se saisit de la couverture, qu’elle déposa en boule sur le second fauteuil.
— Ce n’est rien ! Si tu voyais l’état de ma bibliothèque, aussi désordonné que ton salon. Son sourire à la pensée de ses propres appartements, ne passa pas inaperçu aux yeux de Morgiane.
— Oh ! Je ne m’attendais pas à ce que l’Isis des neuf royaumes vive au milieu des livres et de la poussière ! Déplaçant les ouvrages, elle prit place à son tour.
— Je passe également mon temps, en dehors de mes voyages, le nez dans de multiple recueil.
— Trêve de politesse ! Que me vaut l’honneur de ta visite ? Morgiane se redressa, prête à entendre les raisons de cette entrevue.
Lostris s’attarda sur la petite console disposée sous l’immense baie vitrée croulante sous les rideaux de velours épais. La décoration des lieux avait quelque chose de repoussant. Tout ce maelström de rouge et d’or se mêlant à la blancheur des murs la mettait mal à l’aise. Rouge et doré, préférence de la reine de Elysia. Rouge, symbole de puissance et de pouvoir pour elle, la ou Lostris ne voyait que la couleur du sang. Doré, touche de spiritualité la ou Lostris ne voyait que le coloris de la richesse. Venant d’un peuple qui autrefois si pieux était devenu belliqueux, ressemblait à une vaste plaisanterie pour l’Isis, qui tentait de calmer les tremblements de ses mains. La colère emplissait ce lieu, L’amertume flottait, signe que la reine se sentait acculé par les trop nombreuses batailles qu’elle menait.
— Que me vaut l’honneur de ta visite ! Lostris sursauta, délaissant l’analyse de l’énergie qui voguait dans la pièce.
— Une vision ! Le ton las qu’elle employa, déplut grandement à la reine. « Et te mettre en garde ! Depuis deux jours maintenant, mes pas ont parcouru la pureté de ton monde. J’ai marché aux côtés de la faune sauvage, laissé ma lumière volée aux côtés des phénix, nager avec les créatures aquatiques, fait communion avec la terre. Et pourtant je n’ai pu m’empêcher d’être irrité par la noirceur en provenance des monts Zonan ! Le clan des ombres place ses pions sur l’échiquier de ton monde et je ne peux laisser ces êtres abjects continuer leur funeste œuvre.
— Je ne remets pas en cause ton don de prémonition, mais mes partisans voient d’un très mauvais œil ta présence ici, à l’aube d’une très grande… Elle se figea net en remarquant l’éclat carmin du regard sur elle.
— L’heure n’est pas au manque de diplomatie Morgiane ! Je ne suis pas venu te proposer une énième alliance ! Je ne connais que trop bien ta réponse, et loin de moi l’idée de te forcer a quoi que ce soit ! Je ne devrais même pas être là à te mettre en garde ! J’ai beau avoir un titre me permettant de faire ce qu’il me plaît dans les Méros, m’ingérer dans les affaires humaines de monde ne m’appartenant pas, m’est interdit ! Le conseil des dieux pourrait prendre cela comme un acte de guerre si je m’emparais volontairement de planète leur appartenant !
— Nous ne voulons pas de ton aide dans la guerre qui s’annonce ! Le sifflement de sa voix, hargneux et coléreux échappa à Lostris.
— Je le sais, et ce n’est pas mon aide que je viens te proposer !
— Que veux-tu dans ce cas ? Morgiane avait crié avant de poser ses mains sur sa bouche, consciente d’avoir outrepassé ses droits.
— Capturer l’homme de ma vision ! J’ai trop de reconnaissance envers tes ancêtres pour laisser ce monde disparaître ! Ne t’en fait pour ton coup de sang, je ne relèverais pas ton insubordination.
— L’homme de ta vision ? Ce monde disparaître ? Que cela signifie-t-il ? Morgiane se leva, le cœur en feu et la peur dans son esprit.
— Ce que j’ai vu était bien trop distinct pour que cela se déroule dans un futur lointain ! J’ose penser, qu’il est déjà parmi vous !
— Il serait déjà parmi nous ? Morgiane se laissa tomber sur le canapé, ses mains jointes et le regard baissé. Mais qui ? Un espion des dieux ?
— Allons donc ne soit pas sotte ! Lostris cracha ses mots, irrité par tellement de bêtise venant d’une aussi grande reine. « Les dieux se moquent bien de vous dorénavant !
— Alors parle-moi ! Absous ce désespoir qui enserre mon cœur ! Tu parles de notre disparition ! Qu’as-tu vu qui t’a poussé à vouloir t’ingérer dans nos affaires ? Elle frappa son poing sur table, la respiration saccadée par cette peur qui franchissait la barrière de ses lèvres.
— Prends garde à tes paroles et à tes gestes Morgiane ! Ta vie est sauve seulement par respect pour Priam et Herma ! Elle souffla et se leva pour rejoindre la reine. Dans l’espoir de calmer les tremblements de Morgiane, elle lui prit les mains, puis avec douceur, l’invita à s’asseoir à ses côtés sur le grand canapé. « Calme ton esprit et laisse-toi aller.
Les deux femmes s’illuminèrent, englobées d’une étrange aura de lumière. Lostris venait de lancer un sortilège d’apaisement. Calquant les battements de son cœur sur celui de la reine, elle lui parla d’une douce voix.
— Ma vision m’a emmené au pied du panthéon. Une voix résonnait, signifiant la fin de ce monde ! J’ai vu un humain en pleur, une sombre magie bouillonnante dans ses veines. Puis je le vois exploser et l’obscurité tout engloutir.
— Non c’est impossible ! Notre île la plus sacrée ! Une bombe humaine ? Quelle cruauté régit leur esprit ! Que devons-nous faire ? Si j’envoie des troupes ! Non je ne peux pas prendre le risque que cet homme explose. Une sombre magie ? Quelle noirceur est-ce là ? Et pourquoi nous prévient-tu, puisque tu ne peut intervenir ? Malgré le sortilège de Lostris, Morgiane, abasourdi par la nouvelle, regarda ses mains entrelacées dans celles de la divinité. Les paroles de Lostris dans son esprit, tourbillonnant, la plongèrent dans le désarroi le plus total. « C’est la magie qui coule en lui que tu veux ? Morgiane retira brusquement ses mains de celles de Lostris. « Tu te fiches bien de ce qui peut arriver à mon peuple ! Nous n’appartenons pas à ton royaume ! Tu ne vois en nous que des pions que tu souhaites sacrifier sur l’autel de ta petite vengeance ! C’est pour cela que tu veux cet homme ? Pour nous obliger à accepter ton alliance ? Elle s’était levée et avec colère agrippait la table.
— Assez humaine ! Laisse ta colère envers le divin en dehors de cette affaire ! Tu refuses mon aide soit, mais ne m’accuse pas de ne pas considérer vos vies comme importante ! Je suis la seule à me battre en dehors de vos planètes pour repousser les ténèbres qui attendent dans l’ombre d’engloutir toute vie dans l'univers ! Mais pour quoi ? Vous les humains êtes bien trop orgueilleux pour accepter une main tendue !
— Je refuse de devoir quoi que ce soit aux neuf royaumes ! Je préfère ne pas être mêlée à ce qui nous dépasse nous les humains que tu insultes tant ! Mes ancêtres t’ont longuement remercié pour ce que tu as fait pour eux ! Mais sache que nous croyons encore en ta culpabilité suite à la mort des Isis. Pardonne ma grossièreté, mais seul nous avons combattu et seul nous combattrons jusqu’au jour ou un nouvel Isis nous guidera.
— Inutile de t’épancher en excuses ! Je ne veux que sa magie, tu as entièrement raison. Je resterai loin des champs de bataille, sauf si l’un des généraux originels se montre. Je vais me retirer et me rendre sur l’îlot sacré ! Cet homme est mon prisonnier, je me réserve donc le droit de l’interroger comme bon me semble.
— Cela va de soi, je compte sur toi pour respecter ta parole !
— Ton cœur finira par marcher dans le chemin de la lumière ! Tu devrais aller dormir, le manque de sommeil te rend irritable Morgiane !
Disparaissant dans une gerbe d’étincelle, Lostris retrouva son medjaï qui l’attendait patiemment en bas des marches les menant vers le panthéon.
— Lostris ! Il se releva, trébuchant sur le sac à ses pieds. « Il s’passe quoi avec la reine Morgiane ? Vous sembliez en désaccord !
— Oui, c’est exact. Morgiane est convaincue que je cherche à manipuler son peuple. Souriant légèrement, elle laissa échapper un gloussement « Elle ne voit pas que mes intentions sont de les aider et de maintenir l’équilibre que ses ancêtres ont tant chéri.
Hélios intrigué, haussa un sourcil. « Elle a mentionné quelq’chose à propos d’la colère des dieux et d’pas vouloir devenir un vassal. Que voulait-elle dire par là ?
Lostris s’adossa à un pilier. Elle leva la tête vers le ciel, riant doucement de la situation. « Elle croit que notre présence et nos actions vont attirer la colère divine sur son royaume. Comme si les dieux se souciaient encore de ce monde ! Elle refuse également de s’allier avec moi ! Elle pense que cela ferait d’elle une subordonnée aux neuf Royaumes.
— Que vas-tu faire ? Hélios, osant pose la question, croisa ses bras. Une étincelle de panique dans le regard, il fixa Lostris.
Elle lui adressa un clin d’œil malicieux. « La forcer à respecter le sermon de ses ancêtres.
A suivre
Bon il y a bien un général originel dans la boucle, alors Lostris va peut être bien devoir lui claquer la bouche à ce petit malappris.
Si Lostris gère bien son coup et qu'elle récupère la magie explosive dans Balren, ce serait assez ironique que le clan des Ombres ait déployé une de leurs armes ultimes pour servir ça sur un plateau à leur plus grande ennemie!
Quand a faire un compromis...Le divin ne fait guère de compromis, il manipule et place ses pions pour son seul bon plaisir. Mais ça encore, Morgianne ne le sait pas. Elle se doute bien que Lostris n'est pas venue en touriste, mais ignore tout de ses réelles motivations.
Quand a cette fameuse magie, va savoir ce qu'il en adviendra. Ce qui est sûr, c'est que la bataille est loin d'être gagnée pour les trois camps...