Localisation : Dembas - Galaxie du croissant – quatrième Méros - Cinq mille auparavant
La vaste ville marchande, située sur la planète Dembas était un monde de paix. Troisième pilier d’un conglomérat d’artisan et de fermier, la citadelle, monde agricole, alimentaient en nourriture la plupart des mondes mineurs et secondaires de la galaxie du croissant. La sécurité dont elle jouissait, mise en place par le Dimiour, lui avait épargné bien des conflits avec ses voisins. La paix et la sérénité qui y régnait, en faisaient, par ailleurs, l’une des destinations touristiques les plus prisées du tourisme spatial qui se développait depuis quelques années.
Ici-bas, nulle violence et nulle pauvreté ne venaient troubler l’ordre. Chacun avait un travail et mangeait à sa faim. Le peuple chantait les louanges de son roi et priait avec véhémence leurs dieux et leur Isis. L’énergie créatrice qui y circulait, apportait pureté et prospérité. Malgré l’afflux énergétique qui régnait en maître, aucun natif ne possédait le don de magie, cela étant sans doute pour le mieux.
Le pays, divisé en quatre régions, bénéficiait d’un climat bénéfique tout au long de l’année. Chaque zone, soumise aux règles communes d’une corporation, travaillait en toutes autonomies. Assurant la défense et la sauvegarde de leurs activités, les différentes confréries jouaient un rôle essentiel dans la prospérité du pays. Défenseur de la faune et la flore, chaque action entreprise pour assurer l’équilibre entre leur travail et l’équilibre des énergies, étaient soumises au haut dirigeant du conglomérat dont faisaient partie les grands chefs de chaque corps de métiers.
Au nord de la cité, aux pieds des montagnes, domaine de la corporation des mineurs. Le bassin minier regroupait un grand nombre de mines souterraines et d’industries de transformation. Vivant en collaboration avec la corporation des maîtres tisseurs, les ateliers de tissage jouxtant une immense prairie noyée sous la neige, leur permettaient de faire élevage d’animaux polaires.
À l’ouest, d’immense forêt, domaine de la guilde des chasseurs. Se partageant les terres avec la corporation des maîtres fruitiers et celles des charpentiers, ils avaient divisé le domaine en deux parties, permettait à chaque institution de prospérer équitablement.
Aux frontières du désert, la culture de fruits exotiques ravissait les papilles des clients venues d’autres mondes. Les caravanes qui traversaient le pays repartaient sur le plateau du Haut-Val, emportant dans leur cargaison de véritable trésor gustatif qui se vendait à prix d’or.
Au sud, d’immenses champs s’étendaient à perte de vue. Domaine de la corporation des paysans, blé, orge et autres céréales dont les tiges s’élevaient vers le ciel, scintillaient sous le soleil. D’immenses canaux venus du lac de l’est, serpentaient entre les parcelles et terminaient leurs courses dans la mer en contrebas.
La place portuaire qui s’étendait à travers la plage était le domaine de la corporation des pécheurs. Naviguant sur les grands flots, leurs produits étaient l’une des denrées les plus exportées.
L’est de la cité se parait de kilomètre de vignes dont le vin produis était réputé dans tout le Méros. Domaine de la corporation des vignerons et de la guilde hôtelière, l’économie de cette région était l’une des plus importantes du royaume.
Surplombant le pays, le plateau du Haut-Val, immense marché connu de toute la galaxie, était visité par bon nombre de voyageurs et de vaisseaux marchands.
Tout sur cette planète était l’œuvre de la pureté de l’énergie créatrice. Puisque les natifs ne pratiquaient pas la magie, l’énergie et l’air non chargé de particules magiques, octroyaient leurs bienfaits à la nature. Aucune maladie mortelle ne frappait les hommes ou les animaux. L’agriculture intensive permettait la culture de produits dont la taille était largement supérieure aux cultures d’autres planètes. Un simple grain de raisin pouvait atteindre les proportions d’une pomme et la pomme pouvait atteindre la taille d’une mangue. Les animaux pullulaient dans les forêts et les prairies. L’air était pur et l’eau limpide.
Au centre de cette agriculture massive se trouvait la ville principale, véritable bijou d’architecture. Elle était divisée en quatre quartiers. Le quartier sud, celui des médecins, le quartier nord, celui des marchands, le quartier est, réservé aux prêtres et prêtresses des temples et le quartier ouest, lieu de la culture et des arts.
C’est sur ce royaume que régnait Voanu, roi de Dombass. Fils de l’ancien régent, son accession au trône avait marqué un nouveau tournant dans l’économie de la planète. Son père, grand précurseur du tourisme spatial dans cette partie de la galaxie, fut le premier humain de la citadelle à voyager vers d’autre monde en tant que touriste. Voanu, quant à lui, mis tout en œuvre afin que Dombass devienne l’une des destinations les plus prisées des riches touristes. Depuis, la citadelle se noyait sous une masse d’étrangers venus d’ailleurs, et ce, à chaque période de l’année. Fredonnant une vielle chanson à la fenêtre du carrosse, les yeux perdus sur le paysage, il savoura ces quelques instants de paix. Le roi se rendait à la guilde paysanne et la traversée des terres s’achevait bientôt.
Maintenant nous voyons
Laissant l’aurore nous embrassant
Nos âmes perdues nous t’implorons
Car le pardon, dernier amant de ton cœur
Nos âmes immortelles serons
Pour que notre amour résonne
Par delà les monts du temps
Sous l’asphalte limpide
Se dressant intrépide
Sous le soleil au zénith
Elle scintille
Toi qui cherches ta promise
Regarde le mont si fragile.
Il observait la vie en son royaume. La population vaquait gaiement à ses occupations et les paysans surveillaient champs et bêtes. Les paroles des chants le plus connus de la citadelle rythmaient les cadences de travail. Ce début de journée sous une chaleur déjà intense s’annonçait des plus calme. Le carrosse arriva à sa destination.
La corporation des paysans possédait un bâtiment aussi vaste que le palais. L’imposante structure de pierre, entourée d’annexes, était construite de manière la plus simple. De grandes ouvertures dans le mur couplé à une petite colonne en son centre faisaient office de fenêtre. L’immense porte en bois permettait l’accès à un vestibule ou trônait un imposant comptoir en bois. Une statue représentant un bœuf, l’emblème de la corporation, trônait sur la petite place centrale devant l’entrée. De multiples parterres de fleurs venaient décorer la devanture. Ici nulle richesse n’était visible, les paysans étaient des hommes humbles.
Le roi fut conduit dans une des salles à l’étage. La décoration rustique des lieux ne le surprit guère. Trois hommes l’attendaient. Ils étaient les grands maîtres de la corporation. Vêtus simplement, la peau dorée par les soleils et le visage buriné, ils avaient avec la plus grande détresse demandée audience.
Le roi les invita à se placer autour d’une table garnie de victuailles pour l’occasion. Pièce de bœuf, volaille et plats de légumes s’étalaient devant leurs yeux. Le fumet qui s’en dégageait donna faim aux convives qui sans se faire prier attaquèrent le succulent repas offert par leur monarque. Le vin coula à flots et les langues commencèrent à se délier. Ce fut Rothen, premier grand maître, qui prit la parole.
— Mon roi, le grand hiver sera bientôt a nos portes et les greniers pourront à nouveau emplirent leur office cette année. Rothen grand amateur de vin porta une coupe dont le nectar vint apaiser son inquiétude grandissante.
— En effet maître Rothen, les nouvelles m’ayant été apportés ont ravi mes oreilles. Mais j’ose imaginer que cette audience n’a pas été demandée pour parler des greniers ? Le roi le fixait droit dans les yeux avec une parfaite sévérité
— Non mon roi, nous avons été alertés sur un étrange phénomène du côté du versant sud des récoltes.
— Et quel est donc ce phénomène ? Le roi était intrigué, que se passait-il pour que l’homme face à lui d’origine si sûre soit effrayé ?
— Les récoltes mon roi. Elles pourrissent et nous n’avons pas d’explications. Tous les lopins s’étendant vers la mer sont perdues. Cela n’était jamais arrivé. De plus les familles habitant la côte sont en proie à un mystérieux mal.
— Un mal mystérieux dis-tu ? Le roi réfléchit aux paroles émises. « Je vais envoyer les meilleurs guérisseurs de villes, pour le moment, cette partie des récoltes ainsi que le village côtier seront placés sous quarantaine.
— Majesté, Maître Jigien pris la parole. « J’ai bien peur que le mal qui touche nos récoltes soit en train de s’étendre. Nous venons d’apprendre que même les bêtes sont touchées.
— Pour sûr ! Dit maître Leolas. La confrérie des chasseurs m’a rapporté que les forêts de Brocard ne se portaient pas mieux. Les animaux ont fui et certains chasseurs ont rapporté avoir aperçu une étrange brume se lever au crépuscule.
— Que se passe-t-il sur nos terres ! Nous sommes pourtant bénis des dieux ? Maître Rothen, les avez-vous loués ces derniers temps ? Les prêtresses des champs remplissent-elles correctement leur office ? La voix du roi tremblait, une mauvaise sensation s’emparant de son esprit.
— Oui mon roi. Rothen n’avait plus rien à ajouter, la peur qui saisissait le roi était contagieuse.
— Je vais me rendre au temple et prié les dieux de nous venir en aide. Je sais bien qu’ils seraient courroucés en l’apprenant mais essayons d’appeler notre Isis. Lui seul pourra nous aider. Avez-vous autres choses à dire ?
— Oui mon roi. Maître Jigien, assis en face au roi, fuyant son regard reprit la parole. « Un événement me turlupine. C’était bien l’intronisation du petit seigneur Judal récemment ? Ne trouvez-vous pas cela étrange que depuis, le seigneur Ildin notre Isis et le seigneur Judal ne nous ai pas rendu visite ?
— Qu’essaies-tu de dire ? Parle ! Le roi avait crié son ordre, faisant sursauter les trois maîtres en sa présence.
Jigien déglutit. « Le mystérieux mal a commencé il y a peu, juste après l’intronisation. Depuis aucune nouvelle de notre Isis ne nous est parvenue. Nous avons tenté de le prier, mais nos prières restent sans réponses. Il avait chuchoté ses dernières paroles. Les hommes assis autour de la table se regardèrent, un frisson les parcourant, était-il arrivé malheur à leur Isis ?
— Baliverne ! Cria maître Léolas. « Si notre Isis n’était plus, nous serions déjà au courant ! Notre monde, de par sa magie, en fait l’une des planètes principales de ce Méros. De plus, nous sommes une plaque tournante du commerce. La place du Haut-Val accueille des vaisseaux marchands de toute la galaxie, et nos exportations se portent à merveilles… Il n’eut pas le temps de terminer son monologue, la porte s’ouvrit avec grand fracas et un soldat donna l’alerte.
— Nous sommes attaqués !
Le roi et sa garde personnelle se précipitèrent à l’extérieur. De loin, une immense fumée venant du palais se dégageait. Le commandant de la garde, se plaçant devant le roi, lui intima de se mettre à l’abri. Le roi ne l’écoutait pas. L’air perdu il ne pouvait plus bouger. Son regard fixant quelque chose au loin, il ne vit pas l’homme face à lui s’écrouler. Il voyait une multitude d’images danser dans sa tête. Des visions d’horreur se succédaient, son royaume tombait.
Revenant à lui, la peur le saisit, ses hommes étaient tous couchés face contre le sol, mort. Se laissant gagner par la panique, il ne vit pas l’étrange homme aux longs cheveux blanc se tenir derrière lui. Le roi s’agenouilla et ne put que constater la mort des soldats qui l’accompagnaient. Leurs visages étaient parsemés d’étranges veines noires. De la magie, pensa-t-il. Se relevant, il tira son épée. Se retournant il se figea.
— Qui est tu, demanda le roi à l’homme face à lui
L’homme regarda le roi avec un sourire cruel. Il leva sa main en direction du monarque.
— Qui est tu, cria le monarque. Il n’obtiendra aucune réponse. L’obscurité l’envahit dans une grande souffrance.
A suivre